Un fait-divers
authentique ne faisant pas forcément une bonne adaptation, le
réalisateur, scénariste et producteur néerlandais Bobby Boermans a
signé cette année ce qui restera sans doute comme l'un des pires
films de prise d'otages de toute l'histoire du cinéma. Basé sur
celle qui eut lieu le mardi 22 février 2022 dans un Apple Store
situé dans l'une des places de
la ville d'Amsterdam aux Pays-Bas, Ihostage
relate les faits de manière apparemment scrupuleuse. Ce qui, en la
matière, ne semblait pas trop délicat à mettre en œuvre vue la
pauvreté des événements qui s'y produisirent. En effet, lorsque
l'on décide d'adapter un événement ayant réellement eu lieu,
mieux vaut s'assurer qu'il y ait suffisamment d'éléments à
apporter au récit pour que le projet ne se transforme pas en un
banal déballage de situations dénuées de tout souffle épique. Là
où le long-métrage puise son originalité est justement dans le
choix de ne pas emmener le récit sur le chemin du spectaculaire.
Quitte à faire de l'un des personnages principaux (l'acteur
bosniaque Admir Sehovic dans le rôle de l'otage Ilian Petrov) un
homme docile, apeuré et l'exemple parfait de l'anti-héros. Car si
vous vous attendez à voir débouler un acteur et un personnage de la
trempe de Bruce Willis et de John McClane, vous pouvez d'ors et déjà
laisser tomber ! L'otage en question est un homme comme tout le
monde, simplement venu s'acheter une paire d'écouteurs dans un Apple
Store
lorsqu'un individu s'est introduit dans le magasin juste avant la
fermeture afin de commettre une prise d'otages. Avec son look de
terroriste ayant fait ses armes en Syrie, on s'attend à ce que Ammar
Ajar (l'acteur néerlandais Soufiane Moussouli) exécute quelques
otages mais les raisons de son comportement seront beaucoup plus
simples. Justifiant à peine son comportement à travers l'esprit
revanchard d'un homme à qui l'on a fait subir tout les maux, Ammar
débarque donc affublé d'une ceinture d'explosifs et menace de toute
faire sauter s'il n'obtient pas réparations des préjudices qu'il a
subit. Une réparation à hauteur de deux-cent millions d'euros sous
forme de crypto-monnaie ! Rien que ça ! Lorsqu'il
débarque dans l'Apple
Store,
la boutique fourmille de clients. Et bien qu'il exige que tout le
monde reste à l'intérieur, une partie de ceux-ci parviendra à fuir
par les portes d'entrée.
Une
poignée ira se réfugier dans un local, d'autres à l'étage de
l'établissement tandis que Ilian se retrouvera seul face au preneur
d'otages. Tourné sur la place Leidseplein pour les scènes en
extérieures, les plans en intérieurs ont par contre été réalisés
en studio dans un ancien hangar à avions de la localité de Katwijk
située en Hollande-Méridionale où fut entièrement reconstituée
le magasin. Les deux protagonistes principaux du récit évoluent
dans un décor aussi minimalisme que va se révéler être le
scénario. Aucun enjeu autre que celui des autorités qui vont tenter
de contrôler la situation jusqu'à la libération des otages. Des
négociations s'engagent mais la situation ne change pas. La nuit
tombe petit à petit et l'issue sera finalement fatale pour Ammar,
lequel, par son inexpérience, laissera échapper son otage et sera
renversé ensuite par un véhicule conduit par des policiers. Le
déroulement du récit est des plus classique. Tellement que l'ennui
s'installe après seulement quelques minutes de projection. Le
problème est qu'en choisissant de respecter le fait-divers dans sa
globalité, Bobby Boermans a semble-t-il oublié l'un des points
cruciaux dans ce genre de production : le divertissement. Car
des dialogues en passant par les différentes mises en situation,
Ihostage
n'offre aucun intérêt. Tension, zéro ! Émotion, zéro !
Attachement vis à vis des victimes, zéro ! Action, zéro !
Où que se porte le regard ou l'intérêt du spectateur, c'est le
vide abyssal. Dans des décors qui semblent avoir été fournis par
les magasins Foir'Fouille
ou GiFi,
les acteurs Admir Sehovic et Soufiane Moussouli n'insufflent aucune
espèce d'énergie au long-métrage. La faute, sans doute, à une
direction d'acteurs mollassonne et à des dialogues d'une affligeante
pauvreté. Passant des séquences opposant le duo à des passages
téléphoniques mettant en relation le preneur d'otages avec la
négociatrice (l'actrice Loes Haverkort), celles qui situent l'action
dans le local où Mingus (Emmanuel Ohene Boafo) tente de maintenir le
calme parmi ceux qui s'y sont réfugiés, le long-métrage n'est
constitué que d'une succession de séquences sans âme. Le plus
pathétique demeurant lors de ce final larmoyant, qui laisse
envisager que l'expérience que viennent de vivre les otages et les
équipes de sauvetages fut l'une des plus traumatisante de leur
existence. Un sentiment que ne peut malheureusement pas partager le
spectateur qui n'a fait que se demander durant plus d'une heure
trente quel pu être l'intérêt de filmer un tel événements avec
si peu d'ambition. Bref, ne perdez surtout pas votre temps devant ce
qui apparaît au mieux comme un piètre téléfilm proposé par la
plate-forme de streaming Netflix...