Sur un plan purement
occidental, remonter aux origines du cinéma d'action, c'est
peut-être et même sans doute faire fi de toute une série de
sous-genres qui employèrent des méthodes propres au genre tout en
les diluant dans des récits d'aventure, de science-fiction, de
thriller et dans bien d'autres thématiques. Si l'on évoque ce
courant dans son approche la plus simple et donc la plus pure, il ne
faut pas aller chercher bien loin pour en trouver les véritables
origines. Débarrassons-nous donc de la première moitié du siècle
dernier pour nous concentrer sur la seconde. Celle qui vit émerger
toute une série de héros armés jusqu'aux dents, pouvant compter
sur leur force physique ou sur l'emploi de méthodes de combat
acquises dans la rue ou dans des clubs de sports spécialisés dans
les arts-martiaux. Avant que certaines des plus grandes vedettes
américaines n'endossent le costumes des plus grands héros du cinéma
d'action dans les années quatre-vingt, tel Arnold Schwarzenegger,
débarquant comme la nouvelle icône du genre en 1985 avec Commando
de Mark L. Lester ou l'année suivante avec Le
contrat
de John Irvin, suivi de près par l'ancienne vedette du petit écran
Bruce Willis qui dès 1988 allait redéfinir le terme de héros de
cinéma d'action dans le mythique Piège de
cristal,
Sylvester Stallone avait déjà jalonné sa carrière de quelques
longs-métrages significatifs. Comme Les faucons
de la nuit
de Bruce Malmuth (celui-ci ayant remplacé au pied levé Gary Nelson
après que ce dernier ait semble-t-il été au cœur d'un désaccord
avec Sylvester Stallone) dans lequel il incarnait le rôle du sergent
Deke DaSilva dans un film policier. Justement, l'un de ces
sous-genres exploitant en général à merveille le cinéma d'action.
Une donnée primordiale, inaltérable, conceptualisée à travers
certaines courses-poursuites et autres fusillades. En bref, le
compagnon idéal d'un genre qui autrement aurait le caractère
léthargique d'une série aussi poussive et ennuyeuse que pouvaient
l'être certains épisodes de Derrick !
Les faucons de la nuit,
fidèle traduction du titre original Nighthawks,
met donc en scène une star bodybuildée. Un physique presque hors
norme qui deviendra la nouvelle référence, laquelle sera même
poussée dans ses derniers retranchements avec l'arrivée d'Arnold
Schwarzenegger dans le paysage cinématographique mondial peu de
temps après. Pourtant, rien ne laisse ici transparaître le physique
de culturiste de Sylvester Stallone, flanqué d'une veste de cuir
marron, une paire de lunettes posées sur le nez et le visage dévoré
par un collier de barbe. Endossant le rôle d'un flic dont l'éthique
l'empêche de tuer son prochain, c'est contre son désire de rester
dans la division dans laquelle il travaille depuis des années qu'il
est chargé d'intégrer une section de la police new-yorkaise dont le
temps est consacré à la traque des terroristes.
À
ses côtés, l'on retrouve l'acteur afro-américain Billy Dee
Williams qui un an auparavant interpréta le rôle de Lando
Calrissian dans Star Wars, épisode V : L'Empire
contre-attaque d'Irvin
Kershner avant de le rendosser en 1983 dans Le
retour du Jedi
de Richard Marquand. Dans Les faucons de la nuit,
il incarne le personnage du sergent Matthew Fox, ami et collègue de
Deke DaSilva. Les deux flics vont ensemble traquer le terroriste
Heymar Reinhardt. Lequel est interprété à l'écran par l'acteur
néerlandais Rutger Hauer. Son visage angélique ne doit surtout pas
nous faire oublier que durant sa carrière il fut capable d'incarner
des personnages peu recommandables. À l'image de l'odieux Eric Vonk
dans Turks fruit de
Paul Verhoeven en 1973 ou du psychopathe John Ryder dans le génial
The Hitcher
de Robert Harmon en 1986. Dans Les faucons de la
nuit,
la véritable vedette, c'est peut-être finalement lui. Un
antagoniste au charisme aussi monstrueux que les actes qu'il va
perpétrer tout au long du récit. Un poseur de bombes implacable,
déterminé, capable de tuer une femme sans hésiter pour le bien de
la cause qu'il défend. Notons qu'autour de ces trois principaux
personnages l'on retrouve l'actrice Lindsay Wagner. Surtout connue
pour son rôle dans la série Super Jaimie
où elle incarnait le personnage principal, elle joue ici celui de la
petite amie de DaSilva, Irene. Nigel Davenport incarne quant à lui
le rôle du supérieur hiérarchique de DaSiva et Fox, Peter Hartman,
après avoir joué la même année dans Les
chariots de feu
et trois avant Greystoke, la légende de Tarzan,
seigneur des singes tous
deux réalisés par Hugh Hudson. Enfin, petit coup de cœur pour Joe
Spinell qui interprète le lieutenant Munafo. Une courte présence à
l'écran qui rappelle malgré tout que ce visage grêlé du cinéma
américain fut celui de l'un des tueurs de fiction parmi les plus
marquants du septième art puisqu'un an auparavant il incarna Frank
Zito dans le cauchemardesque Maniac
de William Lustig. Les faucons de la nuit
est plutôt réussi bien que n'étant pas non plus un modèle du
genre. Mais l'action se situant à travers différentes situations
géographiques (une boite de nuit, le métro new-yorkais, le
Metropolitan
Museum of Art,
un tramway aérien, etc...), on ne s'ennuie pas un seul instant. Le
film est aussi l'occasion de retrouver tout le charme des années
soixante-dix qui venaient tout juste de laisser la place à la
décennie suivante...