Après un changement de
casting lors du précédent opus intitulé Marco Effekten
réalisé par Martin Zandvliet, on pouvait craindre que la franchise
Les Enquêtes du Département V
n'ait plus grand chose à nous offrir. L'absence de Nikolaj Lie Kaas
et de Fares Fares se faisant cruellement ressentir, voir surgir pour
la seconde fois Ulrich Thomsen et Zaki Youssef après les précédentes
et très pénibles aventures de Carl Mørck et Assad ne laissait
présager rien de bon. En sus, une critique généralement mitigée
finit presque par me confirmer qu'il me faudrait passer à autre
chose. Sauf que la saga adaptée de la série d'ouvrages écrits par
le romancier danois Jussi Adler-Olsen sut tant et si bien me happer
jusque là que passer à côté du sixième opus Den
Grænseløse devenait
alors inconcevable. Bien m'en a pris puisque contrairement à ce que
certains prétendent, la nouvelle aventure du duo d'enquêteurs cette
fois-ci réalisée par Ole Christian Madsen est une excellente
surprise. Peut-être pas le meilleur des six longs-métrages sortis
jusque là (la saga romanesque compte à ce jours dix volumes) mais
une sacrée bonne nouvelle pour toutes celles et ceux qui
commençaient à voir le vent tourner dans la mauvaise direction
depuis 2021. Réalisé en partie sur l'île de Bornholm située dans
la mer Baltique, le script repose sur un scénario de Jakob Weis,
lui-même adapté du sixième roman de la saga littéraire sorti chez
nous sous le titre Promesse.
Autant Marco Effektenétait inutilement alambiqué et surtout, très mal adapté sur grand
écran, autant Ole Christian Madsen fait preuve d'une belle maîtrise
dans la mise en scène à partir d'un scénario pas vraiment évident
à mettre en images. En effet, Den Grænseløse
ayant
le soucis de ne pas enfermer le récit dans un contexte par trop
linéaire, ce sont plusieurs intrigues qui se mêlent les unes aux
autres pour former un tout parfaitement fluide. Il faut d'abord
savoir reconnaître que le changement d'acteurs se fait ici beaucoup
moins ressentir. Sans doute parce que l'on a finit par s'habituer aux
nouveaux interprètes malgré la déception de voir disparaître de
l'image ceux qui nous avaient tant conquis lors de fascinantes
enquêtes. Mais l'un des points les plus remarquables de ce sixième
long-métrage provient sans doute de l'implication beaucoup plus
importante du personnage de l'assistante des deux inspecteurs Carl
Mørck et Assad. Incarnée dans les épisodes Fasandræberne,
Flaskepost fra P et
Journal 64
par l'actrice Johanne Louise Schmidt, Rose est depuis Marco
Effekten
interprétée par Sofie Torp.
Sa
présence demeurant jusque là relativement timide, la secrétaire
des deux inspecteurs est désormais beaucoup plus impliquée dans
cette enquête effectuée dans l'ombre puisque en dehors de leur
juridiction. Tout commence par le suicide d'un policier qui au moment
du pot de départ qui précède son départ à la retraite se tire
une balle dans la tête devant ses collègues, le nom de Carl Mørck
inscrit dans la paume de sa main droite. Dépêché sur place, Carl
comprend que son ancien ami n'a jamais pu se remettre d'une affaire
de meurtre sur une jeune femme qui ne fut jamais résolue. C'est donc
aidé de son collègue syrien Assad et de Rose que le policier va
tout mettre en œuvre pour retrouver le meurtrier. Dans ce sixième
opus dont le script semble apparemment des plus anodin, sur la base
du roman de Jussi Adler-Olsen, le scénariste Jakob Weis développe
une sous-intrigue touchant spécifiquement le personnage de Carl.
Viennent alors se greffer au fait-divers entourant le meurtre d'une
jeune étudiante en art particulièrement douée, une ''communauté''
dirigée par Pirjo (Hedda Stiernstedt) et son frère Atu (Joachim
Fjelstrup), un professeur d'arts plastiques au comportement
relativement trouble (Rasmus Bjerg dans le rôle de SVK) ainsi que
l'ex-femme de Carl (June Habersaat interprétée par Helle Fagralid).
Il ne faudra que quelques instants pour que s'interconnectent entre
eux ces différents aspects du récit, preuve que Ole Christian
Madsen a su parfaitement digérer le matériau de base. Rose se
voyant ainsi confier la tâche d'infiltrer ce que l'on devine
rapidement être une secte et non pas simplement une communauté
fraternelle tandis que Carl et Assad se chargeront d'enquêter sur la
mort de l'étudiante avant de rapidement se rendre compte que tout,
absolument tout est lié. Bref, Den Grænseløse
est
une très bonne surprise qui laisse augurer le meilleur pour la
suite. La prochaine adaptation de la saga littéraire devrait fort
logiquement reposer sur le septième volet intitulé Selfies.
Pour autant, aucune information ne semble avoir filtré à ce sujet.
Qui en sera l'auteur ? Les acteurs seront-ils les mêmes ?
Y-aura-t-il d'ailleurs réellement une suite cinématographique aux
aventures de Carl, Assad et Rose. Seul l'avenir nous le dira...