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Le Retour des Morts-Vivants 2 de Ken Wiederhorn (1987) - ★★★★★☆☆☆☆☆

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Voici donc pour clore le sujet, l'objet du délit. Comprendre, la première séquelle du petit classique de Dan O'Bannon, Le Retour des Morts-Vivants. Sobrement intitulé puisque portant le même titre orné d'un 2 avouant sa paternité avec l'original. Une suite qui, forcément, en a appelé une autre, puis une autre, puis une autre. Cinq longs-métrages en tout et pour tout pour une saga qui n'a fait que s'enliser dans la médiocrité. Pourtant, Le Retour des Morts-Vivants 2n'est pas le plus mauvais d'entre eux. Mieux, ou moins pire, que les quatrième et cinquième volets, il pèche surtout par un excès d'humour franchement lourdingue et donc, fortement indigeste. Ken Wiederhorn, qui auparavant signa un triste (mais quant même célèbre parmi les amateurs de nanars) Commando des Morts-Vivantsen 1977 s'est amélioré en l'espace de onze années même si ses divers passages par le petit écran (dont plusieurs épisodes de 21 Jump Streetn'augurant pas forcément que du bon) ne l'auront finalement vu réaliser qu'une poignée de longs-métrages. Dont fait donc partie cette suite presque directe, ou du moins, la plus proche de l'original sorti en 1985 soit trois ans auparavant.
Les fans du Retour des Morts-Vivants premier du nom reconnaîtront au générique deux des interprètes ayant participer à l'aventure proposée trois ans auparavant par Dan O' Bannon, James Karen (qui jouait le rôle de Frank et interprète désormais celui de Ed) et Thom Matthews (qui abandonne celui de Freddy pour incarné Joey).

Alors que le premier volet tournait autour de trois employés d'une entreprise de fournitures médicales (dont le propriétaire), d'une bande de punks et d'un embaumeur, Le Retour des Morts-Vivants 2met en scène un gamin, sa sœur, un employé du câble, et deux détrousseurs de cadavres dans un quartier « presque »tranquille (deux adolescents s'amusent à emmerder Jesse Wilson, le gamin en question) où vont s'échouer plusieurs barils de trioxine 245, le fameux gaz réveillant les morts. Très vite, les cadavres commencent à sortir de leur tombe. Le coin est très vite envahi et tous les héros de l'histoire finissent par se retrouver et rejoindre un certain docteur Mandel, lequel possède un véhicule qui leur permettra de prendre la fuite. Si Le Retour des Morts-Vivants 2 n'est pas aussi mauvais que les séquelles suivantes, les pitreries de ses différents interprètes (la palme d'or revenant à l'acteur James Karen) cassent l'ambiance. Si Dan O' Bannon avait su mâtiner son œuvre d'une touche d'humour bienvenue, Ken Wiederhorn fait de ses personnages des bouffons à peine amusants ou du moins, en total décalage avec le récit. Tout l'aspect épouvante du film est désamorcé et l'on assiste plus qu'à une succession de pitreries qui ne feront rire que les spectateurs « bon public » !

Si durant trois bons quart-d'heures, le film propose un récit qui se démarque de l’œuvre originale (le cinéaste ayant lui-même écrit le scénario), le long-métrage se rapproche ensuite de son ancêtre. Les personnages vont effectivement être concentrés dans les locaux du docteur Mandel où, le spécialiste lui-même constatera que deux d'entre eux développent des symptômes de mort. On atteint ensuite le summum du ridicule lorsque le cinéaste tente de rendre hommage au clip Thriller de Michael Jackson. A vrai dire, il n'y aura guère que les plus courageux pour aller jusqu'au bout. Les autres passeront leur temps à regarder l'heure, voire le plafond, en espérant que le supplice arrive à terme. Chacun choisira son camp entre cette suite indigeste et ridicule (rien que le jeu de mots foireux de l'affiche laisse augurer du pire) et toutes celles qui auront suivi sans jamais parvenir à faire oublier l’œuvre de Dan O'Bannon. A vrai dire, le seul l'unique qu'il faut avoir obligatoirement vu.

Et comme je ne sais absolument pas comment mettre un terme à ce pauvre article écrit sans la moindre motivation (ce qui se ressentira d'ailleurs très certainement à la lecture), petite anecdote qui ne concerne absolument pas ce film mais davantage son auteur, Ken Wiederhorn, car, qui l'aurait cru, le bonhomme faillit réaliser Body Double en lieu et place de Brian de Palma. Heureusement, la sociétés de production cinématographique américaine Columbia Pictures eut la judicieuse idée de refuser le projet à Ken Wiederhorn pour le confier à Brian de Palma. Imaginez-donc à quoi aurait ressemblé ce très grand film s'il avait été réalisé par l'auteur du Retour des Morts-Vivants 2. Personnellement, j'en frémis d'avance. Brrrrrr !!!

Babycall de Pål Sletaune (2011) - ★★★★★★★☆☆☆

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A ce jour, Babycall est le dernier long-métrage du réalisateur, scénariste et producteur norvégien Pål Sletaune. Un fait navrant, d'autant plus que l'auteur de Next Door en 2005 signe sans doute ici son meilleur film. Sept ans donc que le cinéaste n'a plus donné signe de vie sur grand écran. Au cœur de ce long-métrage emprunt d'une profonde noirceur, une Noomi Rapace convaincante, mère d'un gamin de huit, et fuyant un ex-époux violent. C'est pour demeurer à l'abri de ce dernier qu'Anders et sa mère emménagent dans un appartement dont l'adresse est tenue secrète et n'est connue que des services sociaux. Alors que son enfant a toujours dormi avec elle de peur qu'il ne lui arrive du mal, sa mère, Anna, achète un babyphone à Anders afin qu'elle s'assure qu'il ne lui arrive rien maintenant qu'il va pouvoir intégrer sa propre chambre. La jeune femme qui vit dans la terreur de voir débarquer son ex-mari vit pratiquement recluse dans l'appartement que lui ont confié les services sociaux. Le seul écart de conduite qu'Anna s'accorde, c'est lorsqu'elle emmène Anders à l'école. C'est en allant acheter un babyphone dans un magasin d'électronique qu'elle fait la connaissance de Helge, un employé qui la conseille sur l'appareil à acheter. Dès lors, ils sympathisent. Pourtant, malgré cette fragile lumière éclairant l'existence de deux adultes tristement seuls, de curieux événements vont se produire : en effet, dès la première utilisation du babyphone, Anna y entend très clairement un homme s'en prendre à un enfant. Mais alors qu'elle court vers la chambre d'Anders, craignant que son ex-époux ait découvert l'appartement où ils vivent elle et Anders, elle constate cependant que son fils dort calmement...

Voici donc de quelle manière fort conventionnelle débute Babycall. Un long-métrage qui, s'il a bien du mal à démarrer, finit par réserver une multitude d'excellentes surprises. Au delà des thématiques ultra-rebattues de la violence conjugale, de l'isolement, de la solitude et de la ghost-storyactuellement très à la mode, Pål Sletaune dirige en réalité une œuvre bien plus profonde qu'il n'y paraît. Un acte dépressif d'un peu plus d'une heure trente. Dépressif car terriblement sombre. A croire qu'autour de son héroïne, rien ne peut aller dans le sens d'une éclaircie. Même ce nouvel ami qu'incarne une fois encore Kristofer Joner (qui interprétait déjà le rôle principal dans Next Door) n'a pas les allures du héros ordinaire qui égayera l'existence d'une Noomi Rapace incroyablement convaincante.

Pål Sletaune signe une œuvre remarquable en ce sens où l'on ne sait jamais vraiment si ce à quoi l'on assiste revêt la réalité ou si certains événements ne sont que le fruit de l'imagination d'une mère terriblement attachée à son enfant. Babycallest le combat permanent d'une mère à laquelle la garde de son enfant ne semble pas avoir été définitivement confiée. A trop vouloir le protéger, Anna finit par faire parler d'elle. Tout ce qu'elle veut éviter en somme. Pire, on retrouve dans l'intrigue à l'origine du scénario écrit par Pål Sletaune lui-même, le même type d'individu ignoble que le Nils Bjurman
(Peter Andersson) de la trilogie suédoise Millénium. Et puis, il y a le personnage qu'interprète l'excellent Kristoffer Joner, et auquel le cinéaste aurait pu consacrer un peu plus de son temps. Quitte à rallonger l'expérience de quelques dizaines de minutes. Le cinéaste trouve pourtant le temps, dans ces quatre-vingt douze minutes que dure le film, de lui consacrer quelques menus passages. Comme cette terrible scène le voyant accompagner sa mère, hospitalisée, alors qu'elle est en train de rendre son dernier souffle...
Babycall se révèle au final plutôt touchant. Dans le portrait de cette mère surprotégeant son enfant, et de cet homme sacrifiant sa vie pour sa mère. Jamais larmoyant, le film de Pål Sletaune réserve de plus d'authentiques instants de tension et quelques passages dans le domaine du fantastique plutôt bien menés. On notera la très belle partition musicale du compositeur espagnol Fernando Velázquez. Pour toutes ces raisons, on comprendra que le film ait reçu le grand prix au Festival de Gérarmer en 2012 et que Noomi Rapace ait reçu celui de la meilleure actrice au Festival International du film de Rome en 2011... Presque un huit étoiles...

Dressed to Kill de Brian de Palma (1980) - ★★★★★★★☆☆☆

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C'est sans doute l’apanage de beaucoup d’œuvres, et Dressed to Kill (connu chez nous sous le titre Pulsions) ne déroge pas à la règle, mais ce long-métrage de Brian de Palma daté de 1980 a bien faillit arborer un autre visage que ceux de Michael Cain et d'Angie Dickinson puisqu'à leur place étaient respectivement prévus l'américain Sean Connery dans la peau du psychiatre Robert Elliot et la norvégienne Liv Ullmann dans celle de Kate Miller. Mais le premier ayant d'autres engagements (au hasard Meteor de Ronald Neame et Outland : Loin de la Terre de Peter Hyams) et la seconde considérant le scénario de Brian de Palma par trop violent, c'est donc Michael Cain et Angie Dickinson qui prirent leur place. Une situation qui bénéficiera finalement aux spectateurs car le britannique et l'américaine ont su parfaitement intégrer leur personnage dans une œuvre qui une fois de plus chez Brian de Palma, rend hommage à l'illustre Alfred Hitchcock. Ici, les sources d'inspiration du cinéaste américain dont la période la plus intéressante, selon les goûts de tel ou tel spectateur, pourra s'échelonner de 1973 avec Sisters, que beaucoup considèrent avoir bien mal vieilli, jusqu'àRaising Caindatant de 1992 (d'autres argumenteront surtout au bénéfice de l'adaptation cinématographique de la série Mission Impossible qu'il réalisera quatre ans plus tard) lorgne du côté de Sueurs Froides et de Psychose, ce dernier auquel le cinéaste rend hommage par deux fois à travers une scène d'ouverture et une conclusion en forme d'épanadiplose. La fameuse scène de la douche de l’œuvre d'Hitchcock prenant ici une forme éthérée à travers des travellings toujours plus lents.

 
Brian de Palma, encore une fois, use de techniques dont il a très vite appris à se servir. Le split screen étant l'un des principes dont il s'est fait une spécialité afin de mettre en scène des actions située dans un espace-temps concordant. C'est la seconde fois en cette année 1980 que Brian de Palma tourne au cinéma et la seconde fois également qu'il offre un rôle à l'actrice new-yorkaise Nancy Allen, que l'on verra une fois encore chez Brian de Palma dès l'année suivante dans le remake du Blow-Upde Michelangelo Antonioni intitulé Blow Out, laquelle interprétera le rôle de Sally aux côtés de John Travolta. Plus tard, on retrouvera l'actrice dans deux longs-métrages qui compteront comme parmi les plus importants de sa carrière : Philadelphia Experimentde Stewart Raffill en 1984 et Robocopde Paul Verhoeven en 1987. Michael Cain sort du tournage de l'assez navrante suite de L'Aventure du Poséidon qu'avait réalisé en 1972 le cinéaste Ronald Neame (Le Dernier Secret du Poseidon d'Irwin Allen, 1979) et de L'Île sanglante de Michael Ritchie, quant à l'actrice Angie Dickinson, on la vit précédemment dans L'Homme en Colèrede Claude Pinoteau aux côtés de Lino Ventura et Klondike Feverde Peter Carter.

Avec Pulsions, Brian de Palma prolonge son goût du suspens en offrant des scènes dont la longueur frise l'hypnotisme, à l'image de celle durant laquelle il explore le personnage incarné par Angie Dickinson jouant au chat et à la souris avec un inconnu avec lequel elle aura ensuite une relation adultère. Une étrange sensation parcourt l'échine. Entre le jeu de séduction, l'acte assez peu avouable où l'on découvre une Kate un brin nymphomane et cette dérangeante rupture de ton qui fait passer ce moment d'intimité romanesque pour un acte sale appuyé par la révélation d'un courrier adressé à l'inconnu et lui signifiant qu'il a contracté une maladie sexuellement transmissible. Un fait que se révélera finalement insignifiant au regard du tragique événement qui viendra mettre un terme à la collaboration d'Angie Dickinson au long-métrage de Brian de Palma. Le cinéaste joue avec un malin plaisir sur le ressenti du spectateur en battant le froid et le chaud avec une régularité bien à lui. La bande originale composée par le fidèle Pino Donnagio a beau planer au dessus de l'oeuvre du cinéaste, cela n'empêche pas à Pulsions d'aborder des sujets aussi délicats que certains troubles de l'identité sexuelle. Transsexualité ! Le mot est lâché. Une maladie traitée sous l'angle de la folie par un Brian de Palma qui aime ses interprètes et se complaît parfois à les filmer durant de longues minutes. Parmi la petite trentaine de longs-métrages du cinéaste, Pulsions est souvent considéré comme l'un de ses tout meilleurs. Et il est vrai que celui-ci est excellent. De par l'interprétation (n'oublions pas les présences de Dennis Franz dans le rôle de l'inspecteur Marino et de Keith Gordon, qui fut le très marquant Arnie Cinningham de Christine, dans celui de Peter Miller, le fils de Kate) et la minutie avec laquelle Brian de Palma a exploité sa mise en scène. A noter que cette œuvre fut inspirée par la jeunesse du cinéaste lui-même. Un classique...

Naboer de Pål Sletaune (2005) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Il est très intéressant de voir comment la presse et une partie du public sont prêts à réduire certaines œuvres au simple titre de films d'horreur. Ce principe pouvant avoir de lourdes conséquences, on ne s'étonnera donc pas de tomber sur des critiques acerbes relevant de l'ignorance. Comme en fut la victime ce Naboerdu cinéaste, scénariste et producteur norvégien Pål Sletaune qui signait là, son troisième et avant-dernier long-métrage à ce jour. Car non, ce long-métrage scandinave (la Norvège, la Suède et le Danemark y ayant contribué) datant de 2005 n'est pas simplement qu'un film d'horreur s'inscrivant dans le quotidien somme toute banal d'un individu abandonné par sa petite amie mais bien un thriller psychologique plutôt effrayant incarnant une vision moderne du Locatairede Roman Polanski sans pour autant en atteindre les mêmes qualités.
Car quoi que l'on en dise, quoi qu'on en pense, il demeure dans Naboer, des similitudes avec l’œuvre du polonais. Comme il en demeure dans bien d'autres par ailleurs (pour exemple, le Musarañasde des espagnols Juanfer Andrés et Esteban Roel), son héros incarné par l'acteur norvégien Kristoffer Joner vit seul dans son appartement depuis que sa compagne Ingrid (l'actrice Anna Bache-Wiig) est partie filer le grand amour auprès de Ake (l'acteur suédois Michael Nyqvist que l'on a pu notamment voir dans la trilogie Millenium).

Pål Sletaune développe donc son intrigue autour du mal-être de son personnage principal tout en lui opposant deux voisines particulièrement collantes et dont le comportement ne laisse rien présager de bon. L'un des défauts majeurs de Naboer demeure dans la caractérisation outrancière des personnages interprétés par les actrices Cecilie A. Mosli et Julia Schacht. Les traits forcés de ces deux spécimens de la gente féminine particulièrement barrées avaient-il besoin d'être si caricaturaux pour que les spectateurs puissent les identifier comme nocives pour le personnage de John? Non, certainement pas. Leur attitude exagérée aura tendance à énerver le spectateur à force de le prendre par la main, et ainsi donc, pour un idiot. Fort heureusement, de Naboer, il reste encore de sympathiques choses à retenir. Comme le personnage incarné par Kristoffer Joner tout d'abord. Plutôt convaincant dans le rôle d'un John fragilisé par sa rupture d'avec Ingrid. Là encore, le trait est forcé. Non pas celui de John, plutôt finement interprété, mais plutôt celui d'une Ingrid au comportement irritant. Au point que l'on n'ait aucune forme d'attachement pour ce personnage qui semble parfois tendre la main pour se faire battre.

Le climat de Naboer est parfois pesant. Peut-être pas aussi lourd que dans Répulsionou dans Rosemary's Baby (tous deux de Roman Polanski) qui convoquent à leur façon une même prison dorée, mais accentué par une géométrie des lieux assez curieuse et parfois étouffante. Un cadre se modifiant au gré de l'intrigue, certains passages disparaissant purement et simplement jusqu'à un climax final qui se révèle finalement moins surprenant que ce à quoi le spectateur aurait pu ou dû prétendre ( Musarañas oblige).
Les effusions de sang sont rares et n'interviennent que lors des quelques moment de tension opposant John aux femmes qui constituent presque exclusivement son entourage. Le soucis avec Naboer, c'est que son auteur manque véritablement de culot pour se distinguer de la majorité des films proposant ce genre d'intrigue. Pål Sletaune ne fait qu'empiéter sur des plate-bandes déjà foulées bien avant lui. On retiendra tout de même la scène opposant Kristoffer Joner et Julia Schacht durant laquelle l'érotisme un peu morbide aura pour effet d'agir sur les hormones de ces messieurs. Une scène relativement excitante réchauffant à sa manière pourtant peu engageante, une atmosphère toute scandinave. Naboerest au final un long-métrage qui se regarder avec un certain plaisir mais si on aura tôt fait de l'oublier...

Bølgen de Roar Uthaug (2015) - ★★★★★★★★☆☆

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Un film catastrophe scandinave, c'est suffisamment rare pour être évoqué. D'autant plus que dès l'introduction des personnages et de leur situation professionnelle, le cinéaste norvégien Roar Uthaug (lequel devrait, Ô mon Dieu, réaliser la prochaine adaptation cinématographique du jeu vidéo Tomb Raider) nous en met plein la vue avec les paysages de Geiranger, petite ville touristique norvégienne encaissée entre deux flancs de montagnes dans la région de Sunnmøre. C'est dans les hauteurs de cette merveilleuse destination prisée des touristes du monde entier qu'intervient le personnage incarné par l'acteur Kristoffer Joner, grande star norvégienne que l'on a pu notamment découvrir dans Naboer et Babycall, tous deux signés par le cinéaste Pål Sletaune en 2005 et 2011. Kristian Eikjord est géologue et travaille pour la Norges Vassdrags- og Energidirektorat qui n'est autre que la Direction des Ressources en Eau et de l'Energie norvégienne, une entité existant réellement depuis 1921. D'ailleurs, si le cinéaste norvégien a choisi de prendre pour cadre un tel décor en invoquant la NVE, c'est parce que Bølgens'inspire d'un événement qui eut lieu dans le fjord norvégien Norddalsfjord dans la nuit du 7 avril 1973: Un immense glissement de terrain emportant deux millions de mètres cube de rocher provoqua un très important tsunami qui tua quarante personnes.

L'intrigue est donc sensiblement similaire et nous décrit le combat d'un homme face à l'irrémédiable catastrophe à venir. Bølgenest en quelque sorte l'alter ego norvégien du San Andreas du cinéaste canadien Brad Peyton. Mais la comparaison s'arrêtant là, le norvégien montre avec infiniment plus de finesse la bataille menée par un géologue contraint de sauver une population toute entière face à une catastrophe d'une ampleur incroyable. Contrairement au film américain cité ci-dessus, le long-métrage de Roar Uthaug tente avec succès de conserver dans une certaine mesure l'aspect réaliste d'un tel événement alors que le canadien, lui, réalisait la même année, un blockbuster enchaînant des dizaines de scènes improbables. Le ridicule ne tuant pas encore les spectateurs enfermés dans des salles obscures, Brad Peyton se permettait une vision aussi impressionnante que ridicule des ravages commis d'abord par un séisme de magnitude 9.6, suivi d'un énorme tsunami emportant tout sur son passage. Le fils spirituel du médiocre cinéaste allemand Roland Emmerich, en somme.

Dans le genre catastrophe, Bølgen est une belle leçon de cinéma qui prouve qu'il n'est jamais nul besoin d'en faire des caisses pour qu'un film soit réussi. En misant sur la finesse d'un script n'en rajoutant jamais en terme d'événementiel, Roar Uthaug q semble-t-il réalisé l'un des meilleurs films catastrophe de tous les temps, rien que ça. L'un des principaux atouts de Bølgen repose sur une interprétation sans faille et sur le visage d'une population décrite comme une communauté vivant dans la joie et la bonne humeur. Ici, pas de grand méchant. Et même les tensions qui pourraient naître d'un désaccord entre le héros et son supérieur hiérarchique n'ont pas cours dans cette petite station balnéaire. Si le tsunami tant désiré se fait attendre, c'est aussi parce que le cinéaste respecte ses personnages, et donc ses interprètes, et même les spectateurs. C'est ainsi donc qu'il prend le temps de les caractériser. Un bon moyen de les rendre attachant auprès du public. A la suite de cette première découverte du cadre paradisiaque qu'offre Geiranger et de ses habitants, on assiste avec une économie de moyens mais lors d'une scène de tension extrême, à l'effondrement d'une partie de la montagne générant par la suite un très impressionnant tsunami filmé de manière si ingénieuse qu'il semble foncer tout droit sur le spectateur. On a droit ensuite à la recherche des survivants comme dans tout bon film catastrophe. Là encore, le cinéaste joue à merveille avec le cadre (celui de l'hôtel où sont réfugiés l'épouse et le fils de Kristian) et l'élément liquide qui de manière inexorable, se faufile partout.

Bølgen est au final un spectacle d'une grande humanité ne cherchant pas systématiquement à nous en mettre plein la vue. L'efficacité de la mise en scène, la bande-son du compositeur Magnus Beite, les décors fantastiques de Geirangeret la formidable interprétation de tous les interprètes (avec en tête, une fois encore, le norvégien Kristoffer Joner) font du film de Roar Uthaug, l'un des tout meilleurs de sa catégorie, toutes origines et toutes époques confondues. Un must !

The Ones Below de David Farr (2015) - ★★★★★★★☆☆☆

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Roman Polanski, à travers sa trilogie de l'appartement, avait compris bien avant d'autres que l'horreur, la vraie ne s'inscrivait pas dans un quelconque imaginaire mais bien dans un contexte social réaliste. C'est ainsi que par trois fois, en 1965 avec Répulsion, en 1968 avec Rosemary's baby puis en 1976 avec Le Locataire, il s'appliqua à mettre en place ce principe et réalisa pas moins de trois des plus terrifiants longs-métrages de l'histoire du cinéma. Quarante ans après que le polonais ait clôt sa terrifiante trilogie, voilà que débarque sans prévenir The Ones Below (ou, London House) qui sur un principe presque semblable à celui de Rosemary's baby risque de marquer durablement les esprits. Le contexte social décrit par le cinéaste britannique David Farr est pourtant aussi désuet et naïf que les mélodrames familiaux diffusés le week-end à heure de grande écoute. Un sentiment que renforce le cadre presque idyllique d'un minuscule immeuble planté au beau milieu d'un quartier tranquille de Londres.

C'est là que vivent Kate et Justin. Un jeune couple qui attend un heureux événement : la naissance de leur premier enfant. Peu de temps après, un second couple vient s'installer dans l'immeuble au rez de chaussée, juste en dessous de l'appartement de kate et Justin. Theresa et Jon attendent eux aussi un heureux événement puisque la jeune épouse attend-elle même un bébé. Invités par Kate à dîner contre l'avis de Justin, la fin du repas se termine par un accident. Une chute dans les escaliers qui cause la perte du bébé de Theresa. Après avoir tenu des propos malheureux envers Kate et Justin qu'ils accusent d'être responsables de la mort du bébé, Jon et Theresa quittent un temps le pays pour se ressourcer en Allemagne.
Lorsqu'ils reviennent plusieurs mois après, Kate a donné naissance à un petit Billy. Renouant avec leurs voisins, ils acceptent de confier de temps en temps leur enfant à Jon et Theresa. Mais alors que cette dernière semble avoir bien récupérer de la perte de son bébé, Kate dépérit. Elle semble avoir l'esprit ailleurs et oublie un jour d'éteindre le gaz. Une autre fois, elle oublie d'arrêter l'eau de la baignoire. Pire : Billy semble allergique au lait maternel. Peu à peu la jeune femme commence à douter de la sincérité des voisins et commence à épier Theresa. C'est là qu'elle découvre qu'en cachette, la jeune femme prend des photos d'elle et du bébé et va même jusqu'à lui donner le sein...

La bande musicale composée par Aderm Llhan, le cadre immaculé, et le rythme lent et cotonneux de la mise en scène procurent le sentiment que l'on est face à un drame exclusivement centré sur la perte d'un enfant et ses conséquences psychologiques sur son entourage. Et d'une certaine manière, c'est en partie le sujet de The Ones Below. Mais en se référant au film de Roman Polanski cité plus haut, allant même jusqu'à en reprendre certain éléments en les transformant (le spectateur finira invariablement par penser que le soda préparé avec « amour »par Theresa à l'attention de Kate est responsable des allergies de Billy), le britannique effectue un virage à trois-cent soixante degrés plongeant ainsi ses protagonistes au cœur d'un thriller émotionnellement très efficace.
Un peu toujours à la manière de Roman Polanski, David Farr développe différentes grilles de lecture allant du complot organisé par le couple formé par les excellents interprètes que sont Laura Birn et David Morrissey (l'inoubliable Gouverneur de la série The Walking Dead) jusqu'à la crise de paranoïa qui semble se développer chez le personnage de Kate admirablement incarné par l'actrice française Clémence Poésy.

Dans le genre film d'horreur psychologique, The Ones Belowdéroule une intrigue implacable, glaçant parfois les sangs devant un époux (l'acteur Stephen Campbell Moore) pas toujours confiant envers une épouse apparemment fort déboussolée. Visuellement, le film de David Farr n'affiche aucune espèce d'ambition. Il réserve cette dernière à travers une mise en scène épurée, efficace, sublimée par des interprètes jouant très justement leur rôle sans jamais dépasser les limites de la cohérence. Au même titre que A l'Intérieur de Julien Maury et Alexandre Bustillo mais dans un registre radicalement différent, on conseillera aux futures mamans d'aller voir ailleurs...

Pueles de Eduardo Casanova (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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Produit par le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia (El Dia de la Bestia,La Communidad, El Bar), le long-métrage d'Eduardo Casanova Pueles ne pouvait qu'intriguer que les fans du premier. Quant au contenu, la curiosité risque d'élargir son champ d'action en rameutant ceux qui considèrent encore aujourd'hui le Freaks, la Monstrueuse Parade de Ted Browning comme une œuvre cinématographique majeure. Pueles, traduit aux États-Unis et en France sous le titre Skin, et qui en espagnol signifie peaux est un long-métrage atypique où se mêle à l'humour noir, une réflexion sur la différence. Sans doute moins émouvant que l’œuvre de Tod Browning mais très certainement tout aussi attirante de part le sujet abordé, Puelespossède la particularité de présenter (exhiber ?) presque exclusivement des personnages possédant une tare physique ou mentale. C'est ainsi donc que l'on fait la connaissance d'Ana, Samantha, Guile ou encore Cristian qui tous, partagent une différence les obligeant à vivre à l'écart de la société. L'une possède un anus à la place de la bouche et vice versa. Une autre est victime d'une neurofibromatose de type 1 (maladie monogénique neurodéveloppementale causant de graves tumeurs), un troisième est brûlé sur toute la surface du corps (visage compris), un autre encore est atteint d'apotemnophilie, trouble neurologique consistant à exprimer le désir d'être amputé d'un ou de plusieurs membres qu'il considère ne pas lui appartenir.

Avec un tel sujet, l'espagnol Eduardo Casanova avait plusieurs options. Soit il proposait un spectacle misérabiliste, larmoyant, dramatique, démagogue ou moralisateur, soit il s'essayait à un exercice de style très particulier afin de distraire le public tout en le forçant à réfléchir sur la condition d'individus et sur un sujet, fort dérangeants. Il y a fort à parier que le premier sentiment du spectateur, bien avant qu'il ait pu jeter un œil au long-métrage de Casanova, sera le rejet. Voire le dégout. Pourtant, le cinéaste a l'idée assez amusante de présenter au moins un cas qui ne semble avoir jamais été relevé en terme médical. Autant certains des symptômes révélés plus hauts demeurent le reflet d'une certaine réalité (auxquels nous ajouterons les deux cas de nanisme et celui d'obésité morbide), autant la jeune femme affublée d'un anus à la place de la bouche se révèle totalement farfelue, désamorçant ainsi le caractère morbide d'un tel sujet. Morbide puisque se référant au dégoût primaire du comportant humain naturel rejetant toute forme de différence.

Eduardo Casanova illumine son œuvre d'une esthétique en totale opposition avec le sujet. Décors invariablement plongés dans des teintes rose-bonbon dont les seules variantes sont le mauve et le violet. Bande-originale totalement puérile constituée d'airs d'opéra et de chansons de variété espagnoles en décalage permanent. Pueles comprime avec intelligence toutes les formes de réaction face à ces maladies qui dérangent. Du père de famille quittant le foyer par honte d'avoir refiler sa tare à son enfant, jusqu'à l'amoureux transit considéré comme déviant, en passant par les deux frères que Mère nature a, avec ingratitude, affublé d'un quotient intellectuel de légume, terrorisant jusqu'au viol, l'un des « freaks »de cet étonnant long-métrage qui ne laissera personnage indifférent. L'humour y est noir, parfois pesant, Eduardo Casanova se laissant aller à quelques débordement trash (la jeune fille aveugle, prostituée de force et « fist-fuckée »par ses clients, ou bien la très, très grosse propriétaire d'un bar s'enfonçant le tuyau d'une douche lors d'un lavement afin de rejeter les deux immenses diamants qu'elle a volé à la première en les avalant !!!) que tout un chacun jugera de bon ou mauvais goût.
Toujours est-il que Puelespossède l'avantage de proposer un « freak-show »barré, inhabituel dans le paysage cinématographique espagnol et même mondial. Une œuvre qui n'aboutira malheureusement pas totalement dans sa réflexion, la faute, justement, à un esprit trash et humoristique ne laissant qu'une part congrue à l'émotion. Quelque part entre Freaks et Basket Case de Frank Henenlotter. A voir tout de même...

It Comes at Night de Trey Edward Shults (2017) - ★★★★★★★☆☆☆

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Outre mon amour pour les créatures rampantes et nauséabondes que représentent morts-vivants, zombies et dans une moindre mesure, infectés, c'est surtout après avoir lu un court paragraphe consacré à The Girl with all the Gifts dans le hors-série que Mad Movies a consacré aux films de genre de l'année 2017. The Girl with all the Gifts, selon l'auteur de ce court article, reprend la situation de départ du Jour des Morts-Vivants de George Romero. Soit, tout de même l'un des meilleurs représentants de sa catégorie. De quoi éveiller la curiosité des fans du regretté spécialiste du genre mort l'an passé, ainsi que d'une manière générale, tous ceux qui aiment les films d'horreur. Sauf qu'au final, cet article ne sera pas consacré à ce long-métrage au titre très étrange réalisé par Colm MCCarthy, mais It Comes at Night de Trey Edward Shults. Pourquoi ? A cause de cette « moindre mesure » citée plus haut qui m'a fait très rapidement détester The Girl with all the Gifts. Non pas pour son propos original (ni à cause de la comparaison outrancière faites avec le classique de George Romero), mais simplement parce que le genre infectés courant à toute berzingue, le rictus aux lèvres et se mouvant comme des pantins désarticulés, de mon point de vue, ça ne passe pas. Comme l'on dit, ce phénomène très à la mode depuis le début du millénaire alors qu'en dénichant bien, on peut remonter jusqu'au années soixante-dix pour en trouver un exemplaire beaucoup moins nerveux (The Craziesde George Romero, encore lui), devrait être mis à l'écart du phénomène zombies. L'amalgame voulant parfois que l'on en fasse un tout, le film d'infectés est la vérole du mythique mort-vivant du bestiaire fantastique.
Donc, table rase faite sur le sujet, c'est de It Comes at Nightde Trey Edward Shults qu'il sera question. Et comme par un incroyable hasard, figurez-vous que le monde dans lequel vit la petite famille de Paul constituée de l'époux, donc, de sa femme Sarah , ainsi que de leur fils Travis, vise justement le même type de propos tout en demeurant éminemment plus modeste puisque n'offrant pratiquement rien de quoi se sustenter aux amateurs d'infectés en dehors de l'ancêtre de cette famille « interraciale »éliminé par Paul dès les premières minutes afin de préserver l'existence du chef de famille et des siens.

Dans l'obscurité d'une demeure plantée au beau milieu d'une forêt, Paul vit avec femme et enfant et tente de survivre dans un monde dans lequel, semble-t-il, un virus a infecté une partie de la population. On devine assez vite que quelque part au delà des frontières symboliques que représente la forêt, l'humanité est retournée à la sauvagerie, chacun tentant de survivre par ses propres moyens. Paul, Sarah et Travis se sont adaptés en conservant leur humanité tout en ayant choisi de s'en écarter afin de ne pas compromettre leur intégrité physique et morale. Lorsque débarquent dans leur existence une autre famille constituée elle aussi de trois membre (Will, Kim, l'épouse, et Andrew, leur enfant), un poison va doucement mais irrémédiablement s'installer... dans la tête des spectateurs plus que dans celle des personnages contraints de force puis s'accoutumant aisément par la suite de vivre ensemble sous le même toit.
Trey Edward Shults se complaît à laisser penser que les nouveaux venus, et notamment le personnage de Will (l'acteur Christopher Abbott) auraient peut-être menti sur l'existence d'un frère. Un détail ? Pour Paul et les siens, certainement. Mais pour le spectateur, ce détail, justement, fera son petit bonhomme de chemin et laissera se gangrener l'hypothèse d'un événement tragique à venir. Home Invasion ? Peut-être, ou peut-être pas. La thématique de l'infecté parcourant toute l’œuvre, et Travis faisant de récurrents cauchemars sur la question, on s'attend généralement à ce qu'arrive le moment où l'un des six personnages montrera les premiers signes de la maladie.

Contrairement à toute attente, It Comes at Nightn'est pas un film d'horreur et arbore d'avantage le visage d'un thriller parfois sous haute tension, mâtiné de survival et dans un contexte dramatique fort. Ici, l'important pour le cinéaste américain est de démontrer que l'esprit de conservation n'a de valeur que lorsqu'il touche un individu et ses proches, toute personne étrangère pouvant être sacrifiée au bénéfice d'un homme, de son épouse ou de leur enfant. Parfois étouffant, le cadre choisi par le cinéaste ne parviendra cependant pas à être aussi délétère et cauchemardesque que celui du remarquable Don’t Breathede Fede Alvarez sorti en 2016. Plongées dans une obscurité presque perpétuelle, la maison et la forêt ne sont pas les lieux anxiogènes auxquels nous aurions pu prétendre. It Comes at Night manque de subjectivité dans sa manière de filmer ses personnages. On aurait aimé une caméra signifiant le regard de ses personnages. Les scènes nocturnes signifiant la visite de la forêt torche à la main aurait dû avoir un effet angoissant sur le spectateur mais bizarrement, rien n'y fait. C'est dans l'attente que It Comes at Night déroule son intrigue. Malgré ses défauts, le film de Trey Edward Shults est quand même une jolie surprise qui nous emmène très loin des poncifs du genre. Pas gratuit pour un sou, même certains actes finaux se justifient par l'esprit de conservation. Au final, on passe un très bon moment même si dans le genre huis-clos étouffant, on a vu bien mieux auparavant...

1732 Høtten de Karin Julsrud (1998) - ★★★★★★★☆☆☆

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Høtten, un petit village norvégien, sert de cadre au premier (et seul?) long-métrage de la productrice et réalisatrice norvégienne Karin Julsrud, 1732 Høtten. Une œuvre policière, dramatique, différente de tout ce que l'on a pu voir jusqu'à maintenant sur le sujet du vigilantisme. Sous ses airs de petit téléfilm maladroitement réalisé, ce long-métrage qui sera plus communément connu sous le titre Bloody Angels aura donc été la seule expérience de réalisatrice de son auteur. Et c'est bien dommage car si l'on dégage les quelques défauts qui émaillent son œuvre, Karin Julsrud a réalisé un film particulièrement efficace, glissant d'un humour noir plutôt mal venu vu le sujet abordé, au thriller quasi-nihiliste avec son flic torturé que l'on comparera dans une moindre mesure au Harry Angel incarné par Mickey Rourke dans le superbe Angel Heart d'Alan Parker.

1732 Høtten, c'est le récit d'un flic débarquant d'Oslo afin d'enquêter sur la mort d'un adolescent et sur la disparition de son frère survenues six mois après le viol et le meurtre d'une jeune handicapée mentale prénommée Katarina. La première partie se concentre sur l'accueil plutôt froid et distant des habitants de Høtten envers l'inspecteur Nicholas Ramm. Chambré par ses collègues et bousculé par la quasi-totalité des habitants du bourg, Ramm ne sait pas encore qu'il met les pieds dans une affaire qui dépassera de loin l'enquête habituelle. Incarné par l'acteur Reidar Sørensen, l'inspecteur Ramm n'est pas le seul personnage à en voir de toutes les couleurs. En ce sens, 1732 Høtten est dérangeant dans le portrait que fait la réalisatrice des habitants du village, soudés face à la famille de deux adolescents qu'elle soupçonne d'avoir violé et tué la jeune Katarina. Face aux rires lors de la découverte du cadavre de l'un d'eux, c'est ce décalage entre humour et fait divers sordide qui perturbe la perception du spectateur qui ne sait plus s'il se trouve face à une comédie noire au goût plutôt douteux.

D'une logique tordue qui se révélera pourtant implacable lors de la révélation finale, Karin Julsrud ne se gêne pas pour asséner aux spectateurs des scènes inconfortables. Face à l'esprit de communauté de ses habitants, c'est une guerre toute personnelle que va mener le flic d'Oslo, mettant ainsi sa propre existence en danger. Danger personnifié par un groupe s'autoproclamant « Anges Bleus » et que les spectateurs identifieront comme des individus prônant l'auto-justice.
Noir c'est noir diront certain à la vision d'un 1732 Høtten hautement pessimiste. Le récit d'un fait divers sordide traité à la manière scandinave, en plein hiver rigoureux. L’œuvre de la norvégienne semble également traiter de la transmission des gênes, des coutumes et des habitudes de ses habitants. Les gamins, comme les adultes, décidant par eux-mêmes de se faire justice. L'une des grandes forces de 1732 Høtten est d'abord de générer du dégoût de la part du spectateur pour ces habitants dont le comportement est généralement des plus odieux avant que le twist final n'explique (sans pour autant les excuser totalement) celui-ci.

L'acteur norvégien Reidar Sørensen porte presque à lui seul l’œuvre sur ses épaules, aidé en cela par le jeune Gaute Skjegstad dans le rôle de Niklas Hartmann, Si la mise en scène ne souffrait pas d'une photographie parfois navrante auréolant 1732 Høtten d'un aspect « téléfilmique »particulièrement ingrat, le long-métrage de Karin Julsrud aurait sans doute gagné ses gallons d’œuvre culte. A voir...

Vidéotopsie n°20 de David Didelot (Décembre 2017)

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C'était déjà vrai pour les numéros 18 et 19 de l'excellent fanzine Vidéotopsie(et très certainement pour ceux qui les précédèrent mais qui depuis sont devenus cruellement indisponibles), mais ça le demeure encore davantage avec ce flamboyant numéro 20 qui à l'origine, et selon les dires de son grand ordonnateur David Didelot, devait clore l'aventure. Alors qu'en secret votre serviteur et certainement tout un tas de retardataires espèrent voir un jour tous les anciens numéros être réédités, David Didelot, en compagnie du fidèle Augustin Meunier ont à eux deux réunis toutes les œuvres de la société de production cinématographique italienne fondée en 1980 par le cinéaste bis Joe d'Amato, la Filmirage. Dès la sublime couverture en forme de « mashup des artworks de Démoniaque Présence, Bloody Bird(ahhhh, le chef-d’œuvre de Michele Soavi) et de Pomeriggio Caldo » selon la formule consacrée du maître de cérémonie, le ton est donné : de la fesse, en grande majorité, saupoudrée d'une dose quand même très importante d'horreur et d'épouvante, et d'un zeste de post-apocalyptique et de sword & sorcery.
« Pour lecteurs avertis » annonce clairement la vignette apposée sous le numéro affichant l'âge de ce numéro d'un fanzine dont l'évolution chronologique n'eut aucune espèce de cohérence morne avec celle de tout individu fêtant à la même date et chaque année son anniversaire puisque ne sortant jamais à une date prédéfinie à l'avance. Vingt-cinq ans d'existence, et un avant-dernier numéro (pourvu que l'ami David change d'avis d'ici là !!!) prestigieux, touffu, exhaustif, et totalement indispensable à tout fan de cinéma bis qui se respecte. Pour ce numéro 20, l'ambition est claire : donner ses lettres de noblesse à une société de production, et par là-même, un artiste complet, en l’occurrence, le grand cinéaste italien Joe d'Amato. Titanesque est le travail accompli par le binôme Didelot/Meunier, rejoint en toute fin de parcourt (ou presque) par Emmanuel Cavallo auquel on doit un entretien réalisé le 16 octobre de l'année passée avec le compositeur Carlo Mario Cordo.

Outre cette interview, le témoignage d'Enzo Sciotti, auteur d'innombrables affiches dont celle de la Filmiragequi nous intéresse ici mais aussi celles, au hasard, du cultissime L'Au-Delà du maître du gore transalpin Lucio Fulci, et de certains long-métrages de Dario Argento et du tâcheron Lamberto Bava (oups!).

Ce numéro 20 de Vidéotopsie, soyons clair dès le début, ne franchira très probablement jamais les lourdes portes des paroisses françaises, et ce, même si une œuvre telle que Le Couvent des Pécheressesde Dario Donati tentera de redorer le blason de nonnes généralement engoncées dans leur uniforme de religieuses. Car de la fesse, ce numéro spécial en contient un certain nombre. Allant de paire avec de généreux « boobs », c'est David lui-même qu'il s'y colle, endossant ainsi le rôle que des malveillant pourraient considérer injustement comme de la perversion. Car le bonhomme s'y entend. Avec l'humour qu'on lui connaît et ce parler naturel qui le définit même jusque dans son écriture, d'une générosité toute désinvolte mais jamais grossière. Pari risqué que d'asséner au lecteur des pages entières vouant un culte à la fesse légère de certaines égéries d'un cinéaste s'étant laissé glissé vers plus de sexe et moins d'horreur à la fin de sa carrière, mais pari définitivement réussi.
Le duel opposant perpétuellement les textes de David GENERALEMENT voués aux penchants érotiques (quand il ne s'agit pas purement de pornographie) de Joe d'Amato à ceux d'Augustin Meunier, davantage versé dans le cinéma bis horrifique habituellement recensé dans les pages du fanzine, permettra aux frileux de se faire au contenu d'un numéro hors-norme mais simplement... indispensable.

Imaginez : cent-quatre vingt huit pages consacrées à un seul et même sujet, cela force le respect et laisse augurer bien avant la lecture des première pages du travail titanesque accompli par celui qu'on finira par considérer comme un membre de sa propre famille à force de suivre son actualité sur sa page Facebook, ou de lire en long, en large et en travers ses écrits (Vidéotopsie, GORE : Dissection d'une collection, et BRUNO MATTEI, Itinéraire Bispour ne citer que parmi ses plus grandes œuvres). Rien n'aurait été pareil sans la participation tout aussi conséquente d'Augustin Meunier dont sa part de travail d'archivage demeure tout aussi exemplaire que celui effectué par David. Une écriture limpide et passionnante, dont l'apport d'un certain humour ne dépareille jamais avec les bluffantes connaissances du duo. Outre ses immenses qualités, le principal atout de ce numéro consacré à Joe d'Amato (entre autre) et à la Filmirage est d'offrir une perspective différente du cinéma bis auquel certains (dont votre serviteur) ne s'étaient contentés que de lui coller une étiquette réduisant le champ d'investigation à sa simple expression : de l'horreur, de l'action, du Z, mais surtout pas de cul !
Laissez-vous plonger dans les affres de la sensualité made in Filmirage. Ouvrez tous ces merveilleux présents mis à votre disposition par les généreux donateurs que sont David Didelot et Augustin Meunier et profitez de l'humide galerie de photos offerte en suprême délice peu avant la fin de ce précieux ouvrage. En attendant le prochain (et malheureusement dernier, snif!) numéro de Vidéotopsie prévu pour cette année...

Capture Kill Release de Brian Allan Stewart et Nick McAnulty (2016) - ★★★★★☆☆☆☆☆

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Sous la forme d'un found-footage appliquant les technique de tournage inhérentes au genre (cadrage approximatif, zooms et dé-zooms répétés, flous ponctuels, tremblements...)Capture Kill Release tente avec plus ou moins de réussite de créer un climat proche des fameux snuff-movies fantasmés par certains individus et montrant des scènes de torture et des meurtres réels. Ceux qui comme votre serviteur ont eu l'insigne horreur d'assister à la projection de l'insupportable Three guys, One Hammeraffirmeront en connaissance de cause qu'aucune fiction ne parviendra jamais à retransmettre l'exact sentiment d'épouvante ressenti devant un étalage aussi épouvantable perpétré et filmé par trois types assez cons pour avoir diffusé leur méfait sur internet et ainsi permettre aux autorités ukrainiennes de les arrêter, de le les juger et de les condamner. Sur le principe, l'œuvre de Brian Allan Stewart et Nick McAnulty est donc des plus opportuniste mais manque très certainement le coche en éludant tout ce qui aurait pu éclairer la lanterne de ceux qui, au besoin, auraient aimer en savoir un peu plus sur la psychologie des tueurs en herbe tel Le Dépeceur de Montréal plus connu sous le nom de Luka Rocco Magnotta qui après avoir passé sa courte existence à courir les castings sans jamais réussir à se distinguer, tua un étudiant chinois installé au Canada, le découpa et eut des rapports anthropophages et nécrophilique devant la caméra avant de lui aussi, diffuser la vidéo sur Internet.

Alors que le narcissique Luka Rocco Magnotta perpétra son méfait et le partagea sur la toile pour la simple et mauvaiseraison de vouloir sortir enfin de l'anonymat, les deux principaux personnages de Capture Kill Releaseinterprétés par Jennifer Fraser et Farhang Ghajar (co-scénaristes du films auprès de Nick McAnulty) semblent être poussés à commettre un acte irréparable pour d'obscures raisons. Le désir de tuer, ici, prend la forme d'un fantasme sexuel s'exprimant d'ailleurs devant la caméra portative de Jennifer et Farhangl lorsqu'une fois mémorisées les différentes étapes de leur projet d'assassinat à venir, ils concluent leur « pacte »par un rapport sexuel morbide contre le bord de la baignoire qui plus tard servira de lieu de débauche ultime puisque le spectateur y assistera à la découpe ultra-réaliste d'un clochard tombé dans le piège d'une invitation à dîner.

Comme dans tout bon (et surtout, tout mauvais) found-footage, Capture Kill Release démarre par d'interminables lignes de dialogue inutiles nous présentant le décor et les personnages. Après un passage tout aussi peu intéressant au rayon bricolage d'un magasin où la paire achètera tout le matériel nécessaire pour tuer, découper et se débarrasser de leur future victime, l'une des rares bonnes idées du long-métrage se profile dès que le personnage de Farhang réalise qu'ils vont réellement passer à l'acte et ce, sous l'impulsion exclusive de Jennifer qui, pour le coup, se révèle particulièrement perverse. Totalement obnubilée par la caméra (des flashs-back nous transportant lorsqu'elle était gamine tentant très certainement de justifier un tel engouement pour la vidéo), la jeune femme demeurera sourde devant les suppliques d'un compagnon déjà incapable de maîtriser ses émotions lorsqu'il s'agit de tester leur aptitudes à commettre un meurtre en tuant un chat ! Reculant devant l'horreur qui se profile, Capture Kill Release devient donc un combat permanent entre une Jennifer aussi séduisante que machiavélique et un Farhang qui veut tout laisser tomber. La suite nous apportera la preuve de l'ascendant de Jennifer sur son petit ami. Évidemment gratuit, le meurtre du clochard Gary est suivi d'une découpe de son cadavre particulièrement convaincante. Les effets-spéciaux sont saisissant de réalisme au point que l'on se demande dans quelle mesure le bras débité n'est pas réellement celui d'un homme...

Capture Kill Release, en la matière, n'innove à aucun moment puisque l'on avait déjà pu avoir bien avant la sortie de ce film, l'occasion d'assister à de tels actes de barbarie (au hasard, la découpe du cadavre dans le malodorant Nekromantik 2 de l'allemand Jörg Buttgereit. De plus, Brian Allan Stewart et Nick McAnulty bâclent totalement la fin de leur long-métrage lors d'un deuxième meurtre finalement plus attendu que le premier puisque l'individu visé est du type « gros con de service ». Comme si les deux cinéastes avaient hâte d'en finir avec leur projet, estimant que l'essentiel avait déjà été produit dans la première partie du long-métrage. Au final, Capture Kill Release est un found-footageni bon, ni mauvais et qui, chose tout de même importante pour le confort visuel, n'assomme pas le spectateur en agitant la caméra dans tous les sens...

Always Shine de Sophia Takal (2016) - ★★★★★★★☆☆☆

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Always Shine, second long-métrage de l'actrice et réalisatrice américaine Sophia Takal après Green en 2011, serait le remake du huitième film que réalisa le réalisateur, scénariste et producteur américain Robert Altman en 1972. Au cœur d'une intrigue s'employant à démonter certaines mécaniques propres à la jalousie, à l'envie et au manque de confiance en soi, Anna et Beth. Deux jeunes femmes aussi blondes, mais bien moins maniérées, que les shampouineuses et manucures habituellement (et sempiternellement) caricaturées. Deux amies, de longue date, toutes deux actrices, mais à différents niveaux. Pour que cloche leur relation alors qu'elles partent pour quelques jours se ressourcer à la campagne (et profiter de la maison de la tante d'Anna), il fallait bien que la cinéaste invoque à travers le scénario de Lawrence Michael Levine (Gabi on the Roof in July) une raison valable pour que naisse de ce week-end au départ idyllique, une séance de crêpage de chignons un brin dérangeant.
D'un côté, Beth donc. Héroïne de quelques minuscules bandes numériques mais suffisamment connue sur les réseaux sociaux pour qu'une « groupie »interfère dans la discussions autour d'une table impliquant son amie de toujours Anna. Déjà, on note une réaction de cette dernière plutôt troublante. Jalouse, Anna ? Peut-être. Ou peut-être pas encore. Mais l'on sent déjà pointer chez elle une certaine gêne devant l'engouement de la fan de service pour son amie alors qu'elle-même galère pour trouver des rôles au cinéma. Une situation que ne fera que s'aggraver car, non contente de « crouler » sous les demandes, Beth attire davantage les hommes que son amie Anna. Il y a donc dans ce parallèle, de quoi appesantir l'ambiance de ce Always Shinequi sombre peu à peu dans l'aigreur d'une jeune femme qui voit des myriades de tapis rouges se dérouler devant sa meilleure copine. Une Beth a priori peu sûre d'elle, préférant se dénigrer afin de ne pas blesser une Anna qui ne mettra pas longtemps pour voir dans le jeu de son amie, un certain niveau de perversion.

Toute la question demeurant au fil d'une intrigue reposant presque exclusivement sur le jeu des actrices Caitlin Fitzgerald (Dirty Movie), et surtout sur celui de Mackenzie Davis (Freaks Of Nature), de savoir à quel niveau situer le comportement de l'une et de l'autre. L’œuvre s'ouvrant sur un casting auquel participe Beth, la réponse y demeure sans doute concernant cette timide et fragile jeune interprète que son amie finit par dénoncer comme étant une réelle manipulatrice. Sauf qu'en instaurant un climat délétère où la jalousie de l'une bouffe littéralement l'espace, on se demande même jusqu'au générique de fin dans quelle mesure tout n'est que le fruit de l'esprit tourmenté d'Anna.
Sophia Takal s'amuse à placer quelques pièces dans cet ingénieux puzzle mental forçant le spectateur à remettre sans cesse en question les éventuels acquis. Beth s'ennuie-t-elle lorsqu'Anna fait le forcing devant un beau mâle quadragénaire finalement séduit par la première que par la seconde ou se désespère-t-elle en secret de voir son amie jeter son dévolu sur un individu qu'elle aurait préféré elle-même s'accaparer ? La réponse arrivera bientôt sous l’œil perturbé d'une Anna qui s'enfonce (sans doute) peu à peu dans la psychose. Là encore, quelques éléments viennent étayer l'hypothèse selon laquelle, la pauvre petite Beth n'est pas aussi angélique que voudrait le laisser entendre son joli minois : pourquoi n'a-t-elle pas prévenu son amie qu'un jeune cinéaste amateur voulait l'engager sur le tournage d'un court-métrage ? Le spectateur, pauvre pomme endormie par l'astucieuse mécanique mise en place par la cinéaste, pensera bêtement que la première aura tu l'information pour protéger son amie d'une déconvenue (le jeune réalisateur n'acceptant la présence d'Anna sur le tournage de son court-métrage que si elle l'autorise à la débaucher sans contrepartie financière !).

Always Shine est un astucieux ballet qui recèle de nombreuses scènes dont l'aura est démultipliée par l'interprétation si impeccable de ses deux principales actrices, qu'aucune surenchère visuelle n'y demeure indispensable. Encore une fois, c'est bien grâce à la présence à l'écran de MacKenzie Davis que l’œuvre de Sophia Takal prend toute son ampleur. Tour à tour virile, sexy, sensuelle, ou schizophrène, elle porte littéralement l'adaptation du scénario de Lawrence Michael Levine sur ses épaules. Always Shineest fin, psychologiquement perturbant, et si j'ai décidé de lui retirer une étoile sur les huit que j'avais prévu lui mettre, c'est en raison d'une conclusion attendue et manquant totalement de surprise. Mis à part ce détail...

Louise-Michel de Gustave Kervern et Benoît Delépine (2008)

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Alors que toutes les employées d'une usine de textiles ont reçu en cadeau une blouse de travail toute neuve, toutes SAUF Louise Ferrand, le patron de l'entreprise profite de leur absence pour déménager l'intégralité des machines durant la nuit. Abasourdies, Louise et ses collègues doivent réagir au plus vite. Elles réunissent leur indemnités et accumulent vingt-mille euros qu'elles décident d'employer afin de faire tuer leur patron. C'est Louise qui s'y colle et la voilà partie à la recherche de celui qui les débarrassera, elle et ses compagnes d'infortune, de leur salopard de boss.

Louise tombe sur Michel Pinchon. Un beau parleur qui possède en réalité aussi peu de courage et de talent dans la profession qui intéresse Louise qu'il a d'argent. Incapable d'orchestrer le meurtre d'un chien qui doit lui rapporter vingt euros, le voilà prêt à tout pour empocher les vingt-mille euros promis par Louise. Mais la tâche va se révéler plutôt rude. Après avoir demandé à une amie en phase terminale d'un cancer de tuer le dit patron d'après photo, la jeune femme ayant lamentablement échoué en tuant une autre personne, Michel et Louise font route ensemble, bien décidés à venir à bout de leur objectif. Parce que Michel semble incompétent, Louise va l'assister dans sa mission...

Derrière la réalisation de Louise-Michel se cachent Gustave Kervern et Benoît Delépine que l'on connait surtout pour les avoir découvert sur la chaîne Canal Plus avec des émissions humoristiques tournant autour de la Principauté fictive, Groland. Ils n'en sont donc pas à leur premier coup d'essai en matière d'écriture (les deux hommes sont également les auteurs du scénario) et furent déjà les auteurs de plusieurs longs-métrages dont Aaltra, Avida, et plus tard Mammuth avec Gérard Depardieu. Il ne faut donc pas être devin pour comprendre que le contenu de Louise-Michel sera à peu de chose près de même nature que les sketches souvent corrosifs proposés par Canal Plus le samedi en première partie de soirée. Le casting est long comme un rouleau de papier toilette et l'on retrouve une partie de l'équipe de Groland dont les deux cinéastes sont les parmi les plus fiers représentants. A leurs côtés, on découvre Benoît Poelvoorde, Kafka, plus connu sous le nom de Francis Kuntz, le dessinateur et caricaturiste Siné, l'acteur-réalisateur-humoriste Albert Dupontel, le chanteur Philippe Katerine et surtout Bouli Lanners et l'ancienne Deschiens Yolande Moreau qui forment tous les deux un tandem bien particulier.

On retrouve une Yolande fidèle à elle-même, jouant sur son physique particulier et un Bouli Lanners toujours aussi épatant. Il y a de la mélancolie dans ce film à l'humour noir irrésistible. Noir mais pas trash comme peuvent l'être certains sketches Groland. Passée la minuscule déception qui peut naître lorsque l'on comprend que le film n'irai pas aussi loin qu'on aurait aimé, Louise6michel se révèle une bonne surprise. Mêlant le social à la comédie noire, Louise-Michelest un excellent défouloir, un exutoire aux maux de notre société. Sous la forme d'un long-métrage, les duos (de cinéastes et d'interprètes) parviennent à nous soulager de cette trop forte pression qui nous donne envie de prendre les armes pour combattre ceux d'en haut qui nous méprisent tant. Moins jusqu’au-boutiste dans sa forme qu'une œuvre d'Albert Dupontel, Louise-Michel demeure pourtant une réussite...

Lady Macbeth de William Oldroyd (2016) - ★★★★★★★★☆☆

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N'entretenant que de très exigus rapports avec la tragédie éponyme du dramaturge et écrivain britannique William Shakespeare, Lady Macbeth(ou The Young Lady) n'use donc pas de l'outil cinématographique afin de pallier au manque de culture des profanes en littérature anglaise mais s'adresse plutôt à celle et ceux qui se passionnent pour ces faits divers qui même aujourd'hui défraient la chronique judiciaire. Nous sommes pourtant en 1865 dans la campagne anglaise. Quelque part dans une luxueuse demeure y vit Katherine, jeune et séduisante femme vendue avec un lopin de terre à un homme riche et deux fois plus âgé qu'elle dénommé Alexander Lester, lequel l'épouse et l'installe chez Boris, son père.
La vie de Katherine y est rude, monotone, sans amour. Il lui est interdit de sortir, de sourire, et de parler sans l'accord de son époux et doit se plier à des règles stricts avec lesquelles la jeune femme a de plus en plus de mal à s'accorder. Épuisée par des contraintes quotidiennes qui la minent telle une fleur qui se fane, Katherine profite de la longue absence de son époux et de son beau-père pour se reposer et surtout, faire la connaissance de Sebastian, le nouveau palefrenier. Après un premier contact plutôt viril, la châtelaine et le responsable des écuries vont éprouver de violents désirs l'un envers l'autre. Ils vont s'aimer et se retrouver chaque fois qu'ils en auront l'occasion sous l’œil indiscret d'Anna, une jeune domestique noire. Les amants devront vivre leur amour le plus intensément possible car le retour du beau-père, puis de l'époux de katherine est déjà programmé...

Un film en costumes... le thème est suffisamment rare en ces pages pour qu'il mérite d'être évoqué. Si d'une certaine manière le cinéaste William Oldroyd aurait pu intégrer ses personnages dans un cadre contemporain, il y a dans la rigueur apportée à l'interprétation de certains des actrices et acteurs un certain rapport entre celle-ci et l'époque dans laquelle elle s'inscrit. Corsetée de force, Katherine vit dans une prison dorée, une cage fermée à double tours d'où ce joli oiseau n'a nulle possibilité de fuir. Du moins jusqu'à ce que ces deux monstrueux individus que sont son mari et son beau-père (les impeccables Paul Hilton et Christopher Fairbank) fichent le camp et laissent le champ libre à la jeune femme d'ouvrir la cage et parcourir un monde dont les frontières n'iront pas au delà des champs qui entourent la propriété.
Lady Macbeth s'emploie à décrire le lent cheminement d'une jeune femme épousée à seule fin de procréer et ainsi, donner naissance à la descendance d'un individu austère et indifférent. Inspiré du scénario écrit par Alice Birch à partir du roman Lady Macbeth du district de Mtsenskde l'écrivain russe Nikolai Leskov, le long-métrage de William Oldroyd fait tout d'abord état de la condition de la femme au dix-neuvième siècle, entretenue mais réduite à sa plus simple utilisation : servir son époux et lui donner des enfants. Ensuite, l’œuvre du britannique s'attache à développer son intrigue autour des amours adultères entre la bourgeoise Katherine et le domestique Sebastian. Une relation violente et passionnée mais forcément compromise par le retour prévu du beau-père d'abord, puis plus tard de son époux. Pourtant, contre ce désagrément, Katherine trouvera une solution radicale à ce problème en assassinant les uns après les autres tous ceux qui se mettront en travers de leur chemin à Sebastian et elle. Un Sebastian se révélant d'ailleurs excessivement farouche, puisqu'ayant de plus en plus de difficultés à accepter de participer à des homicides dont le point d'orgue interviendra vers la fin d'un long-métrage s'inscrivant davantage au fil de l'intrigue, dans l'horreur moralement la plus abjecte.

Lady Macbeth est l'incarnation de l'émancipation d'une jeune femme s'extrayant de sa chrysalide dans la douleur. Pour un premier long-métrage, William Oldroyd tape dans le mille avec un film historique finalement peu ambitieux en terme de décors et de costumes d'époque, forçant ainsi le trait d'une vie sacrifiée à l'élément patriarcal. Son œuvre est parfois d'un esthétisme offrant à certains plans la beauté d’œuvres picturales saisissant dans leur absence de mouvement, des témoignages vifs d'une époque aujourd'hui révolue mais dont certains comportements ont survécus à l'évolution des mœurs dans certaines contrées. L'actrice originaire d'Andalousie Florence Pugh, car il s'agit bien d'elle, porte littéralement le film sur ses épaules. D'abord douce et fragile, puis glaçante comme la Faucheuse, l'actrice est accompagnée d'un Cosmo Jarvis incarnant un Sebastian sauvage et prisonnier de son désir. Pour un premier long-métrage, Lady Macbeth frise le statut de chef-d’œuvre et se pose en concurrent sérieux au long-métrage La Comtessede l'actrice et réalisatrice française Julie Delpy, cette fois-ci inspiré par la célèbre comtesse hongroise Élisabeth Báthory renommée pour avoir été parmi les plus connues des meurtrières du dix-septième siècle de son pays...

Coup de Gueule !!!

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J'aime, j'aime pas... j'aime, j'aime pas... j'aime... et puis, finalement, non, j'aime pas... Ce gros con de James Franco. Avec sa gueule d'ange, son air baroudeur en costard-cravate qui colle bien à la peau du type qui monte sur la scène pour récupérer son Golden Globe pour son interprétation de Tommy Wiseau dans le biopic qui lui est consacré. Il faut savoir que ce dernier, dont le nom n'était sans doute pas connu de beaucoup d'entre nous mais auquel j'avais consacré un article pour son film culte The Room le 23 mars de l'année passée, lequel, espérons-le aura le mérite d'être enfin reconnu, méritait plus que du mépris. D'une part pour avoir réalisé l'un des pires nanars de l'histoire du cinéma, et d'autre part pour cette humanité par forcément évidente au premier abord, mais dont la tentative a échoué lorsqu'il s'est vu refoulé lors de la cérémonie du 7 janvier dernier, par le gros con cité plus haut, qui du haut de son arrogance, et sans doute afin de faire rire un public forcément acquis à sa cause (tel un adolescent utilisant de sa supériorité physique pour s'en prendre au plus faible que lui), a simplement refusé à Tommy Wiseau l'occasion de s'exprimer au micro.

Une attitude lamentable qui laisse augurer de la moralité d'un artiste qui, « fait amusant », s'est ensuite vu accuser de harcèlement sexuel alors même qu'il était supposé « marquer son soutien aux femmes victimes de violences sexuelles » (La Dépêche). Quelle ironie. Mais ne voulant pas faire de sensationnalisme à la Voici, retournons à nos moutons. Bouleversé, ais-je été en visionnant les images de ces quelques secondes voyant Tommy Wiseau monter sur la même scène que James Franco, ce dernier mettant en valeur son frère Dave tout en éludant simplement et (pas franchement) proprement la présence de l'auteur de The Room. Si jamais, l'envie d'aller lire l'article que j'ai consacré à Tommy Wiseau vous titillait, gardez tout de même à l'esprit que chaque mot employé, chaque phrase fut écrit dans le respect de l'artiste. Même lorsqu'il m'a fallut apparaître virulent.

Finalement, dans un soucis sans doute non-calculé de la part de James Franco, l'effet produit sur le cinéphile ne pourra être qu'inversement proportionnel aux réactions d'un public américain guindé lors des Golden Globe qui rigola à gorge déployée tandis que Tommy, lui, reculait d'un pas, d'abord souriant, sans doute en son for intérieur quelque peu gêné, avant de tenir la chandelle à un Franco souriant de toutes ses merveilleuses dents blanches.

C'est à se demander s'il faudra aller voir The Disaster Artistlorsqu'il sortira sur nos écrans le 7 mars prochain. Sûr d'une chose qui veut que les fans de James Franco se fichent sans doute qu'il ait pu avoir un comportement aussi misérable, ceux-ci rempliront probablement les sièges des salles obscures. Les autres, attachés comme moi à un certain respect envers ces cinéastes qui très longtemps ont été moqués (et là, je me tourne vers un certain David D., auteur, par exemple, d'un ouvrage essentiel consacré au cinéaste culte Bruno Matteï) se poseront la question. Si mon choix est fait puisque je connais déjà l'histoire entourant l’œuvre de Tommy Wiseau dont il est question dans le biopic qu'à lui-même réalisé James Franco (c'en est même à se demander si l'acteur-réalisateur ne serait pas schizophrène !), sans doute faudra-t-il pour certains, passer d'abord par cette épreuve avant de se lancer dans la projection d'un The Roomglorifiant un artiste complet (vous comprendrez l'allusion rien qu'en suivant le déroulement du générique du début), narcissique et hautain. Mais qui grâce à James Franco, finalement, aura su se rendre attachant lors d'une poignée de secondes humiliantes.
Il y a des situations lors desquelles nous aimerions qu'un acteur ressemble davantage à un ou plusieurs de ses personnages. Comme j'aurais aimé que James Franco incarne une fois encore le le Jake Epping de l'excellente série 22.11.63. Et surtout, comme j'aurai aimé qu'il puisse être transporté quelques secondes avant son fatidique geste envers Tommy Wiseau afin de réparer cette impardonnable erreur...

Pour finir, qui mieux que l'artiste lui-même pour donner envie de découvrir son seul et unique long-métrage en tant que réalisateur ? Voici les quelques mots que Tommy Wiseau aurait prononcé si Franco ne l'en avait pas empêché selon The Los Angeles Times :
« "Si un maximum de gens s’aimaient les uns les autres, le monde serait meilleur. Regardez The Room, amusez-vous et profitez de la vie. Le rêve américain est toujours vivant, et bien réel." ».

Wolfzeit de Michael Haneke (2002)) - ★★★★★★☆☆☆☆

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En exploitant un cadre de fin du monde avec son septième long-métrage, le cinéaste autrichien Michael Haneke persévère pourtant dans son aptitude à sonder l'âme humaine. Après les excellents La Pianiste et avant Caché, il plonge ses protagonistes dans un monde dévasté par un fléau dont l'origine demeure inconnue des spectateurs. C'est là qu'interviennent des interprètes aussi divers qu'Isabelle Huppert, Maurice Bénichou, Patrice Chéreau, Béatrice Dalle, Serge Riaboukine ou encore Olivier Gourmet. Plus proche d'un Malévilsigné Christian de Chalonge et adapté d'un roman de Robert Merle que d'un blockbuster américain reposant presque exclusivement sur ses effets visuel, Wolfzeit(chez nous, Le Temps du Loup) n'est pas que l'adaptation d'un scénario écrit par Michael Haneke lui-même mais s'inspire en fait davantage de La Völuspá (La Prophétie de laVoyante),un poème de la mythologie nordique dont l'auteur demeure inconnu.
Le spectateur aura beau chercher dès le générique d'ouverture le nom d'un quelconque compositeur, le film est à ce titre, d'une sécheresse exemplaire puisqueWolfzeit ne contient pas la moindre source musicale. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles l’œuvre de l'autrichien n'a pas reçu l'accueil escompté. Pour celle-ci, mais également pour l'économie de moyens en terme d'action, le long-métrage reposant exclusivement sur l'interprétation.

Tourné sous la forme d'un huis-clos, il connecte dans un monde où l'homme bataille en permanence pour sa survie, des individus de toutes espèces réunis dans une gare de campagne dans l'attente d'un train qui ne viendra peut-être jamais. C'est là qu'ils sont rejoints par Anne et ses deux enfants après que l'époux de la jeune femme ait été tué alors que la famille tentait de rejoindre leur refuge situé en pleine campagne. A ce titre, l'ouverture de Wolfzeitreflète une certaine vision post-apocalyptique de l'un des plus traumatisants long-métrages de l'autrichien, Funny Gamessorti six ans plus tôt en 1997. Où la vision toute personnelle de Michael Haneke d'un genre devenu à la mode depuis quelques années, le Home-invasion. De l'état d'urgence de sauver sa propre existence ainsi que celle de ses deux enfants, Anne parcourt en leur compagnie une campagne française que l'on situera à la périphérie de la capitale, jusqu'à trouver un refuge dominé par un Olivier Gourmet incarnant Koslowski, sorte de “général“décidant arme au poing de la façon d'organiser la survie d'une “communauté“ sans cesse grandissante.

L’austérité dominant le projet comme cela est souvent le cas chez Michael Haneke, Wolfzeit souffre peut-être d'un rythme un peu faible en comparaison de ses travaux passés et à venir. L'oeuvre n'étant pas à la réjouissance d'un spectacle visuellement chargé en terme d'effets-spéciaux (à tel point que le cinéaste fait l'économie de maquillages en tuant un cheval pour de vrai), son œuvre est d'un point de vue divertissement, plutôt hermétique. Afin de signifier un univers chaotique, pessimiste et post-apocalyptique sans pour autant faire appel aux décors d'une cité intégralement détruite par un fléau, le cinéaste tourne son film dans les municipalités de Frankenau-Unterpullendorf et de Ebenfurth en Autriche. Choisissant la campagne plutôt que la ville, le cinéaste plonge une très grande partie du long-métrage dans une nuit profonde, sans étoiles et sans Lune, éclairée par quelques rares feux de camp lorsque ses interprètes ne sont pas simplement plongés dans une obscurité presque totale. Même la journée est parfois voilée. Une brume épaisse enveloppe le cadre, noyant tout ce qui autour du champ d'action des interprètes pourrait nous rappeler un quelconque signe d'une civilisation passée.
Si le casting demeure solide malgré les réserves émises plus tard par Michael Haneke sur certains de ses choix, aucun interprète ne se trouve réellement hissé au premier plan. Au regard de l'oeuvre toute entière de l'autrichien, Wolfzeit se révèle en effet parmi ses films les moins forts. Il n'en demeure pas moins une expérience de cinéma post-apocalyptique franco-germano-autrichien intéressante. Pour amateurs avertis...

The King of New York d'Abel ferrara (1990) - ★★★★★★★★★★

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Accompagnant un Bad Lieutenant qu'il signera deux ans plus tard en 1992, en ajoutant même The Addiction réalisé en 1995, le cinéaste new-yorkais Abel Ferrara mettait en scène en 1990 un TheKing of New York ouvrant le bal d'une trilogie d'une exceptionnelle qualité. En fait de trilogie, il faudrait en réalité inscrire à la liste des hommages rendus à un cinéaste underground à sa ville natale, une bonne majorité de ses longs-métrages, à commencer par le crapoteux Driller Killer, jusqu'à certaines de ses dernières œuvres signée dans le courant des années 2000 en passant par Fear City ou encoreMS.45. TheKing of New York est de ces longs-métrages qui à la sortie de leur projection demande quelques instants pour sortir totalement du contexte dans lequel ont été plongés durant plus de cent minutes ses personnages ainsi que les spectateurs. Accompagné des fidèles Nicholas St. John au scénario et de Joe Delia à la bande-son, le cinéaste originaire du Bronx signe une œuvre dont l'intensité dramatique culmine lors d'expositions nocturnes sublimées par la photographie du monténégrin Bojan Bazelli. La noirceur de l'intrigue et le désespoir dans lequel baigne le récit ouvre des perspectives à un Abel Ferrara coutumier du fait et qui installera au panthéon du film policier nihiliste, un Bad Lieutenantcrépusculaire.

Le roi de son New-York, de cette cité à laquelle est demeuré fidèle Abel Ferrara, sort de prison, déchu de son titre depuis sa cellule par des organisations criminelles mexicaines ou chinoises qui ont su profiter de son absence pour mettre la main sur le trafic de drogue vérolant une cité où les enfants ne sont pas les dernières des victimes. De la poudre blanche, d'abord, mais également de la prostitution. Une vision que ne partage pas Franck White, admirablement interprété par Christopher Walken dans l'un de ses meilleurs rôles. En total décalage, le spectateur assiste à la reconquête d'un territoire par un individu qui, accompagné de ses fidèles lieutenants (dont le génial Laurence Fishburne, dans la peau de Jimmy Jump), dessoude un à un ses principaux rivaux. Face à cette montée de la violence dont Franck a la judicieuse idée d'expliquer au flic Roy Bishop (excellent Victor Argo) que durant son incarcération, elle n'a pas cessé d'augmenter, Abel Ferrara oppose un flic tenté de se corrompre lui-même devant l'inefficacité de la justice acceptant l'argent sale de Franck contre la libération de Jimmy et de ses hommes de main.

TheKing of New York possède une force incroyable. Sa mise en scène, l'interprétation, la photographie ainsi que la bande-son en font un monument glaçant, jamais opportuniste (chaque action étant légitimée), mais que d'aucun pourra juger de partiale dans le portrait d'un Franck Black érigé en héros comme le sera le flic corrompu de Bad Lieutenant. D'ailleurs, en regardant bien, sous certains aspects, les destins de ces deux héros de fiction possèdent des trajectoires à peine distinctes. Deux lignes parallèles opposant le flic à la vermine, deux individus poussés par une volonté semblable de réussite, avec plus ou moins d'ambition (entre les paris ratés de l'un et la conquête du réseau de drogue de l'autre), mais une réussite fort inégale puisque à sens unique. Abel Ferrara ne voulant apparemment pas faire l'éloge ou l'apologie de l'un ou de l'autre, il leur réservera un sort similaire. Christopher Walker y est formidable de justesse et de charisme, affichant un visage blafard qui ne cessera de s'assombrir à l'image du récit. Le cinéaste lui oppose un David Caruso auquel le spectateur demeurera éminemment plus réceptif envers le personnage de Dennis Gilley qu'à son amorphe interprétation de flic de la police scientifique de la série télévisée Les Experts Las Vegas. Vengeance, trahison, exécutions sommaires ou bien gunfights sous perfusion de musique rap, TheKing of New York est l'un des trois plus grandes œuvres de leur auteur. Une magistrale leçon de cinéma... a voir, à revoir, encore et encore...

Héros de Bruno Merle (2007) - ★★★★★★★☆☆☆

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Il aura sans doute fallut qu'émerge de tout ce fatras de comédies juvéniles et « crétinisantes », l’œuvre d'un certain Bruno Merle, scénariste et réalisateur d'une poignée de court-métrages et d'un seul au format long, celui dont nous allons parler ici. Héros, conspué par une majorité des critiques professionnels mais sauvé par une poignée d'anonymes qui ont découvert tout comme votre serviteur, un Michael Youn extrait du carcan nocif dans lequel bien trop d'individus l'ont cantonné. L'ancien animateur de télévision, célèbre pour son émission Le Morning Livediffusée entre 2000 et 2002. La télé poubelle dans sa plus simple expression. En parallèle, un début e carrière au cinéma. Quelques comédies pas franchement irrésistibles et ne mettant jamais en valeur un interprète que les médias se feront un devoir d'assassiner à chaque intervention. Du moins, les moins indulgents. Ces pseudo-intellectuels du Paysage Audiovisuel Français qui se sont pourtant nourris de cet article incompris et, parfois incompréhensible. Une carrière sacrifiée à la bouffonnerie à laquelle, pourtant, le cinéaste français Bruno Merle proposera une alternative osée, risquant d'anéantir une fois pour toute la carrière d'un Michael Youn confiné aux rôles de comique. Pourtant, Hérosva révéler au public un acteur différent de celui auquel il était habitué. On quitte ainsi la sphère habituelle dont la force d'attraction empêchait Michael Youn de se libérer pour plonger dans l'univers sombre et tragique de Pierre Forêt, chauffeur de salle.

Michael interprète donc ce personnage solitaire qu'une succession de drames personnels ont plongé dans un état dépressif insolvable. L'amour de sa vie s'est envolée voilà dix ans. Lisa, sa Roxane, promise selon lui à une brillante carrière d'actrice. Son père, lui, est mort et se décompose lentement dans l'une des pièces de l'appartement où vit Pierre. Incapable de se défaire de son géniteur, il invoque des raisons futiles afin de le conserver auprès de lui. Et puis, il y a Maurice, le voisin atteint d’écholalie. Et surtout Clovis Costa, star du rock que Pierre a kidnappé et garde enfermé dans un pièce où tourne en boucle des enregistrements de rires. Pierre n'en peut plus de faire rire, lui qui rêve d'être chanteur et acteur dramatique. Mais personne ne croyant ou ne voulant de cette facette de son talent, il espère, lorsque l’enlèvement de Clovis Costa sera public, pouvoir parler au président de la République afin d'évoquer ses exigences : organiser un concert pour le rockeur auquel il participera lui-même en tant qu'interprète. C'est dans cette bulle, à l'écart de toute forme d'humanité que Pierre va évoluer...

Cela va sans dire, dès les premières minutes, Hérosse révèle être un objet filmique non identifié. De ces OFNI assumant totalement leur originalité et une certaine spontanéité. Pourtant réalisé il y a une dizaine d'années sur la base d'un scénario écrit à quatre mains par le cinéaste lui-même ainsi que par Emmanuelle Destremau, le long-métrage de Bruno Merle bien davantage que beaucoup d'autres comédies dramatiques mérite le statut d’œuvre culte de part son approche tout à fait originale. Une histoire casse-gueule, qui sans un minimum de maîtrise aurait flirté avec le ridicule mais qui grâce à l'étonnante performance de Michael Youn à gagné ses galons de film culte.Alors, bien sûr, on entendra quelques critiques avec, avouons-le, une certaine justesse, revenir sur les défauts d'une première œuvre pourtant courageuse. Mais là où le cinéaste et le principal interprète (accompagné, ne l'oublions pas, de Patrick Chesnais, Élodie Bouchez et Jackie Berroyer pour ne citer qu'eux) méritent tout notre respect, c'est dans la prise de risque. En cela, on ne peut qu'applaudir et ce, même si les deux heures (ou presque) que dure Héros auraient mérité d'être expurgées d'un bon quart-d'heure. Mais ne boudons pas notre plaisir car le cinéaste et son interprète nous offrent de réels instants de poésie et quelques vagues d'émotions qui tiennent parfois du miracle dans ce spectacle qui tient en équilibre. Michael Youn incarne presque à lui seul le film de Bruno Merle puisqu'en produisant une très grand partie des dialogues (on se souviendra de ce plan-séquence durant lequel son personnage parle d'amour et évoque Lisa en compagnie de Clovis Costa ou la scène durant laquelle il récite par caméra interposée, la dernière réplique de Cyrano de Bergerac avec Lisa) avec un réel talent de comédien. Quant au cinéaste, on le découvre jouant avec sa mise en scène, sa caméra virevoltant dans les airs, au dessus de ses personnages, la propulsant dans un ciel éclairé d'étoiles factices ou la projetant dans le vide. Avec Héros, Michael Youn semblait enfin promis à une belle carrière. La suite allait ou pas confirmer cette première impression positive. A voir...

Escape from Cannibal Farm de Charlie Steeds (2017) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

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Tout dans le titre, le synopsis et dans l'une des affiches alternative du dernier long-métrage du cinéaste britannique Charlie Steeds rappelle l'époque bénie qui vit émerger quelques-uns des plus grands classiques de l'épouvante. Les années soixante-dix et le Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper ou La Colline a des Yeux de Wes Craven. Escape from Cannibal Farmsemble tellement s'y référer qu'il devient impossible de nier les rapports que les deux premiers entretiennent avec ce dernier. Charlie Steeds ne s'encombre pas d'une idée originale lorsqu'il s'agit d'introduire ses personnages puisque il pille dans celle de l’œuvre de Wes Craven en réunissant à son tour une famille dont le plus vieux représentant est lui aussi un flic. Un beau-père accompagné de son épouse, elle-même suivie de ses deux fils, de sa fille et du compagnon de celle-ci. Tout ce petit monde part pour quelques jours à la campagne à bord d'un camping-car ! Là encore, le cinéaste britannique pompe sur le film culte de l'auteur de La Dernière Maison sur la Gauche et des Griffes de la Nuit. En même temps, vous me direz que la chose est logique puisqu'il faut bien transporter les six membres de cette famille dans un véhicule si possible, confortable. Charlie Steeds opte pour la campagne anglaise, seule entorse par rapport à l’œuvre de Wes craven qui lui, choisissait un cadre beaucoup plus original puisque désertique.
C'est à partir de ce moment là que le britannique décide d'aller piocher quelques idées dans le classique de Tobe Hooper en situant l'intrigue de son long-métrage dans une campagne quelque peu sauvage, un vieil homme fort étrange les accueillant alors un peu à la manière d'un « cuisinier-pompiste »Drayton Sawyer mixé avec le handicapé mental nettoyant le pare-brise du van des citadins du chef-d’œuvre sorti en 1974. Si l'on pousse le vice jusqu'à chercher dans le moindre détail ce qui aurait pu servir de matière première à Charlie Steeds, on affirmera également la paternité du Motel Hellde Kevin Connor dans la façon qu'ont les fermiers tueurs de Escape from Cannibal Farm de maintenir vivants leurs victimes et dans leurs habitudes consistant à faire commerce de chair humaine.

Mêlant présent et flash-back, Escape from Cannibal Farmdébute sur le sort tragique ayant condamné un jeune enfant à avoir le visage brûlé par deux compagnons lors d'un jeu stupide et donc, plein de conséquences. Le père du gamin, armé d'un fusil, décide de se faire vengeance en tuant les deux gamins, fils de Betty et Everett Blackheart, leurs voisins, mais son épouse, dont il est follement amoureux, ne supportera pas la vie gâchée de son fils condamné à vivre caché, le visage horriblement brûlé, et ira s'immoler là-même où son enfant perdit son visage. Qui dit plus de visage dit dépeçage des victimes les plus jeunes tombées dans le piège de la famille Hansen (référence évidente à Gunnar Hansen, premier interprète de Leatherface dans l’œuvre originale de 1974), « le garçon au visage fondu » se retrouvant désormais affublé de celui des gamins de la famille Harver citée plus haut. Plus propice à voler les idées des autres, Charlie Steeds va même jusqu'à placer le cadavre de l'épouse Hansen à l'étage de la demeure familiale comme avait installé les ancêtres de la famille Sawyer Tobe Hooper quarante-trois ans auparavant...
Bien que le cinéaste avoue avoir été inspiré par Massacre à la Tronçonneuseet La Colline a des Yeux, il semble qu'il ait été davantage marqué par un documentaire montrant la fabrication du foie gras !!!

Escape from Cannibal Farm se révèle donc être une œuvre bâtarde, mix entre plusieurs grands classiques mais dont les idées toutes personnelles que le cinéaste britannique a voulu apporter plongent dans le grand n'importe quoi. Son œuvre demeure effectivement grotesque. Mal montée, percluse d'idées originales mais si mal orchestrées que le film fait davantage pouffer de rire qu'il n'effraie. Les personnages sont si peu attachants que leur sort nous indiffère, quant aux méchants, ils sont tellement ridicules et théâtralisent tant qu'ils risquent de ne faire peur qu'aux petits enfants. Sous ses allures nihilistes, Escape from Cannibal Farm est en comparaison d'un wagon de films d'horreur, plutôt avare en matière d'hémoglobine. Beaucoup de scènes horrifiques sont filmée hors-champ et ça n'est pas la grange plongée dans une lueur glauque permanente qui ravivera les dérangeantes sensations éprouvée quatre décennies plus tôt grâce au savoir-faire de Tobe Hooper et Wes Craven. L’œuvre de Charlie Steeds ne signe donc définitivement pas le grand retour du genre et se permet même le « luxe »d'être parfois aussi mauvais que les pires ersatz nés de l'impulsion des grands classiques du genre. Une perte de temps inutile...

Regarde la Mer de François Ozon (1997) - ★★★★★★★☆☆☆

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Une plage, sur l’île D'Yeu, à six heures de Paris. À l'écart du continent, entourée par les eaux, cette commune française du département de la Vendée est le refuge de Sasha et de sa fille Sioffra. Tandis que son époux travaille dans la Capitale, la jeune anglaise occupe son temps comme elle le peut. Entre maison et plage. Ménage et bronzage. Une prison dorée de vingt-cinq kilomètres carré sur la surface de laquelle on ne croise ici, pas un touriste, pas un baigneur, pas un vendeur de glace, juste quelques types franchement louches baisant dans le confort discret d'une épaisse forêt tapissée de brins d'herbe desséchés. Pour tuer le temps, Sasha emporte Sioffra jusqu'à la plage pour y profiter du soleil. Derrière elle et sa fille, se profile une falaise et à son sommet, la silhouette d'une femme, le dos lesté d'un sac regroupant tout ce qu'elle possède. Jetant un regard vers le bas, elle semble épier les faits et gestes de Sacha.
En réalité, celle qui se fera appeler Tatiana lors de sa prise de contact avec Sasha quelques heures plus tard évalue ses chances de se rapprocher de la mère de famille. Changement d'environnement, la caméra filme désormais Sasha baignant Sioffra dans la baignoire de la demeure familiale. Une maison mise à l'écart de toute forme de civilisation. C'est là que vient frapper à la porte Tatiana. Filmée cette fois-ci de près, l'actrice française Marina de Van se présente sans artifices. Le cinéaste François Ozon impose un personnage inquiétant. Mystérieux. Dans l'incapacité (ou presque) de sourire devant une Sasha bienveillante. Une marginale. Comme ceux croisés dans les grandes cités et qui ne présagent rien de bon. Le regard mort, l'actrice jette un froid sur une île que François Ozon n'avait apparemment pas l'intention d’embellir. Loin des images de cartes postales, l’île D'Yeu perd en température. Et Sasha d'offrir un repas à celle qui lui a quelque peu forcé la main pour planter sa tente dans le jardin. Première marche vers une amitié éphémère ?

François Ozon réalise en 1997 l'un de ses derniers courts-métrages. En réalité, un moyen-métrage puisque d'un durée dépassant les cinquante minutes. Précédant un premier long digne du cinéma outrancier de John Waters intitulé Sitcom, Regarde la Merest de ces projets cinématographiques qui dérangent tout en apportant une réflexion sur les rapports entre individus n'ayant rien de commun. Entre une Sasha (l'actrice anglaise Sasha Hails qui auparavant avait déjà tourné dans le courts-métrage Une Rose entre Nous du même François Ozon) condamnée à rester enfermée sur son île et une Tatiana (Marina de Van donc, qui outre sa carrière d'actrice a elle-même écrit et réalisé quelques longs-métrages dont le troublant Dans ma Peau) poussée par le désir de changer d'endroit tous les trois ou quatre jours, une étrange relation s'installe. Perchée plus tôt au sommet de la falaise, celle-ci y arbore l'inquiétante silhouette de l'oiseau de proie fondant sur sa prochaine cible.

Regarde la Mer offre un spectacle dépressif que pas même le ressac et le cri des mouettes ne parviennent à rendre attachant. Marina de Van incarne à merveille cette marginale au teint blafard, aux jambes abîmées, et dont le comportement laisse supposer un trait de caractère inquiétant (la brosse à dents). François fait peu à peu monter la sauce d'un récit qui semble ne devoir aboutir qu'à une tragédie. Filmée tel le démon Pazuzu remarqué sous forme d'image subliminale dans le classique de William Friedkin L'Exorciste, Marina de Van personnifie le mal tandis qu'éclairée par la lumière d'une lampe, Sasha reflète le bon côté de l'humanité. La main sur le cœur, accueillant une étrangère, si bonne et généreuse qu'aucun signe avant coureur ne viendra lui mettre la puce à l'oreille, et certainement pas ce dernier dialogue qu'échangeront les deux femmes avant que ne survienne ce que le spectateur, lui, redoutait dès la première apparition de Tatiana.

Regarde la Mer est une réussite totale. Marina de Van y est exceptionnelle. Criante de naturel face à une Sasha Hails naïve mais elle aussi, talentueuse. Minimaliste dans la forme, le moyen-métrage de François Ozon laisse une très désagréable impression et ce, même au delà de la projection. Comme la semelle d'une chaussure pleine de merde laissant une odeur forte et inconfortable...
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