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L'Apparition de Xavier Giannoli (2018) - ★★★★★★★★☆☆

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Comédies, thrillers, drames, romances, Vincent Lindon est capable d'interpréter n'importe quel personnage. Il a pu le prouver à de nombreuses reprises en tournant pour Claude Lelouch, Coline Serreau, Alain Berberian, Pierre Jolivet, Fred Cavayé ou encore Jacques Doillon, et aux côtés de Sophie Marceau (L’Étudiante), Gérard Lanvin et Béatrice Dalle (La Belle Histoire), Zabou et Patrick Timsit (La Crise), ou bien Sandrine Kimberlain (Mademoiselle Chambon). En 2018, il est à l'affiche de quatre longs-métrages dont L'Apparition de Xavier Giannoli, cinéaste français de quarante-six ans qui réalise ici son septième film. Un sujet délicat, magistralement interprété par Vincent Lindon et par l'étonnante Galatéa Bellugi, dont il s'agit ici de la septième apparition sur grand écran. Sujet délicat puisque L'Apparitionaborde le thème de la jeune femme témoin de l'apparition de la Vierge Marie, prise sous l'aile réconfortante du Père Borrodine, à laquelle se retrouve confronté Jacques, grand reporter totalement dévasté depuis qu'il a perdu son ami et photographe lors d'un reportage en Syrie, et contraint de faire la lumière sur cette affaire.
Xavier Giannoli développe un récit exemplaire, sans fioritures, opposant un journaliste 'croyant'mais non pratiquant, face à une jeune novice au cœur d'une affaire qui emportera au départ son principal personnage en plein cœur du Vatican. Là même où lui sera confiée une tâche des plus ardue. Sous la forme d'une enquête journalistique prenant des airs d'enquête policière avec tout ce que le principe sous-entend (interrogatoire, investigation, témoignages, etc...). Vincent Lindon y est confronté à une communauté soudée autour d'Anna, mystérieuse jeune femme qui à l'âge de quinze ans a vu apparaître devant elle, la Vierge Marie.

L'Apparition décrit alors le processus découlant de ce prodigieux événement. Entre la ferveur des adeptes, l'extrême prudence du protecteur d'Anna, le Père Borrodine, incarné par l'acteur Patrick d'Assumçao, ou la méfiance des plus hautes instances du Vatican, la longueur du métrage s'explique par la rigueur avec laquelle le cinéaste tente d'apporter la lumière sur un fait (pas tout à fait) divers avec un luxe de réalisme. On pense notamment aux questions posées à la jeune femme, véritable interrogatoire durant lequel Xavier Giannoli pose sa caméra devant le portrait d'une Anna perdue dans des pensées dont la teneur demeure un mystère durant une très grande partie du long-métrage. Au delà de la simple enquête, le cinéaste évoque le passé trouble de son héroïne. Des questions dont les réponses demeurent en suspend tandis que quelques éléments viennent fugacement donner un sens concret au récit développé à partir d'un scénario écrit à six mains par Jacques Fieschi, Xavier Giannoli et Marcia Romano. L'autre côté du miroir, celui qui s'oppose à la croyance, à la ferveur, à ces attroupements d'adeptes venus chercher des réponses auprès d'une jeune femme ayant à peine quitté le monde de l'enfance, c'est celui derrière lequel se cache le héros incarné par Vincent Lindon. Celui qui doute et restera d'ailleurs sceptique jusqu'au bout. Cette quête de la vérité, c'est aussi quelque part la sienne. La recherche d'une vérité perdue là-bas, en Syrie.

D'une profondeur insoupçonnable, le film nous emporte plus loin encore que sur le sujet du mystère entourant cette apparition qui donne son titre au film. Une œuvre à la fois mystique et sociale sur le mal-être, rattrapée ici par le consumérisme, la réappropriation d'un événement mystérieux par d'opportunistes ambassadeurs débarquant à seule fin d'en faire un business lucratif. Ici, ils prennent le visage d'Anton (excellent Anatole Taubman), un homme d’Église aveuglé par l'argent, transformant l'événement en commerce. Anna devient alors une icône que l'on peut au choix se procurer dans des boutiques sous forme de sculptures ou de peintures. Pour accompagner son œuvre, Xavier Giannoli convoque les œuvres du compositeur estonien Arvo Pärt et du français Georges Delerue. Le duo Vincent Lindon-Galatéa Bellugi brille par sa présence à l'écran. Si L'Apparitionne fera sans doute pas de nouveaux adeptes de l’Église, il a au moins le mérite de dénoncer certaines dérives, et offre une approche plutôt censée et habile d'un fait-divers hors du commun...

The Shining de Stanley Kubrick (1980) - ★★★★★★★★☆☆

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Il demeure une logique implacable quant à la présence de l'acteur Jack Nicholson au générique de The Shining, l'adaptation cinématographique du roman éponyme que le plus populaire et le plus adapté au cinéma des romanciers, Stephen King, écrivit en 1977. Car bien qu'il reste à prouver que le personnage qu'il interpréta dans le chef-d’œuvre de Miloš Forman Vol au Dessus d'un Nid de Coucoufut véritablement fou, Jack Nicholson incarne à merveille cette folie insidieuse qui s'emparera de Jack Torrance, l’écrivain et père de famille de The Shining, dont le cinéaste américain Stanley Kubrick donnera une vision du roman qui restera selon Stephen King, inférieure au téléfilm auquel ce dernier participera en tant que scénariste en 1997 (lorsque l'on connaît la piètre carrière de cinéaste de ce génial faiseur d'épouvante, on peut relativiser sur l'avis qu'il émit sur l’œuvre de Stanley Kubrick). Ce qu'il faut savoir avant tout autre chose avant de se lancer dans la projection de The Shining, c'est qu'il en existe trois versions. 
La première, la plus longue (146 minutes), vit le jour sur grand écran aux États-Unis le 23 mai 1980, mais ne tint la route que pendant trois jours. Stanley Kubrick et la société de production et de distribution Warner Brosimposèrent en effet aux projectionnistes que deux minutes soient retirées des bandes. Il s'agissait d'une scène durant laquelle nous assistions à la visite de Danny et de sa mère Wendy (le fils et l'épouse du héros) par le directeur de l’hôtel Overlook à la toute fin du film. Le film passant de 146 minutes à 144, il ne rencontra pas le succès escompté (ce fait n'ayant évidemment rien à voir avec la coupe de deux minutes). Les critiques quant à elle se révélèrent plutôt négative. C'est ainsi que Stanley Kubrick décida de remonter son film, ce dernier passant par des coupes drastiques accentuant peut-être le rythme de l’œuvre, mais laissant sur le carreau, un spectateur qui mettra plus de temps qu'il n'en faut pour comprendre notamment les rapports ambigus qu'entretiennent Jack et son fils Danny. L'Europe accueilla ainsi le onzième long-métrage du cinéaste américain en salle le 16 octobre 1980 (la France servant ici de référence). Une version expurgée de vingt-sept minutes, raccourcissant The Shiningà la durée de 119 minutes.

Au générique, le spectateur aura l'agréable surprise de retrouver la (le) compositrice (teur) d'Orange Mécanique, Wendy (Walter) Carlos, qui sept ans après sa transition féminine reviendra au cinéma avec The Shiningpour lequel elle (il) adaptera dans une version électronique éminemment anxiogène, le Dies Iraede la Symphonie Fantastiqued'Hector Berlioz, accompagné(e) sur le projet par la compositrice Rachel Elkind. Stanley Kubrick qui avait régulièrement pour habitude de se servir dans l’œuvre du compositeur hongrois György Ligeti lui emprunte cette fois-ci le Lontano. On peut notamment entendre des extraits de Musique pour cordes, percussion et célestadu compositeur lui aussi d'origine hongroise Béla Bartók, ainsi que six compositions du compositeur polonais Krzysztof Penderecki dont Untrenja, De Natura Sonoris No.1 & 2, ou encore Polymorphia.

Redrum

L'horreur de The Shiningrepose sur plusieurs éléments, extraordinaires ou non. Le fantastique surgit du pouvoir dont est détenteur le jeune Danny. Le 'Shining'du titre. Succinctement expliqué dans l’œuvre de Stephen King (traduite chez nous sous le titre L'Enfant-Lumière), il est clair sur grand écran que l'enfant est pourvu des dons de prescience et de télépathie. Don qu'il partage avec le cuisinier Dick Hallorann, incarné par l'acteur Scatman Crothers déjà vu aux côtés de Jack Nicholson dans Vol au Dessus d'un Nid de Coucoucinq ans auparavant. Autre élément surnaturel se concrétisant notamment lors de la libération de Jack de la pièce dans laquelle l'a enfermé son épouse Wendy (l'actrice Shelley Duvall): la présence de fantômes. Prenant notamment la forme d'un barman, de deux sœurs jumelles, de leur père Delbert Grady, ou encore d'une très effrayante vieille femme nue vivant dans la fameuse chambre 237 à laquelle Dick Hallorann refuse l'accès à Danny. Mais l'horreur y prend parfois également une forme beaucoup plus concrète, ici perçue à travers le personnage incarné par Jack Nicholson, lequel s'enfonce peu à peu dans une certaine forme de psychose liée à plusieurs éléments. Le stress tout d'abord puisque pour Jack, démontrer sa valeur à ceux qui l'ont employé à l'entretien de l’hôtel Overlookdurant la période hivernale est essentiel. Autre événement le touchant de très près. L'écriture d'un roman qui n'avance pas. Du moins, pas dans sa forme classique comme nous le relèvera une scène particulièrement tendue confrontant Wendy aux centaines de pages dactylographiées par son époux (dont les cinq-cent feuillés furent paraît-il tapés par Stanley Kubrick lui-même). Comme l'envisagent certains passages, l'alcoolisme dont semble être atteint le personnage de Jack ne fera qu'amplifier sa psychose. Comme le fera également la méfiance accrue dont feront preuve son épouse et leur enfant à son égard (et qu'une assez longue scène coupée dans la version européenne expliquait alors au début du long-métrage). Et puis, il y a cette immense bâtisse. Avec ses pièces aux dimensions démesurées. Ses longs couloirs interminables. Cet isolement de plus en plus présent, surtout lorsqu'une tempête de neige condamne la petite famille à demeurer à l’hôtel jusqu'au mois d'avril à venir. Et puis il y a cette fameuse chambre 237, fruit de nombreux fantasmes, qui donna lieu en 2012 à un excellent documentaire consacré au film de Stanley Kubrick et intitulé Room 237.

Le tournage ne semble pas s'être déroulé sans heurts, surtout pour la pauvre Shelley Duvall comme le montrèrent d'édifiantes images d'archive durant lesquelles l'actrice fut poussée à bout par un Stanley Kubrick semblant prendre beaucoup de plaisir à la pousser au delà de ses propres limites. Au point même que Shelley Duvall tomba malade lors du tournage. Maniaque, le cinéaste obligea son actrice à tourner 127 prises de la fameuse scène dans les escaliers, celle-là même où elle tente de repousser Jack à l'aide d'une batte de base-ball...


Scènes additionnelles

La première d'entre elles voit Bill Watson et le directeur de l'Overlookau sujet de Jack. On y apprend notamment que l'écrivain était à l'origine enseignant. Le directeur explique ensuite à Jack les raisons pour lesquelles l’hôtel est fermé du mois d'octobre au mois de mai suivant. La scène suivante demeure particulièrement intéressante puisque l'on y découvre ce qui sera détaillé bien plus tard durant le récit : la maltraitance dont est victime Danny de la part de son père. C'est lors d'un entretien entre Wendy et un médecin venu ausculter l'enfant après un malaise que l'on découvre l'alcoolisme de Jack et la violence dont il fit preuve envers son enfant.Une scène dépassant très largement les cinq minutes, essentielles à la bonne compréhension de la psychologie des personnages, malheureusement coupée dans la version européenne.
La visite de l’hôtel Overlook est dans cette version intégrale, plus longue de quelques minutes. Wendy, émerveillée par les peintures navajo se voit expliquer le passé de l'Overlook. Une scène qui renvoie directement aux propos tenus par le directeur et signifiant la légende selon laquelle l’hôtel aurait été bâtit sur un cimetière indien (idée récurrente chez Stephen King). La visite de l'appartement dont prendront demeure les Torrance durant leur séjour est également plus longue. C'est aussi l'occasion pour les personnages et pour les spectateurs, de faire la connaissance avec le 'Salon d'or', là-même où Jack se retrouvera plus tard à converser avec le fantôme d'un barman.
L'ajout suivant est également très intéressant puisqu'après avoir apporté son petit-déjeuner à Jack alors qu'ils sont désormais seuls en famille à l'Overlook, Wendy précise son nouvel intérêt pour l’hôtel tandis que Jack, lui, précise qu'il a l'impression d'y être déjà venu. Cette précision du père de famille fait directement écho à la scène située dans les toilettes lors de sa conversation avec le fantôme de Delbert Grady qui indique à Jack que ce dernier a toujours fait partie de l’hôtel Overlook.
Quelques petits rajouts viennent ensuite se greffer à la version expurgée (la scène où Jack joue à la balle est rallongée de cinq secondes, Wendy prépare à manger dans la cuisine, etc...), puis un autre montre Danny demander à sa mère l'autorisation d'aller chercher son camion de pompier dans la chambre où se repose Jack. Quant au passage durant lequel Jack s'installe au bar pour y boire du whisky après cinq mois d'abstinence, la scène est plus longue de soixante-quinze secondes.
Après un passage rallongé durant lequel Jack évoque Danny à Wendy, la mère et l'enfant partagent à nouveau une conversation lors d'une scène qui durera deux minutes trente environ. On y voit Wendy préoccupée, tentée de quitter l’hôtel en compagnie de Danny lorsque retentit la voix de l'enfant dans sa chambre, lequel répète inlassablement le mot 'Redrum'avant de servir un inquiétant message à sa mère : « Danny n'est pas là, Mme Torrance. Danny est parti ».

Dans la scène suivante, nous découvrons Jack manipulant la radio permettant de communiquer avec l'extérieur. Cette fois-ci, il ne se contente plus de retirer une pièce de l'appareil, mais trois. Le cuisinier Dick Hallorann prend alors conscience de l’impossibilité d'entrer en contact avec l'hôtel et décide de s'y rendre. L'ajout suivant s'intéresse de plus près à Dick lors de son déplacement pour l'hôtel Overlook. On le voit notamment s'intéresser au temps qu'il fait aux environs de l'hôtel puis demande à un garagiste de lui préparer la chenillette qui lui permettra de s'y rendre malgré les intempéries.Une fois encore, la scène coupée suivante montre un dialogue entre Danny et sa mère. Le gamin semble absent, possédé par son ami imaginaire Tony. Cette scène fait la liaison avec la suivante lors de laquelle Wendy menacera Jack à l'aide d'une batte de base-ball. Le dernier ajout constitue sans doute l'élément fantastique le plus probant du film puisque l'on y découvre Wendy dans le salon principal de l'Overlook. Là, elle est directement confrontée à une pièce investie par les toiles d'araignées et par les squelettes des anciens clients de l'hôtel...

Bien que dénigré par l'auteur du roman original, The Shining se révèle être une excellente surprise, par un auteur peu habitué au surnaturel et à l'horreur bien que le genre ne le laissa pas indifférent. Admirablement incarné par Jack Nicholson, Shelley Duvall, le jeune Danny Lloyd (dont il s'agira de la seule performance au cinéma) et même le trop rare Scatman Crothers, le film de Stanley Kubrick est désormais considéré comme l'un des grands classiques de l'horreur. Ce qu'il est en définitive. Sans doute pas le meilleur de son auteur, mais quand même une valeur sûre dans le genre...


Husbands de John cassavetes (1971) - ★★★★★★★☆☆☆

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Je n'en suis pas encore certain, mais Husbandsdonnera peut-être lieu au plus petit article que j'ai écrit jusqu'à présent. Non pas que cette première collaboration entre John cassavetes, Peter Falk et ben Gazzara ne mérite pas que l'on s'y attarde trop longtemps, mais pourquoi prolonger l'épreuve de la critique et les retours à la ligne trop nombreux lorsque tout semble pouvoir être exprimé en quelques mots. Il n'y a pas mille façons d'aborder cette œuvre mise en scène par John Cassavetes. J'en vois deux. Ou peut-être une troisième. Celle qui vous place dans cette désagréable situation que l'on nomme 'avoir le cul entre deux chaises'. Ignorons-la, puisqu'elle ne sert que de roue de secours aux indécis. A ceux qui ne savent s'ils sont assurément pour, ou tout à fait contre. Au choix, donc, nous retiendrons les deux seules options valables : le rejet, et la fascination.
Husbands nous conte une histoire toute simple. On pourrait même envisager que le film n'en raconte aucune, qu'il plonge ses trois principaux interprètes au beau milieu d'une existence entamée à moitié, dans la fleur de l'âge. Trois hommes coupés de leur liaison avec celui qui fermait le carré qu'il constituaient à eux quatre. Harry, Gus et Archie viennent d'enterrer leur ami Stuart. Commence alors un court passage vers la dérive. Parcourant la moitié de New York en métro, le publicitaire, le dentiste et le journaliste tentent d'oublier le malheur qui les a frappé en jouant au basket, en piquant une tête dans une piscine municipale et en allant boire de la bière jusqu'à plus soif dans le bar où ils ont l'habitude de traîner. Tous les trois mariés, c'est sur un coup de tête qu'ils décident de prendre l'avion et d'aller passer un moment à Londres. Là-bas, ils agissent à la manière de ces américains caricaturés, sûr de leur charisme, prêts à agir en séducteur. Direction le casino. Ils n'y feront pas fortune mais rentreront à l'hôtel accompagnés chacun d'une jeune anglaise. Puis c'est le retour au bercail. Mais pour Gus et Archie seulement puisque comme il n'a cessé de le répéter, Harry a décidé de ne plus jamais rentrer chez lui. C'est donc seul qu'il demeure à Londres, ses deux amis repartant pour New York où il retrouveront la vie qu'ils ont toujours menée...

Ben tiens. Finalement, d'histoire, il y a. Simple. Sans artifices. Comme filmée par un bon copain. Un larron planqué derrière sa caméra, s'assurant d'emporter en souvenir, les difficiles journées qui allaient succéder à l'enterrement de Stuart. Émouvante d'ailleurs, cette cérémonie filmée comme si l'événement était bien réel. C'est bien ce qui fait la particularité du cinéma de John Cassavetes réalisateur, et sans doute ce qui gêne certains spectateurs. Probablement que parmi eux, quelques-uns auront eu l'envie pressente de quitter la salle bien avant la fin du film, ce que certains n'ont sans doute pas hésité à faire. C'est vrai, Husbandsest incommodant. Dérangeant presque. Pas pour le voyeurisme que certains pourraient y voir, mais pour cette furieuse impression que l'on est devant autre chose qu'un long-métrage cinéma. Un documentaire sur les affres du désespoir. Qui pourtant prennent ici une forme très souvent joyeuse. Car après tout, John Cassavetes, Peter Falk et Ben Gazzara ne demeurent-ils pas que de grands enfants se chamaillant pour des broutilles, et exhibant leur folie légère au milieu de passant ébahis par leurs agissements dignes d'une cour d'école ?

Incommodant car John Cassavetes n'est pas le roi du montage acéré. C'est même plutôt l’inverse. Certaines des scènes s'étirent jusqu'à ce que l’élastique se rompt. Pour preuve, cette très longue scène débutant peu avant la dix-huitième minute et se terminant plus de vingt minutes plus tard lors d'un 'climax'atypique confrontant la compétitrice d'un concours de chant organisé par nos trois héros, à ces derniers totalement ivres et s'amusant du peu de sincérité dans le chant de la concurrente. Beaucoup plus tard, alors que les trois hommes sont rendus en Angleterre, nous les retrouvons réunis dans une chambre d'hôtel avec à leur bras, trois jeunes femmes du pays. Certains diront que de telles longueurs n'apportent. Que d'étirer certaines séquences dans de telles proportions dénote la faiblesse du scénario. Qu'importe, John Cassavetes ne sert pas la soupe aux spectateurs ni aux critiques, mais filme avec passion ses personnages. Le point central de Husbandsn'est donc pas l'histoire qu'il nous conte mais ceux qui en sont les protagonistes.
Bien qu'ayant des allures de film improvisé (ce qu'il demeure à diverses reprises), le long-métrage de John Cassavetes ne compte par les efforts fournis par l'équipe technique lors de scènes éprouvantes dans leur préparation et leur réalisation. A propos d'improvisation, Husbandsconserve sa valeur de document en terme de spontanéité. Ces passages sont très clairement établis et restent des moments-clés dans l’œuvre du cinéaste. Pour qui aura eu le courage de tenir au moins les quarante premières minutes (le film dure plus de deux heures vingt), voir l'actrice leola Harlow être 'maltraitée'par les trois principaux interprètes alors qu'elle ne s'y attendait visiblement pas est fort réjouissant. L'alcool aidant, on voit même parfois chacun d'entre eux perdre le contrôle de la situation, John Cassavetes demeurant dans le genre, le pilier du trio de buveurs de bières. Mais la scène la plus effarante reste sans doute celle se déroulant dans le casino londonien dans lequel Peter Falk cherche la femme avec laquelle il remontera plus tard jusqu'à sa chambre. L'acteur tombe notamment sur la Contesse Dolores Delmar, qui dans son propre rôle ne s'attendait très certainement pas à devoir séduire Peter Falk tandis que celui-ci essaie de s'en dégager.
On l'aura compris (enfin, je l'espère), Husbandsest une œuvre atypique, qui ne ressemble jamais vraiment à quoi que ce soit de commun dans le septième art. L'expérience peut se révéler éprouvante, voire terriblement ennuyeuse pour certains. Mais si l'on adhère, alors là, c'est le jackpot....

A Woman Under the Influence de John Cassavetes (1974) - ★★★★★★★★★☆

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C'est la cinquième fois que l'actrice Gena Rowlands tourne sous la direction de son époux John Cassavetes, et la seconde pour Peter Falk. En Comparaison avec Husbands, réalisé quatre ans auparavant, A Woman Under the Influence semble avoir partiellement fait l'impasse sur la stricte improvisation de certaines scènes clés du cinquième long-métrage de son auteur. Désormais, tout paraît y être sous contrôle. De la mise en scène jusqu'à l'interprétation. Et pourtant, ce qui demeure encore aujourd'hui comme l'une des plus grandes œuvres de John Cassavetes ne trahit aucune concession. Le regard du cinéaste est lucide, sincère, et peu ou pas manichéen. Il exprime cette vérité que d'aucun a l'habitude de camoufler sous le fard divertissant de la fiction. Les personnages, ici, nous semblent familiers. Comme ces voisins de pallier s’entre-déchirant, criant leur désespoir sans se soucier du qu'en dira-t-on. Voyeuriste diront certains tandis que d'autres y verront justement ce cinéma-vérité dont John Cassavetes se faisait le chantre.
Une fois encore, c'est l'occasion pour le cinéaste de laisser éclater le talent de ses interprètes. Peter Falk et Gena Rowlands tenant à bout de bras ce fragile édifice écrit par John Cassavetes lui-même. Un auteur complet, qui n'hésitait pas à prendre des risques. Il y a, de toute façon, un public pour ce genre de spectacle. Il faut bien comprendre que l'on s'éloigne du schéma classique. John Cassavetes instaure un climat très particulier. Presque les fondations du found-footage (si l'on ose dire), caméra portée à l'épaule, mais sans les insupportables gimmicks (sauts d'image, tremblements, etc...). Le cinéaste ne satisfait l'ego de personne. Ou bien alors, inconsciemment celui du fidèle spectateur qui depuis ses débuts, est littéralement subjugué par l’œuvre du maître.

Autant, quatre ans auparavant, on pouvait comprendre le rejet de certains pour un Husbands parfois hermétique. Mais désormais, la moindre excuse n'a plus de valeur marchande. A Woman Under the Influence est une œuvre grandiose. Un chef-d’œuvre bouleversant. Un hymne fait à un duo d'interprètes au sommet de leur art. Le septième long-métrage de John Cassavetes présente un couple au bord de la rupture. Parents de trois très jeunes enfants (dont un Matthew Laborteaux que les fans de La Petite Maison dans la Prairie reconnaîtront puisqu'il y interpréta le rôle d'Albert Ingalls), Nick et Mabel Longhetti paraissent imposer à leur couple des difficultés que l'on aura d'autant plus de mal à comprendre que tout pourrait les rendre heureux, si ce satané démon de l'alcool ne s'était pas interposé entre eux. A Woman Under the Influence, c'est aussi et surtout ce besoin de donner de l'amour que refoule parfois Mabel envers un Nick incapable de le recevoir. John Cassavetes n'attend pas des lustres avant de décrire la lente déchéance du personnage incarné par son épouse à la ville. Dès le début, le malaise s'instaure. Ce besoin irrépressible de tendresse de son héroïne étant contrecarré par l'absence de son époux retenu sur un chantier trouve une solution maladroite qui mettra le feu au poudres et déclenchera une série d'événements dont le plus important sera l'internement de cette mère de famille psychologiquement instable.

Plutôt que de faire de l'alcoolisme de son héroïne le seul responsable de sa déchéance, John Cassavetes offre à son ami Peter Falk un rôle des plus ambigu, et qui ne manque pas d'interroger le spectateur sur sa propre responsabilité. A sa manière, aussi instable que son épouse, Nick manque de cette chaleur dont a besoin Mabel, laquelle la trouve en se réfugiant dans l'alcool. A ce propos, nous noterons l'extrême pudeur du cinéaste qui n'abuse à aucun moment des séquences où son héroïne boit. De même que cette relation adultère alcoolisée ouvrant pratiquement le film nous est épargnée à travers une ellipse. Nous ne sommes pas là pour juger mais pour être les témoins de la destruction partielle d'une cellule familiale, laquelle sera sauvée in extremis. Le duo Gena rowlands-Peter Falk explose littéralement à l'écran. John Cassavetes nous offrant un très grand moment de cinéma.
Il est difficile de rester indifférent devant telle performance. Et même quasiment impossible. Que l'on adhère ou pas, A Woman Under the Influence est une œuvre qui quarante-quatre ans après sa sortie a conservé toute sa force. Un très grand film...

Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou de Miloš Forman (1975) - ★★★★★★★★★★

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Après avoir réalisé ses trois premiers longs-métrages dans son propre pays, le réalisateur américain d'origine tchécoslovaque Miloš Forman débute une nouvelle carrière aux États-Unis en 1971 avec son premier long-métrage américain, Taking Offque l'on a cru longtemps perdu, et qui n'est sorti sous nos latitudes que trente-neuf ans après sa sortie dans son pays. Entre ce premier essai sur le territoire américain et son deuxième en 1975, quatre années ont passé. Projet datant du milieu des années soixante et initié par Kirk Douglas (repris par la suite par son propre fils Michael), c'est pourtant sur les conseils du producteur Saul Zaentz que Michael Douglas propose à Miloš Forman de lire le roman dont s'inspire le film éponyme One Flew Over the Cuckoo's Nestavantd'en accepter l'adaptation cinématographique. Très enthousiaste, le cinéaste accepte volontiers de réaliser ce qui deviendra chez nous Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou, peut-être le plus grand film de son auteur. Une œuvre d'une puissance émotionnelle rare, interprétée par un casting en béton mené par un Jack Nicholson au sommet de son art.
Épaulé par des stars en devenir, l'acteur est entouré d'un Brad Dourif prodigieux dans le rôle du jeune Billy, de Will Sampson dans celui du 'chef'Bromden, de Danny DeVito incarnant Martini, de Christopher Lloyd (futur Dr Emmett « Doc » Brown de la saga Retour vers le Futur) dansla peau de Taber, ou encore de Louise Fletcher dans celui de la froide et intransigeante infirmière Mildred Ratched. Les plus attentifs reconnaîtront également l'acteur noir Scatman Crothers qui cinq ans plus tard donnera une nouvelle fois la réplique à Jack Nicholson dans l'excellent Shiningde Stanley Kubrick ou bien Michael Berryman, fameux acteur victime à la naissance du Syndrome de Christ-Siemens-Touraine, connu pour avoir incarné Pluto dans le film culte de Wes Craven,La Colline a des Yeux en 1977.

Décrire Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou en quelques mots est un projet ambitieux bien que difficilement soutenable. L’œuvre de Miloš Forman véhicule de nombreuses thématiques dont l’enfermement, l'amitié et le traitement infligé aux malades mentaux ne sont pas des moindres. Le cas qui nous est présenté ici est celui de Randall Patrick McMurphy, qui pour éviter certaines contraintes liées à son incarcération pour viol, accepte d'être le sujet d'une étude visant à déceler chez lui un hypothétique dysfonctionnement cérébral. Loin d'imaginer ce qui l'attend, l'homme va non seulement être confronté à un univers plus rude que prévu, mais surtout à une infirmière en chef particulièrement inflexible. Ici, les contraintes sont différentes. Les journées se ressemblent toutes et sont ponctuées par la musique, la prise de médicaments, la thérapie et des horaires stricts. Guidé par le même instinct que celui du prisonnier qu'il était tout récemment, McMurphy va tenter d'imposer sa vue d'esprit et les habitudes carcérales dont il usait mais qui malheureusement n'ont pas cours dans le service psychiatrique. Entre le nouveau venu et l'infirmière, le courant a bien du mal à passer. Alors que McMurphy bouillonne, Miss ratched, elle, demeure invariablement froide.
Un certain malaise s'instaure. Surtout lorsque sont évoquées ces séances de thérapie dont l'obscénité est révélée à travers les questions indiscrètes d'une Miss Ratched s'acharnant sur des patients dont la situation dans le cadre de leur internement se révélera fort stupéfiante.

Nommées thérapies, ces séances de torture mentale paraissent conforter les malades dans leurs névroses plutôt qu'elles ne les en libère. L'un des cas les plus intéressant demeure dans le portrait de Billy, incarné par l'excellent Brad Dourif, lequel semble avoir un immense soucis d’œdipe avec sa génitrice. Miss Ratched jouant sur la corde sensible du jeune homme, les questions que l'infirmière lui pose tourmentent Billy plus qu'elles ne l'apaisent. Aidées par des chiens de garde parfois si violents dans leurs propos qu'on les croirait en rupture avec toute forme d'empathie pour les patients, Miss Ratched reflète à elle seule cette institution où certains ont volontairement choisi d'être enfermés. Une rigueur maladive, faignant de soigner des patients tout en projetant sur eux ses propres démons, le cinéaste choisi de n'explorer que l'histoire de ses patients et non pas celle de la femme dont le métier et de les libérer de leurs démons.

Le personnage incarné par Jack Nicholson fait le tour de ses co-détenus un peu étranges. S'offusquant pour de menus détails, et vouant peu à peu pour ce personnage du milieu psychiatrique sensiblement atypique, une véritable fascination. Finalement, celui qui pourrait les libérer de l'emprise de la folie dont ils se sont persuadés être prisonniers. Chose que ne peut bien évidemment pas accepter l'infirmière Ratched. En détaillant chacun des patients de l'étage, du moins ceux dont la présence se révèle concrète (les autres demeurant remisés au fond de la salle et n'étant que subrepticement filmés), Miloš Forman fait le tour de la question de la folie. Du moins, de la manière la plus subjective possible car le film ne s'intéresse pas aux cas les plus critiques de la psychiatrie (la schizophrénie n'est par exemple, pas abordée) mais préfère se pencher sur les rapports humains entre individus ici, supposés de même condition. Vol au-Dessus d'un Nid de Coucou est une œuvre bouleversante, émaillées de scènes tour à tour drôles, rageantes ou émouvantes. Après l'avoir vu, qui pourrait oublier cet éternel fatigué qu'est Bancini (Josip Elic), ce jeune et touchant bègue interprété par Brad Dourif, ce grand chef indien, sourd, muet, et fort comme un roc, cette infirmière en chef insupportable, ou tout simplement McMurphy, ce criminel, au fond, beaucoup plus humain que l'institution chargée de ses soins... ? Un chef-d’œuvre incontournable qui remporta cinq Oscars en 1976 dont ceux du meilleur réalisateur pour Miloš Forman, du meilleur acteur pour Jack Nicholson (un prix qui aurait pu être également décerné à Brad Dourif, Danny De Vito, etc...), et de la meilleure actrice, évidemment décerné à l'incroyable Louise Fletcher. Un monument du septième art à redécouvrir de toute urgence...

A Ghost Story de David Lowery (2017) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

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Quarante cinq minutes... oui, voilà déjà trois quarts d'heure que le film a débuté, et j'ai déjà lancé une partie de Candy Crush. La première. Sans doute d'une longue série. Parce que je ne sais pas ce qui a pris à l'un des rédacteurs du magazine Mad Movies (je ne sais plus lequel, et puis je m'en fiche), mais A Ghost Story est tout sauf le chef-d’œuvre annoncé ! Pourtant, ils sont nombreux ceux qui se sont bousculés pour applaudir le long-métrage de David Lowery. Cette farce trop longue d'une heure-quarante. Contemplative, certes. Mais si c'est pour voir son héroïne bouffer une assiette de je ne sais quelle préparation, assise au sol, dans un couloir, durant d'interminables minutes, non merci. Je m'suis dis : « voilà au moins un film qui va nous changer de Paranormal Activity et compagnie... ». Ben voyons ! Non, assurément non. Pourquoi faire compliqué lorsque l'on peu faire aussi simple que chez Oren Peli. Sauf que le film de David Lowery a coûté à la production, dix fois plus que celui du géniteur de la bouse infâme prétendument plébiscitée par Steven Spielberg à l'époque de sa sortie fin 2009.
D'une prétention exaspérante faisant friser les cheveux au dessus de la tête, A Ghost Storyn'a semble-t-il aucun autre but que d'ennuyer son auditoire. Les dialogues sont chiants, chuchotés, tandis qu'un fantôme à l'ancienne (comprendre un drap et deux trous pour les yeux), se promène dans l'appartement de celle qui était encore il y a peu de temps, sa compagne. Tout comme dans Ghostde Jerry Zucker, le fantôme de A Ghost Storyva tenter par tous les moyens de se faire percevoir de celle qu'il aime. Alors que la présence de l'excellente Whoopi Goldberg suffisait à rendre intéressante cette histoire romantique matinée de fantastique, on se fiche un peu, et même beaucoup, de cette gêne qu'éprouve le fantôme de A Ghost Story à constater que le monde ne s'est pas arrêté le jour de sa mort...

"Détester A Ghost Story c'est manquer de poésie... ou tout simplement, de sommeil... "

Profitant de cette mode un peu... stupide consistant à réduire l'image au format 4/3 (alors même que les écrans de cinéma et de télévision se font de plus en plus larges), David Lowery tente de conférer à son œuvre l'aspect de ces vieux documents vidéos filmés au format Super 8. Si les angles sont arrondis et que les couleurs dénaturées sont au demeurant, fort jolies, elles n'apportent rien de fondamental au récit. Là encore, le cinéaste à la prétention d'esthétiser son sujet, apportant une lourdeur supplémentaire à un film dont le scénario ne tient que sur un fil. Chez Mad Movies, et donc chez beaucoup d'autres également, il semble que l'on s'ankylose. Que l'on ai vieilli. Que l'on s'assoupisse au point de ne plus avoir suffisamment de jugeote pour évaluer à bon escient une œuvre qui ne mérite pas d'aussi nombreux éloges.

L'incarnation des interprètes est agaçante. Avec en premier lieu, celle de l'américaine Rooney Mara. Ces silences, ces chuchotements, rappellent ces désagréables enterrements qui poussent invariablement ceux qui y sont conviés à parler d'une voix à peine audible. Comme s'ils allaient réveiller les morts. Ou du moins les déranger dans leur sommeil éternel. A Ghost Storyest, 'épidermiquement'parlant, aussi désagréable à suivre jusqu'à la fin qu'il est tout aussi irritant de porter un pull à col roulé en acrylique un jour de grande chaleur. On a très vite envie d'en finir. Quitte à oser en accélérer la vitesse de lecture. Le film n'est même pas une déception puisque je n'en attendais pas grand chose. A me remémorer l'article que j'avais lu à l'époque, toujours dans ce même Mad Movies, je me demande si son auteur ne l'avait pas écrit un fameux 1er avril... Deux étoiles... Pour la musique de Daniel Hart et la photographie de Andrew Droz Palermo...

The Witch de Robert Eggers (2015) - ★★★★★★★☆☆☆

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A l'époque de sa sortie qui ne remonte pas si loin que ça dans le temps, The Witchfit couler beaucoup d'encre. Trois ans ont passé depuis, mais que reste-t-il des dithyrambiques propos tenus par certains critiques ? Réponse : une merveilleuse fable. Un conte pour adultes s'inscrivant dans des légendes ancestrales faisant la part belle à la dévotion religieuse. Une œuvre marquée du sceau du Bien et du Mal. Le plus étonnant demeure encore dans la maîtrise de son auteur Robert Eggers, lequel prépare actuellement un nouveau remake deNosferatumais qui à l'époque, tournait là son premier long-métrage. Primé aux festivals de Gérardmer et de Sundance, The Witch possède de surcroît des qualités visuelles indéniables. Déjà, nous sommes en 1630, en Nouvelle-Angleterre. Dans une ferme du dix-septième siècle admirablement reconstituée pour l'occasion.
Chassés de leur communauté, William, Katherine et leurs cinq enfants Thomasin, Caleb, Mercy, Jonas, et le plus jeune d'entre eux, Samuel, n'ont pas vu pénétrer au sein de leur famille le Malin depuis que le dernier né a disparu dans la forêt environnante. C'est le début de l'implosion du cercle familial. Car malgré la foi qui étreint chacun de ses membres, la famille va être confrontée à toutes une séries de faits qui vont mettre à rude épreuve leurs croyances...

L'un des points cruciaux participant à l'effroi qui se dégage de l’œuvre de Robert Eggers demeure l'isolement dans lequel sont plongés les protagonistes. L'impossibilité de pouvoir compter sur les villageois qui les ont récemment chassés de chez eux pousse les membres de la famille à se retourner vers celui qu'ils vénèrent : Dieu. Mais le Seigneur, ici, plutôt que de venir en aide à ses brebis préfère encore les baigner de son ébouissante clarté avant de les prendre à ses côtés. Mais d'ailleurs, est-ce vraiment bien lui, ou s'agit-il plutôt du Diable, qui dans le cas présent semble vouloir prendre les traits d'une sorcière. Que la plupart des membres de la famille ont tôt fait de juger qu'il s'agit de Thomasin, la plus âgée des enfants.

« Tu ne voleras pas... »

dit le Nouveau Testament. C'est pourtant bien là le véritable point de départ d'un récit qui d'une certaine manière renoue avec l'esprit de l'âge d'or du cinéma britannique des années 50-70. Bien qu'étant de fervents pratiquants de l'église judéo-chrétienne, le père, William, commettra un acte répréhensible condamné par les Dix Commandements inscrits dans le marbre. C'est bien lui qui ouvrira ainsi la porte au Malin, lequel prendra des formes diverses, noyant son apparence sous différentes identités. Car qui peut définitivement affirmer que Thomasin est bien celle que tous ou presque accusent ? Et pourquoi pas son frère Caleb, lequel personnifie l'image d'Adam ayant croqué la pomme avant de rejoindre celui qui est supposé être Dieu ? Si l'on va dans cette direction, le spectateur peut tout aussi bien accuser les jumeaux Mercy et Jonas. Ou bien même la mère, Katherine, un peu trop empressée de voir chassée Thomasin de son foyer. The Witchgrouille de références démoniaques subtilement mises en scène. De la présence du bouc noir prénommé Black Phillip, en passant par cette brebis qui en lieu et place de lait, donne du sang, et jusqu'à cet ahurissant final lors duquel Thomasin se laisse griser par les promesses du Malin avant d'aller rejoindre le lieu d'un sabbat mis en musique par le talentueux compositeur de musiques de films Mark Korven.

L'un des points forts de The Witchdemeure dans l'excellent jeu de ses interprètes. Anya Taylor-Joy y est formidable de retenue, tout comme Ralph Ineson. Même les plus jeunes sont impressionnants, à commencer par le tout jeune Harvey Scrimshaw, qui dans le rôle de Caleb se révèle talentueux. Loin des grosses effusions de sang, des found-footage et des myriades de films sur les phénomènes paranormaux, The Witch se révèle être une excellente surprise, appuyé par une interprétation savoureuse, une mise en scène modeste mais réfléchie, une bande-son anxyogène, et une esthétique extraordinaire due au remarquable travail de la costumière Linda Muir, du photographe Jarin Blaschke et du directeur artistique David LeBrun. A découvrir absolument...

Sans un Bruit de John Krasinski (2018) - ★★★★★★★☆☆☆

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Dans les salles de cinéma, il est logique qu'il y soit interdit de fumer. Comme il est normal d'y payer sa place. Ou de ne surtout pas filmer le film qui y est diffusé à des fins de téléchargement illégal. L'idéal est de s'y rendre à jeun afin de ne pas perturber ses voisins avec des propos incohérents ou une haleine chargée. Autant dire qu'envoyer des sms, jouer à Candy Crush ou tout simplement téléphoner durant la séance est carrément proscrit. On peut encore continuer longtemps à donner des conseils, comme de ne pas uriner contre les murs, ne pas manger comme un porc ou déverser le contenu de son verre de soda sur le siège voisin (idem pour le pop-corn : on évitera d'en jeter devant ou derrière soit ou d'en disséminer sur le sol). Mais s'il demeure un conseil qu'il est fortement conseillé de mettre en application durant la projection du film dont il s'agit dans cet article, c'est de se taire. De fermer sa gueule comme le diront ceux qui ne supportent pas même les soupirs de leurs voisins.
Car Sans un Bruit joue justement sur le bruit. Ou plutôt, l'absence de bruit. Une idée originale invoquant l'un des cinq sens : l’ouïe. Celle de créatures ayant décimé une très grande partie de la population mondiale. Aveugles, et apparemment dénués de tout odorats, ces monstres à la morphologie très vaguement humaine traquent les quelques survivants de notre espèce encore en vie. Et parmi ces derniers, les Abbott. Le père, tout d'abord, prénommé Lee. Puis son épouse Evelyn. Pas encore enceinte, mais c'est pour bientôt. Puis les enfants Marcus, Beau, et enfin Regan. Cette dernière est incarnée à l'écran par la jeune actrice américaine Millicent Simmonds, laquelle perd l'audition à l'âge d'un an après une surdose de médicaments. De l'aveu même du réalisateur John Krasinski dont il s'agit ici du troisième long-métrage, le choix de l'actrice n'est pas le fruit du hasard mais bien un choix volontaire. Il voulait que l'actrice incarnant la sourde Regan le soit elle-même réellement dans la vie.

D'un point de vue scénaristique, l'idée est ingénieuse. Elle explique ainsi comment une famille constituée de cinq membres ont acquis aussi rapidement après l’annihilation de l'espèce humaine, la capacité de communiquer à travers le langage des signes. Car le point crucial quant à la survie des Abbott, c'est le silence. Interdit de prononcer le moindre mot ou de faire le moindre bruit. Marcher pouvant même revêtir un certain danger, les membres de la famille marchent pieds nus et tapissent le sol de sable pour amortir leurs pas.
Le film débute au quatre-vingt neuvième jour suivant le début de l'attaque de créatures dont nous n'apprendrons rien sur les origines. Quelques plans nous montrent une terre dévastée. Abandonnée. La végétation a déjà repris ses droits dans les cités. Il ne subsiste plus que quelques denrées dans les supermarchés, et il n'y a plus âme qui vive. A part les Abbott qui au bout de dix minutes seulement vont connaître leur premier malheur.

Ils sont ensuite projetés un an plus tard. C'est là que l'on découvre Evelyn enceinte. Et l'accouchement est pour bientôt. La famille s'est réfugiée dans une ferme, créant un univers tournant autour du silence. Jusqu'à présent, tout s'est à peu près bien déroulé. Mais la naissance proche de leur futur enfant inquiète Lee et Evelyn. Quant à Regan, depuis un an elle se croit coupable du drame qui a coûté la vie à l'un de ses frères. Bien que les Abbott aient toujours tout mis en œuvre pour éviter de se faire repérer par les créatures à l’affût, on se doute bien que le système de survie qu'ils ont mis au point va tôt ou tard se dérégler...

Déjà considéré comme l'une des grosses surprises de l'année en matière d'épouvante, Sans un Bruitest effectivement une très bonne surprise. Du moins pendant la première moitié. Jusqu'à ce que le bébé arrive au monde. Parce qu'après, ça se gâte. Toutes les bonnes idées ayant été effectivement employées durant, allez, une bonne heure, la dernière demi-heure n'est que redites. Le film finit donc par se mordre la queue et tourne en rond sans plus rien nous proposer d'innovant. Alors oui, on appréciera encore la scène du silo à grains, mais tout le film est en réalité contenu dans la première moitié... et un peu davantage. Le silence pratiquement perpétuel est l'occasion pour John Krasinski d'y intégrer des 'Jump Scares'relativement efficaces et surtout, moins nombreux qu'on aurait pu le craindre. Les interprètes incarnent très honnêtement leur personnage respectif, mais par contre, les créatures, elles, demeurent relativement grotesques. Pas vraiment le genre d'intelligence venue d'ailleurs à laquelle nous aurions pu nous attendre. Le petit budget (dix-sept millions tout de même) démontre que seul le talent de son auteur et de ses interprètes suffisent à faire un bon film. Ici, l'horreur est palpable. Et si les personnages ne sont pas extraordinairement caractérisés, il arrive que l'on éprouve des craintes pour leur existence. Sans un Bruitest surprenant, innovant, peut-être parfois redondant, mais de là à dire qu'il s'agit déjà de l'un des meilleurs films d'horreur de l'année, c'est présager un peu trop vite de la suite. Car n'oublions pas que le mois de juin n'étant pas encore arrivé à son terme, la moitié de l'année ne s'est même pas encore écoulée. Espérons que la seconde nous réservera de belles surprises en matière de frissons...

Vidéotopsie numéro 17 de David Didelot (Réédition)

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 Avant-propos: afin de ne pas dénaturer le contenu de ce dix-septième numéro de Vidéotopsie, j'ai choisi d'argumenter à l'aide de photos différentes de celles produites par les rédacteurs afin de respecter leur travail...

Ce soir, à la télé, ce sera La Nuit de la Mort et Clash. Tous deux de Raphaël Delpard. Et on dit merci qui ? Merci David Didelot, Patrick Callonnec et Jean-Sébastien Caboury. Parce que le dossier, là, fait, à deux ou trois près, cinquante pages. Autant dire que pour des magazines n'excédant pas habituellement ce nombre de pages, ç’aurait été le contenu d'un hors-série intégralement dédié au cinéma de ce cinéaste français qui en a vu des vertes et des pas mûres, mais aussi de belles à travers sa carrière d'acteur et de réalisateur. Mais pour David et ses deux acolytes, c'est presque un jeu d'enfant. Presque parce que derrière ce monumental pavé en trois actes, on sait que les trois hommes ont travaillé d'arrache-pied pour nous offrir rien de moins que l'un des articles les plus fameux concernant Raphaël Delpard. Du moins, je le suppose, n'ayant rien lu d'autre à son sujet. En trois actes donc, et pour commencer, pour calmer les aigreurs de David qui lors de son édito s'est quelque peu énervé (on ne lui en voudra pas), celui derrière lequel se cache le créateur de Vidéotopsieouvre les hostilités avec la rubrique Le Film Autopsié, consacré cette fois-ci à La Nuit de la Mort. Un truc qui à la lecture de certains passages pourrait paraître improbable (au casting, la toute jeune Charlotte de Turkheim, et des p'tits vieux aux faciès aussi flippants que ceux des voisins du LocataireTrelkovsky, mais qui très franchement, avec les comparaisons qu'en fait David avec, justement, le film de Roman Polanski (ainsi que d'autres œuvres) et les aguicheuses photos mêlant gore et morbide, donne très envie de le découvrir pour qui, Raphaël Delpard, demeurait jusque là un parfait inconnu.) Reprenez votre souffle!
Toujours aussi prompt à apporter un maximum de détails, David revient donc sur ce long-métrage où'une bande de vieux mecs'(pour reprendre l'expression de Linnea Quigley dans Le Retour des Morts-Vivants) et de nanas pas plus jeunes qu'eux s'adonnent à l'un des plaisirs les plus malsains dont l'homme est capable de se rendre coupable : le cannibalisme ! Revenant ainsi sur la production, la réalisation, le scénario, ainsi que (entre autres choses), la distribution, avec, en première ligne, Isabelle Goguey qui était la fille de Claude Pierson, l'un des producteurs du film avec le cinéaste lui-même. On découvre au fil de quelques longs paragraphes, des têtes qui nous demeurent inconnues, tandis que d'autres évoquent forcément quelque souvenirs. Comme l'actrice Germaine Delbat, dont il est vrai, comme le souligne David, que l'on connaît son visage alors que son nom, pour beaucoup, était sans doute demeuré un'mystère'jusqu'à ce que David évoque sa présence dans La Nuit de la Mort. S'ensuit une sélection de VHS et DVDs rendant honneur (ou pas) au long-métrage de Raphaël Delpard avant que ne survienne le second acte produit par David, Patrick et Jean-Sébastien. Résumant la carrière du cinéaste, entre comédies et films fantastiques, cinéma et télévision, fictions et documentaires.Un second acte complété par le troisième, qui en prenant la forme d'une longue et passionnante interview de vingt pages tout de même, permet à Raphaël Delpard de revenir sur sa carrière de cinéaste. On découvrira que son art n'aura pas été de tout repos. Avec cette petite pointe d'amertume, Raphaël évoque notamment le comportement assez troublant de Charlotte de Turkheim bien des années après la sortie du film, ou celui de l'acteur Pierre Clémenti envers Catherine Alric sur le tournage de Clash. On apprendra également qu'un cinéaste et un acteur aujourd'hui mondialement reconnus se sont rencontrés sur l'un des films de Raphaël Delpard, Les Bidasses aux grandes manœuvres.
Énorme dossier, donc. Passionnant à lire, de bout en bout. Jamais rébarbatif et dieu sait si pourtant, se 'frapper'un dossier de cinquante pages sur un même artiste aurait pu se révéler barbant. Mais non, le miracle a lieu. Du moins, évoquerons-nous surtout l'incroyable travail de documentation de David, Patrick et Jean-Sébastien...

Bon, cette critique commençant à prendre des allures de roman qui je l'espère n'est pas encore trop indigeste, je vous la ,ferai courte pour le prochain sujet, les habituelles Review Bis, délaissées par David et récupéréespar Patrick, Augustin, Tom Phenix, Michel Tabbal, Adrien, Alexandre Jousse, Didier Lefevre, Yohann, Simon Laperriere et, Jean-Sébastien, c'est Patrick qui démarre et qui clôt (définitivement ?) le dossier sur Christina Linfberg du numéro précédent en revenant sur Young Plaything. Ensuite, c'est au tour d'Augustin de nous régaler avec son article consacré à Actium Maximus : War of the Alien Dinosaurs (sa lecture s'impose). Puis s'enchaînent les commentaires plus ou moins élogieux sur telle ou telle production. Du coup, on a droit à du gros Z au jeu de mots carrément naze (Heavy Mental, mouarf !), du loup-garou britanico-ibérique, un black-Out éponyme franco-canadien, une production Full Moonprécédée d'un résumé concernant l'historique de cette maison de production, un giallo ibérique dont l'article que lui a consacré Alexandre éveille la curiosité, un sous-Moi, Christiane Fqui malgré les défauts évoqués donne lui aussi envie d'y jeter un œil, sept pages consacrées au cinéma de guerre asiatique (et patriotique), parfois mâtiné de kung-fu, et rédigées par Yohann Chanoir, un nanar porté sur le sujet des sectes qui aurait sans doute de la gueule sur n'importe quelle étagère d'amateur de séries Z...

Après un passage par l'Asie avec le manga Riki:Oh, et ses adaptations aux formats OAV et live, ainsi qu'avec Bruce Lee, sa filmographie et la Bruceploitation qui a découlé ensuite du succès phénoménal rencontré dans son pays, et malheureusement, de sa disparition, Patrick Juillard propose un dossier long de dix-huit pages consacrées à un cinéaste français qui méritait bien qu'on lui consacre un article entier. 'Le Passager Solitaire du Thriller Français : Serge Leroy'revient donc sur la carrière de ce cinéaste, auteur de dix longs-métrages dont certains possèdent encore aujourd'hui, une aura de film culte bien méritée (La Traque). Patrick y décortique un à un chacun des dix films, en exprimant fort judicieusement tout ce qui en fait la valeur pour tout amateur de cinéma bis.

Après un détour vers la filmographie de George Pan Cosmatos, cinéaste connu pour avoir notamment filmé les secondes aventures de l'hypertrophié John Rambo ou de la vilaine bêbête de Leviathan, Vincent Roussel nous propose, dès la 124ème page de ce Vidéotopsie, de plonger dans l'univers littéraire des collections 'Bébé Noir'et 'Bringandine'en espérant, comme il le dit en fin de dossier, 'nous avoir convaincu de la singularité d'une collection qui mérite d'être redécouverte d'urgence'. Je ne sais pas ce qu'en ont pensé les autres lecteurs, mais après avoir lu de fond en comble cet excellent article consacré à des ouvrages dont je ne soupçonnais pas l'existence, je me suis rué sur la toile pour tenter d'y dénicher quelques exemplaires. Car plutôt que de me fier strictement aux couvertures qui auraient tendance à ne promettre que de la fesse, ces deux collections semblent en fait avoir consacré une large place au fantastique, à l'horreur, et d'une moindre importance, à la science-fiction. Première chose : les titres. Que des jeux de mots qui prêteront forcément à sourire au fil de la découverte. Et des résumés qui mettent carrément en appétit et font regretter que ces ouvrages ne trônent pas déjà sur les étagères de nos bibliothèques. Ce dossier dressé par Vincent Roussel est une excellente mise en bouche et attise la curiosité...

Autre dossier carrément passionnant à découvrir, surtout si l'on ne connaît pas le bonhomme : Les Romans « en souffrance » de Léon Despair. Un auteur qui m'était jusque là totalement inconnu mais qui sous la plume experte de Frédéric Durand, prend des proportions qui donnent très envie de se plonger dans son œuvre. Merde, mais j'y pense. La collection'Apocalypse', ça me dit quelque chose... Pour le reste, rien que de l'inédit. Des jolies blondes et des brunes bien charpentées ornent les couvertures d'une collection 'Contraintes' (chez Média 1000) qui laissent présager des séances S.M et des ouvrages quelque peu tordus. Ce que laisse en partie envisager le texte de Frédéric, très bien documenté...On termine ensuite avec les rubriques habituelles : Cinéma Amateur (et à Mater), Et Pour Quelques Infos de Plus, ainsi que le Rayon Fanzine, les trois étant particulièrement bien achalandées.

Avec cette dix-septième édition, David Didelot et toute son équipe nous ont offert une fois de plus, de la bien belle ouvrage. Un incontournable. En attendant le numéro 21 dont la sortie, si je ne dis pas de bêtises, est prévue pour la rentrée...

La Candide Madame Duff de Jean-Pierre Mocky (2000)

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Léon Duff a tout pour être heureux. Il est marié à une épouse parfaite qui lui a donné un enfant, et qui l'aime et le chérie. Il possède un superbe domaine avec un magnifique manoir et un splendide parc. Il a sous ses ordres Mademoiselle Cast, qui s'occupe de sa progéniture et un fidèle chauffeur du nom de Nolan.

L'existence de Léon est si bien réglée et si peu entachée que le vieil homme s'ennuie. Sa vie conjugale en compagnie de Régina plus jeune d'une vingtaine d'années est si harmonieuse qu'il ne désire plus qu'une seule chose : s'en séparer. Mais pour cela, il devra prouver à sa tante que Régina le trompe. Léon soupçonne tout d'abord leur chauffeur Nolan. Puis c'est au tour d'un certain William d'être dans le collimateur du riche propriétaire. 


Il va jusqu'à faire suivre son épouse par une agence de détectives privés. Puis c'est aux cotés de Nolan qu'il va monter un stratagème pour prouver l'adultère. Sans jamais se douter qu'il est peut-être la victime de manipulations visant ses biens ainsi que ceux de sa tante bien aimée...

Adaptée d'une série, La Candide Madame Duffest une œuvre d'assez bonne facture. Réalisée en 2006, elle voit le casting revu à la baisse en comparaison de la pléthore de personnages que l'on a l'habitude de voir dans certains films de son auteur. Dans le cinéma de Jean-Pierre Mocky, ce film fait figure de réussite, même si les habituels défaut inhérents à une volonté de produire vite sont légion. La Candide Madame Duffest un petit polar sans prétentions, qui permet une fois de plus à Jean-Pierre Mocky de donner la parole à quelques acteurs peu connu, du moins, rarement aperçus dans le paysage cinématographique français. Pierre Cosso est surtout connu pour avoir tenu la dragée à Mireille Darc dans la série à succès Les Cœurs Brûlésde Jean Sagols. Emilie Hebrard, elle, et après bien des recherches, ne semble avoir joué qu'un seul rôle important, celui de cette candide Madame Duff justement. Enfin, concernant Patricia Barzyk, c'est d'une véritable histoire d'amour cinématographique entre cette ex-miss Jura (en 1979) et Mocky dont il s'agit puisque les deux personnalités se retrouveront sur les tournages de pas moins de treize films, dont un pour la télévision.

La Candide Madame Duffest, à coté d'un certain nombre d'échecs de la part du cinéaste, l'une de ses meilleures performances en tant que cinéaste. On n'atteint pas tout à fait le niveau de ses plus belles réussites mais tout de même, on prend un certain plaisir à suivre cette histoire dont l'intensité du twist final aurait été plus forte si l’œuvre avait été nantie d'un budget plus conséquent et de meilleurs acteurs. A noter la présence amusante d'un Dick Rivers pas vraiment à l'aise. Une bonne petite surprise tout de même...


Dernier étage, gauche, gauche de Angelo Cianci (2010)

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Alors qu'il débarque dans un immeuble HLM d'une cité de banlieue, l'huissier de justice François Echeveria a comme objectif pour cette journée du 11 septembre, de saisir les biens d'un homme responsable d'impayés, puis de retrouver son épouse Anna avec laquelle ils doivent rencontrer un conseiller conjugal afin de résoudre leurs problèmes de couple. Mais rien ne va se dérouler comme prévu, car l'homme à la porte duquel il sonne a un fils, Salem, qui n'a pas l'intention de laisser François et les forces de l'ordre envahir la demeure qu'il partage avec son père Mohand. La principale préoccupation de l'adolescent n'a malheureusement rien à voir avec les soucis rencontrés par son père mais plutôt avec les cinq kilos de drogues qu'il garde chez lui.

Un concours de circonstances va troubler cette banale journée en enfermant durant vingt-quatre heures trois hommes, François, Mohand et Salem dans l'appartement de ces derniers, l'huissier se retrouvant otages des deux locataires, avec à l'extérieur de l'appartement, un préfet quelque peu hargneux, une section entière du GIGN, une épouse énervée, et même un négociateur arabe...


Hippolyte Girardot (Un Monde sans Pitié) dans le rôle de l'huissier, Judith Henry (La Discrète) dans celui de l'épouse, Mohamed Fellag (Lumières) dans le rôle de Mohand, Aymen Saïdi (Dheepan) dans celui du fils et ou encore Michel Vuillermoz (La Maison du Bonheur) en préfet... Dernier étage, gauche, gauche fait partie de ces comédies rafraîchissantes qui abordent des thèmes sociaux sans jamais tomber ni dans le rébarbatif, ni dans le pathos. Premier long-métrage du cinéaste Angelo Cianci dont la filmographie n'en compte actuellement que deux, cette comédie est aussi légère qu'agréable à regarder. On ne s'ennuie pas un instant et ce, grâce à une troupe d'acteurs qui réussit malgré le tragique de la situation à faire sourire et même parfois rire devant des situations parfois cocasses.

Derrière l'image quelque peu négative du métier d'huissier, tout comme celle que véhiculent parfois les jeunes vivant dans les cités HLM devenues des no man's land, avec leurs codes et leur langage, le film est riche en enseignement puisqu'il transmet un message que beaucoup jugeront sans doute de surréaliste, mais qui insiste sur le fait que des êtres issus de mondes différents et qu’apparemment tout sépare, peuvent s'entendre jusqu'à s'allier contre les oppresseurs. Un peu caricatural lorsqu'il s'agit de décrire une réalité pourtant bien concrète, l'aspect dramatique de Dernier étage, gauche, gauches'efface peu à peu et laisse une plus large place à l'humour. Quelque soit la position que l'on prenne, que l'on soit du côté de la justice, du père étranglé par les dettes ou de son fils, les liens qui finissent par les unir ont forcément un impact sur l'avis et les jugements que l'on peut porter à leur sujet. On finit fatalement par prendre fait et cause pour ce père et pour son fils. Et même si tout ceci ne demeure rien d'autre que du cinéma (l'humanitédemeurant encore un point à régler en matière de législation), on prend un immense pied devant une œuvre pleine de bons mots, d'humour, et surtout bien rythmée...

On a Retrouvé la Septième Compagnie de Robert Lamoureux (1975) - ★★★★★★★☆☆☆

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Suite du Franchouillard Mais où est Passée la Septième Compagnie, On a Retrouvé la Septième Compagnie demeure dans le même esprit. Ce prolongement aux aventures des soldats Pithivier, Tassin et du sergent-chef Chaudard est antinomiquement parlant, léger, et lourd(ingue) à la fois. Pourtant, loin d'être aussi péjoratifs qu'ils paraissent être, ces termes n'en font cependant pas une œuvre aussi désespérément vide et assommante que beaucoup de longs-métrages humoristiques de leur époque faisant intervenir notre belle, grande, et valeureuse armée française (voir la série de nanars réalisés par Philippe Clair dans le courant des années soixante-dix). S'il y a pitrerie de la part des interprètes, elles demeurent toute de même assez éloignées des affligeantes répliques vues ça et là dans ces pseudo-comédies, tellement ringardes qu'elles finissent de nous donner le bourdon. Le scénariste, acteur et réalisateur Robert Lamoureux respectant suffisamment ses interprètes et le public, On a Retrouvé la Septième Compagniese situe entre le pas tout à fait accablant, et le tout de même satisfaisant. Pas assez bien écrit pour pouvoir prétendre être un chef-d’œuvre, mais n'offrant pas des dialogues trop grotesques non plus, le second volet de la Septième Compagnie est devenu au fil du temps, comme l'est également son prédécesseur, une œuvre culte.
Le genre de comédie à réunir une famille toute entière devant son poste de télévision, un dimanche soir de forte canicule ou de froid de canard.


« Le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge... »


Désormais, absent de la séquelle, évoquant l'étroitesse du cachet proposé, et par conséquent, ne voulant pas barboter dans une eau en dessous des dix degré, l'acteur Aldo Maccione est remplacé par Henri Guybet. Fondateur du Café de la Gare aux côtés de Romain Bouteille, Coluche ou encore Miou-Miou et Patrick Dewaere, c'est donc lui qui reprend le rôle de Tassin aux côtés de Jean Lefebvre qui continue à endosser celui de Pithivier et Pierre Mondy qui incarne le sergent-chef Chaudard. Tout ce que l'on pourra reprocher à celle suite, c'est d'être arrivée juste après Mais où est Passée la Septième Compagnie. Rien d'inédit donc, mais au regard des péripéties que vont vivre nos trois valeureux militaires d'une aventure que le cinéaste aurait tout aussi bien pu intituler 'Héros malgré eux', ou encore 'Les pieds nickelés de l'évasion', nous demeurons dans la même veine. Des gaudrioles pas très fines mais offertes si généreusement par leurs interprètes que l'on passe un très agréable moment en leur compagnie. Peu avare en situations comiques, ces nouvelles aventures sont l'occasion pour nos deux soldats et leur 'chef'de se balader une fois de plus dans la France profonde. 
Outre l'armée allemande dont il parviendront à se libérer à plusieurs reprises après avoir été fait prisonniers, Chaudard et ses deux hommes vont croiser à nouveau la route de leur compagnie (la septième donc), et ainsi passer pour de véritables héros. Se retrouver dans cette eau qui poussa en partie Aldo Maccionne à refuser de reprendre le rôle de Tassin. Ou encore croiser la route de la gueularde et acariâtre Mère Crouzy (Jackie Sardou). Le spectateur lui, se souviendra longtemps de certains passages devenus cultes au fil des années : Comme Robert Lamoureux incarnant le Colonel Blanchet, chargé de faire sauter plusieurs ponts à l'aide d'explosifs, Chaudard, Tassin et Pithivier troquant leur uniforme de soldats et de sous-officier contre celui d'officiers, et plus plus tard de soldats allemands, l'évasion du château, ou encore l’inénarrable séquence durant laquelle les excellents Pierre Tornade dans le rôle du Capitaine Dumont et Jean Rougerie dans celui du général allemand partagent une partie d'échecs.


"Si j'connaissais l'con qu'a fait sauter l'pont !"


S'il en reste sans doute encore pour considérer que la disparition d'Aldo Maccione au générique ne permet pas à On a Retrouvé la Septième Compagniede se hisser à la hauteur du premier volet, c'est mal évaluer la performance d'Heni Guybet qui dans l'humour n'a rien à envier à l'acteur italien. On pourra préferer le rire hautement communicatif de ce dernier, mais en terme d'interprétation, les deux se valent très largement. Une bonne partie du film a été tournée dans le Val-d'Oise, sur la rive droit de l'Oise à Jouy-le-Moutier, ainsi que près de Paris, à Cormeilles-en-Parisis, mais surtout au Château de Vigny, dans la commune éponyme, toujours dans le Val-d'Oise. Le casting et l'équipe technique se sont également déplacés en région Normandie. A Gasny plus précisément pour la scène de la rivière, ainsi qu'à Villars-Santenoge en Haute-Marne pour la scène finale située le long d'une voie de chemin de fer. Le plaisir de suivre les mésaventures du trio est un plaisir constant que l'on prend toujours autant de plaisir à revivre. Après un volet réalisé en 1974 et cette suite l'année suivante, Robert Lamoureux allait mettre un terme aux aventures de Tassin, Pithivier, Chaudard et de leur compagnie en 1977 avec : La Septième Compagnie au clair de lune...


La Septième Compagnie au Clair de Lune de Robert Lamoureux (1977) - ★★★★★★★☆☆☆

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Avec La Septième Compagnie au Clair de Lune, l'acteur-réalisateur Robert Lamoureux signait non seulement le troisième et dernier volet de la saga La Septième Compagnie, mais également son septième (!?!) et dernier long-métrage en tant que cinéaste. Désormais, la guerre semble belle et bien terminée pour Pithivier, Tassin et Chaudard. Dans une France occupée par l'envahisseur nazi, chacun a repris ses habitudes. Et notamment l'ancien 'sergent-chef'qui depuis sa démobilisation s'en est retourné auprès de son épouse et de leur quincaillerie. Laquelle, à ce propos, semble avoir été la victime d'un très important glissement de terrain entre les premier et derniers volets de la saga puisque jusqu'à présent, le magasin des Chaudard était situé à Vesoul tandis qu'il semble désormais à plus de trois-cent kilomètres au sud de la préfecture du département de la Haute-Saône. Cette petite erreur géographique n'ayant pas d'incidence particulière sur le déroulement du récit, poursuivons.
Nous sommes donc en 1942, et nous découvrons enfin l'épouse de Paul (anciennement Louis) Chaudard, prénommée Suzanne (anciennement Paulette). Pas très sérieux tout ça, mais continuons. Lorsque réapparaissent Pithivier et Tassin dans la vie de Chaudard, cela fait deux ans que les trois compagnons de guerre ne se sont pas vus. Et c'est exactement à cet instant précis de leurs retrouvailles que débarque dans la cave du couple de quincailliers, le commandant Gilles, l'un des chefs de fil de la résistance. Si Suzanne est au courant, son époux, lui, ignore tout des manigances de sa femme et de son beau-frère Gaston Gorgeton. Il faut dire que Paul ne bénéficie pas vraiment de la sympathie et de la confiance de ce dernier qui, aidé de sa sœur, préfère taire son appartenance à la résistance.
Pourtant, un soir, tout va changer pour nos trois valeureux retraités de l'armée française. Alors qu'ils sont partis chasser le lapin, des circonstances vont les mener sur la route de la résistance. Au point même d'être par erreur, reconnus comme les principaux membres du réseau de résistance 'Attila'...

« Lutter contre les forces judéo-maçonniques »

Avec ce troisième volet, Robert Lamoureux parvient à relancer l'intérêt d'un récit qui aurait autrement pu s’essouffler à force de redondance. C'est ainsi qu'il fait quasiment table rase sur le passé. D'ailleurs, du casting original, le cinéaste ne convoque désormais plus que le trio incarné par Pierre Mondy, Jean Lefebvre et Henri Guybet depuis le second épisode (Aldo Maccione ayant abandonné le rôle de Tassin à l'issue du premier volet). Pierre Tornade et les autres habitués ayant disparu, il fallait bien engager de nouvelles têtes. C'est ainsi que l'on retrouve parmi les interprètes, Patricia Karim dans le rôle de Suzanne, Gérard Jugnot dans celui de Gaston Gorgeton, mais également André Pousse dans le rôle du chef de la milice Lambert aux ordres duquel on retrouve Jean-François Derec dans la peau d'un milicien. A ce propos, il est bon à savoir que la gifle que reçoit ce dernier un peu après la neuvième minutes de la main même d'André Pousse n'était pas feinte. En effet, las de répéter la même scène, celui-ci frappa réellement un Jean-François Derec qui, preuve à l'appui, ne s'y attendait certainement pas.

La Septième Compagnie au Clair de Lune, c'est l'occasion une fois encore de retrouver nos trois héros dans des situations toujours plus rocambolesques. Fini les uniformes d'officiers ou de soldats allemands. Il 'incarnent'ni plus ni moins que trois des têtes pensantes de la résistance locale. D'ailleurs, l'une des scènes demeurant sans doute parmi les plus irrésistiblement drôles se situe tout d'abord dans un café-restaurant dont le patron vante auprès de Suzanne et Georges, les 'exploits'de Chaudard et de ses deux amis. Une séquence précédent un plan durant lequel ces derniers sont étendus au sol, hagards, et en tout cas très éloignés de l'image élogieuse faite quelques secondes auparavant en leur faveur. Autre participation savoureuse : celle de Jean Carmet qui dans le rôle du passeur est tout bonnement irrésistible. Bien que demeurant de qualité quasiment égale aux deux volets précédents, La Septième Compagnie au Clair de Lune ne rencontrera malheureusement pas le même succès avec moitié moins de spectateurs dans les salles. Une chute de fréquence qui sans doute reflétait une certaine lassitude pour nos héros. Il était donc temps d'en finir même si très secrètement, l’éventualité d'un quatrième opus aurait sans doute réjouit les fans de la saga...

Les Bidasses en Vadrouille de Christian Caza (1978) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

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Pour faire suites aux aventures de Tassin, Pithivier et du sergent-chef Chaudard de la trilogie La Septième Compagnieet démontrer que les trois longs-métrages réalisés par Robert Lamoureux ne sont pas les affligeantes comédies franchouillardes qu'il paraissent être, petit tour non exhaustif des comédies françaises mettant en avant des troufions de l'armée. Avec, pour débuter ce cycle, Les Bidasses en Vadrouille de l'acteur et producteur français Michel Ardan qui sous le pseudonyme de Christian Caza, réalisait en 1978, son second et dernier long-métrage, quatre ans après La Grande Nouba. L'une des spécificité de ces Bidasses en Vadrouilleétant d'être principalement interprété par quatre membres du groupe de rock à géométrie variable, les Martin Circus. Déjà présents lors d'une courte apparition dans Les Bidasses en Folie de Claude Zidi sept ans plus tôt en 1971, Les Bidasses en Vadrouille apparaît donc comme une opportunité pour le cinéaste qui profite de l'engouement du public français pour le groupe Les Charlots formé autour de Gérard Rinaldi (complété par Gérard Filipelli, Jean Sirus et Jean-Guy Fechner et Luis Rego), pour imposer cette fois-ci à l'écran le groupe de rock français (considéré alors comme le premier du genre) les Martin Circus, fondé en outre par le bassiste Bob Brault et le saxophoniste Gérard Pisani, mais dont le membre le plus célèbre demeure Gérard Blanc.
Les Bidasses en Vadrouille est donc très clairement né sur les cendres des Bidasses en Folie. Mais si ce dernier n'était déjà pas connu pour de quelconques faits glorieux, le film de Christian Caza enfonce davantage le clou en proposant un spectacle des plus navrant. Le terme franchouillardprenant ici tout son sens, les interprètes, amateurs ou non, sont tous d'une affligeante médiocrité.

Pour information, outre les membres des Martin Circus, les plus connus des acteurs faisant partie du casting demeurent le rondouillard Gérard Crosse, déjà vu lui-même dans le film de Claude Zidi cité plus haut mais encore plus tard dansTouch'pas à mon Binioude Bernard Launois, Mieux vaut être Riche et bien Portant que Fauché et Mal Foutu de Max Pécas, ou bien Le Cri du Hiboude Claude Chabrol. Un acteur qui interprétera nombre de rôles de flics. L'acteur franco-suisse Paul Mercey, lui-même habitué aux rôles de policiers (entre autres choses) puisqu'on le verra notamment dans La Route Joyeusede Gene Kelly, L'Oursd'Edmond Séchan, Le Gigolode Jacques Deray ou encore beaucoup plus tard dans French Connection 2 de John Frankenheimer. Des 'gueules'de cinéma que les amateurs de nanars ne sont pas prêts d'oublier. Participe également à l'aventure, le journaliste et chansonnier Pierre Douglas, fameux imitateur du politique Georges Marchais. C'est d'allieurs la caractéristique principale de son personnage dans le film de Christian Caza. L'interprète y incarne le rôle du Ministre de l'intérieur qui dès qu'il est enervé, prend la voix de l'ancien secrétaire du Parti communiste français.

Considéré à tort comme l'un des chaînons de la saga des Bidasses dont les seuls véritables segments sont ceux interprétés par les membres des Charlots), Les Bidasses en Vadrouille est culturellement et intellectuellement désastreux. Dans la veine d'innombrables comédies françaises des années soixante-dix (au centre desquelles les spectateurs pouvaient retrouver les mêmes têtes d'affiche, telles que Sim, Paul Préboist, ou encore Alice Sapritch pour les premiers noms qui me viennent à l'esprit), le film de Christian Caza n'est qu'une accumulation de répliques navrantes, jamais amusantes, dont les interprètes entassent les unes après les autres, les situations faussement cocasses et d'une affligeante mièvrerie. Les Martin Circussautillent, gémissent, grimacent, chantent parfois (pour le bonheur des fans, sans aucun doute) et lancent quelques vannes sans doute écrites sur un coin de table après une soirée de beuverie. Le récit tournant autour de quatre bidasses ayant dérobé un tank et sur lequel l'armée et les politiques aimeraient bien mettre la main, Les Bidasses en Vadrouillen'offre rien d'autre qu'un minuscule tour d'horizon de la France profonde. Tellement plat que suivre les aventures de nos quatre héros est une mission presque impossible à honorer sans que le spectateur ne tourne de l’œil. Tentez l'expérience si vous voulez, mais prémunissez-vous alors d'un filtre anti-connerie car les dégâts collatéraux infligés par Les Bidasses en Vadrouillesont irréversibles...

Comment se Faire Réformer de Philippe Clair (1978) - ★★★☆☆☆☆☆☆☆

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Philippe Clair, de son vrai nom Prosper Bensoussan, n'est rien moins que le cinéaste qui fit débuter Les Charlots au cinéma avec La Grande Javaen 1970. Ce que l'on sait peut-être moins, c'est qu'un autre acteur débuta lui aussi auprès de ce cinéaste connu pour avoir réalisé bon nombre de nanars. Cet acteur, c'est Richard Anconina. Bensoussan de Tchao Pantin, Jeff Montelier de Zone Rouge, Moïse Levy de Lévy et Goliathet surtout Eddy Vuibert de la trilogie La Vérité si je Mens, c'est lui. Autant dire que depuis Comment se Faire Réformer, l'acteur a fait du chemin. Et plutôt dans la bonne direction si l'on tient compte du fait que sa participation à deux longs-métrages signés Philippe Clair (dont Les Réformés se Portent Bien) aurait pu nuire à sa future carrière. Si l'on devait classer l’œuvre présente dans un top dix auquel elle serait comparée à d'autres longs-métrages du même acabit, Comment se Faire Réformer aurait de grandes chances de faire partie des deux ou trois plus mauvais. Car faut-il être un pur cinéphile et 'oublier'qu'il existe de telles engeances pour ne pas reconnaître leurs piètre qualités ? Non, même avant d'avoir été projeté dans une salle de cinéma, un salon, à l'aide d'un rétroprojecteur, un vidéoprojecteur, un magnétoscope, sur une toile blanche ou un écran de télévision, le film de Philippe Clair est d'ors et déjà précédé d'une réputation peu élogieuse.

Descendant direct des Bidasses chers à Claude Zidi ou à ceux de Robert Lamoureux (La Septième Compagnie), Comment se Faire Réformer ressemble pourtant davantage à l'une des nombreuses imitations qui leur ont succédé. On pense notamment auxBidasse en Vadrouille réalisé en 1979 par Christian Caza, aux Bidasses aux Grandes Manœuvres de Raphaël Delpard en 1981, ou encore aux longs-métrages de Michel Gérard, Michel Vocoret et Max Pécas (respectivement, et au hasard, Arrête ton Char... Bidasse... !, Embraye Bidasse, ça Fume, ou Les Bidasse au Pensionnat).

Attention, perte de neurone en vue ! Car l’œuvre de Philippe Clair est assurément l'un des représentants de sa catégorie parmi les plus navrants. Pourtant, même si le contexte (une caserne militaire) demeure de la première à la dernière seconde le seul lieu dans lequel se situe l'intrigue, Comment se Faire Réformer conserve davantage d'intérêt que le film de Christian Caza précédemment chroniqué. En effet, même si l'humour n'y est pas plus fin, Philippe Clair tente malgré tout de diversifier les situations. De l'incorporation des soldats jusqu'à leur entraînement. Motifs pour ces derniers d'en faire voir de toutes les couleurs à leur adjudant instructeur, et par la même occasion, aux spectateurs, effarés par tant de bêtise. On passera sur certaines lignes de dialogues qui n'auraient sans doute pas passé les portes de la LICRAde nos jours (lors des tests physiques et urinaires, un appelé d’obédience musulmane (avec fort accent étranger et pourtant incarné par un français bien blanc) se fait appelé'Ben Couscous'... (sic!). Pour le reste, Comment se Faire Réformerest un conglomérat de caricatures grotesques que l'on n'oserait plus servir au public de nos jours. Trop risqué. Mais surtout, trop con ! Parmi nos valeureux appelés, nous citerons l'homosexuel en mode 'folle', le témoin de Jéhovah lévitant durant son sommeil, les deux lèches-bottes, le gros bras décérébré, le juif portant la kippa sous le béret, le poète illuminé, ou encore le bourgeois ne voulant pas se mêler à des individus de classe inférieure. L'armée est tournée en dérision à travers un adjudant (incarné par Philippe Clair lui-même) pas plus malin que les hommes dont il a la responsabilité de leur formation.
Tout ceci est donc hautement stupide et pourtan, j'avoue, il demeure moins rebutant de regarder Comment se Faire Réformer jusqu'au bout que LesBidasse en Vadrouille. Allez savoir pourquoi. Une œuvre culte pour les fans de nanars et de séries Z mais un film tragiquement inutile pour les autres...Choisissez votre camp...

Emprise de Bill Paxton (2001) - ★★★★★★★★★☆

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Qu'ont en commun Herk Harvey, Charles Laughton, Leonard Katle, Saul Bass, Jim Muro, et dans le cas présent, Bill Paxton ? Et si je vous dis, Carnival of Souls, The Night of the Hunter, The Honeymoon Killers, Phase IV, Street Trashet Frailty ? Oui, bon, en fait, je triche un peu, car contrairement aux autres, Bill Paxton n'a pas réalisé un long-métrage, mais deux. Car oui, le point commun entre les autres cinéastes est d'avoir signé un seul film. Cinq longs-métrages, cinq grands classiques dans leur genre respectif. Concernant Bill Paxton, nous éluderons la question concernant son second et dernier film réalisé en 2005, soit douze ans après sa mort, pour nous pencher sur Frailty, qui chez nous est sorti sous le titre Emprise. A ne pas confondre bien entendu avec L'Emprise de Sidney J. Furie qui comme son homonyme est lui aussi un très grand film, et lui aussi tiré d'un fait divers réel. Les deux films entretiennent d'ailleurs beaucoup plus de points communs qu'il n'y paraît au premier abord. Celui de Sidney J. Furie prend pour cadre le cas véridique concernant une certaine Doris Bither qui affirmait que sa maison était hantée. Les médecins Barry Taff et Kerry Gaynor qui menèrent leurs propres investigations se rendirent compte que la jeune femme était la victime d'une entité invisible.
Si le récit de Frailty ne semble avoir que peu de rapports avec celui évoqué ci-dessus, le cas qui nous est présenté ici par Bill Paxton est la transposition cinématographique des méfaits perpétrés par un tueur en série ayant réellement commis des meurtres, aidés par son fils de quinze ans. Là encore, il s'agit d'une récit tournant autour d'une emprise. Mais désormais, le personnage incarné par le mal ne fait qu'exécuter des tâches ingrates ordonnées par Dieu lui-même. C'est en tout cas ce qu'affirme Meiks, père d'Adam et Fenton, qui après avoir eu une vision ordonne à ses deux enfants d'accomplir avec lui une série d'actes criminels qui ont la particularité de recouvrir l'aspect d'actes de foi.

Bill Paxton réalise à cette occasion un film d'une noirceur extrême. Que l'on aurait pu simplement juger de film d'horreur mais qui en réalité est bien davantage que cela. L'acteur-réalisateur évoque l'absence de libre-arbitre, et le développement d'une obsession découlant d'une éducation religieuse jusqu’au-boutiste. La mère absente, les deux enfants n'ont que leur père auquel se raccrocher. Seule figure parentale, il est celui que les plus jeunes écoutent. Celui qui prône les justes valeurs. Et indique la voie à suivre. Encore faut-il que ses deux jeunes brebis acceptent de l'accompagner dans sa démarche criminelle. Une solution finale que Bill Paxton a l'intelligence d'organiser sous forme de combat contre le mal. C'est ainsi donc que les enfants n'ont jamais l'occasion de tuer leurs semblables puisque dans l'esprit de leur père et dans le leur, leurs victimes sont des démons et non pas des humains. D'un mysticisme parfois fort inquiétant, Frailtyplonge ses personnages dans un univers nihiliste effroyablement sombre que la partition musicale obsédante de Brian Tyler accentue davantage.

L'incarnation des différents interprètes est tout à fait remarquable. Bill Paxton bien entendu, mais également Matt O'Leary qui campe le fils Fenton enfant, et surtout Matthew McConaughey à l'âge adulte. Le film dérange et questionne sur les dérives de la foi. Le doute plane au dessus des spectateurs, avides de connaître la vérité sur les visions du père. Est-il réellement investit de ce pouvoir ou bien n'est-il que la victime d'un déséquilibre mental ? D'une manière générale, les crimes perpétrés dans Frailty sont le résultat d'une psychose qui a tendance à se généraliser depuis quelques années. Une œuvre incroyable. Bouleversante, parfois choquante, et en tout cas admirablement mise en scène par le regretté Bill Paxton...

Les Réformés se Portent Bien de Philippe Clair (1978) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆

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En 1978, l'acteur et cinéaste Philippe Clair revient quelques mois après avec la suite de Comment se Faire Réformer. Cette version 2.0 se présentant sous le titre Les Réformés se Portent Bien se permet le luxe d'être encore plus mauvais, plus stupîde, et plus indigeste que son prédécesseur. On se doutait bien que la présence de Michel Peyrelon, vu chez Claude Chabrol, José Giovanni,Yves Boisset, Georges Lautner, ou encore Claude Lelouch n'y changerait rien, mais tout de même. On atteint désormais le fond. Tant et si bien qu'on pourra toujours tenter de gratter pour s'enfoncer encore davantage dans les limbes du vide artistique, cela demeure mission impossible.
L'une des spécificités de cette séquelle est d'inonder son récit de nombreuses idées originales mais tellement bas du front qu'on n'arrive même pas à se taper sur la cuisse en riant à gorge déployée. C'est navrant. Triste. Presque épuisant à force de tenter d'y déceler cette part infime d'humour que le cinéaste a injecté à son œuvre et que l'on ne parvient pas à percevoir, sans doute trop obtus que nous sommes à exiger un minimum de tenue en matière d'écriture.
Ici, c'est l'anarchie. Des dizaines de blagues 'Carambar'sans lien véritable si ce n'est ces soldats toujours désireux de se faire la malle. Au générique, nous retrouvons une fois encore Philippe Clair dans le rôle de l'adjudant, Richard Anconina dans celui du juif, Vidal Benchimol en arabe, Jérôme Bensoussan en témoin de Jéhovah, Daniel Derval en homosexuel (cette séquelle nous apprendra qu'en réalité, il n'en est rien), Eddy Jabès dans le rôle du belge, ou encore Gérard Lecaillon dans celui du snob.

Ceux-ci ainsi que d'autres participant au tournage firent partie des 13 Clochesqui dans les années soixante-dix formaient une troupe de comédiens humoristes comparables aux Charlotset parmi lesquels, outre Richard Anconina, on pouvait reconnaître le futur réalisateur des Frères Pétard et d'Un Indien dans la Ville, Hervé Palud. Avec ses personnages venus de tous horizons (culturels, religieux, sociaux) Les Réformés se Portent Bienressemble à une blague belge de très mauvais goût, nantie de gags éculés, parfois vulgaires, mais en tout cas, jamais amusants. Michel Peyrelon en capitaine du navire... cela paraît à peine concevable et pourtant...

Le film de Philippe Clair possède au moins le mérite de proposer aux spectateurs réticents, d'étudier des œuvres telles que la série des Bidasses incarnés par Les Charlotssous un nouveau jour. S'il est possible d'établir une comparaison entre deux œuvres, il sera alors judicieux de mettre en parallèle l'immense fossé qui sépare Les Réformés se Portent Biendes Bidasses en Foliede Claude Zidi, et celui qui fixe une frontière entre ce dernier et la saga La Septième Compagnie. Voir Les Réformés se Portent Bienet mourir pourrions-nous dire... mais de quoi ? De plaisir ? D'extase ? De jubilation ? Non, non, non ! D'ennui ! S'il y a surprise, celle-ci est mauvaise. Et même si la simple évocation du nom de son auteur donne le vertige aux Cinéphiles avec un grand C, et même certains cinéphage (avec un petit), on ne pouvait s'attendre à un tel désastre.
Il faudra sans doute avoir découvert Les Réformés se Portent Bienlors de sa sortie sur les écrans de cinéma en 1978 pour que naisse un certain émoi. Car un public tout neuf, peu ou pas préparé à l'aventure Les Réformés se Portent Bien, risque de déchanter. Ne pas se prémunir d'un filtre anti-connerie, c'est s'assurer une rupture d'anévrisme. Sans vaccin, rien ne pourra vous convaincre du bien fondé de cette œuvre dégageant une odeur aussi malodorante qu'un vieux numéro de Cocoboy, de La Classe, ou du Théâtre de Bouvard...

La voie du Tigre, le signe du Dragon (épisode pilote de la série Kung-Fu - 1972)

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Il m'arrive parfois de m'emballer un peu trop rapidement. De surévaluer une œuvre. Mais là, non, je suis certain de mon fait. Donner du bonheur au spectateur en véhiculant un message, simple, réconfortant, telle devrait être la mission de toute série. De tout long-métrage. La prise de risque ici, est énorme. On la dirait insurmontable, surtout qu'en comparaison, Kung-Fu est aussi contemplatif que sont très souvent exubérantes la plupart des séries télévisées. Surtout depuis un certain nombre d'années où produire pour le petit écran revêt autant d'importance que pour le grand. Quelle mouche a bien pu piquer le producteur et scénariste américain Ed Spielman et l'acteur sino-américain Bruce Lee pour envisager une seule seconde que la série incarnée par l'acteur David Carradine, lui-même 'habité' par le personnage de Kwai Chang Caine, pourrait avoir du succès ? Car il fallait oser imposer un tel personnage. Élève d'un monastère shaolin, élevé par des prêtres prônant aussi bien l'amour et le respect de leurs semblables que celui de la nature. Kwai Chang Caine, ce fugitif, accusé de meurtre dans son pays d'origine, la Chine, réfugié aux États-Unis où vivent là-bas ses semblables. Lesquels sont victimes de l'homme blanc. Rien qu'à travers son titre La voie du Tigre, le signe du Dragon, ce pilote d'une série au final constituée de soixante-deux épisodes divisés en trois saisons demeure à lui seul tout un programme. Et sous ce titre, c'est tout un pan du monachisme shaolin qui nous est révélé avec une pudeur presque déconcertante.

Comme cela sera l'habitude durant le déroulement de la série, nous découvrons un Kwai Chang Cain adulte, débarquant d'un désert qu'il a traversé pour aboutir dans le cas présent, dans une petite ville de l'ouest américain. C'est là qu'il fait la connaissance d'un vieil homme chinois qui l'aide à trouver un travail. Le voici désormais employé à la construction d'une ligne de chemin de fer. Tous ceux qui travaillent là sont comme Caine : chinois. Le responsable du projet ainsi que ses hommes lourdement armés sont tous américains. Les tensions sont nombreuses entre blancs et 'bridés'. Surtout depuis qu'il a été découvert que la colline que les ouvriers doivent creuser afin d'y aménager la voie de chemin de fer contient des poches de gaz très dangereuses. Bientôt, tous découvrent que Caine est un prêtre Shaolin. C'est sur lui que se reposent désormais les ouvriers contre le consentement du responsable du chantier qui apprend bientôt que le nouveau venu est recherché dans son pays pour meurtre...

La série Kung-Fu est l'expression même du Zen. Contemplative, et d'une profondeur incroyablement touchante de par les vertus qu'elle véhicule, les aventures de Kwai Chang Caine prônent la tolérance envers son prochain quel qu'il soit. Même si ce fait n'est pas encore véritablement établi dans cet épisode pilote, les vertus des enseignements prodigués par son maître à penser offrent au héros des capacités hors du commun telles que la médecine traditionnelle chinoise, la survie en milieu hostile (comme on le découvre dans cet épisode, Kwai Chang Caine est capable de déceler sous le sable du désert, de quoi se nourrir), et la maîtrise des arts-martiaux à travers le Kung-fu shaolin.

Ce qui stupéfait avant tout autre chose demeure dans cette immense source d'inspiration dans laquelle puise le héros lorsque surgissent les complications. A ce titre, le spectateur ne pourra rester insensible devant les préceptes évoqués par le vieil homme aveugle, figure remarquable de la série, et dont l'importance capitale dépasse ici le simple cadre de l'éducation de son élèvre comme nous l'apprendra la fin de cet épisode qui tient véritablement du miracle. La voie du Tigre, le signe du Dragon est une œuvre profonde. Un enseignement à l'attention de tous. Cruelle, tragique, émouvante et belle à la fois. L'embranchement parfait entre le cinéma ésotérique d'Alejandro Jodorowsky (El Topo, La Montagne Sacrée) et le film de kung-fu cher à Bruce Lee. Car si sur grand écran, le chilien, auteur du sublime Santa Sangre osa en 1970 le seul et unique western ésotérique de l'histoire du cinéma, ce parangon allait trouver sa formule télévisée à travers Kung-Fu et ses admirables interprètes que furent David Carradine et Keye Luke...

Soldat Duroc, ça va être ta Fête de Michel Gérard (1974) - ★★★★☆☆☆☆☆☆

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Allez, Philippe Clair, du balais ! On passe aux choses'sérieuses'. Qui pourra prétendre le contraire puisqu'au générique deSoldat Duroc, ça va être ta Fêtede Michel Gérard, nous retrouvons l'irrésistible Pierre Tornade ? Oui, oui, le Capitaine Dumont de la célèbre et cultissime série de trois longs-métrages La Septième Compagnie. Si l'acteur français a perdu quelques galons en incarnant désormais le sergent-chef Lapointe, il a par contre troqué son second-rôle contre celui d'interprète principal. Sorti la même année queOn a Retrouvé la Septième Compagnie, Soldat Duroc, ça va être ta Fête situe son intrigue en 1944. Le soldat Bernard Duroc, c'est l'acteur Régis Porte. Et parce que ce troufion s'exprime dans un allemand impeccable, il est la cible du sergent John Lewis, un soldat américain fraîchement débarqué en ville et qui désire avoir des informations concernant les lieux.
Malheureusement pour lui, Duroc a fait le mur afin de rejoindre sa bien-aimée Nicole et se trouve être par conséquent introuvable. Commence alors un périple en terre occupée par les allemands. Une escapades à la tête de laquelle on retrouve le sergent John Lewis (incarné à l'écran par l'acteur américain Robert Webber, notamment vu dans Douze Hommes en Colère de Sydney Lumet en 1957 ou Apportez-moi la Tête d'Alfredo Garciade Sam Peckinpah en 1974), collé de près par Pierre Tornade dans la peau du sergent-chef Lapointe donc. Un duo fort curieux puisqu'opposant un américain fort peu engageant mais très courageux à un français dont l'audace est loin d'être la première des qualités.

Soldat Duroc, ça va être ta Fête s'inscrit à son tour dans la vague de comédies franchouillardes à la mode dans les années soixante-dix, basant son récit autour du thème de la Seconde Guerre Mondiale avec aussi peu de sérieux que la trilogie réalisée par Robert Lamoureux entre 1973 et 1977, mais avec très nettement moins de talent. Car en effet, si le long-métrage réalisé par Michel Gérard (auquel  on doit également le fameux Les Vacanciers daté de 1974 ou bien Retenez-moi... ou je fais un malheur !) se situe très largement au dessus des navets signés Philippe Clair, le film est encore loin d'atteindre l'une des trois places du podium. Moins lourds, les gags sont aussi et surtout moins nombreux. Soldat Duroc, ça va être ta Fêten'est pas drôle et d'ailleurs, on se demande si vraiment le cinéaste cherche à faire rire les spectateurs. Heureusement que le scénario, dont la teneur manque pourtant de punch, permet à ses interprètes d'éviter de faire du sur-place.

Alors que les deux films de Philippe Clair précédemment chroniqués furent l'occasion pour Richard Anconina de faire ses premières armes au cinéma, c'est avec une certaine surprise que l'on découvre cette fois-ci l'acteur Christophe Malavoy dans le rôle d'un soldat non crédité au générique, et auquel Michel Gérard offre deux ou trois répliques au début du film. L'occasion d'une toute première apparition pour le futur interprète de David Aurphet dansPéril en la Demeure de Michel Deville en 1984, ou de Gérard dans Association de Malfaiteurs de Claude Zidi en 1987.

Outre Pierre Tornade et Christophe Malavoy, le film de Michel Gérard est également l'occasion de retrouver des personnalités typiques de ce genre bien particulier de la comédie française des années soixante-dix : Roger Carel dans le rôle de l'officier allemand Oberst Strumpf, Michel Galabru dans celui du boulanger, Philippe Castelli en Colonel de l'armée française, ou encore Patrick Préjean dans la peau d'un sergent. Un casting en or pour tout amateur de bisserie française, mais un quasi-désastre pour les autres. Car même si l'on a vu bien pire ailleurs, Soldat Duroc, ça va être ta Fête demeure tout de même un sacré nanar. Pierre Tornade n'y aura pas perdu que quelques galons, mais une partie du 'prestige' qu'il incarnait dans la saga de Robert Lamoureux...

Levy et Goliath de Gérard Oury (1987) - ★★★★★★★☆☆☆

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Quatorze ans après l'énorme succès des Aventures de Rabbi Jacobdans les salles de cinéma (numéro un au box-office avec plus de sept millions d'entrées en 1973), le cinéaste Gérard Oury revenait en 1987 avec Levy et Goliath. Si entre-temps l'auteur du Cerveau, de La Carapateet de L'As des Asn'a pas chaumé avec cinq long-métrages, il ne sera revenu avec le thème de prédilection de Rabbi Jacobque plus d'une décennie plus tard. Désormais, il ne confronte plus le français de souche, le juif et l'arabe mais deux frères de confession judaïque. Du moins à l'origine puisque si Moïse et Albert Levy ne s'adressent plus la parole depuis des années, c'est parce que le second a abandonné la religion et a intégré la laïcité dans son mode de vie alors que le premier est demeuré un juif traditionnel avec tout ce que cela sous entend. L'occasion est de retrouver le trop rare acteur et humoriste André Valardy qui jouait déjà dans LesAventures de Rabbi Jacobet qui ici, travaille aux côtés de Moïse comme ouvrier diamantaire. Dans les rôles principaux, nous retrouvons Michel Boujenah dans celui d'Albert, le laïque, et Richard Anconina dans celui de Moïse, le juif orthodoxe.

Tout comme dans Les Aventures de Rabbi Jacob, Gérard Oury intègre un personnage d'origine arabe, signifiant ainsi le rapprochement des peuples à travers la relation d'amitié que vont tisser Moïse et Malika, interprétée par l'actrice française d'origine marocaine, Souad Amidou. Issu d'une famille d'origine juive, Richard Anconina est habitué des rôles dans lesquels il incarne justement celui du juif. On pense notamment au désastreux diptyque signé Philippe Clair qui a lancé la carrière de l'acteur Comment se faire Réformeret Les Réformés se Portent bien, mais aussi et surtout à la trilogie à succès La Vérité si je Mens ! de Thomas Gilou. L'acteur et humoriste Michel Boujenah a quant à lui tourné dans une trentaine de longs-métrages dont les mémorables Trois Hommes et un Couffin, de Coline Serreau, La Totale !, de Claude Zidi, ou encore Les Misérablesde Claude Lelouch. Aux côtés des deux frères 'ennemis', le casting es notamment complété par l'acteur Jean-Claude Brialy dans le rôle du faux travesti prénommé Bijou mais du vrai flic, l'inspecteur Duroche. Maxime Leroux est le grand méchant de l'histoire puisqu'il incarne le Goliath du titre, un trafiquant de drogue. Dans le rôle de la mère des frères Levy, on retrouve Louba Guertchikoff, dans celui de Brigitte, l'épouse d'Albert, Sophie Barjac, quant au personnage de Sarah, l'épouse de Moïse, c'est l'actrice Muriel Combeau qui l'incarne.

Comparé aux Aventures de Rabbi Jacob, Levy et Goliathest très nettement en déca. Le sujet du communautarisme y est moins profond et les gags beaucoup moins drôles. Ce qui n'empêche bien évidemment pas Michel Boujenah et Richard Anconina d'être parfaits dans leur rôle respectif en désaccord avec la religion qui est la leur. L'affrontement entre les deux frères est l'occasion d'injecter au récit une sombre histoire de drogue. Un malentendu entre cocaïne et poudre de diamant assez amusant. Gérard Oury invoque la réalité de l'existence même de Dieu à travers des apparitions pour le moins étonnantes. On s'amusera surtout de la naïveté de Moïse face à la culture bien moins restrictive à laquelle il est bien malgré lui soumis et aux quelques engueulades entre frangins. Le film est relativement léger mais il incarne ce cinéma prônant la tolérance entre les peuples et les religions. Rien que pour ça et pour ses interprètes, Levy et Goliath mérite toute notre attention...
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