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Sélection de 3 films à voir, à revoir... ou à éviter (11)

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Plus c'est long, plus c'est bon paraît-il. Mais cela, bien évidemment, dépend aussi de certaines conditions. Heureusement, les dix-sept minutes qui manquaient à la version proposée en 1986 d'un Aliens, le Retour déjà fort intéressant vinrent combler les attentes des fans lors de l'édition d'un laser disc en 1992, une version Director'sCut du classique de James Cameron. Moins oppressant que l'original de Ridley Scott mais proposant une relecture du mythe en mode 'film de guerre', le second épisode de la saga Alien est parfois considéré comme le meilleur d'entre eux. Un avis pas forcément objectif et à traiter au cas par cas. L'un des principaux défauts de James Cameron demeure dans cette fâcheuse habitude qu'à le cinéaste de caractériser certains de ses personnages de manière outrancière (le Schwarzenegger de Terminator 2 en est un bon exemple), voire grandiloquente, ne les voyant jamais 'grandit'. Caricaturaux, et dans une majorité des cas, particulièrement agaçants, les militaires présentés ici n'ont plus rien à voir avec les personnages créés par Ridley Scott. La maturité a laissé place à une bande de gamins armés jusqu'aux dents, jouant des coudes, posant fièrement devant la caméra, sans jamais livrer le moindre message brillant par son intelligence. Mais de toute manière, quand on pense que les militaires sont incapables de différencier une souris d'un hamster, le spectateur peut déjà se poser des questions sur leurs hypothétiques chances de survivre aux péripéties qu'ils vont connaître à la surface de la planète LV-4-26. Dans cette version longue, beaucoup de scènes absentes dans la version de 1986 si l'on tient compte du fait que le film passe alors de cent-trente sept à cent cinquante-quatre minutes. L'une des plus marquantes d'entre elle demeure la longue séquence durant laquelle la famille de la jeune Newt est décimée lors d'une sortie sur LV-4-26, planète d'origine des aliens. Une scène intéressante, certes, mais qui dans le contexte de la version proposée en premier lieu pouvait demeurer invisible. Car sa présence, qui pourra plus ou moins être appréciée, ôte tout effet de surprise quant à la découverte de la gamine un peu plus tard dans le récit. D'autant plus que la disparition de ses parents se fond dans celle des colons installés sur l'austère planète, foyer de milliers d’œufs aperçus dans le premier volet de la saga. Il était donc fort judicieux de la couper, ce passage se révélant fort inutile dans la compréhension des événements, et son absence permettant de conserver une certaine part de mystère entourant le silence radio des colons ne répondant plus aux appels effectués par la station orbitale Gateway... Des scènes complétant cette version Director'sCut, Aliens, le Retour en contient plus d'une quinzaine. Le long-métrage ne perd heureusement pas de son dynamisme en cours de route et permet d'assister à un spectacle encore plus dense. Une version indispensable pour tout fan de l’œuvre originale...

Le second long-métrage abordé ici n'aura sans doute pas bénéficié d'un budget aussi important que celui de James Cameron, toujours est-il qu'il n'en demeure pour autant, pas moins intéressant à découvrir. Œuvre signée Jack Starrett auquel l'un des rédacteurs du numéro 14 du fanzine Vidéotopsie rendit un hommage imposant, Race with the Devilest une sympathique petite pellicule, poussiéreuse à souhait et renvoyant au meilleur du cinéma bis des année soixante-dix. C'est vrai qu'en découvrant l’œuvre de Jack Starrett, y plane sur les cendres d'un générique de fin surgissant de manière plutôt abrupte et inattendue, ce parfum tenace qui donne envie de reprendre certaines idées afin de se les réapproprier. Connu chez nous sous le titre Course Contre l'Enfer, le long-métrage semble avoir inspiré tout un pan du septième art. Du moins, m'a-t-il immédiatement évoqué quelques saillies cinématographiques et télévisuelles. Bien avant leur heure, le film de Jack Starrett m'a fait pensé à un mix entreLa Colline a des yeuxde Wes Craven (la caravane, les décors naturel arides, les adeptes d'une secte sanguinaire prenant le relais des anthropophages) et l'épisode Sorcellerie de la toujours excellente série Starsky et Hutchet réalisé par Nicholas Sgarro. Sauf que, ben oui, l'auteur de Race with the Devil a eu l'idée quelques années avant les autres.
Petit film mais grandes vedettes puisque Race with the Devil accueille tout de même en son sein les acteurs Peter Fonda et Warren Oates, ainsi que les actrices Loretta Switt et Lara Parker qui à cette occasion incarneront leurs épouses. Un quatuor formant deux couples qui en plein mois de janvier décident de prendre le large en s'accordant quelques froides vacances dans le trou du cul du monde. Destination : Amarillo, ville américaine du nord du Texas, et sur la route de laquelle nos quatre personnages vont connaître quelques soucis lorsque passablement ivres, les deux mâles en questions vont êtres les témoins d'un sabbat nocturne particulièrement sordide puisque débouchant sur le meurtre d'une des disciple d'un groupuscule satanique. Le scénario ne s'embarrasse jamais d'une écriture complexe. Jack Starrett sait exactement où il veut emmener les spectateurs. Sur les routes d'une Amérique qui semble avoir abandonné sa foi en Dieu pour se retourner vers le Diable. Sur un scénario de Wes Bishop et Lee Frost, le cinéaste (qui fait ici une jolie apparition dans la peau d'un pompiste) installe une ambiance particulièrement anxiogène. Quels que soient les individus croisés sur leur chemin (indigènes, touristes et autorités), tous ont l'air d'avoir en commun d'appartenir à cette même secte qui va durant presque quatre vingt-dix minutes, pourrir l'existence de nos paisibles vacanciers. La paranoïa finit par s'installer et le moindre regard peut être perçu comme une menace. En cela, Race with the Devil est une totale réussite. Bien que le film démarre assez mollement, l'action prend finalement le relais assez rapidement et l'on ne s'ennuie alors, pas un instant. Bien interprété, malicieux dans sa manière d'optimiser l'angoisse relative au dépaysement, l’œuvre de Jack Starrett ménage un suspens régulier et dresse un portrait de l'Amérique et de ses ploucs assez saisissant. Race with the Devil, c'est deux couples d'amis contre 'le reste du monde'. Une excellente série B...

Mick Taylor is back !!! Le plus grand tueur en série de fiction d'Australie, lui-même inspiré des méfaits du meurtrier Bradley John Murdoch, coupable d'avoir tenté d'assassiner le couple de touristes britanniques formé par Peter Falconio et Joanne Lee (cette dernière ayant survécu), revenait en 2015, soit dix ans après le premier Wolf Creek. Cette suite, sobrement intitulée Wolf Creek 2n'a absolument rien à envier à son prédécesseur. Démarrant sur les chapeaux de roues lors d'une introduction 'Mad Maxienne', l'acteur australien John Jarratt cabotine toujours autant, pour le bonheur d'un public qui aura droit à un met de choix de plus de cent minutes. Dans le décor aride du désert australien où les touristes et les indigènes se comptent sur les doigts d'une seule main, débarquent deux jeunes allemands en vadrouille aux abord du cratère de Wolfe Creek situé en plein cœur du parc national de l'État d'Australie-Occidentale. Ils boivent, ils fument de l'herbe, baisent sous la tente... bref, le parfait cliché que l'on offre à une jeunesse provenant habituellement d'Amérique. Mais que Katarina Schmidt et Rutger Enqvist soient d'origine germanique n'y change rien. Le seul fait que ces touristes étrangers foulent le sol du pays natal de Mick Taylor suffit à ce dernier pour entrer dans une rage folle et les dessouder de la plus belle et plus violente façon. Égorgement, têtes explosées, décapitations, doigts tranchés à la meuleuse et éviscérations sont au programme d'un films couillu aux effets-spéciaux remarquablement réussis.
L'acteur John Jarratt qui sous les traits de Mick Taylor incarne pour la seconde fois le tueur en série est impeccable. Cynique, misogyne, raciste, et prenant un plaisir malsain à torturer moralement ses victimes en leur faisant miroiter l'espoir de les relâcher ou en leur décrivant de quelle atroce manière elles vont passer de vie à trépas, Taylor paraîtrait presque sympathique aux yeux des téléspectateurs à force d'user d'un humour féroce et d'arborer aussi fréquemment son inquiétant sourire. Pour ce second volet, on a droit à un spectacle se diversifiant davantage que par le passé. Outre la séance de torture prenant des allures de jeu sanglant entre Mick Taylor et sa dernière victime, Paul Hammersmith (l'acteur australien Ryan Corr), à la manière d'un Hostel, le cinéaste Greg McLean, déjà auteur du premier volet, s'offre sa version du Duelde Steven Spielberg et va même jusqu'à évoquer certains aspects du western à travers la poursuite à cheval ou les coups de fouets. Wolf Creek 2 est hautement divertissant, gratiné en matière d'effets gore, amusant, parfois angoissant, et l'on ne s'y ennuie pas un seul instant. On pourra même se ranger du côté du monstre lorsqu'en préambule, deux flics ripoux l'humilient sans réelle justification, avant d'être eux-même les premières victimes de cet anti-héros éminemment charismatique. A noter qu'un troisième épisode à été confirmé par Greg McLean en fin d'année dernière. Reste à espérer que le projet soit maintenu et qu'il nous parvienne dans les plus brefs délais...

Jungle de Greg McLean (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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Le cinéaste australien Greg McLean a toujours été plus à l'aise dans le survival que dans n'importe quel autre domaine. Auteur des excellents Wolf Creek 1& 2, de Rogue ou encore du piètre The Darknessen 2016, il revenait l'année passée en abordant une fois de plus son thème de prédilection tout en abandonnant relativement le côté horrifique de ses précédentes réalisations. Il s'attaque dans son dernier long-métrage à l'adaptation de la biographie« Back From Tuichi: the Harrowing Life-and-Death Story of Survival In The Amazon Rainforest » de l'aventurier d'origine israélienne Yossi Ghinsberg qui vécu pendant trois semaines en 1981, une aventure hors du commun qui faillit cependant lui coûter la vie. Alors en voyage en Bolivie, cet aventurier qui dans l’œuvre de l'australien est admirablement interprété par l'acteur britannique Daniel Radcliffe y fit la connaissance de deux autres baroudeurs habitués à voyager à travers la planète.
Kevin Gale et Marcus Stamm se connaissent et s'apprécient depuis bon nombre d'années. Lorsque Yossi leur parle de Karl Ruchprecter dont il vient tout juste de faire la connaissance, il tente d'intéresser ses nouveaux amis en leur évoquant la proposition que vient de lui faire Karl de l'emmener faire la connaissance d'une tribu demeurée inconnue et vivant au fin fond de la jungle amazonienne bolivienne. En insistant un peu, Yossi parvient à convaincre Kevin et Marcus de faire le voyage en compagnie de Karl. Si dans un premier temps tout se passe bien, les premières difficultés font très vite leur apparition. Marcus paraît malheureusement bien moins préparé que les autres à cette expédition. Il rencontre très rapidement des problèmes aux pieds qui ralentissent l'évolution du groupe. Après avoir passé quelques jours dans la forêt amazonienne, après y avoir construit un radeau afin de descendre le fleuve, enfin, après avoir décidé de scinder le groupe en deux, l'aventure va se concentrer sur le personnage de Yossi Ghinsberg. Et autant dire que l'on va avoir droit à un véritable dépaysement. Mais pas de ceux qui donnent envie de quitter son chez soit. Mieux vaut porter des gants si vous avez fait un détour chez la manucure avant de vous plonger dans cette aventure de presque cent-vingt minutes car sinon, vous risquez de vous ronger les doigts.

Même s'il demeure un je ne sais quoi qui empêche le spectateur d'être totalement imprégné des événements qui se déroulent à l'écran (certaines scènes sont trop longues ou inutiles, et les plans larges rendant compte de l'immensité de la forêt amazonienne, pas assez nombreux à mon goût), le résultat n'est tout de même pas si mal. Le long-métrage de Greg McLean semble rendre assez fidèlement le calvaire qu'a dû endurer Yossi Ghinsberg en 1981. Jungle rend compte des difficultés liées à un manque évident de préparation (les héros se jettent dans l'aventure sans jamais savoir ce qui les attend vraiment et ce, tout en laissant les guider un homme qu'il ne connaissent que depuis moins de vingt-quatre heures). Le film démontre aussi et surtout que face à la nature, et même avec des années de pratique derrière soit, rien ne préserve l'homme d'un quelconque danger. Jungle entretient d'une certaine manière un rapport concret avec l'étouffant et remarquable Vinyan que le belge Fabrice Du Welz réalisa en 2008. l'exploration d'un monde demeuré jusqu'ici inconnu, recelant ses mystères et une forme d'évocation nous renvoyant aux origines de l'humanité. Personnages à part entière, les paysages servant de décors au long-métrage sont parfois saisissants. Entre le Mont Tamborine, un plateau de vingt-huit kilomètres carré situé dans la région de la Scenic Rim en Australie, et le Parc national Madidi en Bolivie, le tournage a donc eu lieu dans des décors naturels sur une durée de six semaines.
Jungle offre à ses interprètes, Daniel Radcliffe donc, mais également Alex Russel, Thomas Kretschmann et Joel Jackson l'opportunité de donner toute la mesure de l'âme humaine lorsqu'elle est confrontée aux dangers d'une nature hostile et indomptable. L'amitié s'y délit, se décomposant au grès des échecs. Chacun y fait alors montre de sa véritable personnalité. Les plus forts, comme dans n'importe quel lieu géographique, l'emportant sur les plus faibles. Il manque cependant une chose qui dans ce genre d'hommage à la Mère Nature et à ce type de témoignage paraît essentiel. C'est l'aspect initiatique que revêt l'expérience. Si l'on sent bien que le héros, à la fin, s'en sort avec un regain d'humilité, il manque une certaine profondeur qui empêche le film de s'extraire parfois du simple survival. Malgré tout, l'expérience vaut le coup d'être vécue. Ne serait-ce que pour la beauté de certaines séquences (les rapides), des paysages, ou plus simplement pour son interprétation...

The Beguiled de Sofia Coppola (2017) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

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Les Proies, 2017. A aucun moment de ma courte existence je ne m'étais imaginé qu'un jour je verrais (subirais ?) le remake d'un si grand moment de cinéma. Quand un cinéaste touche au génie, à la perfection, comme ce fut le cas en 1971 avec The Beguiled de Don Siegel avec Clint Eastwood. Jamais dans ma petite vie de passionné du septième art je n'aurai conçu l'idée de l'aborder. Pourtant, après avoir subit les affres d'une gastro-entérite particulièrement violente tout en essayant de faire abstraction du bruit que font les ouvrier au bas de l'immeuble et dont l'intensité me laisse à penser qu'ils détruisent petit à petit la résidence où je vis, il a bien fallut que je me fasse une raison : Sofia Coppola, dont je n'ai jamais rien vu et dont la paternité et l'engouement d'une certaine presse ont fini de me convaincre de fuit son cinéma sans faire le moindre bruit, a osé ! The Beguiled version 2017 sera donc ma première incursion dans l'univers de la quadragénaire. Ou plutôt celui dont elle osa s'emparer pour faire sien, avec ou pas de respect et de la dignité, pour l’œuvre de l'auteur de Invasion of the Body Snatchers, premier long-métrage me venant à l'esprit.

Ce qu'il faut garder en tête, c'est que si la version de 1971 est bien celle d'une vision livrée par un homme, celle de 2017 est définitivement l’œuvre d'une femme. Les deux points de vue d'un même récit étant traités de manière fort différente, la seconde, n'en déplaise aux démagogues de tous poils, s'inscrit dans une forme d'aseptisation de très mauvais goût. Pour commencer, et au risque de provoquer un horrifiant malentendu, nous noterons l'absence du personnage incarné en 1971 par l'actrice noire Mae Mercer. Hallie, la servante noire, dont la présence coïncidait avec le recensement américain de 1860 et faisant état de quatre millions d'esclave dans le pays. Faut-il y voir désormais l'hypocrisie d'un monde voulant se racheter une conduite en effaçant certaines de ses erreurs passées ? Paranoïa ou constat avisé ? D'autres faits semblent étayer l'hypothèse selon laquelle Sofia Coppola aura voulu atténuer les aspects les plus dérangeants de l’œuvre originale en omettant de les inclure dans la sienne. Nous passons ainsi de l’œuvre gonflée aux testostérones au long-métrage de jeune pucelle ne prenant aucun risque avec le bien pensant américain. Nicole Kidman a beau être une très belle femme et une bonne actrice, la pauvre ne fait pas le poids face à une Geraldine Page ayant davantage de « bouteille »qu'elle.

Une Geraldine Page dont le personnage incarnait une certaine forme de perversité incestueuse envers un frère disparu, une facette de sa personnalité que Sofia Coppola a choisi, en 2017, de simplement éliminer. Le caractère dérangeant du personnage ayant été purement et simplement dégagé de l'intrigue, The Beguiled version 2017 n'est plus qu'un vague mélodrame romantique un brin déviant en costumes d'époque qui n'entreprend rien de bien courageux si ce n'est d'investir des terres cultivées longtemps avant par un artisan autrement plus talentueux. Il n'y aura guère que les jeunes jouvencelles intimement affolées par la présence de Colin Farrell au générique pour trouver matière à s'extasier devant cette navrante représentation du machisme qui, là encore, est tristement célébré. L'une des forces qui caractérisait également l’œuvre de Don Siegel et qui semble avoir été volontairement atténuée ici demeure dans l'apparente normalité de la plupart des pensionnaires tandis qu'en 1971, la plupart des jeunes femmes n'avaient finalement pas d'autre préoccupations que de s'accaparer l'intention de leur premier 'visiteur'mâle.
Certains auraient-ils constaté le puéril résultat d'une œuvre dont l'existence n'apporte rien de neuf ? Toujours est-il que The Beguiled version 2017 aurait, depuis, changé de statut pour n'être plus le remake de l'oeuvre datant de 1971, mais simplement une nouvelle adaptation du roman original Les Proies, de l'écrivain Thomas P. Cullinan. Un moyen simple et pas forcément habile pour éviter toute comparaison avec le chef-d’œuvre indétrônable de Don Siegel... Encore un remake inutile...

Entre ses Mains de Anne Fontaine (2005)

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Doit-on rire à l'idée d'imaginer un jour Jamel Debouzze au panthéon des plus grands acteurs comiques ou figé dans la cire aux cotés d' n Louis de Funès, roi de la gaudriole quand certains le "rêvent" déjà comme le digne successeur de ce dernier?
Rire oui ! Mais jaune alors puisque rien chez ce jeune homme ne vient corroborer un quelconque talent qui ne transparaît ni dans la tragédie, ni dans le comique, du moins, jamais au niveau de l'excellence personnifiée par de Funès lui-même. 
 
Rares sont ceux, sans doute à mériter d'être comparés au "gendarme de Saint-Tropez" et parmi ceux-ci, il en est un originaire d'un pays que les français aiment croquer à travers de nombreuses plaisanteries pas toujours très drôles, la bien nommée Belgique, puisque il s'agit de Benoît Poelvoorde.

Interprète d'une petite cinquantaine de longs-métrages dont le premier et cultissime
C'est arrivé près de chez vous, il a su cultiver une identité propre, sorte de charlot et de clown triste qui dans un registre peut-être moins exubérant que De funès, lui ressemble pourtant. Le vélo de Ghislain Lambert, Jean-philippeou récemmentLe Tout Nouveau Testament sont autant d’œuvres humoristiques d'une grande qualité, aux scénarios brillants et à l'interprétation impeccable d'un homme qui aujourd'hui fait partie intégrante du cinéma français. Très vite, et ce malgré les quelques maladresses de son premier film, on comprends le potentiel du personnage qui s'adapte avec aisance aux différents rôles qui lui sont confiés.

Sa carrière commencée en 1992, Benoît Poelvoorde était un excellent "comique" avant que l'année 2005 ne pointe le bout de son nez et fasse de cet homme attachant, un acteur, un vrai, de ceux qui peuvent encaisser sans sourciller des rôles difficiles tels que celui qu' il a dû interpréter dans Entre ses mains. Poelvoorde démontre alors dans ce petit bijou de noirceur l'étendue de son talent. Et il en a à revendre le bonhomme puisque loin des rôles de sympathique mais un brin ringard personnages que certains cinéastes lui ont confié, il adopte pour l'occasion le comportement ambigu d'un homme qui après avoir été victime d'un dégât des eaux rencontre celle qui est en charge de son dossier d'assurance et qu'il tente à plusieurs reprises de séduire jusqu'à ce que naisse entre eux une troublante relation, Claire étant mariée et mère d'une petite fille, alors qu'à Lille, un serial killer rôde, traquant uniquement les femmes isolées qu'il tue en leur tranchant la gorge. Très vite , elle remarque chez Laurent son comportement étrange. Éternel pessimiste, il ne semble par croire au bonheur et change souvent d'état d'esprit, passant de la bonne humeur à la tristesse, notamment lorsqu'il apprends que Claire doit partir pour un séjour de trois jours durant lequel il n'aura pas l'occasion de la voir. Dans un premier temps, elle semble s'inquiéter du comportement de ce dernier d'autant plus que certains indices la poussent à croire qu'il est le tueur qui sème la panique dans la région. Durant un temps elle lui "échappe" jusqu' au jour où l'appelant à son travail il lui propose de la retrouver, un soir. Avec le temps elle finit par être inexorablement attirée par cet homme au physique peu avenant et au comportement particulièrement ambigu, bravant sa méfiance et retrouvant même jusqu'à leurs rapports des débuts de leur rencontre...

Inutile bien évidemment de préciser combien le rôle de Laurent semble avoir été écrit pour Benoît Poelvoorde tant l'acteur trouve ses marques dans ce personnage attachant bien que semblant cacher un lourd secret derrière un masque qui ne reflète que très rarement la moindre émotion. Difficile de voir ce qui se cache chez ce vétérinaire qui de par sa profession nous donne à penser qu' il ne peut être qu'un homme au cœur généreux mais qui derrière un comportement complexe à analyser le rend soupçonnable des méfaits perpétrés par le tueur en série qui sévit dans la région.
Quand à Isabelle Carré, même s'il on parle ici essentiellement de la performance de Benoît Poelvoorde, il faut reconnaître que le film ne serait rien sans sa présence et qu'elle reste telle qu'on la connaît et il serait réducteur de ne voir en elle qu'une très jolie plante puisque avec justesse, elle interprète son rôle tout en finesse sans jamais que l'ennui ne s'installe malgré l'évidente lenteur liée à l'histoire elle-même.

La mise en scène confine à la sobriété et révèle en la personne d'Anne Fontaine une cinéaste à suivre. Quelques plans magiques élèvent le film au delà de ce à quoi le cinéma français nous avait habitué notamment à la fin, lorsque Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde se retrouvent dans une étreinte au charme trouble et envoûtant.
Entre ses mainsest une très belle réussite et l'occasion pour ses deux principaux interprètes de se croiser sur un plateau de tournage pour la première fois...

Section VHS : Le Sous-Sol de la Peur de Wes Craven (1991) - ★★★★★★★☆☆☆

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Allez, on réinstalle le 'six têtes de lecture', on rebranche le câble péritel, on passe du numérique à l'analogique et du format dvd au format vhs. Terminé le ré-encodage en Haute Définition, bienvenue aux bandes magnétiques qui à force de lectures se sont pris des balafres autrement plus impressionnantes que celle d'Al 'Scarface'Capone. On commence le marathon avec Le Sous-Sol de la Peur de Wes Craven. Ce génie du shocker qui nous avait asséné coup sur coup en début de carrière deux longs-métrages cultissimes intitulés La Dernière Maison sur la Gaucheet La Colline a des Yeuxrevenait en 1991 avec un douzième longs-métrages plein de promesses. Certains critiques s'étaient même risqués à l'époque d'évoquer Massacre à la Tronçonneuse comme point de comparaison. Après les excellents Griffes de la Nuitet L'emprise des Ténèbres (entourés d'autres films plus ou moins réussis) et avant le désastre artistique connu sous le nom de Scream(ainsi que ses suites), L'un des maîtres esfilms d'horreur allait pondre l'une de ses plus jouissives productions avec ce The People Under The Stairs (dans sa version originale). Tout commence d'abord par une musique assez navrante rappelant les actionersincarnés par Monsieur Alain Delon en personne dans les années quatre-vingt. Du saxophone alors que le petit black du récit monte les étages d'un immeuble sordide grouillant de pauvres ères, dans lequel il vit avec sa (très jolie) sœur et leur maman, très malade, cela sonne comme une mauvaise partition. Comme la plupart des airs composés par Don Peake et Graeme Revell, d'ailleurs. C'est là qu'intervient Leroy, le copain, soit-disant, de Ruby (la sœur en question), une petite frappe qui aimerait bien s'approprier la fortune que cache dans sa demeure le couple propriétaire de l'infâme ghetto dans lequel vit notamment Dexter, le petit black en question, et les siens.

Tout l'intérêt de ce Sous-Sol de la Peurrepose alors dans ce qui va suivre. Cambriolant la demeure du couple se faisant appeler Papa et Maman, Dexter (surnommé Tou Fou) va découvrir enfermés dans les murs de la belle (surtout de l'extérieur) et grande demeure, des gamins affamés par un couple qui s'avère en fait, totalement barge. La chasse à l'homme peut alors commencer, d'autant plus que le gamin et Leroy ne s'attendaient pas non plus à ce que la baraque soit farcie de pièges. Alors que Leroy va très vite passer de vie à trépas, Tout Fou, aidé par deux des nombreux gamins qu'ont enlevé Papa et Maman, va tenter de fuir ce lieu de perdition...

Wouaw ! Wes Craven se sert dans le vivier des personnages tous aussi timbrés les uns que les autres de l'excellente série de David Lynch Twin Peakspour en extraire les acteurs Everett McGill et Wendy Robie qui y formaient déjà le couple Hurley. En exploitant leur incroyable physique, Wes Craven fait de ces propriétaires racistes deux des plus beaux spécimens de boggeymen du septième art. Toute la folie retenue des Hurley de la série de David Lynch s'exprime enfin à travers ce nouveau couple incestueux kidnappant des enfants (parce que maman rêve depuis toujours d'en avoir). De l'extérieur, la maison demeure (!) anodine, mais à l'intérieur, en effet, on pourrait presque la comparer à celle de la famille Tronçonneuse du classique de Tobe Hooper. Everett McGill et Wendy Robie sont carrément épatants. Les deux acteurs ne ménagent pas leurs efforts et l'on a souvent droit à des scènes totalement ahurissantes en terme d'interprétation. N'oublions pas le jeune Brandon Adams qui dans le rôle du courageux et malin Dexter assure le spectacle face à l'un des couples de malades les plus gravement atteints de la matière grise. Les moments d'anthologie sont nombreux, mais on retiendra sans doute surtout l'accoutrement que porte Everett McGill lorsqu'il se lance à la poursuite des gosses dans la demeure. A ce titre, la maison servant de décor au film peut être envisagée comme un personnage à part entière. La jeune Alice incarnée par l'actrice A. J. Langer renvoie quant à elle étonnamment aux gamines chantant la fameuse berceuse entendue dans les différents épisodes de la saga mettant en vedette le célèbre brûlé Freddy Krugger (le génial Robert Englund). Si Le Sous-Sol de la Peur ne fiche pas véritablement la trouille tout en demeurant à certains moment anxiogène (???), on retiendra parmi les nombreuses scènes de course-poursuite dans la demeure, celle durant laquelle Papa éviscère Leroy dans la cave. Une scène particulièrement glauque durant laquelle on découvre notamment que le couple de frère et sœur se livrent au cannibalisme. Le final démentiel lui-même est sans doute demeuré dans la mémoire de ceux qui ont découvert le film à l'époque. L’œuvre de Wes Craven demeure comme un excellent souvenir qui n'a finalement pas trop mal vieilli. Un long-métrage qui n'économise pas son énergie et offre un spectacle macabre finalement pas si éloigné de certains faits-divers qui défraient parfois la chronique américaine...

Shock Waves - Le Commando des Morts-Vivants de Ken Wiederhorn (1977) - ★★★★★☆☆☆☆☆

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C'est en tentant très récemment de redécouvrir vainement le toujours très décevant (et finalement, très crétin) World War Z, sans doute l'une des plus grosses productions cinématographiques proposant une histoire tournant autour du fameux thème des 'infectés'(et non pas des morts-vivants avec lesquels ils n'entretiennent en réalité, pas beaucoup de points communs), que l'idée d'écrire un article, non plus sur ces derniers, mais sur les zombies tels que les chérissait l'immense George Romero, m'est venue. Avec en point de mire... et bien, en fait, pas grand chose de précis. Car le genre est tellement encombré, qu'il n'est pas difficile de piocher à l'aveugle dans le vivier tout en remontant la main pleine d'une poignée d’œuvres plus ou moins réussies. C'est donc par le plus grand des hasards que sont remontés jusqu'à moi, Shock Waves de Ken Wiederhorn, Dead Heat de Mark Goldblatt, Beware! Children at Playde Mik Cribben, ou encore le diptyque frenchie de Benjamin Rocher et Thierry Poiraud, Goal of the Dead. La seule entorse que je me sois concédée vis à vis du hasard étant, bien entendu, d'aborder des longs-métrages qui n'avaient jusque là, pas encore eu les 'honneurs'd'un article sur Cinémart...

On commence donc avec le Shock Wavesde Ken Wiederhorn, plus connu dans nos contrées sous le titre Le Commando des Morts-Vivants. Nous retiendrons d'ailleurs ce dernier, pour une fois assez proche du contenu de l’œuvre en question, même si la traduction dans notre langue ne respecte pas le titre original. Bien qu'accueillant parmi les interprètes, l'actrice Brooke Adams, qui un an auparavant combattait aux côtés de Donald Sutherland, des envahisseurs d'un genre particulier dans l'excellent Invasion of the Body Snatchersde Philip Kaufman et incarnerait le personnage de Sarah Bracknell aux côtés de Christophen Walken dans l'un des innombrables chefs-d’œuvre de David Cronenberg, The Dead Zone, en 1983, Le Commando des Morts-Vivants demeure cependant une œuvre plutôt moyenne. Mais sans doute pas aussi médiocre que le second chapitre de la saga Le Retour des Morts-Vivants initiée en 1985 par le scénariste et réalisateur américain Dan O'Bannon, et réalisé cette fois-ci par Ken Wiederhorn. Le cinéaste n'ayant apparemment pas d'atomes crochus avec le genre 'films de zombies', il aurait pourtant sans doute connu une carrière bien différente si les producteurs de la Columbia ne lui avaient pas retiré des mains la réalisation de ce qui allait devenir plus tard l'un des grands classiques de Brian de Palma, Body Double.
Le Commando des Morts-Vivantsdémarre véritablement après qu'une voix off nous ait expliqué que lors de la seconde guerre mondiale, l'armée allemande avait créé toute une section de super-soldats dont la totalité des membres disparu sans jamais laisser de trace. A la suite de ces quelques minutes d'information essentielles servant de propos à film de zombies dont les agissements diffèrent quelque peu des cannibales habituellement rencontrés dans ce genre de production, nous découvrons deux couples à bord d'un vieux rafiot. Des vacanciers qui à l'occasion de vacances dans les Antilles ont loué les services d'un capitaine de bateau et de ses hommes. Là encore, une (ancienne) vedette du cinéma en la personne de John Carradine (interprète d'environ deux-cent cinquante rôles et père des acteurs David, Robert, et Keith Carradine). Le capitaine c'est lui. Lors de la première nuit et alors que tous sont au beau milieu de la Mer des Caraïbes, une étrange lumière jaune fait son apparition. Plus tard, dans la nuit, le bateau croise la route d'un immense cargo qu'il évite de justesse, ce qui n'empêche pas la petite embarcation d'échouer aux abords d'une île apparemment déserte. Dès le lendemain matin, les membres d'équipage et les vacanciers constatent que le capitaine a disparu. En parcourant l'île, ils tombent sur une grande demeure isolée. C'est là qu'ils vont croiser la route des super-soldats perdus par l'armée allemande...

Le spectacle offert par Le Commando des Morts-Vivantsest relativement ennuyeux. Il ne se passe effectivement pas grand chose, les personnages se contentant surtout de palabrer et d'investiguer les lieux. Les morts-vivants du titre sont des soldats du troisième Reich en assez grande forme vu leur âge mais au visage passablement décomposé par l'eau dans laquelle ils demeurent immergés. L'une des spécificités de ces morts-vivants est de craindre la lumière du soleil (ils portent des lunettes à verres opaques). Le contact direct de leurs rétines avec l'astre suffit à les tuer. Face à eux, les membres de l'équipage et les vacanciers ne feront pas long feu, en dehors du personnage incarné par Brooke Adams comme cela est signifié dès le début du long-métrage. Chiant à mourir, Le Commando des Morts-Vivants possède cependant un étrange pouvoir d'attraction qui justement peut s'expliquer à travers le rythme imposé par l'absence de réelle écriture. Le score électronique de Richard Einhorn participe grandement à l'étrangeté qui émane non seulement des scènes situées à bord du bateau (la musique se mêlant alors au ronronnement du moteur), mais aussi plus tard, lorsque tous posent le pied sur l'île. En matière d'horreur, on aura rarement vu aussi avare que le film de Ken Wiederhorn puisqu'en la matière, l'absence d'hémoglobine est totale. Pas de quoi réjouir les amateurs de grosses effusions de sang. Un film à réserver aux fans absolus d'un genre fort encombré, ou peut-être à ceux qui idolâtrent Peter Cushing, car oui, j'oubliais de le préciser, l'immense acteur britannique fait partie du casting... A part cela, rien de bien intéressant à se mettre sous la dent... 

 

Dead Heat - Flic ou Zombie de Mark Goldblatt (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Roger Mortis et Doug Bigelow sont flic à Los Angeles. Mais alors qu'ils alors qu'il viennent d'éliminer deux criminels qui se sont rendus responsables d'une série de braquages de banques et de bijouteries, le médecin légiste chargé de leur autopsie révèle aux deux inspecteurs que les deux hommes étaient déjà morts depuis une semaine. En investiguant en ville, ils tombent sur un établissement dans lequel une machine capable de ramener les morts à la vie y est installée. Lors d'une attaque, Roger est gravement blessé et meurt dans les bras de son ami et collègue qui décide alors d'employer la machine afin de ramener Roger parmi les vivants. Une fois revenu à la vie, le 'mort-vivant'et Dougdécident d'enquêter sur les responsables du laboratoire ayant créé la machine. Mais ils doivent faire vite car le retour à la vie de Roger a un inconvénient de taille. En effet, son état n'est que temporaire. Son organisme peu à peu se décompose et il n'a que deux heures devant lui avant de mourir...
Dead Heat (connu chez nous sous le titre français Flic ou Zombie) est le premier des deux films seulement que réalisa lui-même le cinéaste américain Mark Goldblatt, surtout connu pour avoir monté un certain nombre de longs-métrages dont une bonne partie de films d'horreur. Un peu à la manière d'un Lethal Weapon à la sauce 'zombie', le cinéaste réalise un film policier mâtiné d'une forte dose d'humour comme cela est vérifiable dès la découverte de l'affiche. L'acteur Treat Williams qui fut à l'époque aussi populaire dans son pays au cinéma que sur petit écran est accompagné de l'acteur et humoriste Joe Piscopo dans le rôle de Doug Bigelow.

Dead Heatmélange donc les genres, entre duo de flics et film de zombies. On rapprochera certaines créatures (et notamment le monstre à double visage) de celles croisées dans le Housede Steve Miner réalisé deux ans auparavant en 1986, et le principe permettant de ressusciter les morts le Frankensteinde l'écrivain Mary Shelley, lui-même très souvent adapté sur grand écran. Le film de Mark Goldblatt renvoie également à un autre motif largement intégré au cinéma fantastique puisque l'idée de puiser dans ce procédé revient à faire de ses vieillards, des vampires dont la principale motivation est dé connaître l'immortalité. Une faune exclusivement constituée de nantis.

Si à l'époque de sa sortie en 1988 Dead Heatpouvait être envisagé comme une bonne petite série B horrifico-comique, et s'il demeure agréable à redécouvrir de nos jours, il a quand même bien vieilli. Les gags sont bien lourds et la caractérisation des personnages sont terriblement sommaires. Pourtant, sa vision demeure d'un intérêt certain pour les amateurs de films de zombies puisque son auteur, sur la base d'un scénario écrit par Terry Black, propose une vision du mythe sensiblement différente du simple mort-vivant sortant de terre pour se nourrir de la chair des vivants. Ici, le zombie naît d'une expérience en laboratoire. Pris à temps, le mort garde toutes ses facultés intellectuelles et physique. Du moins, concernant ces dernières, comme écrit plus haut, le zombie n'en a, pour tout au plus, que pour une quinzaine d'heures, condamné ensuite à mourir dans d'atroces circonstances comme le montre l'une des scènes d'horreur les plus réussies du film et qui même trente ans plus tard, conserve son effet. On y voit une jeune femme zombifiée fondre littéralement devant la caméra. Un effet choc saisissant.
Deux ans plus tard, le film sera nommé dans la section meilleur film au festival Fantaporto se déroulant tous les mois de Février dans la ville de Porto au Portugal.

Dead of Night - Le Mort-Vivant de Bob Clark (1974) - ★★★★★★★☆☆☆

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L'histoire des morts-vivants est un récit qui au cinéma, fêtera dans quelques années, son centenaire. Parmi les longs-métrages qui ont honoré cette créature à l'origine issue de la culture haïtienne, on notera le White Zombie de Victor Halperin qui en 1932 ancrait son intrigue au cœur des rites vaudous. Près de trente-cinq ans plus tard, un tout jeune cinéaste du nom de George Romero fit de ses morts-vivants des anthropophages dont l'unique but était de se repaître de chair humaine. Le film incarnait des valeurs politiques et sociologiques dont certaines étaient de l'aveu même de son auteur, le fruit du hasard (le rôle de Ben interprété par un 'black', (l'acteur Duane Jones), était en effet dû au simple fait qu'il était le plus à même d'incarner le personnage principal. Le scénario ne prévoyait pas à l'origine que le celui était un homme de couleur). En 1974, soit six ans plus tard, le cinéaste américain Bob Clark, auteur plus tard du premier slasher officiel (Black Christmas) et de la célèbre comédie Porky'sallait signer un film qui allait marquer le genre de son empreinte. Après une première tentative deux ans auparavant (le navrant Children Shouldn't Play with Dead Thingsdéjà traité en ces pages), Bob Clark allait revenir avec un nouveau récit tournant autour du thème du zombie avec son soldat censé avoir été tué à la guerre mais qui contre toute attente revient un soir chez papa-maman.
Dès le départ on est troublé par l'ambiance générale que dégage l’œuvre de Bob Clark qui assène un climat étrange. Mortifère, et ce alors-même que le fils adoré n'a pas encore foulé l'entrée de la chaleureuse demeure où sa sœur, son père, mais aussi et surtout sa mère, espèrent le voir revenir. Alors qu'un ami et officiel de l'armée américaine vient annoncer aux Brooks que leur fils est tombé au combat, le voilà qui réapparaît dès le lendemain. À ce sujet, Bob Clark traite l'événement comme s'il s'agissait d'un rêve. Dead of Nightoffre une vision macabre de son soldat revenu du front, marqué par son expérience, dans son âme, mais aussi dans sa chair car comme nous allons bientôt pouvoir le constater, Andy n'est plus tout à fait le même homme.

Sa réapparition sonne comme la conséquence de la fascination qu'éprouve la mère de famille sur ce fils qu'elle a toujours préféré à sa fille. La ferveur religieuse de celle-ci ne semble elle non plus, pas étrangère au miracle de ce fils dont la mort est tout simplement inenvisageable pour sa génitrice qui tant qu'il n'a pas réapparu, demeure son seul centre d'intérêt lors des conversations. Un comportement qui aura tendance à étouffer l'époux ainsi que leur fille. Alors que Bob Clark envisageait d'offrir le rôle d'Andy à l'acteur Christopher Walken, c'est finalement au jeune Richard Backus qu'e l'interprétation est octroyée. Bonne pioche puisque sans fournir d'efforts particuliers, l'acteur se montre relativement convaincant. Surtout lorsqu'il s'agit de feindre le sourire. Ce sourire qui cache dès le départ des intentions qui déboucheront sur la mort de plusieurs habitants du quartier où vivent les Brooks.

Revenant ? Zombie ? Vampire ? Un peu des trois finalement puisque l'une des particularités de Dead of Night est d'offrir une vision différente du thème du zombie. Ici, le mort-vivant ne semble pas attiré par la chair humaine mais doit impérativement se nourrir du sang de ses victimes s'il ne veut pas mourir dans les heures qui suivent. En effet, un étrange processus le voit lentement se décomposer le soir venu, à cette heure tardive où le moment de faire payer leur monnaie à ceux qui l'ont envoyé au front est enfin venue. Tuer est donc une nécessité. Mais au delà du besoin physiologique d'Andy, le jeune homme tue également parce qu'il s'estime en droit de le faire alors qu'il est lui-même mort après avoir combattu pour son pays. Si au départ, Bob Clark érige le personnage d'Andy en héros, rappelant fièrement aux voisins et amis qu'il est revenu sain et sauf de la guerre, bientôt, le comportement du père change et la présence du soldat devient alors gênante. Comme s'il fallait à tout prix le cacher. Comme ces hommes valeureux, ces anciens combattants qui dès leur retour, ont été simplement... ignorés.
Si Dead of Nightse caractérise parfois par son absence de réelles séquences gore, Bob Clark crée cependant un climat particulièrement oppressant. Surtout lors des scènes nocturnes. Le film est donc davantage une œuvre d'épouvante que d'horreur. La partition musicale de Donald Rubinstein participe grandement à l'ambiance générale (oscillant entre vieilles compositions largement surannées et pics sonores effectués au violon), mais c'est surtout l'interprète d'Andy qui retient l'attention. Lors du final, l'acteur revêt le visage sinistre du mort-vivant du titre français. Yeux écarquillés et dents saillantes. De quoi faire des cauchemars longtemps après la projection. Si Dead of Night n'est pas un chef-d’œuvre, il avait au moins le mérite d'aventurer son zombie sur des terres inédites. A voir...

La Lune de Jupiter de Kornél Mundruczó (2017) - ★★★★★★★★☆☆

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Effarant... de voir comment certains jugent une œuvre telle que La Lune de Jupiter. Lourdeur de la mise en scène pour certains, instrumentalisation du thème de l'immigration illégale pour d'autres, l’œuvre du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó (auteur en 2014 du remarqué White God) est tellement plus que ce que voudraient nous faire croire certains journaleux assez présomptueux pour croire détenir la vérité. Leur vérité, celle que ne partageront certainement pas ceux qui découvriront à travers le dernier long-métrage de Kornél Mundruczó, une œuvre qui en matière de mise en scène se révèle en tous points maîtrisée. La mise en scène, mais également l'espace et le temps. Le hongrois n'a peut-être certes pas accomplit un exploit en terme de scénario (l'agent de service de l'immigration incarnant le Mal, le jeune immigré dans la peau de l'Ange ou bien le médecin ivre de rédemption), mais lorsqu'il s'agit de mettre en scène son trio d'interprètes (parmi lesquels il ne faudrait pas oublier l'une des rares représentantes du sexe faible, Monika Balsai), Kornél Mundruczó ne lésine pas sur les moyens et met en œuvre quelques plans-séquences fort impressionnant dont celui ouvrant le récit n'est pas le moins réussi.

La toile de fond servant au récit entourant le jeune Aryan Dashny (l'émouvant Zsombor Jéger) et son protecteur Gabor Stern (excellent Merab Ninidze), pourchassés par l'agent du service de l'immigration László, c'est cette chasse aux sorcières contre les migrants organisée un peu partout en Europe et qui dans le contexte actuel trouve un flamboyant écho à travers le film de Kornél Mundruczó. Mais plus que de se servir gratuitement d'un contexte politique et social vérolant bon nombre de nos société pour exhiber sa créature sous un angle qui aurait pu se révéler fallacieux, le cinéaste rend hommage à ces femmes et ces hommes en faisant de l'un d'eux, un ersatz du Christ ( Kornél Mundruczó va même jusqu'à pousser le bouchon un peu loin en offrant au père du jeune héros, le métier de Charpentier!) capable de léviter.

Tandis que le personnage incarné par György Cserhalmi ne laisse planer aucun doute sur ses mauvaises intentions, celui qu'interprète Merab Ninidze demeure un peu flou. Entre son désir de rédemption et sa manière de déconsidérer les migrants qu'il aide à échapper aux autorités hongroises contre de fortes sommes d'argent, on a du mal à situer le personnage. A vrai dire, le principal (le seul ?) défaut de La Lune de Jupiter, c'est son scénario. Car si visuellement le spectateur en prend plein les mirettes (sans avoir à subir des montagnes de CGI), l'écriture, elle, manque véritablement de profondeur. Le film tient repose alors entièrement sur son interprétation et sur l'excellente mise en scène de son auteur.

Kornél Mundruczó maîtrise sa technique sur le bout des doigts. Pour s'en convaincre, il suffit juste d'avoir assisté à la fuite de Aryan Dashny dans les bois au début du film, ou plus, tard les incessants plans-séquences dont une course-poursuite en voiture et en temps réel se terminant par un crash entre deux véhicule. Quel sens du timing de la part d'un cinéaste qui pourtant, au delà de ces scènes d'action et ce portrait d'une faune indésirable parquée dans des camps de réfugiés, fait parfois preuve de poésie. Les passages voyant le jeune Aryan léviter sont magnifiques et accompagnées par la superbe partition musicale du chanteur et guitariste australien Jed Kurzel.Si certains s'amusèrent à comparer La Lune de Jupiteraux Fils de l'Homme cinéaste mexicain, ça n'est pas pour rien. Car si le contexte y est bien différent, on retrouve ce même amour du cinéaste hongrois pour les plans-séquences, les contextes socio-politiques d'anticipation fleurant bon (ou mauvais) l'actualité présente. Le dernier long-métrage de Kornél Mundruczó est une excellente expérience. En gros (et même très gros), un mix entre Enter The Void, Elephant Man, Les Fils de l'Homme donc, The Element of Crime. Chacun pourra même y trouver ses propres références. En tout les cas, un sacré film et un super-héros que l'on rangera aux côtés du frenchie Vincent n'a pas d’Écailles de Thomas Salvador...

White God de Kornél Mundruczó (2014) - ★★★★★★★★☆☆

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Lorsque l'on a découvert l'univers du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó à travers son dernier long-métrage, La Lune de Jupiter, l'envie irrépressible de découvrir ses œuvres passées se fait très vite ressentir. White God est le sixième long-métrage du hongrois. Loin des plans-séquences de son dernier né qui éblouirent une partie du public, Kornél Mundruczó imagine un récit tournant majoritairement autour d'une gamine et de son chien. Sauf que de présenter ses personnages sous des aspects où la quiétude prédomine, le cinéaste préfère asséner au spectateur un uppercut qui, contrairement à l'idée qui pourrait émerger que le film foule les territoires empruntés par les productions Walt Disney et consorts (La Belle et le Clochard), préfère évoquer la monstruosité de l'homme à travers l'allégorie. La métaphore est évidente et expose nos semblables aux rapports qu'ils entretiennent avec les défavorisés qui pullulent dans nos rues et dont on refuse même parfois dans certains pays de dormir sur un banc ou d'exploiter le contenu des poubelles. Ici, Kornél Mundruczó durcit le propos en imaginant un état (ici, la Hongrie) dans lequel les propriétaires de chiens bâtards sont contraints de payer une taxe.
Récupérée pour trois mois par son père divorcé de sa mère, la jeune Lili est la maîtresse de Hagen, l'un de ces chiens de race impure dont la simple évocation rappelle le traitement infligé aux juifs durant la Shoah. Rejeté par son père, le chien est abandonné dans la rue. Tandis qu'il trouve une aide inespérée auprès d'un petit roquet, Lili part régulièrement à sa recherche afin de le retrouver. Mais pour Hagen, les dangers sont multiples. Tandis que Lili parcourt les rues en placardant des affiches à l'effigie de son chien, celui-ci va être confronté à l'homme et à son ignominie. Poursuivi par des agents de la fourrière parquant les chiens errants qui, dans le meilleur des cas trouveront un nouveau maître et dans le pire, seront euthanasiés, Hagen va être enlevé, puis revendu à un homme qui le dressera au combat.

White Godest, pour les amoureux des chiens et des animaux en général, aussi jubilatoire qu'inconfortable. C'est après avoir été confronté au traitement infligé à un chien enfermé dans une cage que l'idée de tourner un film tournant autour du sujet des minorités vient à l'esprit de Kornél Mundruczó. C'est ainsi qu'il y mêle l'effroyable conception de l'homme dans son exploitation de la misère. Bien qu'étant parfois totalement surréaliste dans son approche du sujet, le cinéaste fait preuve d'une maîtrise incroyable lorsqu'il s'agit de mettre en scène sa meute de chiens partis se venger des hommes. Certaines séquences sont visuellement époustouflantes (la fuite des chiens de la fourrière). Certains aspects demeurent cependant fort déroutant. Le cinéaste abandonne son héroïne incarnée par l'actrice Zsófia Psotta errer dans des soirées un peu glauques parmi une faune bien plus âgée qu'elle. Une descente aux enfers prenant une forme brouillonne et laissée en plan. Au final, des scènes qui demeurent d'une effarante inutilité et gâchent quelque peu le portraitconstruit autour de l'animal interprété par Luke et Body, deux chiens grâce auxquels, Luke et Body Kornél Mundruczó remportera la 'Palme Dog', un prix récompensant le chien pour son interprétation dans un long-métrage. Une récompense qui se veut parodique et qui pourtant, ici, treize ans après sa création, laisse un goût amer. Car devant la caméra, les deux chiens incarnent cette métaphore évoquée plus haut avec une force extraordinaire. Lâché en pleine rue, le cinéaste filme Hagen en travelling sur un pont, désemparé, effrayé par les bruits de la ville, et le spectateur y croit. Kornél Mundruczó filme ses bêtes avec un sens aiguisé du comportement animal. C'est beau, mais aussi parfois, très cruel. On n'est pas prêt d'oublier les scènes durant lesquelles son nouveau 'maître'lui inflige coups et injections de stéroïdes afin de le préparer au combat.

Le jubilatoire, le spectateur épris de grosses bêtes poilues pourra en bénéficier lors d'un final parfois ahurissant de surréalisme et finalement très proche de la nouvelle trilogie de La Planète des Singes. L'homme face à l'animal. Une confrontation inévitable qui laissera le spectateur pencher du côté de la bête plutôt que de son congénère. White Godest une pépite, réalisée par un cinéaste qui décidément à de grandes histoires à nous raconter. A voir absolument...

Delta de Kornél Mundruczó (2008) - ★★★★★★★★☆☆

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Lorsque l'on remonte, à l'envers, la filmographie du cinéaste hongrois Kornél Mundruczó, il est étonnant de tomber sur Delta, son quatrième long-métrage. On n'y perçoit pas encore toute l'urgence des personnages que les spectateurs accompagneront six ans plus tard à travers White God, et trois années supplémentaires avec La Lune de Jupiter. Pas encore ancré dans un milieu urbain, le cinéaste installe le récit de son film dans un coin du Delta du Danube, en Roumanie. C'est là que réapparaît après de nombreuses années Mihail, à la recherche de sa mère. Il y trouvera sa jeune sœur, qu'il ne connaît pas. Fauna, vit donc avec leur mère, et leur beau-père. Un individu aussi peu affable qu'aimable étouffant une belle-fille qui n'attendait qu'une occasion comme l'arrivée de son frère pour fuir la vieille demeure familiale. Entre Mihail et Fauna s'installe une étrange relation, mélange d'amour fraternel et d'attirance sexuelle. Une vue de l'esprit et du corps que malheureusement pour le frère et la sœur, les proches ainsi que les villageois ne sont pas prêts d'accepter...
Mihail, c'est l'acteur et accessoirement joueur de violon et de cithare, Félix Lajkó. Compositeur d'une partie de la bande musicale de Delta, son personnage débarque sur les terres de son enfance comme l'un de ces êtres étranges parcourant l’œuvre hypnotique du cinéaste allemand Werner Herzog, Herz aus Glas. Comme sous l'effet de psychotropes, son personnage réserve presque exclusivement son temps de parole à sa sœur, interprétée par la belle et frêle Orsolya Tóth. Le rapport entre le film de Kornél Mundruczó et l'univers de Werner Herzog ne s'arrêtant pas là, on retrouve tout ce qui fait le charme d'un cinéma qui se veut au plus proche de la réalité, quitte à faire fuir une partie du public peu habitué à subir un tempo aussi lent. Mais mon dieu, lorsqu'on adhère à ce type d'approche, que la surprise est belle.

Contemplatif, Delta l'est assurément. Comme une carte postale qui a force d'être admirée pendant de longues heures prendrait vie et happerait celui qui rêverait de s'y plonger. Les silences sont ici, religieux. Presque obséquieux. C'est à travers les regards plus qu'à travers les paroles que le cinéaste intéresse le public à ces personnages que l'on devinerait presque provenir d'un lointain passé s'il n'avait pas fait l'impasse en omettant de dater les événements. Kornél Mundruczó décrit ses deux principaux personnages comme des êtres d'une pureté et d'une innocence rares. A tel point que cet amour contre-nature qui les lie désormais ne peut plus être conçu comme une simple déviance mais comme un amour vrai, sincère, et pur. Un frère, une sœur, qui n'ont d'autre projet que de construire une maison à eux. Une bâtisse faite de bois, construite sur le Danube. Une représentation simple de ce que ces deux être perçoivent alors comme l'accomplissement de leur union, mais que d'autres s'acharneront à remettre en question. Tout ceci ne pourra évidemment rendre que plus dur le destin tragique qu'offrira le cinéaste hongrois à Mihail et Fauna. Déjà l'on sent percer ce désir profond d'égratigner ses semblables. Kornél Mundruczó n'y va pas avec des pincettes et c'est avec froideur et sans jamais le sacrifier aux artifices qu'il condamne le frère et la sœur. À une mort certaine. La barbarie au quotidien ne s'arrêtant pas aux frontières séparant la ville de la campagne, le spectateur assiste alors impuissant à l'inimaginable...

Côté musique, outre les compositions de Félix Lajkó, on a droit au titre On the Way que le groupe de rock alternatif allemand Popol Vuh composa pour la bande originale du film Nosferatu, Phantom der Nachtdu réalisateur... Werner Herzog. Oui, une fois encore, l'ombre du cinéaste allemand plane sur l’œuvre du hongrois lors d'une scène assez stupéfiante se déroulant sur le Delta du Danube lors des obsèques d'un patriarche. On peut entendre également en forme de testament, le sublime Quatuor à cordes en ré mineur D. 810 La Jeune Fille et la Mort écrit par Franz Schubert en 1824. Au final, l’œuvre de Kornél Mundruczó est un formidable message d'amour en parallèle duquel, le cinéaste confronte la bêtise sous sa forme la plus inhumaine. Un joyau...

Иваново детство - L'Enfance d'Ivan de Andreï Tarkovski (1962) - ★★★★★☆☆☆☆☆

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Cinq ans après l'expérience fantastique que fut la découverte de l'extraordinaire Stalker du cinéaste russe Andreï Tarkovski, c'est la seconde fois aujourd'hui que je me penche sur son œuvre. Alors même que l'exploration de certains de ses plus fameux films m’apparaît comme une évidence (je pense notamment à Solaris et à Andreï Roublev que j'attends avec impatience de pouvoir découvrir), j'ai pourtant jeté mon dévolu sur son premier long-métrage réalisé en 1962. L'Enfance d'Ivan. Ou comment revenir aux origines d'un cinéaste toujours aussi prompt à noyer ses intrigues dans des univers accordant une large place à l'onirisme. Tiré de la nouvelle écrite par l'écrivain soviétique Vladimir Bogomolov, et adapté pour le grand écran par son auteur lui-même ainsi que par Mikhaïl Papava, l’œuvre d'Andreï Tarkovski est à ce point déroutante dans son approche qu'il demeure difficile d'en faire une analyse totalement objective.
Étrange repoussoir pour certains. Voyage fantastique aux confins de la mémoire pour d'autres. Dur de choisir son camp. Les moyens mis en œuvre paraissent parfois si pauvres que l'on a bien du mal à imaginer assister à un épisode tragique opposant l'armée soviétique à l'armée allemande. Les effets-visuels tendent parfois à la naïveté par leurs jeux de lumières et leurs feux d'artifices simulant des bombes volant au dessus de la tête de nos héros. Ce n'est que rétrospectivement, et après avoir probablement assimilé l’œuvre toute entière du cinéaste que l'on comprendra sans doute (ceci demeurant pour moi, à ce jour, une hypothèse) le message caché derrière ces effets puérils.

Car le récit de L'Enfance d'Ivanne tourne-t-il pas autour d'un enfant, jeté non pas malgré lui mais avec une féroce et personnelle volonté dans un combat opposant deux nations ? Peut-être faut-il donc y voir la vision de cet enfant. Les yeux encore tout embués par l'imagerie enfantine qu'il ne cesse pourtant de vouloir chasser de son esprit. Et ce, afin d'être définitivement débarrassé de cette enveloppe qui lui colle à la peau et qui l'empêche de devenir l'adulte qu'il rêve d'être.

Tout débute par un rêve, qui très vite se transforme en cauchemar. Andreï Tarkovski s'adresse au spectateur par énigmes. On sent poindre l'idée d'un drame dont les conséquences furent suffisamment terribles pour qu'un gamin désire fuir sa condition d'enfant afin d'obtenir vengeance. Mais de quelle vengeance s'agit-il ? Cela, le spectateur le découvrira bien plus tard, mais avant cela, il devra subir un spectacle qui au regard de l’œuvre future de l'un des plus grands cinéastes russes de sa génération, se révèle malgré tout décevant. C'est d'autant plus rageant que le final laisse déjà entrevoir les multiples possibilités dont le cinéaste aura la bonne idée d'abuser dans son remarquable Stalker dix-sept ans plus tard. L'Enfance d'Ivan propose un spectacle peu motivant, ne laissant même pas au spectateur l'opportunité de créer son propre imaginaire à l'aide des outils visuels mis à disposition par Andreï Tarkovski. Seuls quelques rares plans demeurent en surface et font regretter que le reste ne soit que dialogues insipides et décors figés.

La fin, curieusement, peut être envisagée de manières différentes selon que l'on est prompt ou non à accepter le merveilleux dans une œuvre avant tout considérée comme un film mêlant drame et guerre. Une image, celle d'Ivan lui-même, remet alors tout en question. Les dix dernières minutes seront certainement les seules à visuellement bluffer le spectateur. En tout cas, elles me donnèrent suffisamment de raisons de regretter que le cinéaste russe n'ait pas choisi de traiter l'intégralité du long-métrage avec autant d'application que cette fin superbement onirique. Une fin qui aurait pourtant sans doute des conséquences positives pour l'avenir, du réalisateur, laissant espérer un spectacle à venir, grandiose et majestueux. Ce qu'allait fort heureusement prouver très rapidement Andreï Tarkovski...

Андрей Рублёв - Andreï Roublev d'Andreï Tarkovski (1966) - ★★★★★★★★★★

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Vous pouvez retrouver la plupart des longs-métrages d'Andreï Tarkovski en streaming sur Youtube et ce, en toute légalité. Les films sont proposés en HD et proposent tout un choix de sous-titres dont les français... N'hésitez donc pas à vous plonger dans l'univers de cet extraordinaire cinéaste russe...


Andreï Roublev, avant d'être le second long-métrage du cinéaste russe Andreï Tarkovski, c'est d'abord le nom d'un moine et peintre d’icônes du quinzième siècle. Si les informations concernant Andreï Roublev sont vagues et peu fournies, Andreï Tarkovski a cependant pris soin de respecter une certaine chronologie des événements. Nous retrouvons donc le peintre au tout début du quinzième siècle, au moment où lui est confiée la création d'une fresque dont le thème est le Jugement Dernier. Malgré sa répugnance à représenter l'homme face au jugement de Dieu de peur d'effrayer ses semblables, il finit cependant par s'atteler à la tâche et accomplir le travail pour lequel il a été engagé à la Cathédrale de la Dormition à Vladimir. Cette première partie d'une durée d'un peu plus d'une heure vingt apparaît comme la phase la plus complexe en matière d'écriture puisque reposant essentiellement sur des écrits empruntés aux ouvrages religieux tels que la Bible. En toute honnêteté, il se pourra qu'une partie du public abandonne le récit en cours de route. Déroutante, la mise en scène et les dialogues laissent un tel champ d'investigation que certains risquent de s'y perdre en chemin. Mais lorsque démarre la seconde partie, d'une dizaine de minutes plus longues que la première, le spectacle est total, et montre l'évolution fulgurante entre le premier long-métrage d'Andreï Tarkovski (L'Enfance d'Ivan), et celui-ci qui marque un pas de géant dans la filmographie de son auteur.

La seconde partie expose dès son ouverture l'attaque de la ville de Vladimir par le frère du Grand Prince Vassili alors que celui-ci est parti en campagne en Lituanie. Aidé par une bande de tatars (ancien peuple turco-mongol de nomades), le frère pousse ses hommes à la destruction totale de Vladimir. Durant un bon quart-d'heure, le spectateur assiste médusé à la mise à sac de la ville. Les hommes sont tués, les femmes violées avant de connaître le même sort. La plupart des villageois sont retranchés dans la cathédrale dont la porte massive ne fait pas longtemps le poids face au bélier que les tatars utilisent afin de forcer l'entrée de l'édifice. Là encore, hommes et femmes sont massacrés. Après les maisons, pillées et réduites en cendres, les soldats du frère du Grand Prince et les tatars tuent hommes, femmes, mais également, enfants et religieux. De ce massacre insoutenable filmé avec une grande maestria par le cinéaste russe, ne survivront qu'une femme muette, et Andreï Roublev que l'on retrouve désormais dans la peau d'un repentant ayant choisi de garder le silence afin de se repentir du meurtre qu'il vient d'accomplir en sauvant la femme en question.

Andreï Roubliev est comme ici parsemé de scènes clés d'une richesse visuelle époustouflante. Surtout lors de la seconde partie qui comme la première, est scindée en un certain nombre d'actes dont deux sont tellement impressionnants (le premier, résumé juste au dessus) qu'ils confineraient presque à la démence tant leur accomplissement se révèle, sur le papier, inconcevable. Mais c'était sans doute présager un peu trop vite des limites imposées par les moyens et l'époque, car le talent d'Andreï Tarkovski est si exceptionnel, qu'un acte tel que la fabrication d'une cloche toute à la gloire du Grand Prince relève pratiquement de l'acte de foi. Et que dire, alors, de son ascension au sommet d'un clocher, qui toute proportions gardées, est digne d'un titanesque chantier égyptien de l'époque de la construction des pyramides. Mais l'aboutissement de ce segment ne s'arrêtant pas là, le cinéaste russe ménage un suspens effroyable dont la conclusion sera exécutive lors de retentissement, ou non, de la cloche...

Fourmillant de symboles religieux, de foi et de renonciation, d'amour et d'actes de guerre, Andreï Roubliev est une œuvre fleuve de presque trois heures. Riche, merveilleusement mis en image dans un très beau noir et blanc (les dernières minutes en couleur exposant l’œuvre d'Andreï Roublievétant une façon de rendre hommage au peintre), et interprété par des acteurs éblouissants de justesse, ce long-métrage fait partie de ces œuvres qui donnent leurs lettres de noblesse au septième art. Un film indispensable pour tout cinéphile qui se respecte. Un monument du cinéma...

Солярис - Solaris d'Andreï Tarkovski (1972) - ★★★★★★★★☆☆

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Faisant suite à L'Enfance d'Ivan en 1962 et Andreï Roubleven 1966, Solarisest le troisième long-métrage du cinéaste russe Andreï Tarkovski qui désormais, change totalement d'univers et plonge ses interprètes dans la science-fiction en adaptant le roman éponyme de l'écrivain ukrainien Stanislas Lem. Sur une base scénaristique écrite de ses propres mains ainsi que de celles de l'écrivain et scénariste soviétique Friedrich Gorenstein, Andreï Tarkovski propose une œuvre de hard science-fiction se rapprochant davantage de 2001, l'Odyssée de l'Espacedu cinéaste britannique Stanley Kubrick que deStar Warsou encore de Star Trek. Une œuvre donc fort exigeante, longue de plus de cent cinquante minutes, ce qui peut alors expliquer le rythme léthargique auquel le spectateur est confronté. Certaines scène s'étirent à l'infini, comme le passage durant lequel le personnage de Henri Berton incarné par Valdislav Dvorjetski traverse d'innombrables tunnels à bord d'une voiture, jusqu'au coucher du soleil, sur une planète Terre se révélant fourmillant d'une vie beaucoup plus présente que celle, apparemment invisible à laquelle seront confrontés les personnages vivant à bord de la station installée sur la planète donnant son nom à cette œuvre de science-fiction difficile d'accès de par son approche.

Dès le départ, et à travers ses plans visant à montrer des végétaux balayés par les remous d'un léger courant marin, Andreï Tarkovski propose une œuvre en apesanteur. Après une longue séquence durant laquelle le spectateur assiste en noir et blanc, à une réunion évoquant la possibilité d'abandonner le projet 'Solaris', ses responsables envoient à bord de la station du même nom le psychologue Kris Kelvin (l'acteur Donatas Banionis), chargé de faire la lumière sur les propos tenus par Henri Berton, lequel affirme avoir été le témoin d'événements extraordinaires. Mais dès son arrivée sur la station, Kris est confronté à deux scientifiques apparemment très atteints psychologiquement. Le Dr Snaut (Jüri Järvet) et le Dr Sartorius (l'acteur Anatoli Solonitsyne qui interpréta le rôle-titre de l'oeuvre précédente du cinéaste russe) montrent des signes inquiétants de troubles comportementaux. Mais alors qu'il est chargé d'apporter son aide aux deux hommes (un troisième scientifique est malheureusement déjà mort lorsque Kris arrive sur la station), le psychologue semble lui-même être très rapidement atteint par ces mêmes troubles. C'est ainsi qu'il croise dans les coursives de la station, Khari, son ancienne compagne. Problème : la jeune femme est censée être morte depuis de nombreuses années.

C'est sur ce postulat qu'Andreï Tarkovski bâtit une œuvre où la science-fiction n'est presque qu'un prétexte afin d'évoquer la relation entre les personnages de Kris et de Khari, cette dernière étant incarnée par l'actrice russe Natalia Bondartchouk alors que le cinéaste avait d'abord envisagé d'offrir le rôle de la jeune femme à son ex épouse Irma Raush qui joua déjà dans les deux premiers longs-métrage d'Andreï Tarkovski. Il y serait presque question de Dieu également, car à travers Solaris, cette planète-océan recouverte par une matière protoplasmique, le psychologue et les scientifiques vont découvrir qu'elle est capable de générer ce que les trois hommes nommeront des 'Visiteurs', venus prendre contact avec eux. D'où la présence de Khera, visiteuse qui sous cette forme est certaine de retenir l'attention de Kris. S'ensuit alors une succession de séquences mettant en scène ce couple d'un genre nouveau, mêlant atomes et neutrinos (particules élémentaires instables). Andreï Tarkovski pose sa caméra devant ses deux principaux interprètes et rend ainsi hommage à l'amour tout en évoquant la possibilité d'une rencontre du troisième type. Et même, le cinéaste propose l'un des rares cas de rencontre du septième type (RR7) puisque Kris et Khari vont pousser leur relation jusqu'à avoir des rapports sexuels.
Planète-Océan, Planète-Cerveau, Solaris est le terreau d'émotions encore restées vierges. De celles dont ne sont pas encore maculés ces Visiteurs qui au contact des humains apprendront à véhiculer plusieurs d'entre elles. La technologie représentée ici étant presque réduite à sa plus simple expression, le film repose sur l'interprétation exclusive de ses interprètes. Film-fleuve de plus de deux heures-trente, Solarispourra se révéler inconfortable, fort éloigné des standards hollywoodiens. Le cinéaste américain Steven Soderbergh réalisera trente ans plus tard un remake principalement interprété par George Clooney et Natascha McElhone. Amusant lorsque l'on sait que durant des décennies, Union Soviétique et États-Unis se livrèrent à une compétition dans le domaine de l’astronautique. Solarisest un grand film de science-fiction. D'une intelligence rare et exposant des hypothèses fort passionnantes. Il est de plus accompagné d'un travail sur la bande-son qu'il serait préjudiciable d'omettre : œuvre du composteur russe Edouard Artemiev et du preneur de son Semyon Litvinov...

Paradies - Glaube de Ulrich Seidl (2012) - ★★★★★★★★☆☆

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Paradies : Glaube est le second volet de la trilogie Paradiestournée courant 2012 par le cinéaste autrichien Ulrich Seidl. Un cinéma ascétique. Minimaliste. Austère. Mais sans doute très proche de la réalité. Celle qui entour Glaubeest aussi dérangeante que fascinante. Par choix, ou par nécessité, Ulrich Seidl aborde le thème de la ferveur religieuse à travers le portrait d'Anna Maria, dont la foi pour le Seigneur Jésus Christ est telle que l'on pourra soit admirer sa dévotion, soit la rejeter en bloc jusqu'à en être troublé. L'une des particularités du film est d'opposer son héroïne a un époux dont la religion est différente. Le musulman ici incarné par l'acteur amateur Nabil Salem a ceci de très particulier qu'il endosse une personnalité bien différente de l'image que se font les ignorants en matière de religion tout en préservant tout de même certains des aspects les moins reluisants. Le spectateur assiste ainsi à l'un des traits de caractère d'un époux d'abord parti, puis revenu s'installer dans la demeure du couple, s'acharnant sur son épouse, l'insultant, la battant, alors même que l'un des engagements de l'Islam veut que l'homme demeure bienveillant à l'égard de la femme. Glaube a ainsi la fâcheuse, quoique très honnête, habitude de montrer le destin que connaissent certaines épouses, bien qu'ici, contrairement à un fait souvent relaté, celle-ci ait apparemment conservé le droit de croire en un Dieu différent.

En ouvrant les hostilité entre les époux, le cinéaste Ulrich Seidl semble évoquer l'un des troubles majeurs qui minent le moral d'une partie de la population et qui veut que l'Occident connaissent des heures troubles à travers l'immigration permanente d'hommes et de femmes de confession musulmane dans leur pays. D'où l'écrasante impression d'y voir l'étranger s'installer sans intention de s'intégrer aux mœurs courantes et aux traits de caractères que reflètent la république et le christianisme. Les frontières qu'impose l'autrichien étant ici représentées par les murs que constitue la demeure. Un foyer pas si tranquille que cela malgré l'éprouvant traitement que s'inflige Anna Maria au nom de celui pour lequel elle éprouve un amour sans limites, et malgré les innombrables prières et invocations qu'elle répète inlassablement au quotidien. De quoi se poser la question : mais que fait le Seigneur pour aider sa brebis alors que le danger se fait de plus en plus tactile ?

A cette réponse, Ulrich Seidl apporte une seule et même réponse, et qui demeure celle des débuts : la ferveur, toujours la ferveur. Au mépris de l'humiliation, des hurlements, des crachats. A ce titre, l'autrichien semble prendre fait et cause pour son héroïne (l'épatante actrice autrichienne Maria Hofstätter qui jouait déjà dans le premier volet et dans un certains nombres de longs-métrages du même auteur) en l'opposant à un époux abominable, auquel personne ne se résoudra à s'attacher. De quoi se convaincre une fois de plus que les envahisseurs sont parmi nous. Glaube prend ainsi des airs de film de propagande contre les musulmans et les immigrés. Un aspect qui peut profondément déranger, tout en demeurant pourtant fascinant. Nabil figure ainsi le Malin, allant même jusqu'à hurler de douleur lorsqu'Anna Maria l'asperge d'eau bénite pour se venger de l'humiliation qu'il lui a fait subir devant des amis partageant tout comme elle, la même ferveur pour le Seigneur Jésus Christ.

Glaubeest une œuvre remarquable, d'une beauté plastique minimaliste et froide. En terme de musique, le spectateur ne sera dérangé que par les quelques airs religieux interprétés par une Anna Maria acquise à la cause de son Seigneur. Les plans sont fixes et la caméra n'offre aucune sorte de travelling. L'interprétation est juste et les deux acteurs incarnent à merveille ce couple mal assemblé. Quelques scènes pourront choquer, mais dans l'ensemble, le film touche à une vérité qu'il demeure toujours aussi risquer d'aborder sur grand écran. Ulrich Seidl l'a fait, et on ne peut que le remercier pour cela...

La Comunidad - Mes Chers Voisins d'Alex de la Iglesia (2000) - ★★★★★★★★☆☆

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Un vieil article retrouvé au fin fond de mon disque dur. Fautes corrigées, mais phrases laissées telles quelles... Donc article relativement moins bien écrit que les derniers publiés. Sorry... !!! 

Julia, travaille pour une agence immobilière Espagnole. En ce jour pluvieux, elle fait visiter à un jeune couple un appartement situé dans un vieil immeuble, charmant, mais aussi en très mauvais état. Alors qu'elle s'attend à ce que celui-ci soit en adéquation avec le reste de l'immeuble, Julia constate avec surprise qu'il n'en n'est rien et malgré le refus du couple de l'acheter après avoir pris connaissance du prix bien trop élevé à son goût, l'agent immobilière décide de passer la nuit dans cet intérieur confortable et chaleureux en compagnie de son mari Ricardo qui depuis un certain temps peine à conserver une forme sexuelle olympienne. Alors qu e le couple se retrouve dans une chambre où trône au beau milieu, un matelas d'eau, leurs ébats sont interrompus par une invasion de cafards tombant d'une fissure située au plafond ainsi que par une fuite d'eau provenant de l'appartement situé juste au dessus.de l'appartement dans lequel ils ont choisi de passer la nuit. 

 Ricardo appelle aussitôt les pompiers qui arrivent peu de temps après pour constater qu'à l'étage du dessus, le propriétaire est mort depuis un certain temps. Dans son appartement règne un désordre indescriptible. Les sols sont jonchés de sacs poubelle, de détritus, de canettes et d'un tas d'autres objets qui indiquent que l'homme devait s'être cloîtré depuis longtemps sans jamais avoir mis les pieds dehors. Alors que les pompiers s'escriment à descendre sur une civière le corps pourrissant de la victime entourés des locataires de l'immeuble interloqués, le corps laisse échapper un portefeuille que Julia s'empresse de dérober avant de s'enfermer dans l'appartement où elle a élu domicile le soir même. Elle y découvre un croquis, sorte de damier qu elle comprendra plus tard être le schéma du dallage de l'appartement dans lequel à été découvert le cadavre. Le soir même elle se rend discrètement à l'étage supérieur et aidée du croquis elle met la main sur un magot de plus de trois cent millions de pesetas. Dès lors, les locataires de l'immeuble, tous plus ignobles et intéressés les uns que les autres auront pour Julia un intérêt certain, surveillant les moindres de ses faits et gestes, jusqu'à ce que cette dernière finisse par comprendre pourquoi les voisins s'intéresse tant à elle... 

Mes chers Voisins (La Comunidad) de Alex de la Iglesia débute comme bon nombre de comédies : légère, presque insouciante, avant que ne change le ton et que la noirceur vienne peu à peu prendre le dessus. Le cynisme du propos (la rage de locataires avides de mettre la main sur une fortune) ainsi que la noirceur de certaines situations (la découverte de l'appartement délabré) donnent au film l'étrange impression de voguer dans des registres aussi variés que la comédie (légère ou noire), l'horreur (la mort dans l'ascenseur) ou le théâtral (la dernière demi-heure proprement hallucinante). Alex de la Iglesia réussit une fois encore à livrer une comédie quasi parfaite. Avec une régularité exemplaire, le cinéaste parvient depuis ses début à offrir aux amateurs d'humour noir des longs-métrages formidablement drôles et sinistres à la fois. L'espagnol respecte un cahier des charges qu'il semble s'être imposé et ce, depuis son tout premier (et cultissime) Accion Mutante

Est-ce consciemment ou s'agit-il simplement du fruit du hasard si le film rappelle tant le Delicatessen de Jeunet et Caro? Si ces derniers firent de leurs locataires de légitimes monstres affamés lancés à la poursuite d'un pauvre clown qui ne demandait pas tant attention de leur part, et ce, dans un univers post-apocalyptique (il s'agit là d'anticipation) Alex de la Iglesia lui, fait des siens, des individus proprement odieux et crapuleux, tout juste intéressés par l'appât du gain. Après avoir égratigné la société, ses dirigeants, ses marginaux, la religion (le fantastique El Dia de la Bestia), le monde du spectacle, et avant de s'attaquer à celui du cinéma, à la concurrence entre vendeurs de grands magasins, ou encore la télévision et les médias sous toutes leurs formes (La chispa de la vida), le cinéaste espagnol aborde l'avarice sous une forme particulièrement outrée. Les acteurs sont tous formidables dans leur comportement abjecte, conduits par une Carmen Maura sublime, séduisante, et attachante. Une véritable perle... noire...

The Oxford Murders d'Alex de la Iglesia (2008) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Pour son neuvième long-métrage, le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia s'exporte pour la seconde fois hors des frontières de son pays après le Mexique et les États-Unis de Perdida Durango, son troisième film. Cette fois-ci, l'auteur du Jour de la Bête, du Crime Farpaitet des Sorcières de Zugarramurditourne The Oxford Murdersen Angleterre, à Oxford ainsi qu'à Londres pour le final situé au Victoria and Albert Museum. Adapté du roman de l'écrivain et mathématicien argentin Guillermo Martinez, Crimines imperceptibles, cette co-production franco-britannico-espagnole intègre un casting international avec dans le rôle principal l'américain Elijah Wood (qui fut choisi après que fut d'abord pressenti l'acteur mexicain Gael García Bernal), le britannique John Hurt (qui faillit ne pas participer au tournage puisque furent d'abord évoqués pour le rôle d'Arthur Seldom, les acteurs Jeremy Irons et Michael Cain), l'espagnole Leonor Watling, et le français Dominique Pinon (grand fidèle du cinéaste Jean-Pierre Jeunet avec lequel il tourna à huit reprises).
L'une des différences fondamentales entre The Oxford Murders et le reste de la filmographie de son auteur, se situe au niveau du scénario et de la mise en scène qui diffèrent grandement des œuvres passées et à venir. Laissant de côté la comédie noire au profit du thriller, Alex de la Iglesia, tout en demeurant à l'aise, perd ici un peu du charme qui jusque là faisait partie de l'attrait de son œuvre. Un style qu'il retrouvera fort heureusement par la suite mais en attendant, il propose un spectacle fort passionnant entourant toute une série de références scientifiques et philosophiques à travers des dialogues centrant leur sujet sur des concepts liés aux mathématiques. Des plus usités (effet papillon, suite de Fibonacci), aux plus ardus (les symboles Pythagoriciens, principe d'incertitude de Heisenberg, etc...) auxquels il conviendra peut-être de se référer avant de se lancer dans l'aventure afin de ne pas passer à côté de certaines subtilités.

Toujours est-il que malgré la complexité de certaines hypothèses avancées par nos deux héros, qui sont donc incarnés par Elijah Wood et John Hurt dans les rôles respectifs de Martin, l'étudiant en mathématique d'origine américaine, et le professeur de mathématiques Arthur Seldom, certains spectateurs non-initiés ne resteront pas forcément sourds à leurs arguments, tandis que d'autres préféreront s'attarder sur l'intrigue tournant autour de meurtres perpétré par une 'intelligence' laissant derrière elle des symboles dont le professeur et l'étudiant se devront de saisir le sens s'ils veulent stopper la série d'homicides qui frappent la ville d'Oxford. Une cité magnifiquement mise en lumière dont l'architecture renvoie aux siècles passés.

Alex de la Iglesia arrive à maintenir un suspens constant même si sa présence à la mise en scène a tendance à générer de vieux réflexes parmi les fans du cinéaste qui s'attendent peut-être alors à quelques fulgurances et délires visuels qui malheureusement n'arrivent jamais. D'un point de vue esthétique, The Oxford Murders est de la bien belle ouvrage. L'interprétation est au plus juste et le film offre quelques scènes d'amour (inutile mais) fort agréables à l'oeil, grâce à la silhouette toute latine (donc plantureuse) de Leonor Watling. Toutefois, malgré le sujet abordé, la complexité de certains thèmes (les théories mathématiques, quelle prise de tête parfois), l’œuvre d'Alex de la Iglesia apparaît parfois étonnamment creuse. Ce que n'oublieront pourtant certainement pas d'apprécier les spectateurs les moins susceptibles de s'intéresser aux explications concernant les symboles parsemant le film. Au final, The Oxford Murders est un petit thriller fort sympathique, quoique l'on préférera sans doute voir Alex de la Iglesia retourner à son genre de prédilection. Une prière qui aura été très vite exaucée puisqu'il retourna deux ans plus tard dans son pays natal y tourner son long-métrage suivant, Balada Triste de Trompeta...

El Dia de la Bestia - Le Jour de la Bête d'Alex de la Iglesia (1995) - ★★★★★★★★☆☆

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Le Jour de la Bête, deuxième long-métrage du cinéaste Alex de la Iglesia, est un authentique moment de réjouissance qui ravira les amateurs de provocations en tous genres. Pour cette seconde incartade dans l'humour noir, l'espagnol n'y va pas avec le dos de la cuillère et s'attaque, excusez du peu, à l’Église, aux imposteurs endossant le costume de prophètes, aux médias, et même aux fans de métal lors d'une séquence hautement jouissive laissant envisager que le hard rock, ça n'est en matière générale qu'un seul et même riff de guitare ! Le héros, lui, est professeur de théologie. Et c'est en parcourant attentivement L'Apocalypse de Jeanque lui est révélée la date et le lieu où descendra sur Terre le Diable : le 25 décembre 1995, à Madrid, en Espagne justement. Ca n'est donc très certainement pas le fruit du hasard si ce jour là, et ceux qui le précèdent, la violence règne dans les rues. Qu'elle soit le fait des criminels ou même de la police d'ailleurs. Afin d'attirer les faveurs du malin, le père Ángel Beriartúa choisit la voie de la criminalité en dépouillant les mendiants, en volant le portefeuille d'un accidenté de la route ou encore en dérobant la valise d'une inconnue. C'est lors de sa rencontre improbable avec un fan de métal, gérant d'un magasin de disque spécialisé dans le hard rock qu'Ángel Beriartúa s'adjoint les services de José maria. Fraîchement débarqué en ville, le curé va trouver en cet étrange personnage, un compagnon de route qui l'aidera à trouver le Mal et à le détruire avant que lui-même n'aie le temps d'exterminer l'espèce humaine...

Avec un tel synopsis, difficile d'imaginer que Le Jour de la Bête puisse être autre chose qu'une énorme blague, d'autant plus que son auteur, au fil des années, a cherché à toujours aller plus loin dans la critique acerbe de nos sociétés. Alex de la Iglesia balance sans ménagement, tout en prenant le risque de subir les foudres de la censure. Pourtant, son deuxième long-métrage choque rarement. Faisant preuve d'une inventivité permanente, le film déroule son implacable scénario. Entre comédie noire et film d'horreur pastichant La Malédictionde Richard Donner, Le Jour de la Bête est une merveille. Le mauvais élève d'une classe refoulé au font de la salle et ruminant sa vengeance envers un système qui l’écœure. Mais plutôt que de se montrer réellement hostile, Alex de la Iglesia imagine un contexte totalement surréaliste d'où émergent des vérités pas toujours bonnes à dire.

Et pour cela, il peut compter sur un casting solide. Alex Angulo dans le rôle du père Ángel Beriartúa qui interprétait celui d'Alex Abadie dans Accion Mutante, Santiago Segura, acteur et réalisateur de la saga Torrentedans la peau, ici, de José Maria. Armando de Razza qui excelle dans le personnage du Professeur Cavan. N'oublions pas également l'actrice Terele Pávez, véritable égérie d'Alex de la Iglesia (elle joua effectivement dans pas moins de huit des longs-métrages du cinéaste espagnol) qui dans le rôle de la mère du fan de métal est totalement hallucinante !

Qu'il est bon d'assister ici au défoulement d'un curé qui pour s'accorder les faveurs du Diable s'autorise les plus vénales actions. A peine imaginable, et pourtant si réjouissant. Alex de la Iglesia forme un couple improbable : deux antagonistes, l'un proche de dieu et l'autre vouant une fascination pour les groupes de métal satanistes. Le Jour de la Bête, c'est du pur délire. Épuisant tant l'action ne cesse de nous en mettre plein la vue. En gourou, prêtre d'une télévision poubelle où il affiche une image stéréotypée de faux voyant mis en lumière par des effets visuels et une lumière abusivement cheap !
Le Jour de la Bête est un grand moment de cinéma et la preuve que la tâche accomplie par le curé Angel Beriartua n'a pas été vaine. Nous somme en 2018 et le Diable, depuis ce fameux réveillon de Noël 1995 durant lequel un curé, un fan de métal et un charlatan l'on empêché de mettre à bien ses projets de fin du monde, n'est plus jamais redescendu sur Terre...

Иван Васильевич меняет профессию - Ivan Vassilievitch Change de Profession de Leonid Gaïdaï (1973) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Nouveau petit détour vers l'Union Soviétique après avoir abordé quelques-uns des longs-métrages de l'immense réalisateur Andreï Tarkovski avec le très bigarré Ivan Vassilievitch Change de Profession(Иван Васильевич меняет профессию) tourné en 1973 par l'un des cinéastes russes les plus populaires de sa génération, Leonid Gaïdaï. Bigarré puisque mélangeant différents genres sans rougir, tels que le fantastique, la science-fiction, la comédie, et le film musical. Incarné par l'acteur Alexandre Demianenko, le personnage de Chourik Timofeïev travaille chez lui et dans le plus grand secret sur une machine à voyager dans les temps. Maintenant que l'engin fonctionne, il le teste en présence d'un irascible locataire qui le menace de porter plainte s'il ne cesse pas immédiatement ses recherches. Lors de l'expérience, la pièce toute entière est déplacée vers l'appartement de l'un des voisins de Chourik Timofeïev dans lequel un certain Georges Miloslavsky est surpris en train de cambrioler. Les trois hommes ainsi réunis, la machine les transporte ensuite jusqu'au seizième siècle, dans la demeure du tout premier tsar de Russie, Ivan Vassilievitch dit, Ivan le Terrible. Très vite, les trois hommes sont pris en chasse par les hommes du tsar qui les considèrent comme des démons mais alors qu'une lance atteint la machine ) voyager dans le temps, Ivan le Terrible et l'ingénieur sont propulsé au vingtième siècle tandis que le voisin et le voleurs se retrouvent coincés quatre siècles en arrière...

Étrange objet que cet Ivan Vassilievitch Change de Professionpas véritablement sérieux puisque l'on est davantage confronté à une comédie qu'à un véritable film de science-fiction prenant pour cadre une machine capable de transporter ses utilisateurs dans une autre époque. Un peu à la manière du cinéma bollywoodien, le cinéaste russe Leonid Gaïdaï parsème son long-métrage de quelques chansons typiques du folklore soviétique. Se situant donc à deux époques, nous retrouvons d'un côté le voleur et le voisin récalcitrant pourchassés par les soldats du tsar au seizième siècle, et d'un autre, ce dernier, transporté dans notre présent. Les interprètes cabotinent énormément et injectent une bonne humeur à ce long-métrage qui demeure pourtant fort anecdotique. Vu à l'époque par plus de soixante millions de spectateurs au cinéma en URSS et en Russie, Ivan Vassilievitch Change de Profession est l'un des plus gros succès de son auteur.

Bien qu'il ait pris un petit coup de vieux, cela n'empêche pas le film d'être fort sympathique même si le jeu approximatif de certains interprètes laisse à désirer. La bande musicale oscille entre musique traditionnelle et arrangements électroniques, et les décors demeurent relativement sobres pour ne pas dire minimalistes. On notera la présence de quelques effets-spéciaux plutôt sympathiques. Des animations et des effets visuels qui sont l’œuvre d'Alexandre Klimenko et d'Igor Felitsyne. Le montage lorgne parfois du côté de la célèbre émission de télé britannique The Benny Hill Show lorsque les courses-poursuite entre soldats du tsar, le voleur et le voisin sont filmées en accéléré, tout cela enrobé par une musique particulièrement énergique.
Au final, Ivan Vassilievitch Change de Profession n'a rien de transcendant mais peut se concevoir comme une alternative originale aux nombreux long-métrages concentrant leur intrigue autour du voyage dans le temps. Un film rare disponible pourtant sur le site d'hébergement de vidéos Rutube qui n'est autre qu'une alternative russe de la célèbre plateforme Youtube...

La Chispa de la Vida d'Alex de la Iglesia (2012) - ★★★★★★★☆☆☆

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En 2012, le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia revenait à la réalisation avec La Chispa de la Vida. L'histoire de Roberto, agent publicitaire au chômage qui après avoir vainement tenté de retrouver du travail décide de ne pas directement rentrer chez lui et se rend à l'hôtel où sa femme Luisa et lui ont passé leur lune de miel. Mais l'établissement n'existe plus. A la place, Roberto y découvre un site de fouilles archéologiques. Surpris par un agent de surveillance, il prend la fuite mais est victime d'un accident. Après une chute de plusieurs mètres, le voici désormais allongé au sol, une barre de fer enfoncée dans le crâne. Immobilisé, il attire malgré lui les autorités, la presse, ainsi que le public. Bientôt, Roberto devient l'attraction principale du pays et l'enjeu de médias ne reculant devant rien pour obtenir l'exclusivité de l'événement...

Avec un sujet aussi fort, deux possibilités s'offrent au cinéaste Alex de la Iglesia. Soit il choisi de demeurer aussi mordant qu'à son habitude, soit il décide au contraire d'aborder le récit avec beaucoup plus de sérieux. C'est cette seconde option que choisit l'espagnol en mettant en scène ce héros ordinaire, victime d'un accident extraordinaire, passant en quelques heures du mari et père de famille dont tout le monde ou presque se fiche, au personnage central d'une intrigue dramatique si forte qu'un pays tout entier va être tenu en haleine. Pour une fois, les occasions de rire se font rares. Alex de la Iglesia fait preuve d'une sensibilité rare et explore les liens rattachant un individu aux membres de sa famille. Mais pas seulement, car fidèle à lui-même, le cinéaste s'en prend avec un regain de férocité aux médias en dressant des portrait de journalistes, d'animateurs, et même plus loin d'agents et de directeurs d'entreprises, rarement glorieux. L'audimat, l'argent et la mort éventuelle de Roberto (l'excellent José Mota) étant au centre de la problématique, la victime et ses proches doivent faire face aux vautours tout en évoquant la possibilité que l'homme puisse mourir de ses blessures. Un choix cornélien auquel Roberto ne réfléchira pas longtemps avant de prendre sa décision. L'accident devient alors un moyen de pression et une issue possible contre le sort s'acharnant sur un chômeur ne parvenant pas à trouver du travail depuis deux ans. De quoi satisfaire le public, les médias, et même sa famille qui au final se retrouverait à l'abri du besoin.

Les politiques en prennent pour leur grade. L'importance n'étant plus de sauver la vie d'un homme mais d'évoquer les conséquences d'un tel drame. Le président et le maire de Cartagena, la directrice du site de fouilles archéologiques, l'animateur de l'émission de télé-réalité la plus populaire du pays, l'incompétence du corps médical, Alex de la Iglesia liste sans ménagement tous les corps de métiers entrant dans des conflits d'intérêts. A part quelques rares exemples (le gardien de la sécurité, la jeune journaliste) il n'y a guère que les proches de la victime pour faire montre d'une réelle humanité. Dans la peau de l'épouse, on retrouve l'actrice mexicano-libano-américaine Salma Hayek et dans celle de David Solar, le fidèle Santiago Segura, méconnaissable.
La Chispa de la Vida est une très belle réussite, son auteur change d'humeur tout en conservant son appétit pour la critique sociale. Superbement interprété, le long-métrage est parfois réellement bouleversant...
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