Et non, les z'amis. Il ne
s'agit pas ici d'évoquer un éventuel biopic consacré au blobfish
qui ''dirigea'' notre pays entre le 15 mai 2012 et le 14 mai 2017
mais de parler du dernier long-métrage réalisé par Mimi cave (le
sympathique Fresh
en 2022), écrit par Andrew Sodroski et mis à disposition des
utilisateurs de la plate-forme
Amazon Prime Video dès
le 27 mars dernier. Holland
n'a donc rien à voir avec cet adipeux mollusque aussi vif qu'une
méduse échouée sur une plage en plein cagnard que nous avons subit
durant cinq longues, très longues, trop longues années. Derrière
ce titre aussi sinistre (chez nous) qu'étonnant (s'agissant de sa
signification) se cache rien de plus que le nom d'une ville du
Michigan aux allures de petites localité où il fait bon vivre.
Véritable carte postale (éculée) du Midwest où la violence semble
être totalement bannie et où les ancestrales coutumes ressemblent à
s'y méprendre à celles de nos Bigoudènes nationales, Holland
abrite notamment Nancy Vandergroot, une enseignante, épouse de Fred,
mère de Harry et collègue de Dave Delgado qui soupçonne son mari
de lui être infidèle. En effet, celui-ci quitte régulièrement le
domicile conjugal pour raisons professionnelles jusqu'au jour où
Nancy décide de l'appeler à son hôtel. Mais alors que le téléphone
sonne dans le vide, la mère de famille pressent que son époux est
avec une autre femme. Quelques éléments semblent d'ailleurs, selon
Nancy, étayer ses soupçons. Pourquoi, par exemple, Fred (Matthew
Macfadyen) utilise-t-il un appareil-photos polaroid plutôt que son
téléphone ? Pour ne pas y laisser de preuves de son adultère ?
C'est du moins ce que suppose son épouse qui se confie alors à Dave
(Gael Garcia Bernal), un immigré d'origine mexicaine victime de
racisme de la part de certains habitants de la ville. Bon ! Nous
constatons que tout aussi agréable que puisse sembler être
l'existence à Holland, les règles imposées par la communauté
n'empêchent pas certaines digressions. Holland
mêle avec allégresse humour et thriller. Mais un thriller assez
particulier puisque ne s'inscrivant apparemment pas dans la recherche
d'un magot ou dans l'éventualité d'un acte criminel ou de
vengeance. Non, ici il s'agit plus simplement pour une femme de
découvrir la vérité sur les agissements extra-conjugaux de son
époux. Presque toujours aussi délicieuse à regarder que par le
passé (même si, on s'en doute, et malgré ses dénégations, elle
nie avoir eu recours à la chirurgie plastique), Nicole Kidman est
l'héroïne du récit.
Une
épouse et mère de famille touchante, fidèle, amoureuse et douce
qui par nécessité va braver toutes ses conventions personnelles
afin de mettre à jour ce qu'elle considère déjà comme une
tromperie de la part de son époux. Un mari plutôt avenant,
d'ailleurs, très proche de leur fils Harry (Jude Hill) mais aussi et
surtout très sexuellement auto-centré ! Bref, personne n'est
parfait. Pas même Nancy dont le complice Dave Delgado va par la
force des choses, devenir son amant. D'emblée, si l'on peut penser à
un ersatz du génial Serial Mother
de John Waters ou à un sous Blood Simple
des frères Ethan et Joel Coen, Holland
n'a en réalité absolument rien à voir avec l'un ou l'autre de ces
petits bijoux du septième art. Lustré au polish, le scénario est
d'une limpidité et d'une absence de prise de risques qui l'adresse
tout d'abord aux familles voulant se réunir autour d'un même film
avec à la clé, une éducation des néophytes en matière de
thriller par la voie la plus douce qui soit ! [Spoil!] Comme il
aurait bien entendu été trop simple qu'il ne s'agisse que d'une
histoire d'adultère au demeurant plutôt bien menée si l'on sent
tient strictement à l'enquête de l'héroïne et de son amant, le
récit fait plus tard l'objet d'une révélation beaucoup plus sombre
puisque le supposé infidèle sera décrit comme un tueur en série
fétichiste (la conservation des cartes d'identité de ses victimes
ou cette immense maquette qui reproduit leurs demeures).
Malheureusement, et alors que le film prend une toute nouvelle
tournure, le sujet du monstre introduit dans la cellule familiale
n'est qu'un pétard mouillé. En cause, une dernière partie qui
piétine lamentablement lorsque l'impensable surgit dans le foyer de
Nancy ! Tant et si bien que le changement approximatif de ton
qu'imprime le script ne parvient même pas à se hisser à la hauteur
des seules investigations portant sur le prétendu libertinage
déviant de l'époux incriminé. Doté de décors rétros qui
laissaient présager le meilleur, dans l'esprit de ces œuvres
dérangeantes constituées à partir de sources morales plus que
fréquentables, le loup de cette bergerie qui regarde ses habitants
dans le rétroviseur est des plus fade. Inutile donc d'espérer
éprouver d'autres frissons (ceux de la peur) que ceux que l'on peut
éventuellement ressentir chaque fois (ou presque) que Nicole Kidman
apparaît à l'écran...