Quantcast
Channel: CinémArt
Viewing all 3853 articles
Browse latest View live

Le Retour du Grand Blond d'Yves Robert (1974) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Si Pierre Richard n'a pas joué dans beaucoup d’œuvres réalisées par l'acteur et réalisateur Yves Robert, il a cependant participé à quelques-une des plus populaires, et a même véritablement débuté une vraie carrière d'acteur chez lui en incarnant le personnage de Colibert aux côtés de Philippe Noiret dans Alexandre le Bienheureuxen 1968. 1970 marque un tournant déterminant pour Pierre Richard qui en ce début des seventies réalise son tout premier long-métrage, Le Distrait, dont le personnage de Pierre Malaquet qu'il incarne à l'écran façonnera la personnalité d'une partie de ceux qu'il incarnera chez les autres ainsi que dans ses propres films. Deux ans plus tard, il incarnera pour la première fois à l'écran le personnage de Francis Perrin (qu'il reprendra à l'occasion de la suite, Le Retour..., ainsi que dans On Aura Tout Vu de Georges Lautner, Le Jouet de Francis Veber et La Chèvre du même réalisateur. Deux ans après le premier volet, gros succès commercial dépassant le millions d'entrées à sa sortie, Yves Robert met en chantier Le Retour du Grand Blond, toujours scénarisé par ses soins ainsi que par Francis Veber, et toujours incarné par Pierre Richard, la sublime Mireille Darc, Jean Rochefort, Jean Carmet et Paul le Person, lesquels sont désormais accompagnés de Michel Duchaussoy dans le rôle du Capitaine Gaston Cambrai, de Jean Bouise dans celui du ministre de la défense et le duo qui à l'occasion de ce second volet remplacera les interprètes qui incarnaient le binôme Chaperon et Poucet, Maurice Barrier et Jean Saudray, les acteurs Henri Guybet et Hervé Sand qui eux, incarnent Charmant et Prince.

Pour cette seconde aventure du grand blond Francis Perrin, le personnage interprété par Michel Duchaussoy tente de faire tomber le Colonel Toulouse en cherchant à prouver qu'il est responsable de la mort du Colonel Milan, savoureusement interprété par Bernard Blier dans le premier volet. Plus court d'une dizaine de minutes, Le Retour du Grand Blondest également légèrement en deçà du Grand Blond avec une Chaussure Noire en terme de qualité. Ce qui ne l'empêche pas d'être une très bonne suite, remplie d'excellents gags, à commencer par le héros lui-même, Francis Perrin, contraint d'obéir aux ordres de Toulouse s'il veut revoir la toujours aussi sensuelle Christine que le colonel a fait enlever.
Citer les nombreuses situations prêtant à rire et sourire prendrait une pleine page. Mais comment oublier les nombreuses scènes de Perrin échappant à la mort, à ce faux enterrement, cette fausse famille qu'on lui fait endosser et ce prêtre efféminé. Le grand blond débarquant à l'aéroport dans son costume d'agent secret (occasion pour le toujours impeccable Paul Le Person de surnommer Perrin, le grand blond avec une chaussure rouge), la rencontre avec le ministre, Jean Carmet ne sachant plus à qui se fier, ou encore l'anthologique scène de la fusillade montée de toutes pièces...

Lors du final, Yves Robert fait acte de présence dans le rôle du chef-d'orchestre. Bien que le film ait été tourné deux ans après le premier volet, les aventures de cette séquelles se situent deux mois seulement après la fin du Grand Blond avec une Chaussure Noire. Des trois diptyques que réalisera Yves Robert durant sa carrière, c'est le seul dont les deux volets n'auront pas été réalisés consécutivement puisque entre les deux, il réalisera un hommage aux seconds couteaux du septième art à travers Salut l'Artiste. Si l'on tend bien l'oreille, et que les rires n'étouffent pas le son du film (le cercueil insuffisamment rempli de cailloux), on entend très clairement les cloches de l'église sonner le thème principal du film composé par Vladimir Cosma. Bien que son personnage soit mort à la fin du premier volet, Bernard Blier fit part à Yve Robert de son désir de ré-endosser le costume de Milan pour cette suite, demande à laquelle il obtint le refus catégorique de la part du cinéaste qui lui répliqua cette phrase imparable : 'Impossible, tu es mort !'
Le Retour du Grand Blond, quarante-six ans après sa sortie, a conservé toutes ses qualités. Un film que l'on prend toujours autant de plaisir à (re)découvrrir, la meilleure approche étant de regarder les deux volets à la suite...



Nous Irons tous au Paradis d'Yves Robert (1977) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


On ne sait si le temps est passé à la même vitesse qu'entre les deux longs-métrages Un Éléphant ça Trompe Énormément et Nous irons tous au Paradis, mais en tout cas, nous retrouvons un an après la sortie du premier, nos quatre personnages toujours incarnés à l'écran par Jean Rochefort (dont la voix-off continue de nous abreuver de ses pensées), Victor Lanoux, Guy Bedos et Claude Brasseur. Bouli vit désormais avec Daisy et s'apprête à divorcer d'avec Marie-Ange, laquelle s'est acoquinée avec un bien étrange personnage (claviériste dans un groupe de pop music comme le laisse supposer son accoutrement). Simon est toujours généraliste, toujours hypocondriaque, et éternellement victime de l'esprit possessif de sa mère à laquelle il a bien du mal à faire accepter l'idée qu'il puisse avoir une fiancée. Daniel ne cache plus son homosexualité même s'il tentera de 'rentrer'dans le rang en entretenant une curieuse relation avec sa supérieure, Marie-Christime Bosquet, interprétée par l'inquiétante italienne Gaby Sylvia (carrément flippante, ou du moins dérangeante à l'occasion de sa participation au long-métrage). Quant à Étienne, son histoire avec Charlotte faisant partie du passé (Anny Duperey ne fait d'ailleurs plus partie du casting), le voici qui endosse désormais le costume de mari trompé. Du moins est-ce ainsi que l'on conçoit son personnage durant une bonne partie du long-métrage durant laquelle, on le retrouve vêtu d'un imperméable et d'une paire de lunettes noires, enquêtant lui-même sur son épouse. En effet, en fouillant dans le sac de Marthe à la demande express de celle-ci, Étienne tombe sur une photo compromettante où l'on peut la découvrir embrassant un inconnu. Pour Étienne, c'est la douche froide et le moment de se lancer dans des investigations.

Nous retrouvons également le personnage de Lucien, toujours interprété par l'excellent Christophe Bourseiller, une fois encore, l'air à moitié endormi (pour ne pas dire totalement), cette fois-ci au bras d'une toute jeune Josiane Balasko dans le rôle de la fiancée Josy, dont le caractère n'est pas sans rappeler celui qu'elle entretenait déjà l'année précédente dans le chef-d’œuvre de Roman Polanski, Le Locataire. Au passage, Yves Robert fait appel à Daniel Gélin et Jean-Pierre Castaldi (détruisant la voiture d’Étienne à coups de pieds et de poings) pour deux courtes scènes. Fort curieusement, Étienne a changé de profession sans que l'on en connaisse les raisons. Un détail qui n'a que peu d'importance puisque l'essentiel de l'intrigue repose une fois encore sur les rapports qu'entretiennent nos quatre amis. Victor Lanoux, Guy Bedos, Claude Brasseur et Jean Rochefort demeurent toujours aussi savoureux, ce dernier en remettant une couche entre l'image faussement reluisante qu'il fait de son personnage à travers ses commentaires en voix off, et la réalité exposée directement à l'écran. Guy Bedos lui aussi en rajoute dans le rôle de ce médecin généraliste se découvrant perpétuellement des maladies (savoureux passage se déroulant chez Daniel), ou dans sa délicate relation avec sa mère toujours aussi bien campée par Marthe Villalonga.

'Vous qui pénétrez dans mon cœur, ne faites pas attention au désordre'

Désormais, Jean-Loup Dabadie est seul à l'écriture du scénario tandis que la bande musicale est une fois encore l’œuvre du compositeur Vladimir Cosma. En matière de dialogue, c'est une fois encore Jean Rochefort qui de son suave timbre de conteur bénéficie des meilleurs répliques. Surtout lorsqu'il évoque certaines situations en demeurant absent du cadre, donnant lieu à des séquences dont le comique est exacerbé par le contraste entre ses dires et la réalité de ce qui se déroule devant la caméra. Evidemment, comme dans le premier volet, le personnage qu'incarne l'acteur s'offre le beau rôle tandis qu'il s'avère parfois pathétique.

Nous irons tous au Paradis est farci de scènes et répliques cultes. Inoubliable scène durant laquelle les quatre amis se rendent compte qu'ils ont été floués lors de l'achat de leur maison de campagne, pour ne citer que cet exemple. Cette suite est le compagnon idéal de Un Éléphant ça Trompe Énormément, et comme le diptyque du Grand Blond, (re)découvrir les deux volets dans les meilleures conditions est de les voir à la suite...

Cinéman de Yann Moix (2009) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Après avoir visionné un Death Spa datant de 1989 plutôt mauvais, il fallait absolument que je me ressource. Que je choisisse une œuvre originale. Sortir des sentiers battus et rebattus, rêver à un cinéma différent, succomber à un récit inhabituel. Jamais je ne me serais cru capable un jour de suivre les aventures de Cinéman. Pas juste parce que Frank Dubosc en est le principal interprète et qu'il représente pour moi l’Échec avec un grand E au cinéma. Non, mais avant tout parce que son auteur porte le nom d'un homme de télé, de cinéma et de littérature auquel je n'ai jamais su, pu, ou voulu adhérer : Yann Moix. Et ce ne sont certainement pas ses interventions dans l'émission du samedi soir sur France 2 qui me feront changer d'avis sur le personnage. A moins qu'un jour, comme il le fit par le passé, le bonhomme décide de s'asseoir à nouveau dans le fauteuil d'invité et non plus dans celui de chroniqueur-assassin. Yann Moix et sa morale. Yann Moix et son ton nerveux plutôt agaçant. Yann Moix et sa verve, soyons honnêtes, plutôt attractive mais qu'il a un peu trop l'habitude de ponctuer par le terme intellectuel lorsqu'il s'agit de parler de ses œuvres ou de lui-même.

Déjà responsable d'un Podium plutôt sympathique qui a rencontré sans doute le succès pour les mêmes raisons que Bienvenue Chez les Ch'tisest devenu la plus grande manne cinématographique française de tous les temps sur notre territoire, Yann Moix signe huit ans plus tard une œuvre qui malheureusement pour lui ne rencontrera jamais son public. Rarement un film aura fait la quasi-unanimité parmi les spectateurs. Si Marianne et le Figaroscope ont encensé Cinéman, si Le Parisien et Dvdrama sont demeurés respectueux du film en évitant la mise à mort de son auteur sur la place publique, d'autres n'ont pas eu cette délicatesse et ont crucifié cette œuvre sur un ton certainement proche de celui de Yann Moix du temps où il écrivait pour le torchon voici, ce rouleau de P.Q en forme d'hebdomadaire que certain(e)s s'arrachent!

Yann Moix l'incompris ! Incompris lorsqu'invité pour discuter de son ouvrage pamphlétaire La Meuteil est la victime d'une curée méthodiquement organisée chaque fin de semaine par les gourous Zemmour et Neaulleau et dont ce soir là, c'est l'écrivain-réalisateur qui fit les frais. Un débat passionnant à plus d'un titre puisqu'enfin, on note une certaine sensibilité de la part d'un personnage qui pourtant, ne se démonte habituellement jamais. Incompris lorsqu'il sort ce Cinémanqui fait chou blanc alors qu'en réalité, je vous le dis, le film est un chef-d’œuvre. Yann Moix avait choisit cinq ans plus tôt de rendre un hommage drôle et amusant à un artiste, Claude François, que le cinéaste pourtant déteste. Cinéman rend quant à lui hommage non pas à un à film, mais au cinéma en général.

Frank Dubosc est le premier véritable super-héros de l'histoire du cinéma français (contrairement à certains journaux spécialisés ayant affirmé que le premier date de 2014 avec le film de Thomas Salvador, Vincent n'a pas d’Écailles). Son personnage, Régis Deloux, professeur de mathématiques, va se retrouver plongé dans le merveilleux monde du cinéma afin de sauver la jeune et jolie Viviane, personnage de fiction et prisonnière de l'infâme Douglas Craps (Pierre-François Martin Laval). Si cette courte description peut sembler peu originale, le traitement qu'en fait Yann Moix donne au film une dimension toute particulière. Déjà, le cinéaste possède le don de l'esthétisme. On remarquera un choix dans les cadrages, les décors et même dans les couleurs qui donnent à l'ensemble un aspect relativement agréable à contempler, et ce, notamment lors des scènes situées dans l'établissement scolaire dans lequel enseigne Régis Deloux.

On connaît désormais les goûts de Yann Moix en matière de cinéma. L'homme est écrivain, réalisateur, chroniqueur et apparaît désormais comme un cinéphile dont les références cinématographiques vont de Stanley Kubrick à Martin Scorsese en passant par Ridley Scott, Georges Méliès, Joseph L. Mankiewicz ou encore Sergio Leone. Grimé en homme sans nom, Frank Dubosc mime à la perfection Clint Eastwood et rend son personnage passablement troublant. On le découvre en Zorro, en Robin des Bois, en Travis Bickle (Taxi Driver) et même dans un magnifique plan inspiré par Le Voyage dans la Lune de Georges Méliès.

On pourra alors affirmer que le film n'est pas drôle, que Dubosc fait du Dubosc, ou qu'un sujet aussi riche aurait mérité d'être confié au Terry Gilliam du Baron de Munchausen, Cinéman est en réalité davantage un hommage au septième art et un film d'aventures fantastiques. Aurais-je tendance à abuser en affirmant que Cinémanest un chef-d’œuvre ? Sans doute oui. Mais qu'importe, le film de Yann Moix m'aura au moins apporté le privilège de me réconcilier avec un personnage qui jusqu'à maintenant m'avait presque laissé indifférent. Et même, malgré la pauvreté de son jeu, Franck Dubosc m'aura fait passer un très agréable moment de cinéma. Léger, original, et de plus renforcé par la présence du trop rare et extraordinaire acteur Pierre Richard ainsi que du regretté Michel Galabru...

Cycle Fernandel: L'assassin est dans l'annuaire de Leo Joannon (1962)

$
0
0


A Rouen, Albert Rimoldi, petit employé timide et naïf de la banque Crédit Central est la proie des moqueries de ses collègues de travail. Un jour, alors que la secrétaire de direction le prévient que le directeur de l'établissement veut le voir dans son bureau, Albert apprend de la bouche de ce dernier qu'il mérite l'augmentation qui lui avait été promise un an auparavant et qu'il n'avait jamais réclamée. Célibataire sans enfants, celui que tout le monde estime être un imbécile reçoit pourtant un jour une lettre écrite par une jeune femme qui désire le rencontrer. De plus, son employeur estime qu'il a droit à une promotion. Le voici donc désormais convoyeur. Mais lors de sa toute première sortie en compagnie de son véritable ami et collègue, Bertrand, il reçoit un coup de téléphone dans lequel son interlocuteur lui apprend que Jenny, la jeune qu'il a rencontré quelques jours plus tôt, a eu un accident.

Après avoir longuement insisté auprès de Bertrand pour qu'il accepte de faire un détour par la rue où a eu lieu le drame et où il est attendu, Albert constate que Jenny n'y est pas. Pire ! Lorsqu'il retourne au véhicule, il assiste effaré au vol des deux-cents millions de francs qu'il avait la charge de convoyer. Très vite, la police soupçonne Albert de faire partie de la bande qui a volé l'argent. Seul un certain Levasseur semble croire au récit invraisemblable qu'Albert a raconté au juge d'instruction chargé de l'affaire...

L'assassin est dans l'annuaire est le vingt et unième long-métrage du cinéaste Leo Joannon. Le film est une adaptation du roman éponyme écrit par Charles Exbrayat, publié par la Librairie des Champs-Élysées pour la collection « Le Masque ». Fernandel y endosse le rôle d'un personnage un peu gauche mais fondamentalement honnête qui se retrouve dans une spirale meurtrière malgré lui. S'il est surtout connu pour avoir joué dans de nombreuses comédies, il a su faire preuve de ses qualités d'interprétation dans des œuvres parfois beaucoup plus sombres telles que L'Armoire Volante de Carlo Rim ou La Table aux crevés de Henri Verneuil.

Si L'assassin est dans l'annuaire n'est ni tout à fait une comédie ni totalement un policier, l'intrigue mélange un peu ces deux genres pour un résultat fort appréciable. Fernandel est au cœur d'une machination particulièrement élaborée. Autour de lui, d'excellents acteurs tels que Marie Déa dans le rôle d’Édith Levasseur, Édith Scob dans celui de Jenny, Georges Chamarat en directeur de banque, Maurice Teynac en assureur, ou encore Robert Dalban en commissaire de police. Si Albert, le commissaire ou encore le juge demeurent interdits devant cette affaire qu'ils n'arrivent pas à résoudre, le spectateur lui-même est trompé par un scénario ingénieux qui nous trompe sur les apparences.

Contrairement à ce que certains prétendent, L'assassin est dans l'annuairen'étant pas une pure comédie, il ne faut surtout pas s'attendre à y rire aux éclats. Bien au contraire, le sort s'acharnant sur le pauvre Albert le rend touchant et parfois même émouvant. Belle interprétation générale pour un film qui vaut vraiment le détour. Vieux de cinquante-quatre ans déjà, le film de Leo Joannon n'a pas pris la moindre ride...

Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû de Teruo Ishii (1969) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Je voudrais commencer par remercier un certain Rémy, qui sur l'excellent blog L'Univers Étrange et Merveilleux du Fantastique et de la Science-Fiction a partagé cet étrange long-métrage qu'est Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû de Teruo Ishii. Étrange car semblant brasser tout un tas d'idées pour n'en faire qu'une : la recherche de vérité et d'identité d'un homme qui après avoir été interné dans un hôpital psychiatrique rempli de nymphomanes (sic!) pour d'obscures raisons se lance dans une quête sur ses propres origines. Bon, dire que ce long-métrage est curieux est un euphémisme. Alors que le monde nage dans un monde où le pouvoir des fleurs issu de la contre-culture hippie fait des ravages en s'attaquant à toutes les couches de la société ainsi qu'à leurs différents modes de vie, Teruo Ishii pond la même année que le Festival de Woodstock, une œuvre psychédélique dans laquelle le stupre, la liberté sexuelle, le transgenre, la vengeance, et une idée toute particulière de la 'différence'sont évoqués pour ne faire qu'un.
Il demeure ici dansKyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû , une certaine approche des traditions japonaises et du théâtre , dans lequel se mêlent lyrisme et pantomimes.

Tout débute dans un hôpital psychiatrique donc. Un lieu dans lequel règne un certain vice, les femmes y étant toutes décrites comme perverses. La sexualité est donc abordée comme un péché, une maladie, un crime même, qui doit être puni par des années d'enfermement. C'est là qu'apparaît le héros Hirosuke. Incapable de se souvenir qui il est, et pourquoi il est enfermé à l'asile, le jeune homme parvient à s'en échapper. Dans la presse, un article détaille la mort du chef d'une famille éminemment respecté dont les traits sont identiques à ceux de Hirosuke. Se rendant au cimetière, l'ancien prisonnier y est confondu avec le défunt. C'est là l'occasion pour le cinéaste de s'inspirer des légendes vaudous et notamment du 'zombie'cher à certaines coutumes effrayantes en cours à Haïti. Ce qui donne lieu à une bien curieuse séquence durant laquelle deux prêtres bouddhistes découvrent le corps faussement réanimé de leur maître, et qui donc n'est autre que Hirosuke. Ramené dans la famille du défunt, celui-ci est accueilli et considéré comme un miraculé. Revenu d'entre les morts, et pouvant donc se satisfaire des biens et de la chaleur de la famille de celui qui gît toujours dans sa tombe. C'est là qu'il va découvrir la vérité sur ceux qu'il côtoie désormais, mais également sur lui-même, ainsi que sur un homme vivant reclus sur une île, seul élément ayant subsisté dans ses souvenirs, lequel semble fou, et pratique d'étranges rites. Hirosuke apprend notamment que sa ressemblance avec le défunt n'est pas due au hasard...

Si Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû a le malheur d'être parfois ennuyeux (le final servant d'explication au mystère entourant l'identité de Hirosuke et aux manigances du savant vivant sur l'île étant beaucoup trop long), le film de Teruo Ishii est suffisamment étonnant pour que l'on ait envie d'en savoir davantage sur son principal personnage incarné par Teruo Yoshida. Le film plonge ses personnages dans un Japon traditionnel, Geishas et Machya (maisons traditionnelles japonaises) à l'appui. L’œuvre s'ouvre et se clôt sur des visuels totalement délirants. Entre 'l'enclos' psychiatrique ressemblant à un harem renfermant des dizaines de femmes à moitié dénudées et obsédées par le sexe, et le final faisant ressembler cette partie du long-métrage à un mix entre L'Île du docteur MoreauH.G Wells et le Freaksde Tod Browning, Teruo Ishii ne ménage pas ses effets. Considéré par les spécialistes du genre comme une œuvre culte (ce que l'on peut favorablement considérer), Kyôfu kikei ningen: Edogawa Ranpo zenshû ne ressemble à rien de connu si ce n'est un amalgame de divers sujets, ce qu'il est d'ailleurs puisque le cinéaste semble avoir puisé dans différents ouvrages de l'écrivain japonais Edogawa Rampo. Une œuvre étonnante, peut-être un peu longue lors du final, mais intéressante à découvrir pour qui veut assister à un spectacle hors du commun...

American Cyborg de Boaz Davidson (1993)

$
0
0


Après que la troisième guerre mondiale ait dévasté la planète, les humains tentent de survivre dans un monde où règnent en maîtres diverses intelligences artificielles. Alors même que la totalité des hommes et des femmes sont devenus stériles en raison des retombées radioactives consécutive à un intense bombardement, un laboratoire de recherches médicales s'apprête à envoyer une jeune femme, Mary, à l'autre bout d'une ville nommée Charlestown afin d'y confier et mettre en sécurité le fœtus auquel elle a récemment donné la vie. Enfermé dans un container, sa seule espérance de vie est d'arriver dans les trente heures jusqu'à un port où les attendent lui et sa génitrice.

Les événements se précipitent : Un cyborg s'introduit dans le laboratoire et élimine chacun à leur tour les employés, Mary demeurant la seule survivante. Fuyant l'implacable cyborg programmé pour tuer, la jeune femme croise sur son chemin un certain Austin. Persuadée d'avoir trouvé en lui une aide, Mary propose à Austin de l'accompagner jusqu'au port où il pourra récupérer autant de capsules d' AZP, un traitement permettant de se protéger des effets néfastes de la radioactivité. Austin accepte, mais en chemin, ils vont affronter à plusieurs reprises l'increvable cyborg, une horde de cannibales mutants, ainsi que l'implacable brûlure des rayons solaires et des pluies acides.

Réalisé par James Cameron, Terminator... Pardon, je reprends. Réalisé par Albert Pyun, Cyborg... Décidément... Réalisé par Boaz Davidson, American Cyborg fait partie de cette longue liste de nanars post-apocalyptiques qui fleurissaient dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Datant pourtant de 1993, ce petit film sans prétentions et sans réelle valeur artistique non plus paraît déjà bien daté à l'époque de sa sortie. Dès les premières minutes, il semble que Boaz Davidson connaisse ses classiques sur le bout des doigts sans pourtant, à aucun moment, faire preuve d'autant de talent que ses sources d'inspiration. Outre les deux films cités au dessus (le cyborg indestructible poursuivant sa proie sans relâche et la mission de la jeune femme accompagnée d'un homme rencontré sur sa route ne peuvent qu'évoquer Terminatoret Cyborg), on pense notamment à Blade Runner de Ridley Scott (toutes proportions gardées), sauf qu'ici, les rôles machines-humains sont inversés. Une ville plongée dans l'obscurité, des centaines d'individus errant dans la nuit, et une pluie incessante. Une cité-prison dont l'origine, là aussi, semble est le fruit d'une source d'inspiration évidente : le New-York 1997 de John Carpenter.

Si American Cyborgdemeure sans conteste un bon gros nanar, hilarant, mal fichu, assez moyennement interprété et aux décors assez déprimants dans leur conception, tout n'y est pas fatalement négatif. Si l'intrigue pille sans honte toute une série d’œuvres du même type (c'est à se demander si le genre post-apocalyptique est réellement capable de se renouveler), Boaz Davidson lui imprime un rythme réellement soutenu. Les amateurs d'action y trouveront effectivement leur comptant de scènes de bravoure. Un film à voir accompagné d'une bonne pizza quatre fromages et d'une bière bien fraîche...

3 Nanars avant de partir en vacances !!!

$
0
0



C'est décidé, aujourd'hui, pour fêter les 700 000 visites (enfin, bientôt) l'été, et donc la venue des vacances, j'ai choisi de tester ma résistance en regardant, d'affilée, trois gros nanars du cinéma français. Autant le dire tout de suite, cet article est un aparté. Rien de sérieux, donc. Enfin, presque. Parce que sous couvert d'avoir envie de m'amuser un peu en vous emportant dans un délire masochiste et suicidaire, je me dois de conserver mon intégrité de passionné de cinéma et vous livrer un article tout de même cohérent. Avant toute chose, je tiens à préciser qu'avant de me lancer dans ce périlleux exercice auquel je m'astreins depuis quelques temps comme a pu le constater mon fidèle auditoire, je suis allé faire quelques examens neurologiques obligatoires. Le neurologue auquel j'ai eu à faire m'a bien précisé que malgré le parfait fonctionnement de mon cerveau, rien ne pouvait me protéger contre un éventuel accident vasculaire cérébral, une crise d’épilepsie, une dégénérescence fronto-temporale ou contre une quelconque maladie psychiatrique ou un trouble du comportement. Surtout pas l'absorption par le cortex cérébral, de trois longs-métrages réputés pour faire partie du genre que j'ai décidé de défier à présent...
N'ayant pas très envie de quitter ce monde qui nous abrite à cause de l'injection d'une trop forte dose de 'nanars'à l'orée du projet qu'il m'incombe désormais d’honorer (je m'excuse d'ors et déjà auprès des jeunes générations sevrées aux SMS qui ne comprendront peut-être pas tout), je commencerai par l'un des films préférés d'un ami qui l'évoque aussi souvent qu'une certaine Soupe au Chou, œuvre qu'il déclare à qui veut l'entendre qu'elle demeure son film de chevet. Le premier des trois longs-métrages que j'ai donc décidé d'aborder dans cet article est Le Fou du Labo 4. Léger penseront certains. Inadapté évoqueront sans doute les fans de Jean Lefebvre ne souffrant pas la moindre critique envers leur idole disparue. Je répondrai d'ors et déjà à ceux qui affirmeraient hypothétiquement que le film de Jacques Besnard n'a rien à faire dans la catégorie qui nous intéresse ici, qu'ils n'ont alors sans doute jamais connu les délices d'un Louis De Funès ou d'un Pierre Richard. Qu'il n'ont jamais ressenti la douce caresse d'un bon mot signé de la main de Francis Veber (Le Dîner de Cons), de celles d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (Le Prénom) ou bien encore du duo formé par Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri (Un Air de Famille,Cuisine et Dépendances)...

Je me lance :

Alors qu'il travaille sur un gaz devant permettre de faire dire la vérité à ceux qui l'ont inhalé, un scientifique met au point tout à fait par hasard un gaz euphorisant. En effet, c'est en laissant tomber quelque cendres de cigarette dans une solution liquide que la formule prend une tournure étonnante. Plus que les effets positifs qu'entraîne le gaz, certains y voient un moyen d'en faire une arme redoutable face à un ennemi qui serait alors dans l'incapacité de se défendre. La formule intéresse beaucoup M. Granger, le directeur du laboratoire scientifique. Mais pas seulement lui puisque le secrétaire de direction M. Beauchard est lui-même intéressé. Afin de connaître la formule permettant de fabriquer le gaz euphorisant, ce dernier décide d'utiliser les charmes d'une jolie espionne prénommée Régine. Eugène Ballanchon, le créateur du gaz, tombe dans le piège et se laisse séduire. Mais c'est bien mal connaître ce personnage qui contre toute attente se révèle moins stupide qu'il n'y paraît.

Voilà pour l'histoire. Maintenant, que les fans de Jean Lefebvre, Michel Serrault ou Bernard Blier ne s'affolent pas. Je n'ai pas choisi ce film par hasard. Oui, Le Fou du Labo 4est un nanar, mais non, il ne s'agit pas d'un classique de la comédie française. Ou bien faut-il se positionner en tant qu'amateur exclusif de comédies franchouillardes. Car comme nous le verrons plus loin, si le film de Jacques Besnard n'est pas l'engeance que pourrait laisser prétendre son titre ou la présence de certains de ses interprètes (Non, je ne citerai ni Paul Préboist, ni Pierre Tornade, ni Mario David pour ne froisser personne), Le Fou du Labo 4est relativement décevant. Peut-être n'ai-je pas été suffisamment ouvert d'esprit pour n'y point voir le moindre bon mot, mais cette adaptation du roman éponyme de l'écrivain français René Cambon ne m'a tout simplement pas fait rire. Et pourtant, force est de reconnaître que les interprètes font raisonnablement leur boulot. Peut-être pourra-t-on alors accuser (à tort ou à raison) le scénario que le cinéaste écrivit à quatre mains en compagnie du scénariste et dialoguiste Jean Halain ? Par contre, ce qui me dérange terriblement et que personne avant moi ne semble avoir évoqué (peut-être n'ai-je pas suffisamment poussé les investigations dans ce domaine?), c'est l'étrange rapport qu'entretiennent Le Fou du Labo 4et Le Grand Blond avec une Chaussure Noire. J'en vois déjà qui se retiennent de rire, et pourtant... Si je vous dis qu'à un certain moment, attiré par la formule d'Eugène Ballanchon, Beauchard (incarné par Bernard Blier, cette précision s'imposant dans le cas présent) demande à l'espionne Régine d'attirer chez elle le scientifique afin de le séduire, de tenter de lui soutirer des informations, tandis que son employeur écoute leur conversation grâce à un micro planqué dans l'appartement de la jeune femme, cela nous vous évoque-t-il rien ?
Ah ! Là, j'en vois qui effacent de leur visage le moindre sourire. Car oui, cette séquence ressemble furieusement à celle du Grand Blond d'Yves Robert, et durant laquelle François Perrin (Pierre Richard) est convié chez Christine (Mireille Darc), l'agent féminin du colonel Milan, chef adjoint des services secrets, lequel lui aussi tente d'en connaître davantage sur le personnage de Perrin. Là encore, ce dernier ne le sait pas, mais dans l'appartement sont cachés des micros qui permettent à Milan (incarné là aussi par Bernard Blier) d'écouter la conversation entre celui que tout le monde prend pour un agent double et la belle Christine...

Si ça n'est pas du plagiat, alors le Widows of my Dreansde Obits n'est pas celui du Lucifer Sam de Pink Floyd et le Warningde Green Day n'a aucun rapport avec le Picture Bookdes Kinks. Le pire dans toute cette histoire, c'est que l'on aurait pu croire Yves Robert assez intelligent pour que l'on mettre 'ce vol de copie'sur le dos de Jacques Besnard, mais non. Les dates parlent d'elles-mêmes : Le Fou du Labo 4 est sorti en 1967 tandis que Le Grand Blond avec une Chaussure Noire, lui, n'a vu le jour sur grand écran que cinq ans plus tard... Jacques Besnard et Jean Lefebvre auront l'occasion de se retrouver sur les plateaux de tournage à deux autres occasions : C'est pas Parce Qu'on a rien à Dire qu'il faut Fermer sa Gueule (qui contrairement à son titre qui pourrait laisser présager d'un nouveau nanar est une très bonne surprise)en 1975, et Le Jour de gloire l'année suivante...Je ne serai certes pas trop dur avec le film de Jacques Besnard qui, s'il n'est pas un monument d'humour, reste cependant relativement confortable à voir...



Le deuxième long-métrage que j'aborderai ici a quant à lui, déjà beaucoup moins de gueule. Imaginez un casting constitué d'Alice Sapritch (dont la formule 'Oh Chéri Chéri !'est demeurée célèbre pour les plus anciens d'entre nous), de Paul Préboist (ancien jockey de sauts d'obstacles, acteur dans plus de cent-vingt films, et ami très proche de l'animateur-comique-imitateur-acteur et j'en passe, Patrick Sébastien), de Michel Galabru (que l'on ne présente plus) et de quelques trombines dont on se souvient davantage que de leur nom. Mélangez le tout et vous obtenez cette œuvre admirablement mise en scène par ce tâcheron de Michel Gérard (auteur notamment de Soldat Duroc, ça Va être ta Fêteen 1975), Les Vacanciers. Si pour vous passer vos vacances dans un camping a aussi peu d'intérêt que d'aller faire vos courses dans une épicerie ou déjeuner dans une brasserie, vous pouvez d'ors et déjà abandonner tout idée d'apprécier ce film. Véritable monument de ringardise, Les Vacanciersn'est qu'une succession de séquences éculées et de gags pitoyables. Nous sommes en effet plus proche d'Interville que du Petit Rapporteur. Une œuvre éminemment populaire, donc. Qui mise sur une succession de situations navrantes qui n'ont même pas le mérite de faire sourire. Autant dire qu'avec ce film, Jacques Besnard prend le français moyen pour un con. Car à part avoir perdu la moitié de sa cervelle durant la seconde guerre mondiale ou à force d'abuser des stupéfiants, je ne vois pas comment Les Vacancierspourrait éveiller la passion du cinéphile.

Mais peut-être suis trop radical (comme le veut notre époque) ? L'intrigue étant on ne peut plus simple, les quatre-vingt dix minutes que dure le film ne sont prétexte qu'à un amoncellement de scènes dont la vacuité forcerait presque le respect des grands pontes de la série Z. Déjà, le film fait mal aux yeux. Même si l'on comprend que l'utilisation d'un taudis en terme de chambre d'hôte colle plutôt bien à l'intrigue, nous sommes en présence d'un univers esthétiquement proche des confins de l'horreur. Ou comment produire l'anti-carte postale ultime. N'ayant aucun rôle de composition à proposer à ses interprètes, Michel Gérard leur laisse, comme à son habitude, la possibilité de faire un peu tout et n'importe quoi. Et comme le champ des libertés est vaste, certains ne s'en privent pas. Comme Jacqueline Jehanneuf, par exemple. Dont le jeu approximatif dépassant de très loin les sphères offertes par les drogues les plus dures lui permet de littéralement faire planer le personnage de Stéphanie Frankensteinmuhi qu'elle incarne à l'écran. Si Michel Galabru accueille assez mal les Chatton venus s'installer pour les vacances dans le grenier de la demeure familiale, ceux-ci sont, de leur côtés, particulièrement gratinés. Pas de doute, nous sommes bien dans les années soixante-dix : le look des enfants Chatton est là pour le prouver. Bonnet vissés sur le crâne, tee-shirt près du corps bariolés. On ne s'étonnera pas de l'absence d'un quelconque grand couturier au générique. Ici, la (ou le) costumière semble s'être fait la malle, forçant le cinéaste à se rendre dans le Prisunic le plus proche afin de satisfaire l'un des éléments essentiels d'un film. Le plus drôle est la présence d'un directeur de la photographie au générique... je vous laisse réfléchir... ça y est, vous comprenez ma remarque ?

Bon, à part ça, quoi qui y'a de bon ? Ben pas grand chose en fait. On risque d'en laisser dans le coin de l'assiette. La seule mise en bouche à peu près satisfaisante demeure finalement dans la présence d'Alice Sapritch dans le rôle de la Tante Aimée. Si l'actrice ne se déparait pas de son phrasé si particulier, son incarnation quelque peu bourgeoise laisse pourtant entrevoir un personnage d'une grande simplicité. En clair, la classe incarnée dans un infâme boui-boui. P'tain... c'qu'on s'fait ch... je sais pas vous, mais moi, les fêtes de village, ça m'fout le bourdon depuis très longtemps. Peut-être bien qu'inconsciemment est-ce le film de Michel Gérard qui en est responsable... Après le neurologue, j'irai bien consulter un psychanalyste...



Allez, pour terminer, c'est épuisé que je vous propose une œuvre dont l'évocation du titre à lui seul laisse entrevoir le désastre à venir. Signé par l'ancien réalisateur de films pornographiques Bernard Launois (Lâchez les Chiennes, Les Dépravées du Plaisir, etc...), celui-ci a commis également quelques méfaits dans le domaine de la comédie franchouillarde avec, notamment, Sacrés Gendarmes, avant de produire ce qui demeure sans doute comme le plus mauvais film d'horreur français de toute l'histoire du cinéma, et peut-être même tous genres confondus, la chose se nommant Devil Story (et pour l'avoir vu, je peux vous dire que l'expérience est hors du commun). Mais n'ayant pas l'intention de revenir sur ce traumatisme, j'aimerais plutôt vous entretenir sur... attention... tatata !
Touch' pas à mon Biniou !

Il y a des films qui accumulent les indices. Ici, le titre, mais également le casting. Parce Sim, Henri Génès, Gérard Croce, et Florence Blot, ça n'est pas comme si le cinéaste nous avait servi sur un plateau Gérard Depardieu, Patrick Dewaere, Philippe Léotard et Isabelle Huppert. L'affiche aussi. Un grand moment de solitude comme l'on en rencontrera de très retentissants durant la projection. Mais sur l'affiche qui je suppose a dû trôner dans les vitrines des salles de cinéma lors de la sortie du film le 3 décembre 1980, c'est celui (de moment de solitude) de Sim que l'on peut ressentir rétrospectivement trente-huit ans plus tard. Enfin bon. Ça ne l'a peut-être pas tant marqué que cela, ce petit bonhomme au drôle de visage, si sympathique auprès des beaufs (et des autres tels que moi, mais ne suis-je pas moi-même un peu... beauf ?) grands amateurs des Grosses Têtes. Un rôle qui lui va comme un gant finalement.
Le récit, comme on l'imagine, est relativement simple (pour ne pas dire simpliste). Gaëtan (Sim, donc) est breton et vit en compagnie de son épouse, propriétaire d'un hôtel-restaurant spécialisé dans le potage. Il y travaille lui-même mais ne profite jamais des fruits de son labeur, sa femme l’empêchant de mettre la main sur la caisse renfermant la recette. Problème : il a très envie d'aller à Paris afin de participer à un concours de belote. Mais pour ça, il lui faut de l'argent. C'est donc grâce à de petites combines qu'il parvient à amasser suffisamment d'argent pour vivre son... rêve. Et le meilleur moyen pour que sa femme l'ignore est encore pour Gaëtan de cacher l'argent dans son biniou...
Voilà. Fin de l'histoire. Ou presque, parce qu'avec un tel synopsis, Bernard Launois aurait pu nous emballer un court métrage de vingt minutes et l'affaire était faite. Mais non. Il fallait que le cinéaste rajoute en plus, des séquences d'une longueur déprimante et dont presque quarante ans après, on cherche encore l'intérêt. Touch' pas à mon Biniou fait partie de ces comédies franchouillardes bien lourdes à digérer. Le genre de film dont on s'impatiente de voir défiler le générique de fin. Et dire que pour nous pondre un truc pareil, Bernard Launois s'est fait aider par un autre cinéaste du nom de Serge Meynard, notamment connu pour avoir lui-même réalisé L'Œil au Beur(re) Noir en 1987 avec Smaïn, Pascal Légitimus et Patrick Braoudé.

Touch' pas à mon Biniou démontre s'il le fallait que même deux têtes pensantes ne suffisent pas à faire d'un long-métrage, un bon film. On ne sait qui a pondu telle ou telle idée, et même, remarquez, on s'en fiche un peu. Certaines séquences louvoient entre mouvement et immobilisme. Comme cette scène à l'improbable durée voyant un Gérard Croce tourner au volant de son triporteur autour d'une piscine où baigne une blonde naïade totalement désintéressée par ce gaillard au physique de garçon-boucher. C'que c'est chiant. Tellement que j'ai fini par fermer l’œil droit, puis le gauche pour me réveiller, il m'a semblé, quinze bonnes minutes plus tard. Sauf que la scène s'étant éternisée durant ma phase de micro-sommeil, j'ai bien compris que deux ou trois minutes seulement s'étaient écoulées. Des centaines de secondes inutiles auxquelles ma conscience a refusé d'assister en mettant ma matière grise sur 'off'.
Henri Genès lui aussi est au cœur d'une tourmente où le rire n'a pas sa place. Dans le genre gros beauf, il campe une sorte de dragueur invétéré, insistant très lourdement en tentant de 'chopper' la conductrice d'un car de touristes venus faire une halte dans l'hôtel-restaurant de Gaëtan et de son épouse. J'aimerais revenir sur l'actrice qui campe cette dernière justement. Histoire de prendre un bol d'air plus frais mais certes, moins iodé.
Je vais vous la faire courte en ne revenant pas sur la carrière entière de l'actrice Florence Blot, mais prenons celle-ci comme exemple et comparons son interprétation avec les personnages qu'elle campa notamment dans l'excellent Jo de Jean Girault et le tout aussi remarquable Le Locataire de Roman Polanski. D'où la question qui....................

(et pendant ce temps, les cigales chantent alors que le ciel s'assombrit de nuages plus gris qu'un chat croisé au détour d'une pleine Lune. Le vent se lève, une bourrasque projetant un vieux tas de feuilles séchées à la surface d'une piscine à peine dérangée par quelques sauterelles venant s'y noyer...)

.................... ce qui ne cessera jamais de m'étonner !

THE END
(en forme de queue de poisson)*

*pour les rares qui auraient tenu jusqu'au bout (et Dieu que je comprends les autres), j'exprime mon regret de n'avoir pas su donner une fin honorable à cet article un peu long, j'en conviens... mais qui à l'origine l'était encore davantage. Quelques centaines de signes supplémentaires qui se sont fait la malle lors d'un plantage de PC survenu, comme de bien entendu, avant même que je pense à sauvegarder la chose. J'en suis arrivé à la conclusion que mon ordinateur possède une âme. Et que cette âme a conscience du mal que j'ai pu faire à ces quelques fleurons du Z. Et pour se venger, peut-être lui aussi par ennui, il a subitement fermé l’œil. Comme atteint de narcolepsie. Enfin bref, ne me voyant pas réécrire ces quelques dizaines de lignes manquantes, j'ai donc choisi une solution peu élégante mais relativement moins contraignante d'en terminer avec tout ça. All apologies...

Bonnes vacances à toutes et tous

Une nuit à l'Assemblée nationale de Jean-Pierre Mocky (1988)

$
0
0


Walter Arbeit est naturiste. Il vit en compagnie de sa femme et de leur neuf enfants (un dixième arrive) dans un camp de naturiste bien gardé et abrité des curieux. Parce qu'il a mérité une médaille, il accepte d'accompagner son ami Aimé Dugland jusqu'à l'Assemblée où il doit être décoré de la Légion d'Honneur. Sauf qu'entre-temps, il comprend que la récompense à été achetée par son ami. Scandalisé, il quitte le bureau et hurle à qui veut l'entendre que les médailles, ici, s'achètent.

Pour que l'affaire ne s'ébruite pas, Octave Leroy, un proche du Ministre Agnello promet à Walter de réfléchir à une solution concernant la voie de chemin de fer qui bientôt prendra la place du camp dans lequel vivent ses concitoyens naturistes. Alléché par la proposition de Leroy, Walter se laisse amadouer. Mais très vite, il comprend qu'il s'est fait avoir et se lie avec la gauchiste Henriette Brulard afin de révéler lors d'une réunion à l'Assemblée les magouilles perpétrées par certains politiques...


Une Nuit à l'Asemblée Nationale se veut un brûlot contre la classe politique. Un film en forme de dénonciation contre les responsables de l’État et leur habituelles tendances à magouiller. Mensonges, pots de vin, manipulation, tout y passe et Jean-Pierre Mocky convoque un parterre de célébrités pour donner corps à un sujet sulfureux.

Jean Poiret mène la danse, en homme politique véreux qui n'hésite pas à abuser du mensonge pour obtenir ce qu'il veut. Jacqueline Maillan en pseudo Laguiller, gauchiste et désirant renverser le pouvoir en révélant les trafics en son sein. Bernadette Laffont, Darry Cowl, Roland Blanche, Jean Benguigui, et même Josianne Balasko, lors d'une petite apparition. Mais le gros du pavé, c'est celui que lance l'admirable Michel Blanc qui traîne sa nudité jusque dans les couloirs de l'Assemblée. Une performance rare pour l'époque, d'autant plus que l'acteur ne fait pas que traverser l'écran un court laps de temps mais durant tout le film, ou presque.

Malgré tout, Une nuit à l'Assemblée nationale demeure une œuvre relativement faible. La critique est idiote. Du moins, son traitement l'est. En choisissant l'extravagance comme approche, il annule l'impact que pourrait avoir une telle dénonciation des travers de la classe politique. L'interprétation est pauvre, surtout celle des seconds rôles toujours interprétés par des homme et femmes qui n'ont rien à faire devant une caméra mais auxquels Jean-Pierre Mocky offre une chance d'être immortalisés. Une nuit à l'Assemblée nationale reste cependant une réelle curiosité qu'il est intéressant de découvrir. L'un des points noirs demeure dans l'énoncé du titre : Cette fameuse nuit à l'Assemblée ne nous est montrée que durant une dizaine de minutes, emportant ainsi le film loin du huis-clos auquel on aurait pu s'attendre...

Le Mystère de la chambre jaune de Bruno Podalydès (2002)

$
0
0



Après Maurice Tourneur en 1913, Émile Chautard en 1919, Marcel L'Herbier en 1930, Henri Aisner en 1949, Jean Kerchbron en 1965 et Jean-Jacques Vierne en 1983, le cinéaste français Bruno Podalydès, celui-là même qui met habituellement en scène son frère Denis, acteur de la plupart de ses œuvres, est le dernier en date à avoir adapté le célèbre roman éponyme de Gaston Leroux, Le Mystère de la chambre jaune. Si l'on a d'abord la sensation d'être face à un épisode des Brigades du Tigre, des Cinq Dernières Minutesou même du célèbre Commissaire Maigret, on est très vite rassuré par la grande maîtrise de Bruno Podalydès qui fait d'une œuvre policière un divertissement grand public à la construction diaboliquement intelligente. 

Afin de donner corps à une intrigue digne des meilleurs écrits d'Agatha Christie, le cinéaste s'entoure d'interprètes de haut vol. A commencer bien sûr par son propre frère Denis, accompagné d'une impressionnante brochette dont Jean-Noël Brouté, Claude Rich, Pierre Arditi, Olivier Gourmet (savoureux), ou encore l'immense Michael Lonsdale, qu'il enfermedurant le tournage dans le château de Villemolin, lieu unique ayant servi de décor au film.

Quant à l'intrigue, quelle est-elle ? Et bien il s'agit d'une enquête menée parallèlement aux investigations de l'inspecteur Frédéric Larsan, par le journaliste Joseph Rouletabille, et de son fidèle ami, le photographe Sainclair, au château du Glandier dans l'une des chambres duquel une tentative de meurtre a faillit coûter la vie à la fille du Professeur Stangerson, Mathilde. Toute la question étant de savoir qui a tenté de tuer la jeune femme bien sûr, mais aussi de découvrir par quel ingénieux moyen l'assassin a quitté la chambre de la victime fermée de l'intérieur sans qu'aucun des témoins présents ne s'aperçoive de sa présence...

Outre l'intérêt que l'on porte à l'enquête menée par le héros de cette histoire, Le Mystère de la chambre jaune est surtout une irrésistible comédie servie par des acteurs de talents. Si dans l'esprit, le cadre, l'époque et l'approche semblent avoir quelque peu vieilli, le film compte quelques scènes d'anthologie dont celle de l'horloge n'est pas des moindre. Voir l'assistant de Rouletabille se battre avec sa planqueprovoque un rire irrépressible.
Dans le paysage cinématographique français, Bruno Podalydès ne se départit jamais de cette constante qualité qui fait un tout de son œuvre dans sa très large majorité (pour ne pas dire la totalité). Ceux qui aimaient déjà le cinéma de l'auteur de Liberté-Oléron et ceux qui lui demeurent toujours fidèles, et ce jusqu'à son dernier long-métrage à ce jour (Comme Un Avion)tomberont forcément sous le charme de ce Mystèreque seul l'excellent Denis Podalydès parviendra à résoudre...

Unsane de Steven Soderbergh (2018) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Et bien voilà. Nous en sommes arrivés là. Plus besoin d'aucune espèce de caméra, plus ou moins lourde, plus ou moins performante et professionnelle puisqu'un simple cellulaire suffit désormais pour tourner un long-métrage. Un outils bien dans l'air du temps, rendant assujettis ses propres utilisateurs dans ce que l'on pourrait comparer à une forme d'esclavage numérique moderne. Après l'utilisation de l'ordinateur comme unique outil de filmage en 2014 avec le film de Levan Gabriadze, Unfriended, le scénariste, producteur et réalisateur américain Steven Soderbergh pousse les limites du concept dans ses derniers retranchements en filmant son dernier-né à l'aide d'un Iphone 7 Plus. De quoi inspirer des carrières de cinéastes à nombre d'utilisateurs n'ayant aucun talent en matière de mise en scène. Ce devait être fort logiquement l'auteur de Sex, Lies, and Videotapequi devait s'attaquer à la chose, remplaçant ainsi ses vieilles cassettes vidéo par un outil autrement plus commode à utiliser.
Le contexte du dernier long-métrage de Steven Soderbergh, s'il est lui aussi commun à cette nouvelle forme de communication qui rend un peu plus chaque jour nos concitoyens paranoïaques à force de vivre reclus derrière leur ordinateur ou leur téléphone mobile, rappellera sans doute aux fans de Clint Eastwood ou de son héroïne d'alors, l'un des passages les plus marquants de The Changeling, réalisé par le premier et admirablement interprété par Angelina Jolie, lors duquel le personnage qu'elle incarnait est enfermé contre son grès dans un hôpital psychiatrique.

Steven Soderbergh traite ici d'un sujet délicat qui concerne des milliers d'enfants, d'adultes et d'adolescents aux États-Unis, lesquels sont abusivement enfermés dans des instituts psychiatriques alors même que cela ne s'avère pas nécessaire. Principalement interprété par l'actrice britannique Claire Foy dont la filmographie ne se résume jusqu'ici qu'à un peu moins d'une dizaine de longs-métrages, Insane(chez nous le film a été retitré Paranoïa) évoque différents points de vue quant à l'éventuelle réalité des faits qui sont 'reprochés'à l'héroïne.

L'intrigue tourne autour de Sawyer Valentini, nouvelle employée dans un agence qui après avoir été harcelée par un individu s'est vue contrainte de quitter sa ville natale pour la Caroline du Nord. Victime de névroses, elle se rend un jour auHighland Creek Behavioral afin de partager avec un spécialiste ses angoisses et ainsi en être soulagée. Après l'entretien, Sawyer accepte de signer un document sans l'avoir consulté au préalable. Sans le savoir, la jeune femme vient de donner son accord pour être enfermée et étudiée durant vingt-quatre heure dans l'institut. Mais les choses vont très mal se passer pour Sawyer qui au contact d'hommes et de femmes, eux, réellement atteints de troubles comportementaux, va se révéler violente, rallongeant ainsi son passage entre les murs du Highland Creek Behavioral puisque son séjour est rallongé d'une semaine...

L'expérience est rude. Aussi forte que fut celle de The Changelingsauf qu'ici, le cauchemar s'éternise. Les difficultés qu'éprouve l'héroïne dans sa tentative de fuir sa nouvelle condition est plutôt bien menée par un Steven Soderbergh qui réalise un long-métrage propre, et finalement assez réaliste. Il oppose à l'enfermement de Sawyer l'hypothèse que ses ennuis avec son harceleur ne font peut-être pas totalement partie du passé. Le cinéaste n'attend pas la moitié du long-métrage pour nous éclairer sur ce point et cela se révèle plutôt dommageable, l'effet de suspicion tournant autour d'un employé du service de nuit du Highland Creek Behavioral s'en trouvant nettement réduit pour ne pas dire totalement anéanti.

On se dit alors que pour sabrer un tel suspens, Steven Soderbergh doit avoir de la suite dans les idées. Outre l'évidente critique annoncée dès le début et faisant (volontairement ou pas) écho à l'enquête que mena la députée américaine Patricia Schroeder en 1992 sur certaines pratiques dans les hôpitaux psychiatriques, il faut reconnaître tout son charme au style parfois épuré de Steven Soderbergh. Lors du flash-back évoquant le harcèlement dont fut victime l'héroïne, musique minimaliste et plans fixes génèrent une curieuse impression. Entre réalisme du sujet évoqué et l'aspect fantasmé que revêtent les images. Le cinéphile appréciera sans aucun doute la participation de l'actrice Amy Irving (Carrie, le seul, l'unique réalisé par Brian de Palma) dans le rôle d'Angela Valentini, la mère de Sawyer, et la courte (mais géniale) apparition de Matt Damon dans celui du détective Ferguson. Insane est une œuvre qui marque par ses changements de style permanents. Passée la première moitié, Steven Soderbergh transforme le drame paranoïaque en une sorte de psychokiller redoutablement efficace, mettant l'héroïne face à ses angoisses. Angoisses qui prennent le visage de David Trine, excellemment interprété par l'acteur et réalisateur américain Joshua leonard. Petite mention pour l'acteur, rappeur, humoriste Jay Pharoah qui dans la peau de Nate Hoffman campe un compagnon d'infortune très attachant. En 2011, las, Steven Soderbergh évoquait son désir d'arrêter le cinéma lors de l'émission radiophonique américaine Studio 360. Sept ans plus tard, on le remercie de n'avoir pas mis son projet à exécution car Insaneest une excellente surprise...

L'Altro Inferno de Bruno Mattei (sous le pseudo de Stefan Oblowsky) (1981) - ★★★★★☆☆☆☆☆

$
0
0



Quel rapport entre Vincent Dawn, Pierre Le Blanc, David Hunt, William Snyder, Jordan B. Matthews, Jimmy Matheus, ou bien Michael Cardoso ? Tous ne sont que des pseudonymes empruntés par le cinéaste italien Bruno Mattei. Tout comme celui dont il a usé dans le cas présent pour le tournage de L'Altro Inferno. C'est bien donc le fameux réalisateur de Virus Cannibale, Robowaret Zombi 3qui nous revenait en cette année 1981 sous le nom de Stefan Oblowsky pour une œuvre plutôt réussie au regard de certaines de ses plus fumeuses productions considérées à tort ou à raison comme de vulgaires séries Z (Cruel Jaws). Si ça n'est certes pas avec L'Altro Infernoque Bruno Mattei allait enfin pouvoir être redirigé vers le panthéon des cinéastes spécialisés dans le film d'horreur de classe A, c'est toujours avec un certain émoi que l'on découvre l'une des ces innombrables pièces rares mises à disposition par de généreux éditeurs. Dans le cas présent, c'est la défunte Néo Publishingqui nous offrit l'occasion de voir ou revoir l'un des long-métrages ayant objectivement le mieux vieilli dans la carrière du cinéaste italien. Du moins, pourra-t-on accorder à son auteur une certaine aisance dans la mise en œuvre d'un récit particulièrement bordélique. C'est d'ailleurs à travers cette perpétuelle approche renonçant à toute forme de logique scénaristique (que l'on reconnaît d'ailleurs dans de nombreuses production horrifiques italiennes de l'époque) que le film gagne en intérêt.
Un couvent, des nonnes hystériques, des phénomènes étranges évoquant le Malin, un exorciste, et puis, des meurtres, rituels et sanglants. Un programme alléchant pour un résultat parfois théâtral que le doublage dans la langue de Molière accentue. On pompe allégrement William Friedkin et son Exorciste(référence à la vision spectrale), Ken Russel et ses Diables (l'hystérie des nonnes), et même l'excellente bande-son du glauquissime Buio Omegade Joe D'Amato signée par le groupe de rock progressif italien Goblin.

L'un des atouts de L'Altro Infernoest sa recherche constante d'exacerbation dans le domaine de l'hystérie. Les croyance sont ici vécues comme une névrose, rendant ainsi le sujet quelque peu dérangeant. Sans doute pas étrangère à la chose, c'est là aussi avec une certaine émotion que l'on retrouve l'actrice italienne Franca Stoppi dont la carrière ne semble pas avoir dépassé la quinzaine de long-métrages (je connais le créateur d'un fanzine qui risque de grincer des dents si jamais je me trompe) et dont le point culminant fut le rôle qu'elle incarna dans Buio Omega deux ans auparavant. Le visage émacié, un regard... fou, et l'air de trimballer en tête des idées malfaisantes, l'actrice n'a jamais besoin d'en faire des caisses pour générer un certain malaise. A ses côtés, l'acteur Carlo de Mejo que les amateurs d'épouvante à l'italienne reconnaîtront forcément puisqu'après l'avoir notamment découvert dans le Théorème de Pier Paolo Pasolini, ou Le Pont de Cassandra de George Pan Cosmatos, il enchaîna les rôles de personnages dans plusieurs films d'horreur, tels le Contaminationde Luigi Cozzi, et surtout plusieurs Lucio Fulci dont Frayeurset La Maison près du Cimetière.

Dans l'immense vivier des film horrifiques, L'Altro Inferno ne demeurera malheureusement pas parmi les plus mémorables. Pourtant, au regard de la longue filmographie d'un cinéaste qui, avouons-le même s'il on est fan, n'a que très rarement fait des prodiges en la matière, ce film demeure comme une assez bonne surprise. Certes pas aussi jouissif que le Virus Cannibalequ'il réalisa l'année précédente ou l'autre grand classique que le maître de la série Z tourna en 1984 (Les rats de Manhattan), mais tout à fait envisageable lors d'une soirée ciné entre potes...

Les Grandes Vacances de Jean Girault (1967) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Au beau milieu du mois de juillet, enfermé derrière des volets protégeant à peine de la canicule, sans le moindre souffle d'air, ni climatisation, et tout juste à peine aidé d'un vieux ventilateur ayant autant d'efficacité qu'une stère de bois détrempée posée dans le foyer d'une cheminée en hiver, quoi de mieux qu'une comédie française mettant en vedette notre plus grande star dans le domaine ? Qui n'évoquera pas notre Louis de Funès national est sans doute trop jeune pour l'avoir connu au temps où l'on célébrait chaque diffusion le dimanche soir de l'un des innombrables classiques dans lesquels il joua. Afin de coller à cette période caniculaire qui fera regretter à ceux qui les préfèrent, les climats plus tempérés offerts par le printemps ou l'automne, j'ai choisi à cette occasion de revenir sur Les Grandes Vacancesde Jean Girault. Celui-là même qui offrit à Louis de Funès l'opportunité d'endosser le costume de gendarme à six reprises, ou qui lui consacra plusieurs long-métrages de qualité. Tels Pouic-Pouic, Faites Sauter la Banque (tout deux réalisés en 1963), l'excellentissime Jo en 1971, ou encore le pathétique La Soupe aux Choux en 1982.

Les Grandes Vacances, c'est tout d'abord une équipe rompue à la comédie. Car ceux qui entourent Louis de Funès à l'écran, ne le sont pas ici pour la première fois. On a pu en effet découvrir Maurice Risch dans Le Grand Restaurantde Jacques Besnard l'année précédente en 1966, Guy Grosso faisait, lui, déjà partie de la section de gendarme sous les ordres du Maréchal des logis-chef Ludovic Cruchot, et l'on peut même remonter bien plus loin encore puisqu'il apparut notamment dans La Belle Américaineen 1961 et Des Pissenlits par la Racineen 1964. Mario David débutera lui sa carrière 'auprès'de Louis de Funès puisqu'on le découvrira au cinéma dès 1952 dansLa Tournée des Grand Ducsd'André Pellenc, L'Amour n'est pas un Péché de Claude Cariven, ainsi qu'en 1954 dans Ah ! Les belles Bacchantesde Jean Loubignac. Olivier de Funès ne tournera qu'une poignée de long-métrages, tous interprétés par son père, de 1965 avecFantômas se Déchaîned'Andre Hunebelle, jusqu'en 1971 avec Sur un Arbre Perché de Serge Korber. Quant à Claude Gensac, inutile de la présenter puisqu'elle fut très souvent 'l'épouse'du comique au cinéma. A tel point qu'il n'est pas rare que l'on imagine que les deux acteurs ont joué ensemble des dizaines de fois alors qu'il partagèrent la vedette sur grand écran à dix reprises seulement. D'autres interprètes réapparaîtront plus rarement puisque l'acteur allemand Ferdy Lane qui incarne ici le personnage de Mac Farrell n'apparaîtra qu'une seconde fois auprès de Louis de Funès dans Jo, alors que l'actrice française Martine Kelly donnera la réplique au comique à deux nouvelles reprises à l'occasion des tournages de Hibernatusd’Édouard Molinaro en 1969 et L'Homme Orchestre de Serge Korber en 1970.

L'un des points fort de ces Grandes Vacances, c'est sa musique, et surtout son thème principal qui parmi les airs les plus connus de la filmographie de Louis de Funès fait partie des plus reconnaissables. Dès le début, le spectateur apprend que le film est dédié au cascadeur Jean Falloux qui lors du tournage d'une scène aérienne a perdu la vie. L'une des particularités du film de Jean Girault est de partager son intrigue entre la France et l'Angleterre. Pourtant aucun plan n'a été tourné en Grande-Bretagne, le film ayant été intégralement réalisé sur le sol français. Louis de Funès fait preuve, comme à son habitude, d'une énergie débordante qui lui vaudra le Prix Courtelineen 1967. Les Grandes Vacancesest une très sympathique comédie qui nous fait donc voir du pays, entre le pensionnat dirigé par Charles Bosquet (Louis de Funès), un simulacre d'Angleterre donc, et le port du Havre. Une douzaine de lieux de tournage pour un film qui donne parfois le tournis. Entre amourettes, mariage à l'écossaise, dîner britannique, course-poursuite vers le Havre à bord d'une bateau, d'une voiture, ou d'un camion chargé à bloc de sacs de charbon, bagarre entre marins et touristes dans un bar du port du Havre, rencontre plurielle avec un Mario David drôlissime, Louis de Funès se donne à fond et régale les spectateurs qui n'en manquent pas une miette. Loin d'atteindre les sommets du genre, le film de Jean Girault est cependant une très bonne comédie que l'on prend toujours autant de plaisir à redécouvrir...

Terror at Red Wolf Inn de Bud Townsend (1972) - ★★★★★☆☆☆☆☆

$
0
0


Pour commencer, j'aimerais préciser que la version qui me fut mise entre les mains est celle qui fut doublée en français. Et que par ce fait dont l'importance est considérable, le jugement que je porterai sur cette œuvre signée du cinéaste américain Bud Townsend ne pourra être assimilé qu'à cette seule version dont le doublage se révèle catastrophique, lequel demeure très certainement responsable d'une bonne partie du désagrément qui fut le mien devant une œuvre dont j'espérais peut-être un peu trop. Si je devais comparer Terror at Red Wolf Innà l'un des nombreux long-métrages qui abordent la même thématique, je ne ne pousserai par le lecteur à se rapprocher du classique ultime qu'est Massacre à la Tronçonneusede Tobe Hooper mais plutôt vers le Motel Hell de Kevin Connor. Si l'héroïne de l’œuvre qui nous intéresse ici n'est pas directement kidnappée par ses ravisseurs, son sort est néanmoins similaire à celui qui attend les victimes de la famille Smith du film qui chez nous sorti sous le titre Nuits de Cauchemars.
Autre fait dont l'importance est au moins aussi importante, si ce n'est davantage ; la durée. En effet, Terror at Red Wolf Innexiste en deux versions. L'une de quatre-vingt dix minutes. Celle-là même qui sorti sur grand écran. La seconde, celle que j'ai malheureusement découverte fut expurgée de douze minutes dans sa version vidéo. Nul besoin de faire le calcul pour imaginer l'ampleur d'une perte qui explique peut-être pourquoi la version écourtée demeure aussi pauvre en matière d'intrigue.Car plus que sa médiocre interprétation. Davantage encore que sa mise en scène. C'est le scénario qui pèche par excès d'avarice dans cette version de soixante dix-huit minutes seulement.

Tout commence dans la chambre d'un l'immense dortoir où est installée Régina, la jeune héroïne de ce conte morbide pour adultes. L'adolescente reçoit une lettre dans laquelle elle découvre qu'elle a gagné un séjour à L'Auberge du Loup Rouge. Ni une, ni deux, sans prendre le temps de penser à un éventuel traquenard, la gamine emporte avec elle quelques affaires. Arrivée sur place, elle est accueillie par les propriétaires des lieux:Evelyn et Henry Smith, ainsi que leur petit-fils Baby John. Sont également présentes deux autre jeunes femmes qui comme Régina ont gagné le droit de passer quelques jours à l'auberge. Régina est accueillie les bras ouverts, avec le sourire, et pour fêter son arrivée, le soir-même c'est la fête. Un grand repas est organisé à cette occasion mais également en vue du prochain départ de l'une des deux autres pensionnaires, la jolie Pamela. Lorsque le lendemain matin Evelyn annonce à Régina ainsi qu'à la troisième pensionnaire Edwina que Pamela est partie très tôt le matin-même sans leur dire au revoir, les deux jeunes femmes ne s'en préoccupent pas vraiment. Mais lorsque c'est au tour d'Edwina de disparaître, Régina commence à s'inquiéter. D'autant plus qu'elle est témoin de faits étranges se déroulant la nuit lorsque tout le monde est censé dormir...

Terror at Red Wolf Inn, c'est encore une histoire de famille maboule vivant à l'écart de la civilisation. L'un des rapprochements que l'on pourrait faire entre le film de Bud Townsend et celui de Kevin Connor, c'est ce désir d'engraisser leurs victimes auquel prend soin ce couple de retraités apparemment biens sous tout rapports mais cachant un terrible secret à l'arrière de leur cuisine. Un mystère que l'on devine assez rapidement. Le jeu des acteurs se révèle trop souvent insipide. La faute à des dialogues d'une pauvreté exaspérante. Quant à l'interprétation, les acteurs et actrices étant peu aidés par une écriture extrêmement fade, ils n'ont d'autre choix que de remplir les vides à l'aide de rires souvent grotesque. Difficile donc d'y dénicher le moindre talent. A part peut-être chez l'acteur John Neilson, qui ne semble avoir joué que dans une petite poignée de long-métrages (Honkyen 1971, et Sharks Treasure en 1975 aux côtés de Yaphet Kotto) et qui dans Terror at Red Wolf Inn campe un Baby John Smith instable et impulsif plutôt crédible. Au delà de son interprétation, il faut avoir du courage pour aller jusqu'au bout. La carotte, c'est le mystère qui entoure l'arrière-cuisine qu'Evelyn tente de cacher à ses convives. On espère y découvrir un étal recouvert de cadavres découpés en morceaux. Si tel est le cas, les effets-spéciaux sont relativement sobres. Le spectateur s'amusera d'un final inversant la règle, quoique assez peu crédible. Une œuvre à mettre entre les mains des complétistes qui voudraient ajouter une nouvelle galette à leur collection de films axés sur des familles aux us et coutumes déviants. Ne reste plus qu'à dénicher la version originale et complète du film de Bud Townsend, celle-là même qui remettra peut-être en question l'avis mitigé de cette édition trop amputée pour que l'on se fasse un avis définitif... à suivre... ?

Les Bronzés 3, Amis pour la Vie de Patrice Leconte (2006) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

$
0
0


Trois étoiles sur dix, cela peut paraître sévère. Isolé de ses deux prédécesseurs, Les Bronzés 3, Amis pour la Vieaurait sans doute mérité une étoile supplémentaire. Peut-être deux. Mais sortir cette suite tardive vingt-sept ans après l'excellent second opus Les Bronzés font du Ski n'a aucun sens. Tout d'abord parce que la forme d'humour employée dans ce troisième volet diffère drastiquement de celui des deux autres. Ensuite parce que chacun a plus ou moins bien vieilli. Mais surtout parce que l'on a pas le droit de toucher à deux œuvres aussi cultes même si une partie du public devait fantasmer depuis longtemps sur cette arlésienne qui allait pourtant voir le jour plus d'un quart de siècle plus tard sous l'impulsion de laTroupe du Splendidqui devait à l'origine travailler sur le tournage d'un autre long-métrage,Astérix en Hispanie. Une adaptation du quatorzième album d'Astérix et Obélix compromise par Albert Uderzo lui-même, lequel n'avait pas vraiment apprécié Astérix et Obélix : Mission Cléopâtrequi reste cependant la meilleure des quatre adaptations live de la célèbre bande dessinée.
Dans ce troisième opus nous retrouvons les membres du Splendiddéjà présents dans les deux premiers: Michel Blanc, Marie-Anne Chazel, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Josiane Balasko, Thierry Lhermitte, Dominique Lavanant, Martin Lamotte (qui était absent du second volet), ainsi que le plus discret Bruno Moynot. Ceux qui les accompagnaient à l'époque ont disparu du casting : Michel Creton (logique puisque dans le premier, le personnage de Bourseault qu'il incarnait mourait noyé après avoir été piqué par une raie), Luis Rego, Guy Laporte, ou encore Maurice Chevit. Deux nouveaux venus ont fait une apparition remarquée. Le premier dans la peau du fils de Nathalie et Bernard Morin. Il s'agit du propre fils de Gérard Jugnot qui jusque là n'avait joué que dans une petite dizaine de films. Le second est UNE... seconde, en la personne d'Ornella Muti.

Les Bronzés 3, Amis pour la Viea rencontré le succès dans notre pays avec pas moins de 10 300 000 entrées. C'est bien plus que les deux premiers volets réunis, mais cela peut s'expliquer par l'engouement d'un public qui était loin, alors, de supposer que cette seconde séquelle aux Bronzésserait aussi médiocre. Tout y est effectivement très lourd. Voire vulgaire. Gisèle débarque avec une nouvelle et énorme poitrine en silicone, Jean-Claude Dusse, désormais prénommé Jessy, a totalement abandonné son look de ringard pour un autre beaucoup plus branché... et finalement tout aussi cheap. Popeye est toujours accroc au sexe bien qu'il vive désormais avec Graziella (Ornella Muti), Jérôme est toujours amoureux de Gigi bien qu'ils soient en instance de divorce, Nathalie et Bernard sont toujours en couple, quant à Christiane (ratée chirurgicalement par Jérôme), elle vit désormais en compagnie de Miguel, le couple ayant adopté une attitude des plus... zen. Enfin, Benjamin Morin, il débarque pour annoncer à ses parents qu'il vit en couple...

Terminées les répliques cultes qui s'enchaînaient sur un rythme d'enfer. Les gags sont rarement drôles et les personnages vieillissants sont déprimants. Comme s'ils rappelaient aux plus anciens d'entre nous que les années passent inexorablement. Patrice Leconte l'a annoncé : il n'y aura pas de quatrième volet. Un avis partagé par Michel Blanc qui considère qu'ils en ont fait le tour. Par contre, Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot sont d'un avis différent et ne s'opposent pas fermement à l'idée qu'un nouveau chapitre apparaisse un jour sur les écrans. En attendant, que l'on ait aimé ou pas ce troisième épisode, d'ici l'hypothétique sortie d'une suite aux Bronzés 3, Amis pour la Vie, les spectateurs pourront au choix prier pour que le projet se concrétise ou bien qu'il reste dans les tiroirs...

America 3000 de David Engelbach (1985)

$
0
0


Le monde n'est plus ce qu'il a été. Depuis plus de neuf cent ans, l'humanité est retournée à la barbarie. Femmes et hommes se distinguent par une haine profonde, les premières s'étant muées en amazones traquant les seconds qu'elles séparent ensuite en deux catégories : d'abord les « Seeders », individus aux attributs sexuel leur donnant le pouvoir de reproducteurs, assurant ainsi la continuité de l'espèce amazone. Et puis les « Macos », des hommes que les femmes au pouvoir ont intellectuellement affaibli en leur coupant les cordes vocales et en les asservissant.

Mais alors que Korvis a été choisi comme nouveau reproducteur, il parvient à fuir le camp des amazones avec un ami et à libérer une tribu de « Macos » retenus prisonniers. Il découvre également un abri anti-nucléaire dans lequel le dernier président des États-Unis, élu il y a plus de neuf cent ans, avait trouvé refuge lors de la guerre thermonucléaire qui avait dévasté la planète. Korvis y découvre une cache d'armes et d'explosifs ainsi qu'une combinaison anti-nucléaire. Vêtu de cette dernière et armé jusqu'aux dents, l'ancien prisonnier est bien décidé à changer le monde et à libérer tous les peuples qui sont entre les mains des amazones...

America 3000... le titre laisse à lui seul le sentiment que l'on va être mis à rude épreuve devant ce film signé par le cinéaste et scénariste David Engelbach. Et en effet, le chemin menant au générique de fin va se révéler pavé de piège au moins aussi dangereux que la radioactivité qui a décimé une grande majorité de la population humaine. Neuf cent ans ont donc suffit pour que notre espèce retourne à l'état sauvage avec tout ce que cela comprend de barbarie. Le script de America 3000a été directement écrit par David Engelbach lui-même. En fait, cela faisait dix ans qu'il traînait dans un tiroir, le cinéaste avouant lui-même que le contenu du scénario était en avance sur son temps (détail fort amusant et essentiel à connaître avant de découvrir le film afin de se rendre compte du décalage entre cette prétentieuse affirmation et le résultat navrant de ce minuscule nanar qui se voudrait sans doute une suite directe au classique Mad Maxde George Miller).

Produit à l'époque par la Cannon, le fait de relever les noms de Menahem Golan et Yoram Globus au générique aurait dû suffire à nous rassurer. Pourtant, le résultat est à la limite de la catastrophe. Volontaire ou pas, l'humour est présent du début à la fin. Mais l'emploi d'un tel substantif n'est ici, pas un gage de qualité. Afin de faire des économies sur le budget, David Engelbach a préféré dans les décors naturels du Colorado. N'y cherchez aucune structure, aucun décor de cinéma car à part de vieilles huttes (et des costumes taillés à la serpe dans de la toile en coton), c'est le vide absolu. La seule réelle invention finalement se trouvant dans le système d'ouverture du portail du camp des amazones...

Interprété par Chuck Wagner (dont le nom n'a rien à voir avec une éventuelle contraction de l'acteur Chuck Norris et du compositeur Richard Wagner), America 3000 est un authentique nanar. Mais cette fois-ci, malgré tout le respect que l'on a pour le cinéma transalpin, c'est du côté des Amériques que l'histoire se déroule. Il est important de noter qu'à côté d'un scénario déjà particulièrement indigent, rien ne nous aiguille sur la manière dont les femmes ont pris le pouvoir sur l'espèce humaine dans sa globalité et comment les hommes ont pu, eux, se laisser dépasser par les événements au point de devenir des esclaves à la solde de la gente féminine.

La réalité des faits est que le scénario part un peu dans toutes les directions. On se perd quelque peu dans un récit brouillon, inintéressant, et une interprétation grotesque de la totalité du casting (la totalité, oui, ce qui est éminemment rare il faut le noter). Le summum demeurant dans celle de Chuck Wagner (le Korvis en question) qui dès lors qu'il met la main sur la combinaison nous offre le tableau affligeant d'un homme voulant conquérir le cœur de ses semblables et ainsi faire régner la paix. Une idée brillante, mais le résultat est tellement grotesque que l'on a surtout envie de pouffer de rire. Les quelques explosions et scènes d'actions ne parviennent pas vraiment à relancer un intérêt qui depuis s'est fait la malle, d'autant plus que le doublage en français vient davantage noircir le tableau. America 3000 est donc un bon gros nanar que les amateurs du genre sauront apprécier...

Predator 2 de Stephen Hopkins (1990) - ★★★★★☆☆☆☆☆

$
0
0


Dans le premier volet réalisé en 1987 par le cinéaste américain John McTiernan, l'intrigue prenait forme en plein cœur de la forêt tropicale d'Amérique Centrale dans un pays imaginaire créé à l'occasion (Val Verde). Le Major Alan Dutch Schaefer et ses hommes y étaient envoyés afin de récupérer un ministre enlevé par des guérilleros. Dutch, George Dillon, Ramirez et les autres arrivèrent malheureusement trop tard. Mais ils allaient tous mener un combat contre une force invisible nommée Predator. Une créature venue d'un autre monde afin de chasser l'homme sur son territoire. Un humanoïde, lourdement armé, porteur d'une combinaison furtive, et rompu à l'exercice de la chasse. A la fin, et alors que tous ses hommes allaient tomber au champ de bataille à la manière des membres de l'équipage du Nostromo d'Alien, le Huitième Passager, Dutch allait mettre un terme aux agissements de la créature en débarrassant la surface de la Terre de sa présence.
Trois ans plus tard, John McTiernan a préféré ne pas réintégrer son poste de réalisateur au profit de À la Poursuite d'Octobre Rouge. Quant à Arnold Schwarzenegger, il était à l'origine prévu que l'acteur reprenne le rôle mais comme cela arrive très souvent, c'est un désaccord financier qui ruina les chances de le retrouver dans la peau du Major Dutch. Désormais, c'est le cinéaste Stephen Hopkins, auteur l'année précédente des cinquièmes aventures d'un célèbre croquemitaine en pull-over rayé de rouge et noir (Freddy 5 : L'Enfant du Cauchemar), qui accepte de reprendre le flambeau. Désormais, la guerre n'a plus lieu dans une forêt tropicale étouffante mais dans la jungle urbaine de Los Angeles où la police et et les différents cartels de la drogue colombiens mènent une guerre sans merci.

Bien qu'il ne possède pas le charisme d'Arnold Schwarzenegger, le rôle principal est désormais confié à l'acteur Danny Glover, surtout connu pour avoir joué dans les quatre volets de la saga Lethal Weapon de Richard Donner aux côtés de Mel Gibson. Le flic a remplacé le soldat. Afin de l'accompagner, il récupère le fougueux Jerry lambert, un jeune inspecteur incarné par l'excellent Bill Paxton. Ils sont de plus confrontés à leur hiérarchie et ainsi qu'à l'agent spécial Peter Keyes qui ne semble pas prêt à collaborer avec la police de Los Angeles. Le compositeur Alan Sivestri qui officiait déjà dans le premier Predatorest également l'auteur de la partition musicale de cette suite. On retrouve également à nouveau les frères Jim et John Thomas à l'écriture du scénario ainsi que l'acteur noir Kevin Peter Hall sous la combinaison de la créature.

Devenu un classique de la science-fiction, le premier Predator a engendré une succession de long-métrages de plus ou moins bonne qualité. Outre cette première séquelle, le cinéaste Nimród Antal a pondu une suite plus proche de l'original avec Predatorsmais néanmoins pénible à regarder en comparaison avec son illustre ancêtre. Une nouvelle séquelle est même prévue pour le 17 octobre prochain. Signée par le cinéaste Shane Black, auteur notamment de Iron man 3, on espère que son nouveau film relèvera le niveau d'une franchise qui n'a fait que perdre en qualité. Et que dire des navrants Alien vs. Predatorde Paul W.S. Anderson (2004) et Alien vs. Predator:Requiemde Colin Strause (2007), mélangeant deux des plus grands mythes de la science-fiction horrifique ?

A voir le résultat obtenu par des cinéastes insuffisamment préparés (ou manquant de talent) pour prétendre égaler l’œuvre de John McTiernan, Predator2n'est peut-être finalement pas le plus mauvais de tous et se range directement en seconde position après l'original. Pourtant, force est de constater qu'en comparaison, ce récit urbain ne possède pas le charme du cadre tropical, et ses interprètes, aussi bon fussent-ils, n'ont pas le charisme de Schwarzenegger et ses compagnons. Predator 2 flirte même parfois avec le ridicule (le rasta décapité dont la tête continue à hurler), et l'indigeste (la rencontre entre le Predator et l'enfant). L'esthétique apportée à l'image (souvent plongée dans une lumière bleutée) devient épuisante à force de devoir écarquiller les yeux pour espérer comprendre ce qui se joue devant nous (la scène du métro manque cruellement de visibilité). La sublime créature créée à l'origine par le maquilleur Stan Winston étant relativement mal éclairée, elle n'est, contrairement au film original, pas vraiment mise en valeur. Predator2 grouille de scènes improbables. Danny Glover est beaucoup moins convaincant qu'Arnold Schwarzenegger,. Le cadre est moins plaisant, la mise en scène pas aussi maîtrisée, l'interprétation juste acceptable, la bande originale moins 'puissante', et le scénario, bien moins appréciable. Au final, et même s'il n'est pas le pire de tous, ce second volet n'arrive même pas à mi-hauteur du premier. A voir pour l'originalité du cadre qui tranche radicalement avec celui de Predator. En dehors de cela, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent à part quelques scènes de course-poursuite entre humains et alien dans une cité ravagée par le crime et la drogue...

Podium de Yann Moix (2004) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Prix Goncourt du premier roman pour Jubilations vers le Cielen 1996, critique littéraire pour le magazine Marianne entre 1998 et 2002, chroniqueur dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas Couchéà partir de 2015 et ce jusqu'en 2018. Multipliant les casquettes, on ne peut pas dire que l'écrivain et réalisateur français Yann Moix ait chômé depuis ses débuts. En parallèle à ses différentes carrières de critique, d'écrivain et de chroniqueur, le bonhomme a eu le temps de réaliser deux longs-métrages qui ont tout deux obtenus des résultats auprès du public et de la presse diamétralement opposés. Le deuxième, pour commencer, qui fut un échec commercial et critique total et qu'il serait tant de réévaluer à sa juste valeur (Cineman, 2009). Quant au premier, Podium, que Yann Moix tourna cinq ans auparavant en 2004, il ne s'agit pas du biopic auquel certains s'attendaient sûrement (et en premier lieu, les fans du chanteur Claude François), mais d'une comédie, légère, décrivant avec beaucoup d'humour et de talent de la part de ses interprètes, les dérives consécutives à la passion dévorante pour une idole de la chanson française.

Ici, c'est l'acteur belge Benoît Poelvoorde qui s'y colle. Loin d’appesantir le récit sur l'aspect particulièrement sinistre de l'engouement pathologique pour une vedette de la chanson française ayant compté parmi les plus populaires de son époque, Yann Moix joue avec certains codes de la profession de sosie et délecte le spectateur en lui offrant en pâture toute une galerie de personnages aussi grotesques que pathétiques. Au centre desquels, donc, nous retrouvons Bernard Frédéric, vedette de sa propre existence. Petit employé dans une banque, il y a bien longtemps (cinq ans) que son épouse Véro (excellente Julie Depardieu) lui a imposé de stopper toute activité relative à sa passion dévorante. Le couple vit en compagnie de leur jeune fils dans une maison-témoin dont le sous-sol renferme les vestiges de l'ancienne passion de Bernard. Après avoir retrouvé son ancien compagnon de route Jean-Baptiste Coussaud dit « Couscous », sosie de Michel Polnareff sous le nom de Michel Polnar G, Bernard reçoit un coup de fil de Claude François lui-même sur le fameux téléphone rouge de la chanson Le téléphone pleure qu'il s'offrit cinq ans auparavant pour plusieurs milliers d'euros.
Bernard Frédéric décide alors de retourner à sa passion malgré l'avis de Véro, mais soutenu par Couscou. Le sosie de Claude François et son ami vont faire passer un casting à de jeunes danseuses afin de reformer les 'Bernadettes'et espèrent bien participer prochainement au concourt de sosie qu'animera la présentatrice Évelyne Thomas qui à cette occasion jouera son propre rôle...

Yann Moix décrit la passion de son héros comme un subterfuge lui permettant d'oublier sa morne existence. Car bien que père d'un jeune Sébastien (Nicolas Jouxtel) et époux amoureux de Véro, on ne peut pas dire que Bernard soit particulièrement conquis par son mode de vie. Se fondre dans la peau de son idole est une manière pour lui de quitter l'obscurité pour la lumière. Mais le risque ici, est de se perdre définitivement comme semble être perdu son ami Couscous, talentueusement incarné par l'excellent Jean-Paul Rouve. Le cinéaste, qui s'inspire ici de son propre roman éponyme, se réapproprie les codes vestimentaires de l'époque tout en ringardisant le propos à travers le souvenir de galas effectués dans des parkings de supermarchés Podiumaura sans doute inspiré sa descendance car comment ne pas voir la moindre trace d'opportunisme dans le peu convaincant Stars 80 que Frédéric Forestier et Thomas Langmann réalisèrent huit ans plus tard ?

On pourra regretter que Yann Moix n'exploite pas davantage la psychologie d'un personnage 'borderline', se contentant finalement de jouer avec le grotesque du propos, bien qu'il ne se moque jamais véritablement de son héros. Les fans de Claude François ont là, matière à se réjouir d'une bande-son faisant la part belle à leur idole tandis que d'autres pourront y déceler une certaine forme de cynisme. Mieux vaut choisir son camp avant de porter un jugement définitif. Et quoi de mieux que l'émouvant duo entre la star et son sosie ? Podiummérite d'être redécouvert... A noter qu'une suite est prévue depuis quelques années avec dans les deux principaux rôles, Benoît Poelvoorde et Jean-Paul Rouve. Bien que les rapports entre le cinéaste et l'acteur belge se soient ternis à la suite du premier Podium, les deux acteurs y devraient être présents. En outre, Yann Moix a promis que le personnage de Couscous y aurait un rôle plus important que dans Podium. Affaire à suivre...

Les Saisons du Plaisir de Jean-Pierre Mocky (1988)

$
0
0


Emmanuelle et Charles ont cent ans chacun et sont bien décidés à profiter de la vie. C'est pourquoi ils ont choisi de partir en voyage de noces. La question qui se pose est de savoir qui va prendre en main la Parfumerie Vanbert en leur absence. Charles qui en a assez décide de profiter du séminaire annuel réunissant les cadres de l'entreprise pour élire celui qui prendra la tête de l'entreprise familiale.

Jacques, Gus, Paul, Bernard et Daniel sont les principaux cadre de la Parfumerie Vanbert et espèrent tous devenir le nouveau patron. Il fait beau au château des Vanbert. Le soleil brille, c'est l'été et les désirs charnels explosent de mille envies. Adolescents et adultes se laissent aller à des ébats tandis que d'autres complotent pour obtenir les grâces du patriarche lorsque celui-ci prendra la décision de nommer son héritier à la tête de la parfumerie.

Mais alors que chacun vaque à ses occupations, Jacqueline, la fille des Vanbert disparaît dans la garrigue. Lancés à sa recherche, un groupe d'hommes et de femmes fouilles les lieux. Contre toute attente, c'est Thierry et son épouse Sophie qui retrouvent Jacqueline et lui évitent de faire une bêtise. Afin de remercier ceux qui ont sauvé leur fille, Emmanuelle et Charles demandent à les voir. Ailleurs, le danger guette. En effet, on signale une fuite de gaz radioactif dans la centrale nucléaire d'à coté...

Datant de 1988, Les Saisons du Plaisirs est surtout connu en raison de son affiche des plus équivoque, plus que de ses qualités en terme d’œuvre cinématographique. Tourner, c'est toute sa vie, à Jean-Pierre Mocky. Troisième film à sortir cette année là après le corrosif Miraculé et Agent Trouble, Les Saisons du Plaisirsfait figure de film léger. On s'y fourvoie à volonté avec ses partenaires, hommes et femmes, homme et homme, femme et femme, Jean-Pierre Mocky n'a pas de tabous.

Le casting est exceptionnel : Stephane Audran, Jean-Pierre Bacri, Roland Blanche, Jean-Luc Bideau, Darry Cowl, Rochard Bohringer, Eva Darlan, Jean Poiret, Fanny Cottençon, Sylvie Joly, Bernadette Lafont, Jacqueline Maillan, Bernard Menez, et même la toute jeune Judith Godrèche tournent en orbite autour des « anciens » Charles Vanel et Denise Grey. 
 

Le pouvoir, l'argent et le sexe sont les vices qui touchent tous les personnages du cinéaste. Son film fait parfois penser à la comédie satirique de Denys Granier-Deferre Que les gros salaires lèvent le doigt, sortie six ans plus tôt. Les Saisons du Plaisirsse laisse regarder, sans plus. C'est bien du Mocky : une idée de départ intéressante mais mal négociée par la suite. Heureusement, l'interprétation est quand à elle assez juste...


Sur un Arbre Perché de Serge Korber (1971) - ★★★★★★★☆☆☆

$
0
0


Si dans le fond, Sur un Arbre Perchése révèle relativement simple, dans sa forme, il semble avoir été plus compliqué à mettre en place que ne le laisse envisager le résultat à l'écran. Il s'agit de la seconde collaboration entre l'acteur Louis de Funès et le cinéaste Serge Korber et la deuxième fois que ce dernier adapte un scénario original en compagnie du scénariste et dialoguiste Jean halain (lequel écrira le scénario de bon nombre de long-métrages mettant en vedette Louis de Funès entre 1949 (Millionnaires d'un jour d'André Hunebelle) et 1981 (La Soupe aux Choux de Jean Girault). Après le déjà très spécial L'Homme Orchestre réalisé un an auparavant, en 1970, Serge Korber confie à Louis de Funès le rôle du promoteur Henri Roubier qui, de retour d'Italie où il vient de signer un contrat, et qui, contre son accord, vient d'embarquer à bord de sa décapotable un jeune auto-stoppeur ainsi que l'épouse d'un millionnaire. Sur la route qui mène jusqu'à la frontière française, au volant de son véhicule, Roubier fait un écart et plonge dans le vide. Par chance, il évite une chute mortelle mais la voiture tombe sur un arbre au beau milieu d'une falaise. Ni le sommet, ni le sol ne sont accessibles. Condamnés à rester immobiles dans la décapotable jusqu'à ce que d'éventuels secours viennent les sauver, Roubier et ses deux encombrants passagers vont devoir faire contre mauvaise fortune, bon cœur...

Le scénario de Pierre Roustang adapté à quatre mains par Jean Halain et Serge Korber aurait tout aussi bien pu servir de base à une pièce de théâtre. Car en effet, le film se situant majoritairement à bord d'une voiture immobilisée sur un arbre perché à plusieurs centaines de mètres au dessus du sol, toute l'intrigue repose uniquement sur le jeu de son improbable trio d'interprètes principaux. Dans le rôle principal, Louis de Funès, bien évidemment. A ses côtés, son propre fils Olivier qui contre toute attente n'incarne par le rôle du rejeton mais celui de l'auto-stoppeur (dans L'Homme Orchestre, Olivier de Funès interprétait au moins le rôle du neveu de Evan Evans, incarné, lui, par Louis de Funès). Pour accompagner les deux hommes, la touche féminine est assurée par l'actrice américaine Geraldine Chaplin qui comme chacun sait, est la fille de l'illustre Charlie Chaplin.

Bien que visuellement le film relève d'un minimalisme parfois déconcertant, le tournage semble s'être révélé plus difficile que le scénario pouvait le laisser croire. Si la direction des acteurs ne paraît pas avoir été le principal soucis du réalisateur, l'utilisation de cascadeurs lors de plans vertigineux et d'hommes rompus à l'alpinisme afin d'assurer certains des plans les plus osés se révèle remarquable. Fort logiquement remplacés par des doublures-cascadeurs, Louis et Olivier de Funès ainsi que Geraldine Chaplin ont quant à eux tourné la plupart des scènes en studio. Si les raccords ne sont pas toujours parfaitement exécutés, l'illusion est pourtant presque parfaite.

Afin d'éviter qu'une certaine redondance ne vienne ternir le récit, Serge Korber imagine quelques séquences plutôt amusantes, tel le portrait de Roubier en cycliste, l'évocation d'un vampire dans la région, ou encore la scène située dans le désert. Des mini-sketches relançant l'intrigue jusqu'à ce que les secours arrivent enfin, ouvrant le bal d'un dernier quart-d'heure totalement délirant. Notons la présence de Paul Préboist dans le rôle du radio-reporter et d'Alice Sapritch dans celui de Lucienne, l'épouse de Roubier.
Sur un Arbre Perchédemeure sans doute comme l'une des comédies de Louis de Funès parmi les plus faibles. D'ailleurs, les résultats au box-office semblent s'en être ressentis malgré le score honorable dépassant le million et demi de spectateurs. Il s'agira là de la dernière collaboration entre Louis de Funès et Serge Korber. Une petite comédie, sympathique, mais dispensable...

Luther the Geek de Carlton J Albright (1990) - ★★★★★★☆☆☆☆

$
0
0


Luther fait partie de ces tueurs qui auraient dû finir leur existence enfermés en prison, ou dans un institut psychiatrique accueillant des malades particulièrement dangereux. Il n'est pas rare que le septième art ait enfanté des monstres à visages humains tels que lui. Je pense notamment à deux des plus étranges cas de schizophrénes que le cinéma ait porté à l'écran. George Tatum du glauque mais décevant Cauchemars A Daytona Beachque le cinéaste Romano Scavolini réalisa en 1981, et plus encore le tueur du traumatisant Schizophrenia de Gerald Kargl datant de 1983. Luther et ces deux là ont en commun d'avoir été considérés aptes à être libérés par les spécialistes qui étaient en charge de les soigner. Tous les trois ont également en commun l'habitude de s'immiscer dans l'existence de paisibles familles. Le tueur de Schizophreniapénêtre la demeure d'une famille constituée de trois membres afin d'y assouvir ses pulsions, se rapprochant ainsi davantage de Luther que de Tatum qui lui s'intéresse à une mère et ses trois enfants pour des raisons plus obscures. Luther the Geek est une production de la célèbre firme Tromaqui nous avait habitué à davantage d'humour. C'est ainsi que l'on rapprochera le film de Carlton J Albright de celui que réalisa le cinéaste Buddy Giovinazzo : le saisissant Combat Shock, lui aussi disponible ches Troma. Du gore craspec plus sérieux que d'habitude.

Pourtant, la particularité dont Carlton J Albright a affublé son meurtrier a de quoi faire pouffer de rire les plus sérieux d'entre nous. Car non comptant d'être attiré par tous les types de galliformes qu'il croise sur sa route et auxquels il offre des baisers mortels (leur arrachant la tête à pleines dents), Luther ne s'exprime que par caquètements. Pas vraiment sérieux me direz-vous, et pourtant, ce détail n'affecte pas vraiment l'étrange sentiment qui se dégage de cet individu particulièrement abjecte se nourrissant de sang depuis que tout petit, il a assisté à un spectacle durant lequel un phénomène de foire était exhibé dans une grange. Autre point qui participe à rendre Luther si incommodant à regarder dans les yeux : l'acteur Edward Terry qui campe un Luther plutôt convaincant. Une gueule comme on en a rarement vu sur les écrans. L'acteur ne semble pas avoir été affublé du moindre postiche ou de la moindre prothèse en latex, et pourtant, il révèle un visage carrément flippant que l'on imaginerait bien dans une œuvre aux moyens financiers plus conséquents.

Prenez Francis Dollarhyde (l'acteur Tom Noonan) du glaçantManhunterde Michael Mann, offrez-lui la dentition métallique du Requin des James Bond, et les agissements de toute une tribu de dingues cinématographiques et vous obtenez Luther, un personnage déviant, irrécupérable. Agissant tel un vampire anthropophage urbain. Edward Terry ne semble pas avoir fait grand chose d'autre à part une courte apparition dans The Childrende Max Kalmanowicz à l'écriture duquel a justement participé Carlton J Albright. Au vu des piètres qualités de nombre de productions Tromane reposant finalement que sur de délirants scénarios, Luther the Geek fait peut-être partie du haut du panier. A découvrir, donc, d'autant plus qu'il est disponible au format DVD chez Uncut Vidéodans une édition tirée à 1000 exemplaires en version originale sous-titrée en français accompagnée d'une présentation de Lloyd kaufman...
Viewing all 3853 articles
Browse latest View live