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Non Si Deve Profanare Il Sonno Dei Morti de Jorge Grau (1974)

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Alors qu'elle prend de l'essence dans une station, Edna accroche la moto de George. Celle-ci n'étant plus utilisable, George se fait accompagner par la jeune femme jusqu'à Manchester. Mais sur le chemin, Edna demande à son nouveau compagnon d'accepter de faire un détour jusqu'au village où vit sa sœur, dépendante à l'héroïne et épouse de Martin, photographe.
En route, George arrête le véhicule et quitte un instant Edna pour se renseigner sur le chemin à prendre pour se rendre jusqu'à la demeure en question. Il tombe sur deux hommes en train d'effectuer des tests à l'aide d'un étrange appareil et visant à éradiquer les insectes nuisibles par radiations ultrasoniques. Edna quand à elle est agressée par un individu louche. Parvenant à prendre la fuite, elle témoigne des événements mais l'homme a disparu.

Lorsqu'Edna et George se rendent chez Martin et son épouse, le photographe est retrouvé mort, assassiné par celui qui a agressé plus tôt Edna. Questionnée par un inspecteur retord, le sergent Mc Cormick, la sœur d'Edna est très vite soupçonnée d'être responsable du décès de Martin. George quand à lui, que les affirmations concernant l'agression d'Edna laisse toujours sceptique commence à voir dans les expériences menées par les deux hommes auxquels il a eu affaire plus tôt dans la journée, un lien avec les étranges événements qui ont lieu dans les parages...

Six ans après La Nuit des Morts-Vivants, le classique réalisé par George Romero, le cinéaste Jorge Grau met en scène à son tour des cadavres revenus d'entre les morts. Et comme si le message n'était toujours pas parvenu jusqu'aux oreilles des spectateurs, il justifie lui aussi ce retour à la vie par l'entremise d'expériences scientifiques ayant des conséquences directes sur la faune environnante. Dès le début, le cinéaste assène les images marquantes de cités étouffées par les pollutions ménagères et industrielles. De celles que l'on imagine tout d'abord impossibles dans les campagnes mais qui pourtant seront au centre du récit.

Peu aidés par un flic aux méthodes radicales, perclus de préjugés sur les habitants des grandes villes, il ne résiste pas à l'envie de s'en prendre à la sœur d'Edna, droguée à l'héroïne, et même à George, dont le seul « tort » est d'avoir les cheveux longs.

Tourné en grande partie dans la campagne anglaise, Let Sleeping Corpses Lie possède une atmosphère glauque et envoutante. L'aspect gothique de l’œuvre rappelle parfois la Hammer et ses décors embrumés. Comme le fit Romero en son temps avec le personnage de Ben, le héros noir de La Nuit des Morts-Vivants, Grau fait du sien un personnage atypique dans ce décor campagnard où la police a la dent dure envers ce héros aux allures de hippie aux codes moraux sensiblement éloignés de ceux que soutiennent les autorités de la région. Le rat des champs face au rat des villes, en somme. Une guerre futile menée par un flic intransigeant, tellement buté qu'il passe à côté de l'esentiel. Grau définie ainsi la police comme étant incompétente face au fléau qui touche le village.

Bien moins connu que le chef-d'oeuvre de George Romero, Let Sleeping Corpses Lie n'en demeure pas moins une belle réussite dan le genre. L'interprétation vaut u moins autant que celle des principaux interprètes du film de Romero, la couleur en plus. 

 

Coexister de Fabrice Eboué 2017 - ★★★★★★★★☆☆

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Si vous survivez à la vague de gags qui submergent les vingts premières minutes de Coexister, vous êtes en bonne voie. Mais tout d'abord, quelques petits conseils : asthmatiques, veillez à vous munir de votre ventoline, quitte à prévoir une recharge supplémentaire. Quant aux cardiaques, inutile de préciser qu'une révision du moteur me semble plus qu'appropriée avant de vous lancer dans cette folle aventure qui, contrairement à ces quelques comédies faussement polémiques qui ont provoqué quelques dégâts collatéraux chez certains critiques, évite toute forme d'hypocrisie et de sous-entendus raciaux et religieux. Vingt minutes donc, et pour être plus précis, dix-neuf plus une poignée de seconde à tenter de reprendre une respiration normale. Des rires en cascade, s'enchaînant à une allure si vive que la sur-ventilation nous guette. Fabrice Eboué signe rien que moins que l'une (ou la) des comédies les plus efficaces de ce début d'année. Dans le genre, il relève le défit haut la main, dépassant de loin, et même de très loin les champions de la catégorie. Acteur, réalisateur et scénariste de son propre long-métrage Coexister (le troisième après Case Départ et Le Crocodile du Botswanga), l'humoriste y jette une idée toute bête mais qui, bizarrement, n'a pourtant jamais semblé traversé l'esprit de quiconque. EA notre époque, évoquer le rassemblement des trois principales communautés religieuses de France pouvait prêter à polémique. Et pourtant, si même cette pensée peut traverser l'esprit durant les premières minutes, elle s'efface au profit de l'humour d'un artiste qui ose parler de tout, sans langue de bois ni pincettes.

Fabrice Eboué débute l'écriture du scénario à partir de l'histoire véridique de Joseph Dinh Nguyen Nguyen, ancien séminariste et chanteur vietnamien du groupe Les Prêtres (aux côtés de Jean-Michel Bardet et Charles Troesch) ayant SEVÎT en France entre 2010 et 2014 (trois albums au total ), lequel abandonna sa vocation de religieux. Fabrice Eboué se questionne sur le choix de l'ancien prêtre puis attaque l'écriture de ce qui deviendra au cinéma Coexister. Soit, non plus la réunion de trois prêtres, mais d'un seul, aux côtés d'un imam et d'un rabbin. Je sais, ça a tout l'air d'une blague mais c'est bien de cette coexistence dont il est question ici. Tout la force du nouveau long-métrage réside sur plusieurs points : l'acteur-réalisateur évite tout manichéisme. Il ne s'érige également pas en grand ordonnateur d'une certaine morale et s'autorise même à rajouter quelques couches de douce provocation à un sujet qui, c'est certain, en fera dès le départ rugir certains. Dans le rôle de Nicolas Lejeune (directeur de la section musicale des entreprises Demanche, dont la présidente n'est autre que l'excellente (et ici, détestable) Mathilde Seigner), Fabrice Eboué est épaulé par un trio (et même un quatuor) d'interprètes totalement acquis à la cause d'un scénario dont l'idée, n'est pas si stupide qu'elle en a l'air.

Ramzy Bédia, Guillaume de Tonquédec et Jonathan Cohen, l'arabe, le français et le juif. Sans oublier l'excellente Audrey Lamy, dans le rôle de la blonde nymphomane. Fabrice Eboué, tout en passant en douce un message à l'attention des plus réfractaires à la fraternisation entre les peuples et les religions, injecte le même humour qu'on lui connaît sur scène. Pourtant, son film et ses personnages n'ont rien de la beauf-attitude que certains dialogues pourraient leur prêter. C'est là, toute l'intelligence de son écriture. Faire grincer les dents des moins ouverts d'esprit à dose si peu thérapeutique que l'on n'a pas vraiment le temps de réfléchir à telle ou telle réplique. Son quatuor d'interprètes fait des étincelles. L'amitié et la bonne humeur qui les lie sur le tournage sont véritablement communicatifs. L'humour, toujours l'humour. Si le message est clair, Fabrice Eboué s'attaque à certaines convenances sans jamais être choquant. Le sourire n'est jamais jaune, lorsque le réalisateur évoque par exemple le faux imam consommant de l'alcool et du saucisson à base de porc, le prêtre se laissant aller au plaisir de la chair, ou encore le rabbin « sniffant » de la cocaïne avant chaque entrée en scène.Il est fort à parier que Coexister demeurera comme l'une des quelques comédies de l'année dont on se souviendra encore longtemps. N'écoutez pas ce qui affirment que "Coexister"se montre timide dans sa critique du monde de la musique, et très insuffisant dans son approche des tensions religieuses, le propos n'est pas là. Regardez-le, tout simplement...

Ça Reste entre Nous de Martin Lamotte (1997) - ★★★★★★★☆☆☆

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Martin Lamotte restera pour beaucoup l'un des membres de la célèbre équipe du Splendid fondée en 1974 par Christian Clavier, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel, Bruno Moynot et Claire Magnin. A tort car en réalité, et même s'il a participé à un nombre de long-métrages conséquent de la troupe, le scénariste, acteur et réalisateur français n'a fait que les accompagner. Au même titre d'ailleurs que Dominique Lavanant et Anémone. Il y a maintenant vingt ans sortait sur les écrans de cinéma français ce qui allait demeurer jusqu'à aujourd'hui comme l'unique long-métrage de Martin Lamotte au poste de réalisateur, laissant l'écriture du scénario à Carole Brenner et Jean-Carol Larrivé alors même qu'il avait lui-même participé à celle de quelques classiques de la comédie française tels que Les Babas Cool, Papy Fait de la Résistance ou Twist Again à Moscou. On notera en premier l'absence totale du moindre membre de la troupe du Splendid, chacun ayant fait son bonhomme de chemin, tandis que Martin Lamotte s'entourait pour l'occasion d'artistes pas moins reconnus puisqu'au casting, nous découvrions Catherine Frot, Fanny Cottençon, Carole Brenner (l'une des scénariste du film, donc), Isabelle Nanty, Zabou Breitman, et même Michèle Bernier (fille du célèbre Professeur Choron que l'on ne présente plus aux plus anciens) ou encore Séverine Ferrer, l'ancienne animatrice de l'émission Fan de sur M6, pour les partenaires féminines. Une belle brochettes d'actrices accompagnant ces messieurs que sont Sam karmann, Stéphane Freiss, Antoine Duléry, François Morel, et même Martin Lamotte pour un rôle moins important, poste de réalisateur oblige. 


Ça Reste entre Nous (c'est le titre du film), demeure dans la même catégorie qu'un Cuisine et Dépendances réalisé par Philippe Muyl (sur le plateau duquel on retrouvait déjà Sam Karmann et Zabou Breitman) ou Un Air de Famille de Cédric Klapisch, réalisé un an seulement avant l’œuvre qui nous intéresse ici. Toutes proportions gardées bien évidemment car si la comédie de Martin Lamotte fonctionne plutôt bien, en terme d'écriture, on est loin d'atteindre les deux pépites citées ci-dessus.  

L'histoire est des plus simple puisque le récit oppose le personnage de Patrick, incarné par Sam Karmann, à une existence des plus compliquée : l'homme est en effet contraint de mener une double vie avec son épouse et sa maîtresse, la seconde vivant dans la réplique exacte de la demeure familiale. Mais alors que jusqu'à maintenant, Patrick semblait avoir trouvé un certain équilibre, l'arrivée plus qu'imminente de son anniversaire de mariage avec Hélène (Catherine Frot) va tout compliquer. Car en parallèle à la fête organisée le soir même par son épouse et par un certain nombre d'invités, il a promis à sa maîtresse Elisabeth de l'accompagner à une fête organisée en l'honneur du mariage du fils de son voisin Antoine Pichot ( regretté Philippe Brunot mort en 2012). Patrick va donc devoir composer entre les deux événements sans pour autant éveiller les soupçons de l'une ou de l'autre des deux femmes qu'il aime. Sauf que... sauf que la soirée ne va pas se dérouler comme prévu. Et pas seulement à cause du pétrin dans lequel vit l'époux, le père et l'amant, mais bien à cause de la présence d'invités qui vont, chacun à leur manière, semer une joyeuse pagaille. 

Entre l'époux adultère, la femme trompée, l'amante impatiente, une Martine-Isabelle Nanty au bras d'un professeur de yoga déséquilibré (François Morel), une alcoolique (fanny Cottençon) désabusée par un compagnon volage et insupportablement narcissique (Stéphane Freiss), un Antoine Duléry un brin ringard accompagné d'une gamine trop jeune pour lui vouer un amour et une fidélité indéfectible (Séverine Ferrer), une Zabou Breitman atteinte de conjonctivite, épouse d'un gynécologue obstétricien occupé à mettre au monde des triplés, un voisin collant (Philippe Brunot) et quelques gamins à mettre entre les pattes de tout ce beau monde, Martin Lamotte a bien du travail. Et le bonhomme s'en sort plutôt bien et même, avec les honneurs puisqu'on ne voit pas passer le temps. Parfaitement millimétré, Ça Reste entre Nous respire la bonne humeur et les situations concasses sont nombreuses. Le cinéaste nous réserve même un twist final aussi inattendu que bienvenu. Bref, Ça Reste entre Nous n'est certainement pas un chef-d’œuvre mais il mérite d'être vu...

Boucles et paradoxes temporels

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Le temps... passionnant sujet... Surtout lorsque certains se penchent dessus pour le triturer, l'étirer, lui prêtant un attention toute particulière. Dans ce domaine, les cinéastes ne sont pas les derniers à s'y employer. Qu'il s'agisse de révéler des faits historiques faisant éternellement partie du passé ou bien en imaginant un futur très lointain et idyllique (Star Trek) ou proche et dystopique (Soleil Vert, Brazil, Les Fils de l'Homme, Never let Me Go, The Lobster, pour ne citer que quelques exemples), beaucoup s'y sont attelé avec plus ou moins de bonheur. Mais s'il y a un aspect du sujet qui demeure aussi passionnant qu'imaginer à quoi pourrait ressembler notre futur, c'est le voyage dans le temps. Lui, et ses ersatzs que son les boucles et les paradoxes temporels. Before I Fall, Happy Birthdead et The Cloverfield Paradox abordent chacun à leur manière un thème qui forcément, attisent l'appétit des amateurs de science-fiction et de voyages dans le temps. Le premier s'inscrit dans le registre du teen movie. Autrement dit, le film d'adolescent, qui dans une grande majorité est adressé à un public dont l'âge oscille en douze et dix-sept ans. Pas très sérieux, donc, d'infliger à un sujet aussi prenant, un cadre aussi puéril. D'autant plus que le film de la réalisatrice américaine Ry Russo-Young véhicule des messages d'une mièvrerie confondante. Du style : c'est pas beau d'être méchant et ne pas dire ce que l'on ressent pour ses proches également ! L'exercice de style étant délicat et Un Jour sans Fin de de Harold Ramis avec l'excellentissime Bill Murray demeurant la référence ultime, Before I Fall se révèle largement en dessous de la référence en matière de boucle temporelle.

Pire, le principe de journée se répétant indéfiniment aurait dû servir à la cinéaste mais l'utilisation mal abordée de points de vue et d'événements différents occulte toute forme de divertissement. Alors que l'on aurait aimé assister à la mise en place de situations ponctuelles rappelant que l'héroïne se situe dans un contexte de boucle temporelle, la cinéaste préfère bousculer les conventions en offrant à son héroïne la possibilité de bouleverser totalement le déroulement de sa journée. A vrai dire, cette boucle temporelle se terminant invariablement par un accident de voiture ressemble davantage à une succession de journées n'ayant scénaristiquement parlant, que peu de rapports entre elles.

Happy Birthdead part, lui, d'un même principe. La boucle temporelle étant l'axe autour duquel tourne l'intrigue de ce long-métrage signé par le cinéaste américain Christopher B. Landon (qui n'est autre que le fils de Michael « Charles Ingals »London), et les personnages étant à peu de chose près les mêmes que ceux évoqués dans Before I Fall, il y a de quoi s'inquiéter. Surtout si le visionnage des deux longs-métrages est effectué consécutivement. Pourtant, là où pêche le film de Ry Russo-Young, Christopher B. Landon s'en sort, lui, plutôt brillamment. Point, ou si peu de morale, mais un récit s'inscrivant dans un thriller en mode « slasher » avec pour héroïne, une jeune étudiante traquée par un tueur masqué qui, le soir, la tue de plusieurs coups de couteau. Mais alors que l'histoire aurait pu s'arrêter là, la blonde Tree Gelbman se réveille systématiquement dans le lit d'un garçon rencontré la veille au soir durant une fête alcoolisée. Alors qu'elle croit avoir rêvé la journée de ses dix-huit ans se terminant par sa mort, Tree constate très vite que ce jour très particulier ne fait que se répéter. L'occasion s'offre à la jeune étudiante de rechercher l'auteur de son propre assassinat afin que le temps reprenne normalement son cours...

Autant le dire tout de suite, les meurtres, principal intérêt des slashers du type Vendredi 13, Halloweenet consorts, ne sont pas ici l'objet principal du récit. Christopher B. Landon s'attarde surtout sur le phénomène de boucle temporelle en intégrant à l'intrigue toute une série d'événements qui vont se répéter chaque fois que la même journée se répétera pour l'héroïne. Et ce, dans des conditions sensiblement différentes, permettant ainsi de faire évoluer le récit jusqu'au dénouement. Si les plus attentifs remarqueront qu'en terme de timing, il demeure quelque défauts dans la mise en place de certaines situations (lorsqu'un matin Tree quitte la chambre de Carter plus tôt que la veille, sa rencontre avec les événements déjà rencontrés les jours passés devraient s'en trouver décalés), Christopher B. Landon nous offre cependant un spectacle fort réjouissant, mélange d'épouvante, de fantastique et de comédie. Happy Birthdeadest une relecture du classique de Harold Ramis à la sauce épouvante. Une réussite.

The Cloverfield Paradox, quant à lui, explore le thème passionnant du paradoxe temporel mais sous un jour radicalement différent. Ici, il n'est plus question d'un événement se répétant indéfiniment mais d'un voyage dans un univers parallèle proche de celui de ses héros. C'est un accident survenu à bord de la station spatiale internationale Cloverfield qui provoque cette faille spatio-temporelle dont les répercussions aussi bien désastreuses qu'incroyables vont avoir des conséquences inattendues sur les membres de l'équipage. Le cinéaste Julius Onah évoque l'effondrement d'un univers sur un autre, les deux se mêlant et provoquant ainsi des événements spectaculaires.
Si le lien avec les deux précédents volets de la saga Cloverfieldest ténu (Cloverfielden 2008, et 10 Cloverfield Laneen 2016), quelques éléments viendront pourtant corroborer la paternité des uns et des autres, le tout semblant alors former une trilogie finalement assez peu homogène. Les personnages constituant l'équipage de Cloverfield étant d'origines diverses, on a logiquement droit à quelques dératés comportementaux. Et comme si cela ne suffisait pas, le film se transforme en un ersatz d'Alien, sans alien, mais avec des course-poursuites dans les coursives de la station saupoudrées de quelques scènes d'horreur plutôt originales.

En fait, on a surtout l'impression que le cinéaste profite du succès et de la renommée de la franchise pour lancer son propre projet. Si dans le fond The Cloverfield Paradox se laisse plaisamment suivre, on ne peut pas dire qu'il demeure pour autant exemplaire dans la forme. Parfois bavard et bien moins ambitieux que ne le laissait présager son sujet, le film de Julius Onah est peut-être le plus faible de la saga...

Le Sens de la Fête de Éric Toledano et Olivier Nakache (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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Le Sens de la Fête est la sixième collaboration entre les cinéastes Éric Toledano et Olivier Nakache sur grand écran. Après l'énorme succès de Intouchables en 2011 (le film tient depuis la seconde place au box-office dans l'histoire du cinéma français), les deux auteurs utilisent à nouveau opportunément l'acteur Omar Sy pour Samba en 2014 après son premier passage à Hollywood pour le filmX-Men: Days of Future Past. Le Sens de la Fête est la première collaboration entre le duo et l'acteur Jean-Pierre Bacri que l'on avait l'habitude jusque là de voir aux côtés de sa compagne, l'actrice, réalisatrice et scénariste Agnès Jaoui. Les spectateurs ont pu notamment le découvrir dans Subwayde Luc Besson en 1985,Escalier C de Jean Charles Tacchella la même année, l'excellent Mort un Dimanche de PluieJoël Santoni (dont je désespère d'écrire un article à sa hauteur) l'année suivante, Mes Meilleurs Copains de Jean-Marie Poiré en 1989, Un Air de Famille de Cédric Klapisch en 1996, La Vie très Privée de Monsieur Sim de Michel Leclerc en 2015, et donc, Le Sens de la Fête en 2017. Une année qui brillera d'ailleurs par la présence de l'acteur français par trois fois puisqu'Alain Chabat l'engagera sur le tournage de son dernier long-métrage en date Santa et Cie, et on aura également eu l'immense plaisir de le voir dansGrand Froidde Gérard Pautonnier, une comédie noire proche de l'humour scandinave avec un Bacri “Draculéen”...

Si quelques passages du dernier film d'Éric Toledano et Olivier Nakache sont situés dans les environs de Fontainebleau, la majeure partie de l'action se situe à l'intérieur et dans le jardin du Château de Courances dans l'Essonne. Un cadre magnifique pour long-métrage, bien qu'interprété par une foule de seconds rôles, et pratiquement voué à Jean-Pierre Bacri. Lequel ne se départit pas une fois encore de son rôle d'individu passablement désagréable qui ont fait son succès dans bon nombre de longs-métrages (Cuisine et Dépendances, pour ne citer que l'un des plus célèbres). Mais si cette fois-ci, le personnage de Max Angeli qu'il campe dans une unité de temps n'excédant pas les vingt-quatre heures, il y a une raison valable à cela. Car Max organise des mariages depuis trente ans. Fatigué par cette profession éreintante, il a bien envie de raccrocher les gants. Ce qui ne l'empêche pas de tout faire pour que le mariage de son nouveau « client » se déroule sans encombres.
Malheureusement, malgré une belle journée ensoleillée, rien ne va se dérouler comme prévu. Car Max va devoir assurer le service entre un futur marié arrogant et des employés qui parfois, n'en vont faire qu'à leur tête. Le récit s'articule donc autour d'une journée longue et périlleuse pour Max et ses employés. Cuisiniers, serveurs, photographe et animateur auront beau vouloir mettre du cœur à l'ouvrage, chacun voudra y mettre son grain de sel. Le résultat sera, à l'écran, particulièrement détonnant.

Le principe mis en place par Éric Toledano et Olivier Nakache est tel qu'on a parfois l'impression que les deux cinéastes (également responsables du scénario) ont installé une batterie de caméra, les laissant tourner une journée durant, bien que le tournage ait duré neuf semaines. Autour de Jean-Pierre Bacri, le duo impose d'excellents interprètes tels que Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, mais également Eye Haïdara, Alban Ivanov, ou encore Vincent Macaigne qu'on a pu voir l'année précédente dans l'excellent Des nouvelles de la planète Mars de Dominik Moll aux côtés de François Damiens, et même l'actrice Hélène Vincent que l'on a pu notamment voir dans La Vie est un Long Fleuve Tranquilled’Étienne Chatiliez en 1987 et déjà chez Éric Toledano et Olivier Nakache dans Samba. Outre ces quelques visages bien connus du monde du septième art, les cinéastes ont également fait appel à Benjamin Lavernhe dans le rôle de l'insupportable futur marié ainsi qu'à des interprètes aussi étonnants que l'acteur tamoul Manickam Sritharan.

Le Sens de la Fête est savoureusement drôle, les situations abracadabrantes s'enchaînant les unes après les autres sans que le rythme n'en souffre. Constitué de différents actes, le film est accompagné d'une excellente partition de jazz composée par le contrebassiste israélien Avishai Cohen. Jean-Pierre Bacri est au sommet de son art, encore davantage mis en valeur par de solides partenaires féminins et masculins. C'est bien simple, on ne s'ennuie pas un seul instant. Mieux: Éric Toledano et Olivier Nakache se permettent même une petite touche d'émotion bienvenue vers la fin du film...

O Estranho mundo de Zé do Caixão de José Mojica Marins (1968)

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Après deux films dont le personnage central fut le maléfique Zé do Caixäo, José Mojica Marins supervise deux spectacles produits pour la télévision brésilienne, Alem, muto alem do Alem et O Estranho mundo de Zé do Caixão. Le producteur brésilien d'origine égyptienne George Michel Serkeis, et ami personnel du cinéaste, propose à ce dernier d'adapter le principe au cinéma après le succès phénoménal rencontré par ces deux shows, alors comparables à La Quatrième Dimension. José Mojica Marins accepte et son futur projet reprend le titre même de l'une des deux anthologies. Le projet voit le jour en 1968. Regroupant trois courts métrages réalisés par le cinéaste brésilien lui-même, on y retrouve toutes les obsessions de Mojica Marins. L'amour, la mort, la religion.

Le titre de l’œuvre est trompeur puisque en dehors du générique et du personnage principal du troisième court-métrage qui rappelle sensiblement le fameux Zé do Caixão, ce dernier n’apparaît jamais. O Fabricante de Bonecasconte les méfaits d'un père et de ses quatre filles dont l'existence tourne autour de la fabrication de poupées très spéciales. Le succès que rencontrent ces dernières est dû à l'exceptionnel réalisme de leur regard. Lorsque quatre voyous apprennent que le père des quatre jeunes femmes cache chez lui le produit des ventes de poupées, leur sang ne fait qu'un tour. Le soir-même, ils pénètrent chez lui et le menacent d'un couteau afin qu'il leur dise où est l'argent. Mais tout va mal, et le vieil homme meurt d'une crise cardiaque. Découvrant ses quatre filles dans leur chambre à coucher, les voyous s'en prennent à elles et les violent.

Taratourne quand à lui autour d'un bossu, celui-là même qui servait d'assistant à Zé do Caixäo dans le second long-métrage du cinéaste Cette Nuit, Je M'incarnerai dans ton Cadavre. Devenu depuis vendeur de ballons, il suit à la trace une jeune femme sur le point d'être mariée. Alors que la cérémonie se déroule normalement, une femme, jalouse, s'approche d'elle et lui plante un couteau en plein cœur. La mariée décède. Plus tard, on assiste à son enterrement. Le bossu, toujours dans l'ombre de la jeune femme, s'approprie alors son cadavre.

Ideologia, le troisième et dernier court-métrage met en scène un écrivain invité lors d'une émission de radio. Alors même qu'il nie l'existence de l'amour, affirmant que tout n'est régit que par l'instinct, l'un de ses détracteurs lui demande de prouver ses dires. C'est ainsi que ce dernier se retrouve invité le soir-même en compagnie de son épouse dans la demeure de l'écrivain. Le couple va alors se retrouver prisonnier de leur hôte qui va leur démontrer la véracité de ses propos.

L'ombre du marquis de Sade plane sur ces trois courts-métrages de José Mojica Marins. Entre un fabricant de poupées dont les yeux sont ceux de victimes tombées entre les griffes de ses filles, un bossu nécrophile et fétichiste amoureux du cadavre d'une jeune femme récemment décédée, et un écrivain persuadé que l'amour n'est qu'une chimère, le cinéaste laisse libre court à ses obsessions. Torture physique et mentale, viols, meurtres, avec toujours en toile de fond cette religion qu'il dénigre. Mais cette fois-ci, le livre de la Genèse sert de toile de fond au récit. En effet, la création du monde par Dieu sert les desseins de cet écrivain fou qui sacrifie sur l'autel de sa foi deux innocents. Le premier court-métrage est sans doute celui qui se rapproche le plus de ce que l'on pourrait considérer comme une anthologie fantastique, bien que ce type d'élément soit absent de ce O Estranho mundo de Zé do Caixão. Le second demeure, lui, le plus étrange. Muet et simplement accompagné d'une bande-son barrée, Taraest comme un mauvais rêve dont on ne pourrait fuir. Relativement morbide du fait de son approche, il est à l'opposé de Ideologiapuisqu'il pousse à l'extrême le sujet de l'amour ressenti bien au delà de la mort. O Estranho mundo de Zé do Caixãoest une œuvre intéressante à bien des égards. Le fait qu'il s'agisse à nouveau d'une incursion dans l'esprit torturé du cinéaste n'est à ce sujet, pas des moindres...

Isle of the Dead de Nick Lyon (2016) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

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Isle of the Dead(parfois opportunément nommé Dead Island, renvoyant ainsi le film à la série de jeux vidéos éponymes), on le sent très vite, joue davantage dans la catégorie des purges cinématographiques que dans le registre qui a accueilli en leur temps, La Nuit des Morts-Vivants, Zombieou bien Le Retour des Morts-Vivants. Dès les premières minutes, l’œuvre de Nick Lyon (déjà responsable du navrant Rise of the Zombies trois ans auparavant en 2012) en rajoute une couche en ouvrant son récit sur une incohérence de taille et qui, à n'en point douter, fera date dans l'histoire du cinéma : alors que tout commence par l'attaque d'une escouade (la section Alphaà laquelle se référeront bientôt les (z)héros du film) entièrement décimée par des cobayes victimes d'une expérience menée par un savant cherchant à créer une nouvelle souche du virus Ebola, le film nous emmène après cette introduction, dix ans plus tard ! Quoi d'étrange, me direz-vous ? Et bien, si l'on tient compte du fait que les soldats débarquant sur l'île où se situe l'intrigue savent pertinemment que les membres de la section Alpha mort dix ans plus tôt ont été décimé en l'espace d'une heure seulement, on a du mal à comprendre pourquoi la nouvelle section envoyée sur place ne l'est que si loin dans le temps. A moins que l'île soit située sur Pluton, on n'a du mal à croire que les autorités aient choisi d'attendre dix années pour envoyer une équipe de secours !

Mais bon, cessons de pouffer et passons à d'autres considérations. Tout d'abord, il est clair que le jeu vidéo et le film dont le titre alternatif voudrait nous faire croire qu'il ont un quelconque rapport, n'en ont pas, justement. Quant aux macchabées, une fois encore, sont davantage des infectés que des morts-vivants. D'où leur fâcheuse tendance à sprinter devant l'arrivée de chair frâiche. Maniant les armes et différents outils, les zombies de Nick Lyon semblent plus intelligents que la moyenne, le summum demeurant dans le portrait d'une infectée dont les cordes vocales ne semblent pas avoir été affectées par le mal puisqu'elle s'exprime d'une voix admirablement douce et clair. Grotesque !

Concernant le récit, il tourne autour d'un secret militaire entourant un projet de création de virus qui a mal tourné comme l'on peut s'en douter. Nick Lyon n'étant pas George Romero, son Isle of the Deadfait pâle figure au côté de l'excellent Day of the Deaddu regretté professeur « es »morts-vivants. Le savant fou de service crée même une version plus féroce encore du virus qu'il injecte à des cobayes alors pourvus d'une force démultipliée (une source d'inspiration qui remonte très certainement au jeu vidéo Left 4 Dead), allant jusqu'à s'en administrer lui-même une dose afin de survivre aux morsures des infestés.

Long-métrage éminemment bourrin, Isle of the Dead conviendra tout à fait à celles et ceux qui ne veulent absolument pas se prendre la tête et sont amateurs de films dénués de tout scénario. L'affiche est à elle seule tout un programme et annonce la couleur : des gros bras, quelques giclées de sang (numérique) pas très frais, pas un brin de finesse et de sensualité (la seule interprète féminine n'aguiche à aucun moment les spectateurs), une forêt aussi dense qu'elle demeure peu crédible (on a la désagréable impression que les personnages se baladent dans un jardin botanique) et un complexe scientifique qui à davantage l'apparence d'une usine pétrochimique. Un conseil : lorsque l'on ne parvient pas à se hisser à la hauteur de ses ambitions, on laisse les morts tranquilles et on change de métier. Pour amateurs de séries Z uniquement...

Dawn of the Mummy Frank Agrama (1980) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

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C'est en fouillant dans les entrailles de mon vieil ordinateur que je suis retombé sur la vidéo d'un film daté de 1981, réalisé par un certain Frank Agrama, principalement producteur de cinéma mais également réalisateur d'une petite poignée de longs-métrages dont ce Dawn of the Mummy qui semble avoir été son dernier méfait. Dans la catégorie des nanars, on tient sans aucun doute avec cette pellicule, l'un des plus mauvais films de l'histoire du cinéma. Du moins dans celle consacrée aux zombies si l'on se réfère au titre français, L'Aube des Zombies. Tout dans le film de l'américain est bon à jeter aux ordures. Et pourtant, sans doute ce piètre long-métrage aura-t-il eu la chance d'entrer dans la légende, du moins en Angleterre, pour avoir été saisi et confisqué en vertu de la loi de 1959 sur les publications obscènes. On peut se demander d'ailleurs à quel titre puisqu'à aucun moment le spectateur n'est confronté à tel ou tel étalage de sexe, même pas explicite. Quant aux atrocités attendues par l'amateur avide de tripailles, là encore, ce dernier est rarement satisfait.

Au pire, ce que l'on serait en droit de reprocher au film serait de nous faire croire en cachant son navet derrière un titre (ainsi que sa traduction) proche du Dawn of the Dead de George Romero, une quelconque parenté. Les fans de Zombie prendront clairement connaissance du désastre et ce, dès les premières minutes. Ne sachant pas vraiment où Frank Agrama veut emmener le spectateur, l'intrigue nous promène d'abord au temps des pharaons, durant l'enterrement de l'un de ceux-ci, l'imaginaire Sefirama, accompagné dans la mort par plusieurs serviteurs, ceux-là même qui reviendront à la vie dans le présent lorsque des pilleurs de tombes se faisant passer pour des archéologues auront la mauvaise idée de pénétrer dans le tombeau afin de dérober tout l'or enfoui dans une pièce tenue secrète.
C'est sur ce même site que va venir des États-Unis un groupe de mannequins de mode ainsi qu'un photographes pour une séance qui va tourner au vinaigre. Confrontés aux pilleurs, le groupe va profiter du tombeau recouvert de hiéroglyphes afin de poser pour une séance photo. C'est là qu'intervient la momie du titre et de ses serviteurs pour le coup, sacrément abîmés (mais pas autant que l'on aurai pu supposer, vu le âge). S'il devait demeurer un point positif dans cette entreprise de destruction cinématographique, c'est l'originalité de sa créature puisque Franck Agrama propose une momie attirée par la chair humaine, la renvoyant donc davantage au mythe du zombie que de la momie « karlofienne ».

Contrairement aux premières impressions, Dawn of the Mummyest bien un film américain même si une majorité des interprète est d'origine italienne, aspect renforçant l'impression que le film n'est que l'un de ces innombrables nanars transalpins. Situant son intrigue au Caire, le cinéaste ne profite cependant pas des extraordinaires images de carte postale de l’Égypte. Que son devenues ses pyramides, ses bazar égyptiens, ses mœurs et ses coutumes. Dans le film de Franck Agrama, il n'en reste que de puérils stock-shots. L'interprétation est désastreuse. On ne croit pas un seul instant aux hurlements des victimes de la momies et de ses serviteurs zombifiés. Quant à l'intrigue, elle ne fait que tourner en boucle comme une faille temporelle. A dire vrai, un scénario sans la moindre originalité ne faisant que piller dans les classiques de George Romero et de Karl Freund, allant même jusqu'à vaguement copier l'affiche de La Momieréalisée en 1932. A fuir...

X-Men de Bryan Singer (2000) - ★★★★★★★☆☆☆

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Au pays des mutants, comme dans tous les pays... on s'amuse, on pleure, on rit, il y a des méchants et des gentils... et l'on ne parle pas ici de l'homme dont les extraordinaires capacités génocidaires nous sont suggérées durant la scène d'introduction de cette première incartade cinématographique des X-Men. Mais d'un groupe d'individus possédant d'incroyables pouvoirs physiques et/ou mentaux. A ce titre, on peut dorénavant considérer ces êtres d'exceptions contraints de vivre dans la clandestinité comme des individus propres à rendre caduque l'aura de pouvoirs jusqu'ici demeurés extraordinaires et faisant partie non plus de la simple fiction mais servant parfois d'outils à de vrais, mais surtout de faux, spécialistes en la matière. Que deviennent à côtés d'un Wolverine, d'un Cyclope ou d'une Tornade, des êtres investis de pouvoirs tels que la télépathie ou la télékinésie ? Même si ces derniers restent à prouver, les phénoménales performances dont sont nantis les X-Men permettent de relativiser sur les celles du commun des mortels qui débarrassé de ses armes de destructions massives apparaît bien faible. Outre certains des personnages de la bande-dessinée originale datant des années soixante, on retrouve dans ce premier long-métrage plusieurs de ceux qui apparurent durant les années année soixante-dix. Ainsi que le personnage de Malicia qui elle, fut créée par le scénariste Chris Claremont et le dessinateur Michael Golden au tout début des années quatre-vingt pour le comic book The Avenger Annual numéro 10.

Le cinéaste et producteur américain Bryan Singer nous refait le coup du Petit Chaperon Rouge à la mode Marvel. Cette fois-ci, la jeune enfant ne porte plus de chaperon rouge, mais vert, et sa rencontre avec le loup (Wolverine) n'est plus située dans la demeure de sa mère-grand mais dans un bar sinistre où le charismatique mutant dans sa forme humaine et sous le nom de Logan participe à des combats pour subvenir à son existence. Trois ans après la publication du premier volet de Harry Potter de J. K. Rowling (mais une année seulement après son adaptation sur grand écran), les scénaristes David Hayter et Christopher McQuarrie imaginaient à leur tour un établissement accueillant des « phénomènes »d'un genre nouveau. Des super-héros reclus dans une luxueuse propriété dirigée par le Professeur télépathe Charles Xavier, loin du regard d'une humanité se méfiant d'eux au point d'invoquer le droit (et l'obligation) de les recenser.
Mais ils ne sont pas les seuls à regarder l'humanité d'un mauvais œil. D'autres mutants dirigés par un certain Erik Lehnsherr dit « Magnéto » forment la Confrérie des Mutants afin d'accomplir des objectifs au profit des mutants et contre les hommes dont il a gardé de bien mauvais souvenirs depuis la Seconde Guerre Mondiale où il a été séparé de ses parents emmenés de force dans un camp d’extermination.

Si Charles Xavier peut compter sur l'aide de Cyclope, de Tornade ou du Dr. Jean Grey (la télépathie et la télékinésie faisant partie de ses pouvoirs) pour défendre leur espèce et éduquer les jeunes recrues (bientôt rejointes par Malicia et Wolverine), la première forme que prend au cinéma La Confrérie des mauvais Mutants, celle de Magnéto, est constituée de Mystique, Dent-de-Sabre et du Crapaud. Mystique possède sa propre confrérie, Crapaud lui également, lequel aura auparavant rejoint celle de Mystique. Lui mais également Dent-de-Sabre, pour la saga Dreams End.

Au cœur de ce premier long-métrage, un projet fou : celui de Magnéto qui est d'utiliser une machine de sa fabrication qui, combinée avec ses capacités magnétiques générant un champ de radiation, va lui permettre d'induire des mutations chez les hommes dits normaux. Un combat va alors s'engager non plus entre ceux-ci et les membres de La Confrérie des Mutants mais contre ces derniers et leurs congénères entourant le pacifiste Professeur Charles Xavier.
Pour sa première incartade au cinéma, l'univers des X-Men tient là une belle réussite. On est encore très loin des bouillies digitales désormais conventionnelles imposées par un public toujours plus gourmand en matière d'effets-spéciaux et de moins en moins regardant en terme d'écriture. Une donnée à laquelle échappe fort heureusement la franchise. Un premier volet duquel se dégage déjà le personnage de Wolverine. Sans conteste, le mutant le plus charismatique de la saga. Admirablement interprété par l'acteur australien Hugh Jackman, l'homme se bat avec style tout en conservant la part d'animal qui sommeille en ce mutant dont l'ossature est entièrement constituée d'adamantium (métal imaginaire constitué de métaux dont l'origine demeure inconnue). Wolverine n'est que la conséquence d'un projet gouvernemental canadien, le Weapon X, dont le but principal est de modifier des hommes afin d'en faire des super-soldats. Accompagné de personnages tout aussi intéressant d'un point de vue performances et physiologiques, le canadien est entouré de Patrick Stewart (Star Trek : La Nouvelle Génération) qui endosse le rôle du Professeur Charles Xavier, de Ian McKellen, dans celui du grand méchant, Magnéto, de Famke Janssen, de la méconnaissable Halle Berry dans le rôle de Tornade, ou encore de Bruce Davison, qui endosse le costume du très antipathique sénateur Robert Kelly, acteur qui tourne tout de même depuis la toute fin des années soixante. Et j'en oublie. Une belle brochette d'interprètes pour une œuvre dont les effets-spéciaux demeurent aussi sobres que remarquables. Le film délivre son lot de messages dont un antiracisme et un droit à la différence traités sous un angle, forcément, inédit.

Outre différentes nominations, le film de Bryan Singer remportera son lot de récompenses, tels plusieurs Saturn Awards (récompenses de cinéma et de télévision américaines décernées par l'Academy of Science Fiction Fantasy and Horror Films), le prix littéraire américain Hugo Awarddu meilleur film, plusieurs autres pour les MTV Movie & TV Awards décernant des récompenses cinématographiques et télévisuelles chaque année, ou bien le Prix Nebula du meilleur scénario accordé par la Science Fiction and Fantasy Writers of America. Bryan Singer allait lui-même réaliser trois ans plus tard, la suite des aventures de nos héros sous le sobre titre X-Men 2...

Sex Doll de Sylvie Verheyde ★★★★☆☆☆☆☆☆

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On frise, ici, le néant... Merde, quoi ! Avec un sujet pareil, le spectateur était en droit d'assister à une œuvre couillue, provocante, voire choquante. Il n'en demeure qu'un long-métrage perclus de maladresses. Comme les premiers pas d'une réalisatrice qui pourtant, ô malheur, en est à son sixième long-métrage. On ne lui pardonnera donc pas la faiblesse de sa mise en scène. Intimiste diront certains. Peut-être. Ou simplement, Sylvie Verheyde est-elle incapable d'offrir à son film suffisamment de rythme et une mise en scène en béton pour que l'amateur de cinéma nihiliste s'y retrouve. On est loin, et même à des années-lumière d'un Gaspar Noé. Sex Doll est l'antithèse d'un Seul Contre Tous jusqu’au-boutiste. Alors que le film de Noé s'imposait comme un monument de noirceur nihiliste, Sex Doll paraît minuscule, insignifiant, inutile. Comme la jeune marseillaise Hafsia Herzi demeure inexpressive, Virginie, le personnage qu'elle incarne, s'applique à rester dans un registre faisant l'impasse sous tout forme d'expressivité. Comme un beau légume sur un étal de marché qui une fois cuisiné révèle son statut d'organisme génétiquement modifié. Encore que l'actrice possède des atouts naturels qui font plaisir à voir. Mais si peu. Pour un long-métrage que l'on nous promet comporter des propos ou des images pouvant heurter la sensibilité des spectateurs, dans le genre, Sex Doll est plutôt frileux. Peut-être est-ce alors la raison pour laquelle Hafsia Herzi ne montre qu'en de rares occasions (et à la vérité, une seule et unique fois) ses jolis tétons durcis par le climat particulièrement froid qui semble régner sur le plateau.

Non pas que Sylvie Verheyde ait oublié de payer la note du chauffage les trois derniers mois mais sa mise en scène impersonnelle plombe l'ambiance. Comme s'il lui fallait à tout pris démontrer la monotonie d'une existence faite de sexe et d'argent à travers le prisme du non-dit. Sex Doll est maladroit, chiant au possible, interprété par une actrice figée dans le rôle peu aimable d'une pute de luxe se tapant des quinqua-sexagénaires en costards-cravates. Reconnaissons tout de même que la cinéaste aura réussi à rendre dérangeants ces individus libidineux. Sans pour autant les filmer à la première personne, ces vieux gentlemen anglais officiellement irréprochables provoquent un sentiment de dégoût : filmés en gros plans, les visages transpirent, paraissent gras, et la respiration se fait haletante. On imagine presque Virginie se prendre en pleine face leur haleine chargée du stress d'une journée de travail tout entière.

La forme n'étant assurée qu'au tarif syndical, la caméra promène son héroïne dans les rues londoniennes, histoire de donner au film de Sylvie Verheyde un cachet particulier. Mais la réalisatrice n'ayant pas le talent de Michel Blanc, on n'y retrouvera jamais le climat dépaysant de son excellent Mauvaise Passeprincipalement interprété par Daniel Auteuil et Stuart Townsend. Le contenu du film n'étant pas entièrement à jeter aux orties, celui qui s'en sort finalement le mieux, c'est le jeune acteur britannique Ash Stymest qui dans le rôle du tatoué Rupert demeure un mystère durant une bonne partie du film. Qui est donc ce type qui semble épier Virginie ? La suit jusque dans son repère ? S'agit-il d'un amoureux transit ? Ou bien cherche-t-il à entrer en contact avec la prostituée pour d'autres raisons ?
C'est là dessus que tient le film. Le reste du scénario, le spectateur n'a plus qu'à en faire une boule de papier et jouer au foot avec. Si les scènes démontrant l'incapacité de la cinéaste à mettre en pratique des idées qu'elle a elle-même couchées sur le papier sont nombreuses, l'une des plus significatives demeure au moment où l'héroïne et la protégée que lui a confié sa maquerelle se retrouvent dans le même lit que deux hommes d'âge mûr. La partie de va et viens tournant au fiasco, Sylvie Verheyde tourne l'événement de manière terriblement mièvre. Une anecdote dans un film qui déjà, à lui seul, ne vaut pas tripette ! On l'aura compris, Sex Doll n'est qu'un coup de couteau dans l'eau. Sans grandes ambitions...

Coherence de James Ward Byrkit (2013) - ★★★★★★★☆☆☆

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Selon la théorie évoquée par l'un des invités présents lors d'un dîner organisé par le couple formé par Beth et Hugh, le passage d'une comète dans le ciel pourrait avoir de lourdes conséquence sur le comportement humain. Exemple à l'appui. Mais ce que laisse supposer un autre fait référence au Chat de Schrödinger. Une expérience imaginée par le physicien autrichien Erwin Schrödinger censée démontrer que l'interprétation de Copenhague donnant une cohérence à la mécanique quantique est parfois mal interprétée. On parle alors d'incohérence. C'est ce que démontre ainsi le film du cinéaste et écrivain américain James Ward Byrkit qui signait ici en 2013 son premier et ce qui demeure actuellement comme son unique long-métrage. Contrairement à la première impression qui pourrait se dégager de ce court descriptif, Coherence n'est pas le film indigeste qu'il pourrait être aux yeux des profanes en matière de physique quantique (et là, je me retourne vers mon reflet). Filmé comme si un neuvième invité avait été convié à la soirée organisée par Beth et Hugh, ce long-métrage est aussi dérangeant dans son traitement initial qu'il devient passionnant au fil du récit.

Car plutôt que de dérouler une intrigue complexe et déroutante, James Ward Byrkit évoque la théorie d'Erwin Schrödinger à travers une sorte de jeu de rôle dont les contours se précisent peu à peu. D'abord très bavard (on passe au début davantage de temps à lire les sous-titres qu'à suivre l'action), Coherenceprend de l'ampleur dès lors que le spectateur comprend qu'il se passe de bien curieux événements dans ce quartier pourtant habituellement tranquille.

Huit personnes se retrouvent autour d'une table. Emily, Kevin, Mike, Lee, Amir, Laurie et leurs hôtes conversent de choses et d'autres. Des sujets parfois futiles mais qui installent le cadre d'une soirée dont les personnages vont perdre peu à peu le contrôle. L'idée fameuse du cinéaste qui a lui-même mis en scène son propre scénario avec Alex Manugian, est d'avoir imaginé les répercutions du passage d'une comète dans le ciel sur un groupe d'individus qui va se retrouver au cœur de la théorie du Chat de Schrödinger. Sauf qu'ici, les sujets de l'expérience ne sont plus des félins, mais des êtres humains. James Ward Byrkit choisit de tourner de nuit, ce qui, évidemment, donne au cadre un aspect particulièrement anxiogène. Afin de mieux coller à l'aspect réalistede ce qu'il décrit, le cinéaste américain décide tout d'abord d'offrir le rôle de ses personnages à des interprètes habitués en improvisation et qui ne se connaissent. Et cela se sent. D'abord déroutante, la mise en scène et l'interprétation offrent finalement une vision moins spectaculaire mais beaucoup plus réaliste que la majeure partie des œuvres de science-fiction basés sur les paradoxes temporels.

Ici, le spectateur est plongé en plein cœur d'une tourmente qui ne cessera pas de s'amplifier jusqu'au dénouement final. James Ward Byrkit y intègre un certain nombre d'éléments participant à l'évolution d'une intrigue digne de La Quatrième Dimension mais que son auteur envisage avec sérieux. Un peu à la manière de Richard Schenkman qui six ans auparavant en 2007 nous offrait le miraculeux The man from Earth. De part son aspect bricolé et improvisé, Coherence souffre peut-être ça et là de quelques petites imperfections dues à la grande liberté offerte à la mise en scène, au script et à l'interprétation, mais au final, on se retrouve devant un très grand film de science-fiction. Original et Intelligent...

Despido Procedente de Lucas Figueroa (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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Le retour d'Alex de la Iglesia ? Non, car même si dans la forme Despido Procedente rappelle les comédies délirantes de l'espagnol, le long-métrage est l’œuvre du cinéaste argentin Lucas Figueroa. Il s'agit de son second long-métrage après le thriller Viralsigné en 2013. Avec Despido Procedente, il aborde le difficile cadre des grandes entreprises avec cette question fondamentale : est-il possible de conserver tout ou partie de son humanité au cœur d'une multinationale où le principal intérêt de ses dirigeants et de ses partenaires se situe au niveau des bénéfices. La réponse est oui, et non. D'un côté, le directeur de l'une des branches d'une entreprise en télécommunication tente par tout les moyens d'épargner à la totalité des employés de son secteur d'être licencié alors que la société est financièrement en chute libre, de l'autre c'est l'entreprise elle-même qui par un ingénieux stratagème va le pousser à signer sa propre démission. Toute l'importance du long-métrage demeurant dans la mise en scène et le découpage puisque Despido Procedente, en arborant les atours de la comédie, investit tout de même la section thriller mais ce, dans une moindre mesure. Car si le sujet est grave et concerne la plupart des grandes entreprises à travers le monde, Lucas Figueroa choisit de traiter son sujet par l'humour.

Et dire que Despido Procedente fait mouche est un euphémisme. Toutes proportions gardées, ce long-métrage hispano-argentin datant de l'année passée rappelle quelque peu Le Crime Farpaitd'Alex de la Iglesia dans sa conception de la concurrence entre employés briguant le même poste. Le meurtre en moins, mais avec un degré similaire du point de vue stratégique mis en place pour faire chanter un Javier (Imanol Arias) aux abois.

Propulsés dans un contexte au départ réaliste, Despido Procedente ne va cesser d'investir un univers de plus en plus surréaliste jusqu'au climax humoristique survenant à l'approche de la fin. Tout partait déjà d'une situation rocambolesque : en arrivant ce matin-là au bureau, Javier est accosté par un individu qui cherche son chemin. Expatrié, Javier connaît mal la ville et dirige l'homme dans une mauvaise direction. Plus tard dans la journée, Javier tombe à nouveau sur cet homme qui lui affirme qu'à cause de l'indication qu'il lui a fourni le matin même, il est arrivé en retard à un entretient d'embauche et n'a pas eu le poste. Contre cette infortune, l'homme prénommé Rubén exige de Javier qu'il lui donne l'équivalent de ce qu'il aurait gagné en un mois s'il avait été engagé. Soit, mille cinq-cent dollars. Bien évidemment, Javier refuse. Rubén,  bien décidé à toucher un dédommagement de la part de celui-ci le traque. Dans la rue, et même dans le parking souterrain de la société qui emploie Javier. L'enchaînement de situations découlant de cet événement verra bientôt l'aide inattendue de l'agent de sécurité Eduardo et de l'informaticien Raulito. Liés, les trois hommes vont tout faire pour que cesse le harcèlement dont est victime Javier. Mais ils sont encore loin de se douter que le directeur est peut-être victime d'une machination de la part de ses employeurs...

Despido Procedente est l'occasion pour son auteur de montrer le fossé qui sépare les cadres d'une entreprise des simples employés. Et que dire alors d'un Rubén immédiatement catalogué comme clochard. Les codes vestimentaires, et plus encore le statut social ont ici une valeur marchande considérable. Un très de caractère que partage au départ Javier, lequel va devoir finalement s’accoquiner avec des employés dont la fonction demeure nettement moins reluisante que la sienne, prouvant ainsi la valeur des couches sociales inférieures par rapport au mépris affiché par ceux dont les bureaux se situent au sommet de la tour. Mais au delà du message social véhiculé par son discours, Despido Procedente propose avant tout un spectacle familial où détente semble être le mot d'ordre. Une agréable surprise...

Bienvenue à Suburbicon de George Clooney (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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On connaît surtout l'acteur, réalisateur, scénariste, et producteur américain George Clooney depuis l'immense succès de la série Urgencesdiffusée chez nous à partir du 27 juin 1995, mais il faut savoir que l'interprète du Docteur Douglas Ross a débuté sa carrière à la télévision en 1984 (Riptide) et au cinéma deux ans plus tard (Combat Academy). En tant que cinéaste, son premier long-métrage Confessions of a Dangerous Mind date de 2002 et depuis, George Clooney a réalisé cinq autres films dont Bienvenue à Suburbicon. Dès le départ, il demeure dans ce long-métra une étrange sensation qui gagne peu à peu du terrain pour se révéler finalement une certitude lorsque se déroule le générique de fin.
Certains argumenteront que cette conviction aurait pu tout aussi bien être confirmée à l'orée du générique de début mais concentré sur l'esthétisme rétro-futuriste mis en place pour nous présenter une ville (village?) de Suburbicon idéale, vision d'un rêve américain tronqué, j'ai honteusement oublié de me renseigner sur quelques points importants du film à venir. Car à part avoir pris connaissance de son auteur, et sachant la présence de l'excellent acteur Matt Damon, le reste ne demeurait qu'un flou à peine éclairci par un court synopsis détaillant sommairement une histoire qui allait se révéler fort intrigante.

Cette sensation, cette certitude, cette conviction qui survole le récit et ses jardins scrupuleusement tondus (les créateurs de Suburbicon ont beau vanter ses qualités, son aspect concentrationnaire demeure quelque peu refroidissant), c'est cette fâcheuse tendance qu'à le film de George Clooney de nous rappeler le cinéma du célèbre duo de frangin connus sous le nom de Joel et Ethan Coen. Tout ou presque dans Bienvenue à Suburbicon nous rappelle le génial cinéma de l'inséparable binôme qui depuis plus de trente ans régale les cinéphiles du monde entier avec des œuvres remarquablement mises en scène et d'une créativité incomparables.
Cette impression se conforme peu à peu, donc, jusqu'au générique de fin qui révèle le nom des scénaristes :George Clooney, Grant Heslov, ainsi que... Joel et Ethan Coen! L'histoire de Bienvenue à Suburbicon ne date pas d'hier puisque les frères Coen en ont écrit le premier jet en 1986, après la sortie de leur premier long-métrage Blood Simpleen 1984. Alors que l'année précédente il écriront en compagnie du réalisateur le scénario du délirant Crimewave(Mort sur le Grill), leur deuxième long-métrage ne sera pas l'adaptation de leur scénario Suburbicon, mais Arizona Junior avec Nicolas Cage, Holly Hunter, et déjà, l'un de leurs acteurs fétiches John Goodman.

A propos de ces acteurs qu'ils emploientrégulièrement depuis l'année 2000 se situe justement George Clooney qui, à défaut de pouvoir écrire son propre scénario, en hommage aux deux frangins, ou plus simplement par intérêt pour le script écrit par ses derniers trente et un ans auparavant s'est donc lancé dans la réalisation de Bienvenue à Suburbicon. Une œuvre fort sympathique, avec tout ce qu'il faut d'humour et de suspens pour que l'on ne s'ennuie pas. Un climat très particulier, s'inscrivant à la toute fin des années cinquante (belles voitures, puritanisme vicié, racisme, et couleurs d'époques comprises). La vie idyllique et sans aspérités d'une grosse bourgade ayant déjà accueilli en son sein plus de soixante-mille habitants. Que des blancs. Mais l'arrivée d'une famille de noirs va venir chambouler le quotidien surfait d'une tribu blanche acquise à la cause de l'intégration des gens de couleurs mais, chez les autres. Et surtout pas à Suburbicon que tous veulent voir demeurée une ville purement constituée d'hommes et de femmes de race blanche. Les Mayers et leur fils s'installent juste à côté de la demeure des Lodge. Seule famille qui ne se préoccupera par de la présence dans leur quartier d'une famille de noirs. Car les Lodge ont des soucis nettement plus graves. En pleine nuit, ils reçoivent la visite de deux hommes qui attachent Gardner, le mari, Margaret, son épouse, Rose, la sœur de celle-ci, et l'enfant du couple, Nicky à la table de la cuisine. Tous endormis à l'aide d'un chiffon imbibé de chloroforme, tous se réveilleront plus tard à l’hôpital sauf Margaret qui décédera d'une dose trop importante d'anesthésique...

George Clooney met en parallèle le récit de cette famille de black (Karimah Westbrook, Leith Burke, Tony Espinosa) injustement refoulée par la population tandis qu'à côté se déroule un drame dont personne, même les autorités, ne soupçonnent la gravité. Le film intègre l'hypothèse selon laquelle l'installation d'étrangers (noirs de surcroît) est responsable des maux se produisant dans leur jolie petite ville depuis leur apparition. Bien que les événements se produisant au sein de la famille Lodge apparaisse aussi dramatique que la ségrégation dont sont victimes les Mayers, Bienvenue à Suburbicon distille une forte dose d'humour. L'urgence de la situation, rocambolesque, et l'enchaînement de péripéties rappelle le Crimewavede Sam Raimi dont les frères Coen écrivirent le scénario un an avant celui qui allait donner naissance au long-métrage de George Clooney plus de trente ans plus tard.

Matt Damon, Julianne Moore (dans un double rôle), Oscar Isaac (excellent) ou encore Gary Basaraba constituent le casting d'une œuvre sympathique qui souffre cependant de la comparaison que le spectateur pourrait entreprendre entre le travail de George Clooney et celui des Frères Coen dont la maîtrise est irréprochable. Bienvenue à Suburbiconn'est pas un mauvais film, au contraire, on s'y amuse beaucoup et l'on a vraiment hâte de connaître les tenants et les aboutissants de l'intrigue, mais l'on se prend également à rêver de ce qu'auraient pu faire de leur propre scénario Joel et Ethan Coen s'ils l'avaient eux-même adapté au cinéma...

Au Secours, J'ai 30 ans ! de Marie-Anne Chazel (2004) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Au Secours, J'ai 30 ans !... de... de... de... ? Marie-Anne Chazel ! Alors bien entendu, on imagine la membre de la cultissime troupe du Splendid demeurer à sa place d'actrice. On a du mal à l'imaginer derrière une caméra, dirigeant d'autres interprètes, basant sa mise en scène sur un script écrit de ses propres mains ainsi que celles de l'écrivain Benjamin Legrand, sur la base d'un ouvrage dont le titre est Le Club de la dernière chanceet l'auteur l'écrivainE irlandaise Marian Keyes. Certes, le premier et seul long-métrage en tant que réalisatrice de la compagne de l'acteur Christian Clavier ressemble davantage à un téléfilm programmable sur le réseau de chaînes France Télévisions qu'à une œuvre produite pour les salles obscures. Mais de là à le mépriser au point d'en faire un point de comparaison avec certaines émissions télévisées (Aden) ou d'arguer qu'il n'est que naïveté, proche de l'amateurisme, caricatural, et alors ? Quel est donc le problème ? Sans doute que Marie-Anne Chazel a-t-elle voulu troquer son uniforme d'actrice pour celui de réalisatrice. Alors oui, pour ne reprendre que les propos du Mondeou des Inrockuptibles, Au Secours, J'ai 30 ans ! est naïf, et caricatural. Sans doute amateur, je l'accorde. Mais certaines de ces remarques ne sont-elles pas le lien commun de beaucoup d'autres comédies ? Prenons comme exemple ce pauvre Franck Dubosc qui jusqu'à maintenant (et à part en quelques rares occasions) ne nous a offert que des rôles à la hauteur des personnages qu'il incarne sur scène. Cela n'a pourtant pas gêné certains d'encenser une œuvre telle que l’infâme Campinglors de sa sortie alors que dans le genre comédie ringarde et dépassée, on a rarement fait mieux.

Oui, Au Secours, J'ai 30 ans ! est léger. Oui les situations décrites l'ont déjà été mille fois auparavant. Bien entendu, Marie-Anne Chazel ne convoque pas les spectateurs à une conférence intellectuelles sur les affres de l'existence et sur le positionnement à adopter face aux obstacles que chacun pourrait rencontrer. Mais merde, quoi. Qu'ils se décoincent un peu, ces journaleux qui ont la prétention de détenir la vérité en torchant des articles qui serviront davantage de papier hygiénique que de Bible à celles et ceux qui comme moi ont apprécié ce tout petit film qu'est Au Secours, J'ai 30 ans !

Pierre Palmade n'étant pas connu pour avoir fait une immense carrière au cinéma (une grosse dizaine de longs-métrages, ce qui n'est tout de même pas mal), il était donc intéressant de le découvrir dans le rôle de Yann, ami depuis l'enfance de Khaty (l'actrice italienne Giovanna Mezzogiorno) et Tara (Nathalie Corré). Un trio qui s'est promis de toujours s'entraider. Et l'occasion va se présenter lorsque le jeune homme annonce à ses deux amies qu'il est atteint d'un cancer. Mais alors qu'aux côtés de son compagnon Alfredo, Yann va se battre contre la maladie, le jeune homme va tout faire pour pousser Khaty et Tara à améliorer leur existence. Car en effet, la première s'acharne à vivre seule et refuse catégoriquement tout rapport avec les hommes. Quant à Tara, elle vit en compagnie de Thomas avec lequel, malgré ses affirmations, la jeune femme n'est pas vraiment épanouie...

Si l'on doit faire un reproche au long-métrage de Marie-Anne Chazel, c'est d'avoir quelque peu zappé le personnage incarné par Pierre Palmade qui du coup, devient secondaire alors que le portrait de cet homme s'accrochant à la vie tout en faisant face à toutes les étapes comportementales liées à la maladie (le combat, la résignation, l'acceptation) était des plus intéressant. Non, Marie-Anne Chazel s'intéresse davantage au personnage de Khaty et dans une moindre mesure, à celui de Tara. Ce qui ne réduit pas l'intérêt puisqu'entre le charme de l'une et le désordre affectif de l'autre, le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer. La cinéaste convoque pour l'occasion Marthe Villalonga pour un rôle qui tient plus de l'hommage puisque son personnage, en demeure fort peu développé, n'est pas vraiment intéressant. Le beau Arnaud Giovaninetti participe également à l'aventure dans la peau de Romain, séducteur et collègue de Khaty. Plusieurs petits clins d'oeil viennent émailler le récit, comme l'apparition de Thierry Lhermitte dans son propre rôle ou Alain Doutey en prêtre.

Quant à Franck Dubosc, Marie-Anna Chazel l'emploie dans le registre qui l'a fait connaître : celui du beauf intégral. Situation qu'il partage d'ailleurs avec le toujours excellent François Morel qui dans le rôle de Thomas n'a rien à envier à son acolyte. D'un côté, l'acteur raté. De l'autre, le professeur des collèges. Comme quoi, la ringardise n'est pas l’apanage d'un seul et unique milieu social et peut toucher toutes les couches. Au Secours, J'ai 30 ans ! n'est pas un grand film, loin de là. Pas le genre de long-métrage à remporter le moindre prix ni à bouleverser la ménagère de plus de quarante ans. Tout ce même, le spectateur relèvera sans doute l'interprétation toute en justesse d'un Pierre Palmade-Yann épuisé par la maladie mais conservant sa bonne humeur (du moins, jusqu'à un certain point), la beauté magnétisante (toute italienne) et l'incarnation touchante de Giovanna Mezzogiorno, ainsi que l'incarnation « marilou-berrienne » de l'excellente Nathalie Corré...

At Granny's House de Lee Mahone (2015)

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Le fils de Marion Rogers en est persuadé : il faut à sa mère une aide de vie. Son époux mort depuis des années, la vieille femme rarement son fils qui trouve là, une opportunité d'espacer davantage encore ses passages dans la petite ville de Haley. Celui-ci jette son dévolu sur la jeune et jolie Rebecca Torrance dont les références sont solides. Accueillie froidement par la propriétaire des lieux, Rebecca finit avec le temps par se faire accepter par Marion.
Un jour, la jeune femme a la curieuse idée de proposer à Marion de transformer sa demeure en maison d'hôtes. Ensemble, elles s'inscrivent sur un site internet et proposent au voyageurs de passage de dormir gratuitement une nuit dans la maison de Marion. Accueillis par les deux femmes, les premiers intéressés arrivent et repartent très tôt le lendemain matin. Du moins, c'est ce que croit Marion. En effet, Rebecca tue, les uns après les autres, ceux qui tombent dans son traquenard. Jusqu'au jour où débarque un couple dont le mari et Rebecca vont se débarrasser de l'épouse. Très vite, ceux-ci forment un couple en amour et dans la mort. Pire : celle que l'on croyait inoffensive sait ce que trament sous son toit les amants diaboliques. C'est alors que débarque un détective engagé dans une enquête à la recherche de l'épouse disparue...

Réalisé et scénarisé par Lee Mahoney, At Granny's Houseest une œuvre assez curieuse. Non pas que le film soit mauvais ou mal interprété, mais il laisse d'abord un goût étrange dans la bouche. Comme une œuvre dont chaque plan n'a pas l'air véritablement achevé. Un film indépendant fait avec les moyens du bord. Pourtant, après un début qui laisse songeur, il s'installe dans cette maison tenue par une vieille femme apparemment inoffensive, une ambiance morbide. Un huis-clos infernal dans lequel tombent une à une les victimes d'une petite annonce passée sur le net. Principalement interprété par l'actrice Rachel Alig, Glenda Morgan Brown et par le cinéaste lui-même, At Granny's House se révèle être une assez bonne surprise. Rebecca est démoniaque et parfois vraiment flippante, et même si quelques scènes à l'esthétisme plutôt cheap comme celle durant laquelle on découvre la pensée de celle-ci et de son compagnon reflétées sur le plafond de leur chambre prêtent à sourire, le propos se veut relativement sérieux.

Rare exemple de tueur en série au féminin, le film de Lee Mahoney distille un sentiment très étrange et en tout cas, assez difficile à décrire. Entre amateurisme, ambiance nécrophilique, amour déviant, séquestration, flash-back et thriller, At Granny's Housedemeure une énigme dans le fait que malgré la mise en scène très particulière, le film se révèle vraiment intéressant à suivre...



Brillantissime de Michèle Laroque (2017) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

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Une étoile pour Kad Merad, une autre pour Gérard Darmon, et surtout, une dernière pour Françoise Fabian. Pas une de plus, et sur dix, ça ne pèse pas lourd. Brillantissime est le premier, et espérons-le, dernier long-métrage de et avec Michèle Laroque. Et un naufrage artistique à l'ampleur abyssale. Rien que le titre est un mensonge éhonté qui trompe sur la marchandise. L'actrice-réalisatrice aura beau avoir convoqué une belle brochette d'acteurs, la sauce ne prend pas. Si sa volonté fut de proposer un catalogue exhaustif de poncifs, de répliques éculées et de clichés, Michèle Laroque a alors parfaitement rempli sa mission. On ne peut concevoir Brillantissime comme l’œuvre d'une cinéaste accomplie. Comment s'expliquer que le long-métrage soit aussi triste ? Que la bande-musicale d'Alex Beaupain soit aussi désolante que la directions d'acteurs ?A ce titre, seul Bénabar semble avoir profité d'un scénario mort dans l’œuf pour composer la belle et mélancolique chanson Cimetière du Midi. Concernant les interprètes, pour revenir aux premiers évoqués, Kad Merad n'est pas le plus mauvais même si on l'a connu en plus grande forme. Gérard Darmon demeure peut-être l'un des rares à tirer son épingle du jeu même si son interprétation est parfois fade. Quant à Françoise Fabian, c'est bien elle qui incarne l'un des rares personnages à demeurer véritablement intéressant. Allez, ajoutons au tableau des quelques toutes petites bonnes idées, la participation de l'espagnole Rossy de Palma en meilleure et originale amie de l'héroïne Angela, interprétée, elle, par Michèle Laroque.

Quant aux autres... Pascal Elbé, Pierre Palmade, Marthe Villalonga ou Jean Benguigui, tous sont sous-exploités. Concernant Michael Youn, cela peut encore se comprendre. Un compagnon d'un soir, d'une nuit... Plutôt que de s'attarder sur quelques idées, Michèle Laroque semble avoir esquissé sur le papier une foule de propositions, sans faire le choix entre certaines d'entre elles, nous les imposant et constituant ainsi un catalogue complet de scènes convenues.
C'en est presque dérangeant. Surtout lorsque l'on apprécie l'artiste qui à plusieurs reprises à partagé la scène avec son complice, l'excellent Pierre Palmade. Puisque l'on ne rit que très rarement, on finit par espérer ce moment de tendresse ou d'émotion qui survient désormais dans la majeure partie des comédies. C'est ainsi qu'abandonnée par son petit ami, la fille d'Angela (Oriane Deschamps, la fille de Michèle Laroque dans la vie), chanteuse dans un petit groupe de rock, se retrouve seule sur scène. Rejointe par sa maman, mère et enfant interprètent ensemble la chanson La Vie au Ras du Sol. C'est mignon, sans plus. Pas de quoi verser sa petite larme ni de supporter les effluves des autres spectateurs, je l'espère, aussi médusés que j'ai pu l'être.

Je disais donc plus haut qu'il m'était arrivé de ressentir une réelle gêne devant certaines scènes. Michèle Laroque, Benjamin Morgaine et Lionel Dutemple semblent avoir eu si peu d'imagination (trois scénaristes et une majorité de scènes empruntées ailleurs, faut le faire !!!) que l'on assiste parfois à un étalage de scènes copiées, collées. Combien de fois avons-nous par exemple effectivement déjà vu ce classique concernant le personnage principal à mettre honteusement les pieds dans un sex-shop planqué sous un imperméable et sous une épaisse paire de lunettes ? Ce passage n'est que l'une des très nombreuses scènes piochant dans l'immense banque cinématographique. Brillantissime transpire la naïveté à plein nez, mais lorsque l'on paye sa place pour voir un film qui mériterait déjà à peine que l'on s'y abandonne devant son propre écran de télévision, on a plus vraiment envie de sourire de tendresse pour cette première et pauvre tentative ratée. On s'apitoie. Ô, non pas pour l'humoriste-actrice-réalisatrice-scénariste. Non pas pour ses interprètes ou pour son équipe technique. Mais plutôt pour soi-même, et pour tous ceux qui tomberont dans le piège. Peut-être l'un des plus mauvais films qu'il m'ait été donné d'aller voir au cinéma. Pas aussi désastreux que le néant absolu que fut Paranormal Activity, mais quand même sacrément décevant...

The Mutilator de Buddy Cooper (1985)

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Six amis, trois filles et et leurs compagnons respectifs, décident de se rendre dans un chalet au bord de l'océan afin d'y passer le week-end. Appartenant au père de l'un des garçons, le groupe s'étonne d'y voir régner le désordre. Des bouteilles d'alcool scrupuleusement vidées trônent un peu partout, au mur sont suspendus des trophées de chasse mais parmi les armes du patriarche, l'une d'elles manque à l'appel. Et pour cause : le propriétaire des lieux est présent, endormi dans le garage de la demeure. Réveillé par le bruit que font les jeunes adultes à l'étage, il décide de profiter de la nuit à venir pour les décimer les uns après les autres...

On ne va pas aller par quatre chemins. The Mutilator de Buddy Cooper ne restera pas dans les annales du slasher. Datant de 1985, il ne rivalise jamais avec les classiques du genre, Vendredi 13et Halloween, et n'atteint jamais la qualité des monuments que sont The Burning et The Prowler. Comme la quasi totalité des œuvres du genre, The Mutilatorcomporte sont lot d'adolescents bas du front, obsédés par le sexe, buveurs de bière, et systématiquement animés par la volonté de se séparer de leur groupe afin de faciliter la vie du tueur qui trouve alors l'opportunité idéale de les tuer sans être aperçu des futures victimes. Sauf qu'ici, Buddy Cooper ne s'emmerde pas avec la moindre vraisemblance.
Qu'une jeune femme se fasse dessouder dans une piscine avec son compagnon à quelques mètres de là seulement n'a pas l'air de gêner quiconque. Comme le cinéaste n'a pas l'air de savoir quoi faire de ses personnages, il leur propose de participer à une partie de monopoly, puis à une promenade sur la plage, et enfin, pour finir avant d'aller au lit, les quatre amis qui s'étaient quand même à l'origine donné pour mission de retrouver leur deux autres compagnons, vont jouer à cache-cache dans une maison à peine ombragée, rendant l'acte parfaitement ridicule.

En fait, le principal soucis avec The Mutilator, en dehors qu'il soit d'un ennui et d'un calme presque assourdissants, c'est qu'il ne s'y passe presque rien. Si l'on enlève le peu d'intérêt qui peut encore se dégager des quelques effets gore dont certains, reconnaissons-le, sont assez réussis, le reste du film n'est qu'une succession de scènes plates qui n'arrivent même pas à se hisser à la hauteur des pires slashers.

Comme dans bon nombre de slashers, le film s'ouvre sur une scène devant justifier la suite des événements. Ici, il s'agit d'un gamin ayant tué sa maman par accident le jour de l'anniversaire de son père. Lorsque ce dernier débarque à la maison et trouve son fils penché sur le cadavre de sa mère, le père le bouscule et déplace le corps de son épouse. On comprend donc que l'homme vient de perdre la tête et l'on suppose assez vite qu'il sera le tueur. D'autant plus que, cette fois-ci contrairement à une majorité des slashers, on sait très vite qu'il est bien le tueur puisque son visage nous est montré bien avant le début du massacre. A part la volonté du père d'assassiner son propre fils, coupable du meurtre de sa femme, on doute de l'intérêt pour lui de vouloir emporter l'existence des cinq autres.
The Mutilatorne va jamais au bout de ses idées. Du moins, elles ne semblent jamais véritablement définies et leur réalisation et des plus médiocre. On rit parfois alors même que l'humour n'a pas lieu d'être (le blondinet mettant une heure à s'effondrer, le tueur coupé en deux, capable d'asséner un dernier coup). Les fans du genre trouveront sans doute un quelconque intérêt au film, les autres, plus attentifs au scénario et à l'interprétation, trouveront l’œuvre d'une piètre qualité...


Daisy Diamond de Simon Staho (2007) - ★★★★★★★★★☆

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Plus on remonte dans la carrière de l'actrice suédoise, et plus l'on se rend compte de l'immense talent de Noomi Rapace. Ridley Scott lui confiera le rôle de Elizabeth Shaw dans Prometheus en 2012. Plus loin dans le passé, on l'aura découverte dans l'excellent et fantomatique Babycalldu norvégien Pål Sletaune. Et même quelques années auparavant dans l'impressionnante trilogie danoise Millenium. Mais s'il demeure une interprétation plus remarquable encore que les autres, c'est le rôle qu'elle a tenu en 2007 dans l'effroyable Daisy Diamond. Une œuvre extrême réalisée par le cinéaste danois Simon Staho pour le compte duquel l'actrice s'est entièrement mise à nu. Au propre comme au figuré. Une expérience de cinéma totale. Sublime autant qu'abjecte. Une descente aux enfers sans fil d'ariane pour se raccrocher à un quelconque espoir.
Le cinéaste choisi de tourner un film aussi cru que la vie elle-même. Noomi Rapace y explose littéralement dans le rôle d'une mère de famille sans conjoint, livrée à elle seule et s'occupant d'une petite Daisy qui ne cesse de pleurer. La jeune femme tente de décrocher un rôle au cinéma mais sans jamais y parvenir. Devant les pleurs incessants de son bébé de quatre mois seulement, la jeune femme pète les plombs et se résout à une alternative qui va la mener droit en Enfer. Un cauchemar qui n'épargnera ni son personnage, ni son interprète, ni les spectateurs.

Alors que certains spectateurs calfeutreront probablement leur peur du spectacle devant un jugement hâtif dénigrant la grande cruauté dont fait preuve le cinéaste envers ses personnages, les autres y verront matière à s'extasier devant une mise en scène aussi sobre dans son approche que sont difficilement soutenables certains passages. Noomi Rapace, à poil ! Dénudée, écartelée entre l'amour que porte son personnage à son enfant et la succession de déconvenues professionnelles, le chemin est long et douloureux entre ses aspirations et la fin que lui offre l'implacable script écrit à quatre mains par le cinéaste lui-même en compagnie de Peter Asmussen. Une douloureuse expérience cinématographique qui laisse entrevoir la fin tragique de son héroïne.

Entre fiction et réalité, les scènes se succèdent, se confondent, laissent entrevoir la part de vérité qui se détache des perspectives offertes par les différents casting auxquels assiste l'héroïne. Qui mieux qu'Anna, le personnage incarné par Noomi Rapace pourrait interpréter ces rôles que l'on confiera pourtant à d'autres ? La première scène ouvrant le bal des horreurs est significative et renvoie déjà, au terme du récit. Un couple. Anna et son amant. Un fix d'héroïne, un quasi-viol, et les pleurs d'un enfant. On croit à une ellipse mais le changement de cadre déclare son amour du cinéma brut. Ouf ! On respire. Tout n'était qu'un jeu. Celui de deux interprètes s'offrant à deux directeurs de casting. Mais on ne le sait pas encore, cette première scène déjà jusqu’au-boutiste est une mise en bouche du calvaire que va vivre dès lors le personnage d'Anna.

Noomi Rapace... qui se rase le crâne, les aisselles, le pubis, qui hurle et pleure devant la caméra. La morve au nez, elle s'endort. Libérée... ? Les casting s'enchaînent sans qu'Anna n'obtienne aucun rôle. Et lorsqu'enfin le miracle arrive, son personnage est supprimé du script. Et toujours, Daisy qui pleure. Noomi sans maquillage. Le visage gras, boutonneux, les pores dilatés. Simon Staho n'a clairement pas l'intention de filmer l'actrice sous son meilleur jour. Du cinéma-vérité. Rapace exécute ce que peu d'actrices auraient accepté de tourner.
Daisy Diamond est glaçant, aussi douloureux qu'un uppercut, jamais emprunt de sensualité, violent dans ses propos et dans son visuel. Noomi Rapace y est tour à tour agressive, douce, maternelle, infanticide. Si son personnage stagne au premier niveau d'une carrière qui ne décollera jamais dans le circuit classique, l'actrice, en revanche, y éclate littéralement. L’œuvre de Simon Staho est certes noire et désespérée, mais à la fois belle et essentielle. Elle permet surtout de découvrir une facette de l'univers cinématographique peu courante. Déjà un classique...

Au Revoir Là-Haut d'Albert Dupontel (2017) - ★★★★★★★★★☆

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Albert Dupontel aura mis un quart de siècle pour s'éloigner du difficile cap de l'adolescence. On parle ici, du Dupontel cinéaste car l'acteur, lui, a déjà abordé des rôles plus durs, moins enfantins, que lors de ses premiers émois cinématographiques. On l'a vu donc passer du trashy Bernie au bouleversant Deux Jours à Tueravec un naturel qui n'appartient qu'aux plus grands. Aujourd'hui, Albert Dupontel joue dans la cours des plus grands cinéastes avec, sans doute, le point culminant de sa filmographie. Qui aurait pu croire qu'un jour ce français originaire de Saint-Germain-en-Laye, dont le prénom plutôt casse-gueule d'Albert n'est qu'un pseudonyme dont le choix s'explique par sa volonté de préserver ses proches, allait s'offrir une carrière aussi brillante ? Sans doute moins délirant que par le passé, l'acteur-réalisateur-scénariste adapte pour la première fois un roman. L’éponyme Au Revoir Là-Haut de Pierre Lemaire.

Albert Dupontel a toujours été un créatif à l'imagination débordante et un brin... bordélique. Alors qu'il avait prévu à l'origine d'offrir le rôle qu'il incarne dans le film à l'acteur belge Bouli Lanners, il offre celui d’Édouard Péricourt à l'acteur argentin Nahuel Pérez Biscayart. Originaire de Buenos Aires, le jeune homme y explose littéralement. Son personnage gravement blessé durant la première guerre mondiale alors qu'il tentait de sauver son camarade de tranchée Albert Maillard a perdu l'usage de la parole. L'acteur s'y exprime donc tel un mime affublé de masques remarquables qu'il fabrique lui-même avec les moyens du bord (du papier mâché). Dessinateur hors-pair, c'est après la guerre qu'Albert et Édouard, sans le sou, décident de monter une arnaque en proposant un catalogue de monuments aux morts constitués de dessins. Une fois l'argent des commandes passées par les municipalités, les deux hommes prendront la fuite sans envisager le moins du monde de fabriquer le moindre monument. Malheureusement pour Albert et Édouard, l'une de leurs victimes ne sera autre que Marcel Péricourt, le père du second (l'extraordinaire Niels Arelstrup).

Ce résumé, je l'accorde, fort succinct, n'est le reflet que d'une part infime d'un scénario foisonnant d'idées. Au Revoir Là-Haut fourmille de séquences, nous proposant en préambule une vision de la guerre particulièrement dure, et développant par la suite un retour à la vie civile ne fêtant ses héros qu'à travers d'immenses symboles de bronze (les dits monuments aux morts). Nos deux soldats retournent ainsi à la vie normalesans un sou ou presque en poche. Au Revoir Là-Haut ressemble à un immense chapiteau sous lequel vont se succéder autant d'histoires personnelles que le long-métrage compte d'interprètes. A ce titre, Albert Dupontel s'est offert un casting en or. Car outre la participation de Nahuel Pérez Biscayart, l'acteur-réalisateur-scénariste nous offre une vision pluriellede la cruauté morale. Entre un Laurent Laffite monstrueux jusqu'au bout, et un Niels Arestrup en père froid, insensible PRESQUE jusque dans ses derniers retranchements, Albert Dupontel apporte à son fond de commerce situé entre provocation et analyse du comportement humain, la poésie d'un conte pour adultes aussi cruel que majestueux. Aussi surréaliste que le cinéma de l'ancien binôme constitué en son temps par Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. On retrouve d'ailleurs ce même amour pour l'histoire de France et ce besoin irrépressible de faire revivre le passé mais avec en plus, la puissance et la passion de la Magie qui faisaient défaut dans l'ennuyeux Un long dimanche de fiançaillesde Jean-Pierre Jeunet en solo.

Émilie Dequenne, Mélanie Thierry, Heloïse Balster (Louise, l'enfant qui accompagne durant toute leur histoire, Albert et Édouard), Michel Vuillermoz (énormissime!!!), et bien d'autres encore constituent le ciment d'une cathédrale bâtie sur les sentiments. Les émotions s'enchaînent avec un naturel qui frise le génie. A l'horreur succède le rire, lequel est chassé pour un court instant par l'émotion palpable née du simple regard d'un père pour son fils. Nous pourrions évoquer la superbe photographie de Vincent Mathias, la musique de Christophe Julien ou les costumes de Mimi Lempicka et bien d'autres choses encore. Mais le mieux reste encore de découvrir Au Revoir Là-Hautpar soit-même. Le digne successeur de... Santa Sangred'Alejandro Jodorowsky, rien de moins...

Enfant 44 de Daniel Espinosa (2015) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Enfant 44, c'est d'abord un ouvrage. Celui de l'écrivain Tom Rob Smith qui avec ce premier roman connaît un succès retentissant auprès du public et de la critique. C'est ensuite son adaptation sur grand écran par le cinéaste suédois Daniel Espinosa, lequel signera deux ans plus tard en 2017 le sous-alien Life : Origine Inconnue. C'est enfin actuellement, l'une des dernières adaptations (juste avant L'Impossible Définition du Mal de Maud Tabachnick en 2017) d'un fait divers sordide et authentique survenu entre le 22 décembre 1976 et le tout début des années quatre-vingt dix. L'un des plus brillants exercices en la matière demeure encore le Citizen X que réalisa en 1995 le cinéaste Chris Gerolmo. Si pour les profanes, Enfant 44 s'apparente à une mise en abyme du système mis en place durant des décennies en Union Soviétique doublé d'une intéressante enquête policière, pour les autres, l’œuvre de de Daniel Espinosa ressemblera davantage à une simple mise à jour du propos évoqué à l'origine par Robert Cullen dans l'ouvrage qu'il a consacré au tueur en série Andreï Tchikatilo, L'Ogre de Rostov. Mieux vaut d'ailleurs ne pas avoir déjà vu le long-métrage de Chris Gerolmo car même si Enfant 44 demeure effectivement un film plutôt réussi dans l'ensemble, on est quand même loin d'atteindre la qualité du film réalisé vingt ans auparavant.

Mais tout n'étant qu'une histoire de goût et certains préférant peut-être assister à l'adaptation du fait divers à travers l'interprétation du duo formé par Tom Hardy et Gary Oldman (sans oublier l'actrice Noomi Rapace dans le rôle de Raïssa) qu'à travers celle de l'excellent duo formé par Stephen Rea et Donald Sutherland en 1995, chacun y trouvera son compte.

Enfant 44 s'attaque tout d'abord à l'effarant témoignage d'une Union Soviétique refusant l'hypothèse qu'un tueur en série puisse roder dans un pays dirigé d'une main de fer par l'un des plus grands dictateurs anticommunistes au monde, Joseph Staline. Un détailqui explique alors pourquoi les autorités auront mis quinze ans pour arrêter Andreï Tchikatilo, membre du Parti s'étant servi du système afin de tuer en toute impunité une cinquantaine d'enfants dont il avoua avoir dévoré certaines parties du corps. Si Daniel Espinosa a choisi de conserver le nom réel de l'homme qui enquêta puis mis fin aux agissements de l'Ogre de Rostov (l'agent Leo Demidov du Comité pour la Sécurité de l'État, soit le KGB), il décide par contre de ne pas conserver celui du tueur (ici, l'acteur Paddy Constantine incarne le personnage de Vladimir Malevich) alors même que le film retrace avec un certain respect de la réalité, la méthodologie du tueur et de l'enquêteur ainsi que les lieux.

Le film, notamment tourné à Pragues, à Kladno et à Ostrava, respecte d'une certaine manière le climat opaque d'une Union Soviétique exécutant à tours de bras les traîtres de la nation. Même si la réalisation demeure parfois quelconque, le réalisateur parvient à retranscrire l'ambiance de paranoïa qui régnait alors à Moscou et dans les faubourgs alentours. L'interprétation est juste, avec un duo Hardy-Rapace convainquant. Quant à Gary Oldman, eu égard à son immense talent, l'acteur britannique me semble malheureusement sous-exploité et n'arrive jamais à se hisser à la hauteur de l'excellent Donald Sutherland dans Citizen X. Chez nous, les spectateurs retiendront la présence d'un Vincent Cassel en Major Kuzmin plutôt insignifiant vu le tableau de chasse de cet excellent acteur français. Au final, Enfant 44 est une adaptation sympathique d'un fait diver authentique abominable dont ont fait les frais plusieurs dizaines d'enfants, mais parfaitement inutile alors que tout semblait avoir été abordé dans l'excellent film de Chris Gerolmo...
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