Ce sport que j'exècre,
ce ballon rond comme on l'appelle parfois et dont je contourne
ironiquement le vrai nom sous le terme très péjoratif de
Foutreball,
et bien aujourd'hui, voilà la seconde fois que m'est offerte
l'opportunité de lui redorer le blason en l'évoquant sous sa
véritable appellation : Football ! La première fois,
c'était à travers l'excellent Coup de tête
de Jean-Jacques Annaud dont le banquet offert par le héros incarné
par Patrick Dewaere à un tas de fumiers et d'hypocrites est demeuré
dans toutes les mémoires. Et la seconde, désormais, c'est A
nous la victoire
de John Huston que je la dois. Non pas que le film soit un
chef-d’œuvre ni qu'il soit dénué de défauts. Bien au contraire.
Car tout ce qui précède le match qui doit en outre permettre à une
équipe formée autour d'un certain nombre d'alliés de la seconde
guerre mondiale enfermés dans le camp de Gensdorf de jouer contre
une équipe allemande s'avère plutôt décevant. Qu'il s'agisse du
quotidien des prisonniers, de la furtive rencontre entre le capitaine
américain Robert Hatch (Sylvester Stallone) et la résistante Renée
(Carole Laure) ou de l'entraînement des joueurs eux-mêmes, John
Huston ne semble avoir pas eu le temps de consacrer à toutes ces
étapes du récit, le temps nécessaire. Le long-métrage approchant
les deux heures, le réalisateur va pourtant consacrer les trois
quarts du temps à ces diverses facettes de l'intrigue. Près de
quatre-vingt dix minutes qui pourtant ne seront jamais suffisantes
dans un contexte où il aurait sans doute été nécessaire d'étayer
certains propos. Chaque phase du récit étant traité avec un peu
trop de légèreté, on a du mal à croire à l'issue heureuse
qu'affichera le coup de sifflet final lors du match. À quoi a-t-on
assisté lors de l'entraînement ? À quelques tirs au but, rien
d'autre. Renée s'affole, tremble devant les coups que reçoit le
capitaine Robert Hatch de la part de l'équipe adverse ? Leurs
interprètes respectifs n'auront pourtant partagé jusque là que
très peu de séquences en commun. Quant au sort des prisonnier,
celui-ci est traité avec un certain dédain. Au point que l'ennemi
apparaît sous une forme presque ''angélique'' en comparaison de ce
que l'on sait de l'enfer que furent les camps de concentration !
Tout
ceci est d'autant plus dommage que A nous la
victoire
est incarné par un nombre plutôt important de grands acteurs. À
commencer par Michael Cain qui dans le rôle du Capitaine
(militairement et sportivement parlant) John Colby va accepter la
proposition du Major Karl von Steiner consistant en un match opposant
soldats allemands et alliés. Un officier de la Wehrmacht de son côté
interprété par l'immense acteur suédois Max von Sydow. Parmi les
interprètes un peu plus secondaires, le public hexagonal sera sans
doute surpris de découvrir les acteurs français Amidou et
Jean-François Stévenin dans le rôle des résistants André et
Claude ou bien même le Roi du Football, le brésilien Pelé dans ce
qu'il a toujours su faire de mieux : taper dans le ballon. Le
point d'orgue du long-métrage reste évidemment le match tant
attendu entre les deux équipes. Alors que dans les égouts de la
ville où se déroule la compétition (Paris), la résistance
s'active pour atteindre le vestiaire des alliés qui à l'issue de la
première mi-temps ont pour projet de s'évader, ceux-ci encaissent
devant un public hétéroclite constitué de supporters français et
d'une partie des représentants de l'armée allemande (des soldats
armés et accompagnés de chiens occupent les contours du terrain
tandis que dans la foule, des officiers de la Wehrmacht assistent au
match). L'on tient devant nos yeux ce qui demeurera sans doute comme
la plus impressionnante succession de tacles perpétrés ici par
l'équipe allemande. L'arbitre étant très visiblement du côté de
cette dernière, on ne donne pas cher de la peau de nos alliés. Au
coup de sifflet, ceux-ci sont menés 4 à 1. Une fois dans les
vestiaires, il est temps de s'échapper par le trou qu'ont pratiqué
les résistants durant la première partie du match. Pourtant,
convaincus de pouvoir remonter le score et de remporter la victoire,
les joueurs décident de retourner sur le terrain. A
nous la victoireétant effectivement un pur produit de divertissement, on devine très
en avance l'issue du combat ! Que l'on aime la discipline ou
non, difficile de ne pas ressentir un certain frisson et une certaine
émotion devant la remontée inespérée des alliés ainsi qu'un
véritable élan de patriotisme au chant de la Marseillaise...