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Le Rayon Bleu de Jeff Lieberman (1977) - ★★★★★★★☆☆☆

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Le Rayon Bleuest un film horrifico-policier un peu particulier signé d'un réalisateur bien connu des plus vieux amateurs de cinéma d'épouvante puisqu'après ce tout premier long-métrage datant apparemment de 1974 (Wikipedia situe l'année de création de Blue Sunshine en 1976, Premiere en 1977, ou encore Allocinéen 1978), le cinéaste américain Jeff Lieberman signera le peu ragoutant mais plutôt sympathique La Nuit des Vers Géants,puis en 1981 le sous-Délivrance, Survivance, qui comme son nom l'indique est un survival d'honnête facture. Le Rayon Bleu/ Blue Sunshine est donc le premier long-métrage de Jeff Lieberman qui pour sa première incursion au cinéma (il signa auparavant le court-métrageThe Ringeren 1972) signe une œuvre particulièrement dérangeante. A la frontière du paranormal qui dans l'esprit, pourra rappeler aux fans de David Cronenberg les premiers films du canadien.

Le récit tourne autour du Blue Sunshine, une puissante drogue, un type de LSD, que distribuait un étudiant de l'université de Stanford à ses camarades dix ans auparavant et dont plusieurs effets secondaires ne se font ressentir qu'à ce jour. Migraines et pertes de cheveux sont les principaux symptômes de ce qui débouche finalement par des crises de démence poussant ses anciens consommateurs à tuer leur entourage dans des conditions particulièrement effroyables. Jerry Zipkin sera le premier à en faire les frais puisque parmi ses invités d'un soir, l'un d'eux fit justement l'expérience du Blue Sunshinedix ans auparavant. Lors de cette soirée, ce dernier perd la tête après que l'un des convives lui ai retiré par inadvertance sa perruque. Après avoir pris la fuite en pleine nuit, ses amis partent à sa recherche tandis que trois des membres féminins décident de patienter chez leur hôte. De retour dans la demeure, l'homme rendu furieux tue la première en la jetant dans le foyer de la cheminée et bat à mort les deux autres. Lorsque réapparaît Jerry Zipkin, il constate avec douleur le décès de ses trois amies mais n'a pas le temps de s'apitoyer car le tueur s'en désormais à lui. Après une courte course-poursuite aux alentours de la demeure, Jerry se débarrasse de son ami en le jetant contre un camion déboulant sur la route. Ce dernier meurt mais très vite, les soupçons se portent sur Jerry, seul témoin de l'horreur qui s'est produite. Ne pouvant prouver son innocence, il décide de s'enfuir et se met en cavale, aidé par ses amis Alicia Sweeney et le chirurgien David Blume. Afin de prouver son innocence, Jerry va mener sa propre enquête et découvrir que d'autres meurtres ont eu lieu ailleurs mais dans les mêmes circonstances. Le jeune homme est loin d'être au bout de ses surprises...

Le Rayon Bleuest une excellente production, pas si horrifique que cela d'ailleurs puisque l'hémoglobine y coule de façon relativement rare. Ce qui lui manque finalement, c'est cet esprit psychédélique auquel on aurait pu s'attendre car de l'aperçu des effets très tardifs et secondaires de la drogue, le spectateur n'en a que les tragiques conclusions. En fait, l’œuvre de Jeff Lieberman tourne surtout autour du personnage de Jerry Zipkin interprété par le producteur, scénariste, réalisateur et acteur Zalman King (La Galaxie de la Terreur), obligé de fuir les autorités pour espérer pouvoir prouver son innocence. Le jeu quelque peu outré de Zalman King se révèle souvent déroutant au point que l'on se demande si lui-même ne va pas finir par retirer sa perruque et s'attaquer à ceux que son personnage côtoie. Un personnage qui d'ailleurs, accumule la malchance. Autre implication intéressante mais qui aurait mérité d'être davantage développée, celle du politicien Edward Flemming interprété par l'acteur Mark Goddard.

A part cela, le long-métrage de Jeff Lieberman est assez surprenant pour qu'on lui prête un certain intérêt. Une bonne ambiance qui rappelle bien l'époque à laquelle le film a été tourné (les années soixante-dix), des maquillages sommaires mais finalement assez inquiétants avec touffes de cheveux pendouillant sur des crânes entièrement recouverts de latex et yeux révulsés. Des effets on ne peut plus simple mais qui offrent à ce Rayon Bleuune atmosphère parfois déroutante.

Una Vela para el Diablo de Eugenio Martin (1973) - ★★★★★★★☆☆☆

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Una Vela para el Diablo est un long-métrage espagnol réalisé par le réalisateur Eugenio Martin qui au court de sa carrière de cinéaste a tourné environs trente films. Autant d’œuvres qui lui ont permi de toucher à tous les genres (ou presque) puisqu'on y trouve des western spaghetti dont il se fit une spécialité, mais aussi de l'action, de l'aventure, de l'horreur (mettant ainsi en scène les célèbres britanniques Christopher Lee et Peter Cushing ainsi que l'américain d'origine grecque Tellys Savalas dans Terreur dans le Shanghaï Express), et même du musical avec notammentLa Vida Sigue Igual. Una Vela para el Diablo, lui, s'inscrit directement dans la mouvance franquiste que connaît alors l'Espagne (nous sommes en 1973 et le régime politique espagnol instauré par le général Francisco Franco ne prendre fin que quatre ans plus tard). L'autoritarisme et l'idéologie conservatrice et nationale-catholique transparaît à travers les personnages interprétés par les actrices espagnoles Aurora Bautista et Esperanza Roy. Deux silhouettes étonnamment semblables pour un binôme meurtrier pour lequel les préceptes du franquisme, ou en tout cas, certaines valeurs morales ne peuvent souffrir d'aucun exception.
La rigueur de ces deux sœurs célibataires mais vivant ensemble depuis toujours, propriétaires d'une auberge et proches de Dieu font d'elles deux bigotes conservant pourtant l'une pour l'autre certains secrets. La première Marta, la plus âgée mais également celle ayant une véritable ascendance sur sa sœur est la plus virulente envers les femmes de petite vertu. Impossible d'être approuvée par cette vieille mégère si l'on porte jupe courte, décolleté plongeant, si l'on est mère d'un petit enfant mais qu'on ignore qui est son père ou que l'on laisse les rayons du soleil lécher sa peau au vu et au su de tous. Pourtant, Marta est la première à rompre avec ses propres principes lorsqu'elle guette de jeunes garçons s’ébattre entièrement nus dans un lac. Veronica ne vaut pas mieux : elle, cache carrément un amant, auquel elle donne de l'argent volé à sa sœur. Un rien perfectibles donc, que sont les deux sœurs. Les tentations de tuer sont nombreuses. Surtout après que leur première victime meurt par accident alors qu'elles tentaient de la chasser de leur auberge. Marta, surtout, prend goût à la chose. Des meurtres violents, au couteau. Des cadavres coupés en morceaux, remisés dans la cave. Dans une immense jarre remplie de vin, et de restes humains donc. Una Vela para el Diablodonne lieu à quelques scènes plutôt glauques. D'autant plus que la cuisine des deux sœurs n'est pas des plus chatoyante et se prête bien à ce genre d'exercice particulièrement sanglant.

Les macabres affaires du duo aurait pu durer éternellement si un grain de sable n'était venu s'insinuer dans l'engrenage. Ce grain de sable, c'est Laura Barkley, jeune et jolie touriste anglaise venue retrouver sa sœur. Qui n'est autre que la première victime des deux sœurs. Ces dernières affirment à l'arrivée de Laura que sa sœur a justement quitté l'établissement le matin-même. Laura trouve la chose étrange, mais loue quand même une chambre. On ne sait jamais, peut-être sa sœur réapparaîtra-t-elle ? Tout se complique lorsque les disparitions se multiplient. Désormais, Laura n'a plus aucun doute : il se passe de bien curieuses choses à l'auberge Les Deux Sœurs... Laura est incarnée par l'actrice britannique Judy Geeson dont la carrière semble avoir récemment quelque peu redémarrer grâce au cinéaste Rob Zombie qui lui a offert coup sur coup et respectivement en 2012 et 2016, deux rôles dans The Lords of Salemet 31. les plus anciens amateurs de séries B reconnaîtront sans doute celle qui fut Sandy dans Inseminoïdque réalisa Norman J. Warren en 1981.

Meurtres sanglants, voyeurisme, ambiance trouble, le cinéaste Eugenio Martin a le chic pour nous concocter une œuvre parfois insalubre dans son propos. La soi-disant respectabilité de deux sœurs appréciées de tous mais au fond d'elles, terriblement perverses puisque prenant goût au sang versé, s'en trouve alors malmenée On appréciera notamment la rumeur touchant l'une des victimes quant au moment de rendre son dernier souffle devant le feu crépitant de la cheminée, ses bourrelles découvrent que la jeune femme était innocente des accusations proférées contre elle. Petite anecdote qui a tout de même son importance : le film ayant été prévu pour être entièrement traduit en anglais, l'actrice Judy Geeson dû apprendre l'espagnol face au refus de l'actrice Esperanza Roy de lire son texte en anglais (l'apprentissage de l'espagnol permettant ainsi à la britannique de savoir très exactement à quel moment son personnage devait répondre à celui qu'interprétait l'espagnole)... Una Vela para el Diablo est une excellente surprise témoignant de l'humeur régnant à l'époque en Espagne...

Carnival of Souls de Herk Harvey (1962) - ★★★★★★★☆☆☆

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Je n'osais espérer le revoir un jour. Ce film qui n'a sans doute aucun équivalent si ce n'est le Messiah of Evil que réalisa le cinéaste américain Willard Huyck en 1973, soit onze ans plus tard. Carnival of Souls, cette délicieuse caresse nimbée d'un filigrane lui conférant l'apparence d'un rêve est tombé depuis quelques années dans le domaine public. Ceux qui demeurent frileux à l'idée de télécharger en toute illégalité ou qui respectent trop le septième art pour s'adonner à ce genre de pratique peuvent être rassurés. Il ne leur en coûtera rien même si, à l'évidence, ces derniers auront la bonne idée d'aller plutôt se procurer le DVD chez Artus Films au modeste prix de 9,90€. Le film de Herk Harvey est une histoire personnelle qui prendrait des plombes à raconter. Comme ces récits que l'on se croit forcé de partager avec ses semblables sans même imaginer un seul instant qu'ils pourraient demeurer indifférents. Éveiller la curiosité des autres, n'est-ce pas là tout l'intérêt lorsque l'on crée un blog, un site ? Qu'on y parle cinéma, musique, littérature ou peinture ? Carnival of Souls, qu'on le veuille ou non, est une œuvre d'art avec un grand A. De ces films que les jeunes d'aujourd'hui (pas tous, je l'espère), sevrés aux torture-porns, aux blockbusters et aux CGI feindraient d'ignorer de peur de passer pour de vieux croulants. Une antiquité qui dans la chronologie du septième art paraîtrait bien trop âgée pour que les plus jeunes néophytes se sentent investis de cette horrible coutume qui veut que l'on se plie au devoir de mémoire !!! Plutôt que de se laisser asservir par une quelconque obligation de cinéphile, laissons-les d'abord s'accoutumer du synopsis et taisons également cette horrible habitude qu'ont les producteurs de charcuter bon nombre de longs-métrages pour coller à un planning décidé à l'avance, pratique à laquelle Carnival of Souls n'échappa pas puisque des quatre-vingt onze minutes du montage original, le film fut ramené à une version un peu trop raisonnable de soixante-dix huit minutes. D'où cette question : pourquoi s'ennuyer à regarder une œuvre qui de toute manière n'est plus représentative de ce qu'a voulu exprimer son auteur ?

Mais passons...

Avouons-le, les prémices de ce monument du septième art ne démarrent pas forcément sous les meilleurs auspices, avec ces jeunes et leurs grosses caisses ronronnant comme des lions en cage. Carnival of Souls commence par puer le produit formaté pour les drive-in(ou ciné-park chez nous) américains. A le voir, on supposera d'ailleurs qu'avec son maigre budget de trente mille dollars, Herk Harvey n'avait pas d'autre ambition que de signer une petite série B sans plus de consistance que ces milliers de longs-métrages offerts en pâture à une jeunesse américaine assise non plus dans des salles de cinéma mais derrière le volant d'une voiture, leurs petites amies faisant des bulles avec leur chewing-gum confortablement installée à leurs côtés. Une paire d'enceintes grésillantes et un écran trônant sur les hauteurs d'un parking (vieux cliché persistant).

Aujourd'hui, cinquante-cinq ans après sa création, que reste-t-il de ce Carnival of Souls légendaire dont le cinéaste George Romero s'inspira pour son tout premier longs-métrage, le classique des classiques La Nuit des Morts-Vivants ? Au risque de remuer les tripes des fans du film de Herk Harvey, c'est avec un petit pincement au cœur que j'ose affirmer qu'une partie de son envoûtante atmosphère s'est évanouie dans la nature. Comme le temps aime à modifier le caractère particulier des souvenirs, ceux relatifs à Carnival of Souls furent donc tronqués par cet irrépressible désir de le redécouvrir après tant d'années. L'impact d'un fantasme sans cesse grandissant aidant, j'en avais surtout conservé toute la magie de certains plans. Ceux de ce fameux carnaval où dansent les âmes de ces êtres chers perdus avant de poursuivre l'héroïne jusqu'à cette dernière demeure dont on pouvait jusque là ignorer la réalité. Ou cette autre scène voyant ces mêmes âmes s'extraire des eaux, une scène culte que d'autres s’empressèrent de reprendre à leur compte (George Romero, encore lui, dans Land of the Dead) Autre fait qui marquait les esprits mais qui fort heureusement a su conserver, lui, toute sa magie, demeure dans la bande-son jouée à l'orgue. Des thèmes lents, sans doute peu inspirés, mais participant du caractère mortifère de certains passages quand d'autres demeurent particulièrement plats. Ceux signifiant cet encombrant voisin cherchant à séduire une héroïne apeurée apparaissent alors comme des scènes servant à combler d'abyssaux vides scénaristiques. On se demande alors à quoi devait ressembler l’œuvre dans son intégralité. Peut-être est-ce aussi inconsciemment le fait d'avoir depuis découvert Messiah of Evil, une involontaire et approximative novélisation du thème abordé ici et dont l'impact visuel et sensoriel lui éminemment supérieur. Mais ne nous fâchons pas car malgré la petite déception (le plaisir de redécouvrir l’œuvre de Herk Harvey demeurant intacte), Carnival of Souls reste un long-métrage à part dans l'histoire du cinéma fantastique. Un objet qu'il demeure nécessaire de connaître et d'avoir vu au moins une fois dans sa vie si l'on s'intéresse de très près au genre...

A savoir qu'un remake a été réalisé en 1998 par les cinéastes Adam Grossman et Ian Kessner...

Chérie, j'ai Rétréci les Gosses de Joe Johnson (1989) - ★★★★★★★☆☆☆

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Rick Moranis fait partie de ces quelques acteurs qu'il est impossible de détester. Toujours prompt à incarner des personnages attachants, rois de la gaudriole, maladroits, timides, l'acteur américain originaire de Toronto où il officia comme DJ à la radio locale Chum FMdurant les années soixante-dix débute sa carrière au cinéma au début des années quatre-vingt. Si de son vrai nom Frederick Allan Moranis, Rick Moranis n'a plus fait parler de lui depuis maintenant vingt ans, c'est parce qu'il à décidé de mettre sa carrière d'acteur en stand-by depuis le décès de son épouse en 1991. Pour ceux qui se demanderaient encore de qui il s'agit, Rick Moranis n'est autre que l'inconsistant avocat du diptyque S.O.S Fantômes réalisé par Ivan Reitman en 1984 et 1989. Il est également le timide fleuriste du remake réalisé par Frank Oz de La Petite Boutique des Horreurs de Roger Corman. Mais peut-être plus encore, il est avant tout le principal interprète des trois volets des Chérie... réalisés respectivement par Joe Johnson (Chérie, j'ai Rétréci les Gosses en 1989), Randal Kleiser (Chérie, j'ai Agrandi le Bébéen 1992) et Dean Cundey (Chérie, nous avons été Rétrécis en 1997).

Pour ces derniers tout commence donc en 1989. Dans une petite bourgade américaine, le chercheur et savant Wayne Szalinski expérimente dans son grenier une machine censée miniaturiser les objets. Alors qu'il travaille dessus depuis des mois, les résultats ne sont pas à la hauteur de ses espérances. Aujourd'hui, il a rendez-vous pour un exposé sur le sujet. Mais là encore, personne ne semble s'intéresser à ce farfelu et la totalité des personnalités conviées quittent la salle avant la fin. Tandis qu'il se démène pour rendre crédible un procédé sans pouvoir prouver ses théories, à la maison, ses enfants Amy et Nick profitent de ce samedi pour ranger la maison. A côté vivent les Thompson. Une famille d'américains moyens dont le père ne supporte plus le bruit que génère Wayne Szalinski lors de ses expériences. Marié à Mae, Russel Sr. et son épouse ont deux enfants, Russel Jr. et Ronald. Alors que ce dernier joue seul au base-ball dans leur jardin, il tire une balle en l'air qui vient briser la vitre du grenier des Szalinski et met en marche la machine sur laquelle travaille Wayne. Forcé par son frère d'aller s'excuser auprès de leurs voisins, les enfants Thompson se dirigent en compagnie de leurs jeunes voisins vers la maison d'à côté et sont conviés à monter jusqu'au grenier afin de récupérer leur balle. C'est au moment même où les quatre enfants entrent dans la pièce que la machine produit un puissant laser qui les miniaturise jusqu'à atteindre la taille de six millimètres. C'est à ce moment là que rentre Wayne de sa conférence...

Comme on peut s'en douter à partir de ce moment là, l'aventure que vont vivre Amy, Nick, Ronald et Russell sera pour le moins étonnante. Nous sommes donc en 1989 et à l'époque, inutile de compter sur de quelconques effets-spéciaux numériques même si le procédé existe déjà depuis le milieu des années quatre-vingt. On est encore loin d'atteindre les prouesses visuelles d'aujourd'hui. C'est pourquoi les techniques employées ici apparaissent désormais quelque peu désuètes. Pourtant, s'il on estime le nombre de films dont les effets-spéciaux ont eu bien du mal à tenir sur la durée, ceux de Chérie, j'ai Rétréci les Gosses conservent un certain panache. Sorti la même année que les réjouissant Abyssde James Cameron, Retour vers le Futurde Robert Zemeckis ou, justement, le premier volet des aventures des chasseurs de fantômes de Ghostbusters, ses effets-spéciaux ressemblent pourtant malheureusement davantage à ceux du Neverending Story du cinéaste allemand Wolfgang Petersen sorti cinq ans auparavant que de ceux du remarquable The Incredible Shrinking Man que réalisa Jack Arnold en 1957 et qui prouve à lui seul que, selon l'expression consacrée,c'est dans les vieux pots etc, etc, etc...
Décors gigantesques reproduisant un petit carré de verdure prenant ici des dimensions stupéfiantes. La moindre pousse d'herbe peut y servir à loisir de toboggan tandis que l'arrosage automatique et la tondeuse (bricolée par le fiston) deviennent de redoutables pièges pour nos héros miniatures. Qui finiront par se réfugier dans les alvéoles d'une brique de Lego pour dormir ou dans le tunnel creusé par un lombric pour échapper à la lame de la tondeuse en question. Le visuel mélange décors réels revus dans des dimensions colossales, intégration des personnages sur fond bleu (la scène de la tondeuse, encore elle), et stop-motion ou, procédé d'image par image permettant de donner vie à de rares insectes tels une fourmi et un scorpion. Il faut l'avouer, le jardin des Szalinski demeure en la matière plutôt avare !

Qu'il s'agisse de Rick Moranis, de Matt Frewer, de Jared Rushton ou des autres interprètes (parmi lesquels il serait dommage d'oublier l'adorable chien des Szalinski), l’œuvre de Joe Johnson promet de passer d'agréables moments de divertissement. Il demeure également l'un des témoignages cinématographiques d'une époque aujourd'hui révolue et où l'essentiel n'est plus désormais qu'histoire de virtualité. Car si les décors de Chérie, j'ai Rétréci les Gossesparaîtront particulièrement kitsch aux plus jeunes d'entre nous, ils avaient l'avantage de demeurer tangibles. Un long-métrage qui demeure très divertissant presque trente ans après sa sortie...

Docteur Jerry et Mister Love de Jerry Lewis (1963)

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Le professeur de chimie Julius Kelp est brillant et respecté par ses élèves. Du moins, par la majorité. Pour ne plus avoir à subir les brimades de l'un d'entre eux, il décide de s'inscrire dans une salle de musculation afin de prendre un peu de poids. Mais contre attente, il en perd. Amoureux de l'une de ses étudiantes, la charmante Stella, il décide d'user de ses talents de chimiste pour mettre au point un élixir qui le transformera définitivement en un autre homme.

Alors que les étudiants de l'université ont pour habitude de se retrouver dans l'établissement Le Diable Pourpre, Stella lui propose de l'y retrouver le soir même. Expérimentant sa nouvelle formule, Julius se transforme d'abord en une créature repoussante, poilue et au visage simiesque. Quelques temps plus tard, le voilà qui file tout droit vers le lieu de rendez-vous. Tout le monde s'écarte sur son passage. Une fois arrivé au Diable Pourpre, les gens cessent de danser et les musiciens de danser. Julius Kelp n'est plus. C'est désormais Buddy Love qu'il faut appeler le timide professeur de chimie. Extrêmement séduisant, il est également narcissique et imbu de lui-même. Excellent musicien, il charme l'assistance pour moitié composée de jeunes demoiselles avant d'embarquer Stella à bord de sa propre voiture. Une fois isolés, Buddy Love montre à la jeune femme un peu troublée par le comportement passablement odieux du personnage qu'il est aussu capable d'être charmant. Mais alors que tout semble rentrer dans l'ordre entre eux, les effets de l'élixir commence à se dissiper et Julius Kelp refait doucement surface. C'est ce moment-là que son double choisit pour prendre la fuite...

« Je ne veux plus être ce que je ne suis pas... »
Buddy Love

Réalisé et interprété par l'immense comique américain Jerry Lewis qui se fit connaître grâce au duo qu'il forma avec l'acteur-chanteur Dean Martin, Docteur Jerry et Mister Loveest une version parodique du célèbre roman de Robert Louis Stevenson, L'étrange Cas du Docteur Jekyll et de M. Hyde. Le principal de l'intrigue se déroule entre une université où travaille son personnage de Julius Kelp et le lieu où se retrouvent les étudiants lorsque le soir arrive. Même si lors des prémices de la transformation de son personnage vers son alter ego montre une créature disgracieuse, on peut noter une très nette différence entre cette adaptation et le roman. Dans ce dernier, l'odieux comportement de l'alter ego du Docteur Jekyll est réhaussé par un physique monstrueux qui va de pair avec ses méfaits. En ce qui concerne Docteur Jerry et Mister Love, la frontière physique entre les deux personnages est beaucoup plus subtile. 
 

Jerry Lewis fait même de Buddy Love un personnage certes, antipathique, mais au physique tout de même nettement plus avantageux que celui du professeur. Interprétant les deux rôles, il s'oblige à entrer dans la peau de deux personnalités bien distinctes. Cabotinant énormément avec celui de Julius Kelp, il est plus grave quand il s'agit de Buddy Love. Transformant sa voix et son apparence à volonté, il joue sur l’ambiguïté de ces deux êtres à tel point qu'on ne sait plus dans quelle mesure il peut être amené à rester coincé dans la peau de l'un ou de l'autre.

Finalement, il s'en sort avec la morale qui dit qu'il faut s'accepter tel que l'on est. Une morale naïve aujourd'hui où l'apparence prime souvent sur tout le reste. Pour cette dernière scène, Jerry Lewis ajoute de l'émotion aux thèmes du fantastique, de la comédie et de la romance. Une belle réussite.

Nouvelle Cuisine de Fruit Chan (2005) - ★★★★★★★★☆☆

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Nouvelle Cuisinen'est pas de ces œuvres qui vous ouvrent l'appétit. Bien au contraire. Au pire, ou au mieux, elle subjuguera votre passion du septième art par sa conception de la gastronomie tout à fait originale. Exquise et dérangeante. Poétique et morbide. Ou comment vouer sa jeunesse éternelle à la consommation raffinée de fœtus humains plus ou moins âgés. Dans les décors d'un quartier chinois capté par le regard voyeur d'une caméra filmant de loin des figurants de quatrième rang vit Tante Mei. A l'image des rebouteux de notre arrière-pays officiant clandestinement et en parallèle à la médecine traditionnelle, cette ancienne médecin à troqué la table d'opération pour celle de sa cuisine. Une artiste en ce domaine. De délicats raviolis élaborés avec la talent d'un chef cinq étoiles. De fines membranes représentatives (ou pas) du placenta qui peu de temps auparavant, protégeait ces fébriles créatures dont les génitrices ont fait le choix de se débarrasser. Des décors sucrés enrobés de touches pastelles, le cinéaste chinois Fruit Chan (ça ne s'invente pas) y oppose le rouge cru de la viande hachée menue et accompagnée de divers condiments. Ce rouge signifiant la virginité perdue, l'avortement, et par conséquent la mort, se retrouve jusque dans les couleurs criardes du voile protégeant le visage de Chung Li, actrice vieillissante, trompée par un riche époux volage, venue payer à prix d'or les mets préparés par Tante Mei. Le cannibalisme comme vous ne l'avez sans doute jamais vu. Peut-être entre-aperçu, ici ou là (Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant de Peter Greenaway), cet aspect extrême et interdit de la gastronomie, Fruit Chan la suublime. A tel point que l'aversion logique produite par une telle activité ne nous poussera à aucun moment jusqu'aux toilettes afin d'y rendre le contenu de notre dernier repas.

C'est fin, et tourné avec une certaine classe. Sans jamais s'appesantir sur une quelconque surenchère esthétique qui renverrait son œuvre dans la catégorie des films d'auteur parfois lourde de conséquences, Nouvelle Cuisine est dans sa construction, tout à fait admirable. Plus qu'un simple film d'horreur (ce qui, d'ailleurs, il n'est pas), le long-métrage de Fruit Chan aborde sans jamais faire dans la démagogie, le couple, la peur de vieillir, et les médecines parallèles. Il y confronte une certaine forme de bourgeoisie ne souffrant d'aucun scrupule lorsqu'il s'agit de se nourrir de fœtus humains, à des individus de souche beaucoup plus modestes mais qui dans la relative importance qu'ils génèrent vis à vis de concitoyens qui autrement n'auraient même pas fait l'effort de frapper à leur porte, peuvent se permettre une certaine ironie. On pense bien sûr, cannibalisme. Mais pourquoi pas aussi, vampirisme. Tant dans l'acte de consommation de viande humaine, que dans l'addiction de Chung Li pour cette matière première seule capable de lui rendre sa jeunesse.

Beau comme un poème, Nouvelle Cuisine connaît aussi des moments plus durs, nécessaires pour que le spectateur puisse encore faire la différence entre ce qui demeure acceptable et ce qu'il se doit de rejeter quoi qu'il en coûte. Dernier rempart contre la perte totale de dignité, ou plus simplement d'humanité, quelques actes nous maintiennent donc sur les bons rails. Se manifestant de façon brut, extraordinairement accompagnés par l'anxiogène partition musicale de Chan Kwong-Wing. Sans jamais précéder l'acte monstrueux, la musique alerte le spectateur une fois la chose accomplie. Comme pour nous assurer que le fait qui vient d'avoir lieu est bien monstrueux et n'est surtout pas à mettre sur le compte de la normalité. Miriam Yeung, Bai Ling et Tony Leung Ka-Fai sont les trois principaux interprètes d'une pièce en un acte battant aussi bien le froid que le chaud. Et même le brûlant parfois. Une lente descente aux enfers avec signes avant coureurs. La dégénérescence physique et mentale sont ici indissociables. Parfaitement interprété et mis en scène, Nouvelle Cuisine possède de plus une photographie magnifique, œuvre de l'australien Christopher Doyle. On ne s'étonnera donc pas de retrouver ce nom accolé à celui du cinéaste hongkongais Wong Kar-Wai, un autre esthète. A voir, donc. Absolument.

A Nightmare On Elm Street 2: Freddy's Revenge de Jack Sholder (1985) - ★★★★★★☆☆☆☆

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A la fin de A Nightmare On Elm Street, la jeune Nancy Thompson, héroïne du premier opus (que l'on retrouvera notamment dans le troisième épisode) est parvenue à contrôler sa peur et a pris le dessus sur le tueur Freddy Krueger, le renvoyant ainsi d'où il venait. Cependant, et alors qu'une nouvelle et radieuse journée se profilait, les tout derniers instant laissaient présager une suite aux aventures du croquemitaine à la main affublée d'un gant parcouru de quatre lames terriblement aiguisées. Pourtant, lorsque débute ce nouveau chapitre réalisé non plus par Wes Craven, mais par Jack Sholder, lequel réalisera deux ans plus tard en 1987 le petit chef-d’œuvre de science-fiction Hidden,et alors que tout semblait avoir été dit, le cinéaste américain et le scénariste David Chaskin imaginent une suite qui demeurera fort originale en comparaison des autres épisodes à venir puisqu'il intégrera le personnage de Freddy Krueger dans le monde réel, tandis qu'à l'avenir, ce monstre au visage brûlé lors d'une exécution orchestrée par des parents décidés à se débarrasser d'un tueur d'enfants s'en prendra à leur progéniture à travers les rêves.
Toujours interprété par l'acteur californien Robert Englund, le gentil extraterrestre de la Série Voriginale, lequel fit une courte apparition dans Le Crocodile de la Mort de Tobe Hooper et dans de nombreux films d'horreur plus ou moins réussis, Freddy Krueger demeure pourtant relativement rare dans ce second chapitre. Car pour pouvoir se venger, cette créature que l'on identifiera de surnaturelle puisque se mouvant au cœur des cauchemars des adolescents du fameux quartier de Elm Street, devra pour cela prendre possession du corps de Jesse Walsh, le nouveau personnage principal.

Désormais, c'est le talentueux maquilleur Kevin Yagher qui prend la relève et s'occupe du terrifiant maquillage de Freddy. Jack Sholder fera d'ailleurs à nouveau appel à lui pour son prochain film, le récit d'une créature extraterrestre malfaisante descendue sur Terre, voyageant d'un corps humain à l'autre et traquée par l'un de ses semblables (l'excellent Kyle MacLachlan qui débuta sa carrière auprès de David Lynch dans le médiocre Dune). Démarrant sur les chapeaux de roue (c'est le cas de le dire), les première minutes laissent une sensation mitigée. Couleurs criardes, décors de carton-pâte et visuel atroce, ça commence assez mal. Ensuite, on a droit à la sempiternelle université américaine avec ses beaux gosses, ses belles blondes, et surtout son prof de sport ultra stéréotypé (au point que le cinéaste en fera un grand amateur d'actes sadomasochistes traînant tout de cuir vêtu dans des boites de nuit très louches). La suite est on ne peut plus classique. Une famille américaine qui demeurerait tout à fait idéale (dont un père de famille parfois quelque peu rigide et interprété par le Clu Galager duRetour des Morts-Vivants de Dan O'Bannon et de l'improbable Uninvited de Greydon Clark) si le fils n'était pas la victime d'horribles cauchemars.
Mais plutôt que d'en rester là et de nous resservir le même plat que Wes Craven, Jack Sholder extrait le croquemitaine du monde des rêves et lui permet de se venger à travers Jesse Walsh, la victime de cauchemars en question. D'où des scènes pour la plupart ancrées dans la réalité. Des décors à moindre frais donc mais quelques scènes d'horreur plutôt sympathiques.

Bien que le film tienne sur un scénario apparemment original, quelques doutes peuvent cependant être émis : pour le moindre d'entre eux, les deux chiens à visage humain que l'on rencontre à un moment donné semblent tout droit provenir du paranoïaque Invasion of the Body Snatchers de Philip Kaufman. Mais plus gênant, le scénariste semble s'être surtout beaucoup inspiré du second chapitre de la longue, très longue saga Amityville(Amityville 2 : Le Possédéde Damiano Damiani sorti trois ans auparavant) pour les plans nocturnes durant lesquels le jeune héros se promène dans la demeure familiale. Même lorsque Freddy Krueger s'empare de lui, il est difficile de ne pas reconnaître une certaine ressemblance entre les deux films. D'ailleurs, si certains mouvements de caméra passent de la cave des Walsh à la maison à proprement parler, ça n'est sans doute pas le fruit du hasard. Relativement peu apprécié en son temps, cette suite se laisse pourtant regarder et demeure une alternative originale au contexte habituel rencontré dans l'univers du croquemitaine. Au regard de l'original, A Nightmare On Elm Street Part 2: Freddy's Revengelui demeure cependant inférieur...

A Nightmare On Elm Street 3 : Dream Warriors de Chuck Russel (1987) - ★★★★★★☆☆☆☆

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C'est fou comme avec le temps l'intérêt pour une œuvre peut se déliter. A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors fait partie de ces longs-métrages découverts au cinéma lors de leur sortie. Je pénétrais l'univers du mythique Freddy Krueger pour la première fois. Je ne connaissais pas l’œuvre originale, n'avais pas vu le second chapitre et demeurait donc fort intrigué. A la sortie d'un cinéma quelconque de la capitale, en ce mois de juin 1987, j'étais assez satisfait de mon expérience. Un croquemitaine charismatique, une idée originale, des scènes étonnantes et des effets-spéciaux remarquablement accomplis par Kevin Yagher et une équipe constituée d'une dizaine de personnes. De quoi se réjouir d'un cinéma fantastique en pleine forme qui en cette année 1987 vit la sortie de Robocop de Paul Verhoeven, Prince des Ténèbresde John Carpenter, ou encore Hellraiser, le Pacte de Clive Barker. Freddy Krueger devient ici sous la houlette du spécialiste des effets-spéciaux de maquillage un énorme serpent avalant l'une de ses pauvres victimes adolescentes (Patricia Arquette qui débutait pratiquement sa carrière d'actrice), un marionnettiste grand comme un immeuble, puis un poste de télévision, ou encore une infirmière sexy. L'un des effets-spéciaux les plus étonnant demeurant l'abdomen du croquemitaine exhibant l'âme de ses précédentes victimes. Quant à la pauvre Heather Langenkamp, ATTENTION SPOILER, elle demeurera dans ce troisième opus de la saga comme la dernière victime du tueur au visage brûlé et au gant armé de lames effilées.

Malheureusement, malgré ces quelques scènes particulièrement réussies, du moins pour l'époque et qui n'ont pas trop à rougir de nos jours face aux progrès qui ont été effectués depuis en matière d'effets-spéciaux, A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriorsm'est apparu d'un ennui profond. En tout cas, bien moins passionnant qu'à l'époque de sa sortie. Mais tout s'explique de manière fort aisée. Comme dit plus haut, je n'avais pas encore découvert l'original. Une erreur très vite réparée, pour un résultat effarant. Surtout pour cette seconde séquelle qui depuis ne me concerne plus vraiment. Car le personnage central du récit original (créé par le cinéaste Wes Craven à partir d'un curieux fait divers concernant un adolescent insomniaque mort de s'être volontairement empêché de dormir par crainte de mourir durant son sommeil), le producteur, réalisateur et scénariste Chuck Russell (auquel on doit notamment le fameux remake du Bloben 1988, son second long-métrage après celui-ci, donc) en a fait un bouffon. Plus amusant que réellement terrifiant. Une donnée d'ailleurs totalement absente, ce qui, pour un film mêlant l'horreur et le fantastique est suffisamment navrant pour être notifié.

Freddy Krueger est devenu l'amuseur public. Celui qui provoque l'hilarité au sein d'un public adolescent conquis par ce père fouettard horriblement défiguré dont on avait peine à croire que sous son maquillage se planquait l'interprète de l'adorable extraterrestre Willy de la série originale V. Ce troisième volet ressemble à une fête foraine dont l'intrigue se situe presque exclusivement dans l'aile d'un hôpital psychiatrique réservé aux adolescents suicidaires et victimes de troubles du sommeil. Rétrospectivement, on peut comprendre que Wes Craven n'ait pas voulu que son bébé fasse des petits. Malheureusement, malgré l'échec du second volet, la New Lineen décida autrement. Outre différents prix de part le monde, A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriorsa obtenu le prix (mérité) des effets-spéciaux au festival du Rex en 1987. Outre Heather Langenkamp qui reprend son rôle de Nancy Thompson après avoir disparu lors du second volet et Robert Englund qui continue à interpréter Freddy Krueger, nous découvrîmes Patricia Arquette (qui depuis à joué pour Tony Scott, Tim Burton, David Lynch, Ole Bornedal ou encore Martin Scorsese), Craig Wasson (Body Double de Brian de Palma), ou l'excellent Laurence Fishburne que l'on a pu notamment revoir plus tard dans Double Détentede Walter Hill, The King of New Yorkd'Abel Ferrara, ou encore Matrixdes frères (sœurs?) Wachowski. Quant à l'acteur John Saxon, tout comme Heather Langenkamp il réapparait dans ce troisième volet dans le rôle du lieutenant Donald Thompson qui n'est autre que le père de l'héroïne Nancy Thompson.

Un volet qui a bien (mal) vieilli donc mais que je conseillerais tout de même à celles et ceux qui ne l'ont toujours pas vu. A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors éveillera peut-être alors la curiosité des fans de cinéma fantastique ne connaissant pas encore le célèbre croquemitaine...

El Carnaval de las Bestias de Jacinto Molina Alvarez (1980) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Si l'acteur, réalisateur et scénariste espagnol Paul Naschy est surtout connu pour avoir incarné le loup-garou Waldemar Daninsky dans plus d'une dizaine de longs-métrages, on le retrouve en cette année 1980, et dans ce film qu'il a réalisé lui-même sous le pseudonyme de Jacinto Molina Alvarez, dans la peau de Bruno Riveira, un aventurier téméraire tombé sous le charme de la belle Mieko. Engagé afin de mettre la main sur une mallette renfermant des pierres de grande valeur, il finit par se retourner contre eux, semant les morts derrière lui. Mais alors qu'il est en fuite, il est gravement touché par plusieurs balles. Entre la vie et la mort, il est sauvé in extremis par le docteur Don Simon, ainsi que par ses deux filles Monica, et Alicia, laquelle, donneuse universelle, lui concède un peu de son sang afin de remplacer celui qu'il a perdu. Aux petits soins pour le blessé, toute la famille se prend d'amitié pour Bruno et lui propose de rester jusqu'à sa complète guérison. Pourtant, peu à peu, le fuyard va observer de troublants comportements au sein des Murua. Si Alicia, tombée folle amoureuse de lui semble la plus saine d'esprit, sa sœur Monica se montre possessive. Voire agressive. Quant au père, malgré son statut de médecin, il entretient avec la servante Raquel de bien étranges habitudes...

Si se frotter à la première demi-heure de El Carnaval de las Bestias se révèle une véritable gageure du fait de son peu d'intérêt, heureusement, l’œuvre de Jacinto Molina Alvarez dévoile ses véritables intentions dès lors que le principal interprète (qui n'est donc autre que Paul Naschy) foule le sol des Murua. Une bien étrange famille donc. Propriétaires d'une porcherie, et interprétés par un trio d'acteurs d'apparence physique somme toute classique : Lautaro Murua, Silvia Aguilar, et Azucena Hernandez. Ajoutons à ceux-là l'actrice Roxana Dupre dans le rôle de la domestique, ainsi que Eiko Nagashima dans celui de Mieko.

Œuvre polymorphe, El Carnaval de las Bestias démarre comme un film d'action pour plonger son héros dans un récit horrifique auquel il ne survivra pas. Malheureusement ou pas d'ailleurs, puisque Paul Naschy y incarne un anti-héros particulièrement antipathique, à la gâchette facile, et dont l'une des spécialités est d'écraser en gros plans sous la semelle de ses chaussures d'innocentes créatures terrestres (un scarabée puis un scorpion). Assurément, ce film espagnol demeure étrange. Oscillant entre plusieurs genres, brassant bon nombre d'idées sans jamais aller jusqu'au fond des choses, El Carnaval de las Bestiasn'est ni bon, ni mauvais. De plus, la version présentée étant doublée dans un anglais des plus médiocre, le résultat final est relativement décevant et laisse forcément présager une version originale en espagnole de bien meilleure qualité. Ne soyons donc pas trop durs avec ce long-métrage qui, au hasard, rappellera d'excellents souvenirs à ceux qui eurent l'occasion de voir les dérangeants The Beguiledque réalisa le cinéaste Don Siegel en 1971 et le Singapore Slingdu grecque Nikos Nikolaïdi, sorti en 1990. Une vraie famille de timbrés. Un père dominant une domestique volontairement et très plaisamment punie à grands coups de fouet sur le lit du patriarche. Une Monica perverse, nymphomane, traumatophile. Une Alicia faussement douce, ingénue aussi perverse que sa sœur, et une mère de famille apparemment décédée mais dont le fantôme rôde, prévenant Bruno des dangers qu'il encourt s'il reste dans cette maudite demeure.
Pas grand chose d'affriolant à se mettre sous la dent pourtant, à part deux ou trois scènes qui sauvent le film du naufrage : Monica nue, et s'excitant sauvagement sur le corps encore recouvert de bandages sanguinolents de Bruno. Le repas déguisé entre convives, vulgaires, se querellant, en venant presque aux mains, ou encore le passage assez gore qui voit le vétérinaire de la famille finir dévoré par les cochons dont il a la responsabilité. Quant à la toute fin, elle réserve une surprise attendue, mais bienvenue.
El Carnaval de las Bestias se regardera donc avant tout comme une curiosité. Plus proche du nanar que des deux exemples cités plus haut. Mais comme le dit l'expression, faute de grives on mange des merles...

Flight 90 Disaster on the Potomac de Robert Michael Lewis (1984) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Flight 90 Disaster on the Potomac est a priori le genre de film dont on n'a pas grand chose à attendre. Parce qu'en 1984, année de sortie de ce film catastrophe signé Robert Michael Lewis, le tour de la question semblait avoir déjà été effectué. La série des Airport, puis dans un esprit hautement parodique, les deux volets de la saga Y a-t-il un Pilote dans l'Avion, le rapport entre tous demeurant dans le fait que les problèmes rencontrés étaient soit matériels, ou bien la conséquence d'une collision en plein ciel. Nous ajouterons Alerte à la Bombeet sa prise d'otages (et toute la série de longs-métrages ayant pris pour source d'inspiration le 11 septembre 2001). On pensera bien évidemment au film de Frank Marshall Les Survivantsbasé sur l'incroyable aventure vécue par les passagers du Vol 571 Fuerza Aérea Uruguaya qui le 13 octobre 1972 s'est écrasé dans la Cordillère des Andes et a fait vingt-neuf morts parmi lesquels douze sont morts dans l'immédiat et dix-sept dans les jours qui suivirent. Une histoire tristement célèbre pour les actes de cannibalismes dont ont dû faire preuve les rescapés pour survivre le temps qu'arrivent les secours deux mois après le crash !

Peut-être moins impressionnant mais toute aussi fort, le récit entourant le Vol 90 de Air Florida qui s'est abîmé dans les eaux gelées du fleuve Potomac le 13 janvier 1982 (encore un 13 me direz-vous) a donc donné naissance à ce film aux allures de téléfilm du dimanche, médiocrement doublé dans la langue de Molière mais qui, au delà de l'inutile première demi-heure censée rendre attachantes les futures victimes de cette tragédie, se révèle finalement anxiogène et terriblement intense. Pas un chef-d’œuvre du genre, loin de là, mais il y a matière à s'identifier à ces rares survivants qui ont réussis à s'extraire de la carcasse du Boeing 737-222 et qui ont sans aucun doute vécu les heures les plus difficiles de leur existence.

Concernant le spectateur, une chose est certaine : mieux vaut éviter de regarder Flight 90 Disaster on the Potomac un jour ou une soirée de grand froid car les températures risquent de dégringoler davantage encore. L'avion s'étant écrasé après seulement soixante secondes de vol et Robert Michael Lewis ayant choisi de respecter scrupuleusement les faits, l'intérêt de son film ne réside donc pas dans le crash mais dans la tentative de sauvetage des rares survivants qui se compte sur les doigts d'une main et sur le pouce de l'autre. Le calvaire que vivent les personnages interprétés au hasard par Stephen Macht, Jeannetta Arnette, Richard Masur ou encore Dinah Manoff, le spectateur le ressent comme s'il était lui-même plongé dans les eaux glaciales du Potomac. Sous l'eau, la carcasse de l'avion est à peine visible. La surface est recouverte de plaques de glaces et la météo s'en mêle également. Neige et vent alourdissent l'ambiance déjà suffocante. Les visages blêmissent, et les survivants, tétanisés par le froid au point de ne plus sentir leurs jambes brisées, commencent à donner des signes de fatigue et d'abandon.

Afin d'appuyer son propos et de pallier à l'évident manque de moyen (le moment où l'avion entre en contact avec le fleuve a tout simplement été banni du récit), Robert Michael Lewis opte pour l'intégration d'images d'archives qui dans le contexte météorologique trouble, collent parfaitement aux scènes de fiction. L'un des principaux atouts de Flight 90 Disaster on the Potomac demeure non seulement dans ces actes de bravoures d'hommes et de femmes laissant de côté leur préoccupations du moment pour venir en aide aux quelques survivants, mais aussi dans ces quelques images émouvantes de proches n'ayant aucun moyen de connaître l'identité de ces derniers. Relativement stressant, Flight 90 Disaster on the Potomac nous plonge donc en plein cœur d'un drame dont l'issue n'aura malheureusement été favorable que pour très peu de passagers. Si l'économie de moyens se ressent fortement à l'image, l'interprétation des différents protagonistes se révèle quant à elle particulièrement bénéfique. Un film catastrophe, au final, plutôt convainquant...

Crack in the World de Andrew Marton (1965)- ★★★★☆☆☆☆☆☆

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Le Dr Stephen Sorenson projette d'atteindre le noyau de la Terre afin d'en extraire le magma, source d'une énergie inépuisable. Mais alors que même les métaux les plus résistants n'y sont pas parvenus, le savant décide d'utiliser une bombe atomique. Avec l'accord d'une commission chargée d'évaluer les dangers et le potentiel d'une telle mission mais contre l'avis du Dr Ted Rampion qui juge qu'une telle opération risque de mettre en péril la planète et ainsi, l'humanité, Sorenson s'empresse d'envoyer la bombe à travers un tunnel long de trois kilomètres creusé dans le sol. A part un léger séisme, l'opération semble être un succès. Pourtant, les premiers signes avant coureurs d'une catastrophe de très grande ampleur font très vite leur apparition...

Produit par la Paramount Pictures et réalisé par le cinéaste hongrois naturalisé américain Andrew Marton, Crack in the World mêle film catastrophe et science-fiction. Bien que l'idée soit particulièrement intrigante et séduisante, force est de reconnaître que le sujet demeure improbable. Imaginer la terre s'ouvrir en deux à cause de l'explosion d'une bombe atomique, certes, très puissante, reste pure folie. De plus, si l'on émet l'hypothèse que le champ magnétique entourant notre planète dévie les particules mortelles des vents solaires, penser que des hommes de science soient aussi fous pour accorder à un individu la possibilité de mettre en péril l'avenir de l'humanité toute entière est improbable.

Bon, vous me direz qu'il ne s'agit ici que de cinéma, et je vous répondrai que oui, bien entendu, le propos ici ne servant qu'à divertir. Au delà de la mission que se sont promis d'engager une fois l'hypothétique catastrophe reconnue par Stephen Sorenson, on a droit à la sempiternelle idylle qui marquait bon nombre de films de science-fiction des années cinquante et soixante. La particularité de celle-ci demeurant dans le fait que les époux Sorenson soient âgés d'une bonne vingtaine d'années d'écart, que Maggie, l'épouse de Stephen Sorenson ait eu par le passé une relation avec Ted Rampion, et que le mari, atteint d'un cancer, se montre dorénavant distant envers sa femme qui, elle désire de lui, un enfant. Cet aspect du récit demeure, comme d'habitude d'une grande inutilité, le public cherchant avant tout le spectaculaire du sujet principal.

Et pour ce faire, Andrew Marton use d'images d'archives durant lesquelles les explosions de bombes atomiques réelles se multiplient. Le long-métrage étant perpétuellement entrecoupé de prises de conscience de la part du Maggie (l'actrice Janette Scott), le film est en rupture permanente avec le sujet qui nous intéresse. Bande son romanesque envahissante et idylle puérile ruinent une bonne par de l'intérêt. De plus, le cinéaste développe la lente dégénérescence physique du scientifique, phénomène qui ne nous émeut jamais mais qui légitime d'une certaine manière son empressement à envoyer la bombe au cœur de la planète. Si Crack in the World se laisse regarder, il n'en reste à la fin de la projection, rien de bien immuable. Rythme sans cesse brisé et demi-déception pour une histoire quelque peu grotesque...

Star Trek de J.J. Abrams (2009)- ★★★★★★★☆☆☆

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Il aura fallut attendre quarante ans après la fin de la série originale Star Trekpour qu'un homme se décide à remonter aux sources en proposant la genèse de ses principaux personnages. Comme passés sous un masque de rajeunissement, James T. Kirk, Spock, Nyota Uhura, Montgomery Scott, Hikaru Sulu et Pavel Chekov ont retrouvé de leur superbe et nous les découvrons donc en 2009 sous leurs meilleurs jours. Des débuts difficiles au sein de la Fédération des Planètes Unies puisque confrontés dès leur première aventure à bord de l'USS Enterprise à un immense vaisseau de forage romulien venu du futur, et dont le commandant reproche aux vulcains en général, et à Spock en particulier, d'avoir détruit la planète Romulus cent vingt sept ans plus tard.

Mais pour le moment, ce dernier n'est encore qu'un jeune adulte, admis à l'académie des sciences de Vulcain en dépit de son handicap : Spock est en effet le fils d'Amanda Grayson, une humaine interprétée ici par l'actrice Winona Ryder, et qui lui vaut de connaître beaucoup de difficultés auprès de ses camarades. Devant les ministres du Haut Conseil, Spock refuse finalement d'intégrer l'Académie des Sciences et se retrouvera donc à bord de l'Entreprise. James Tiberius Kirk est d'abord décrit comme un adolescent turbulent, ce qu'il demeurera d'ailleurs jusqu'à son arrivée à bord du célèbre vaisseau USS Enterprise. Arrogant, orgueilleux, bagarreur, aimant la vitesse et les femmes, c'est un électron libre auquel le commandant Christopher Pike a pourtant décidé d'accorder sa confiance en l'accueillant à bord. Tous les héros de la série originale sont présents sur la passerelle, même le capitaine Christopher Pike qui ne fut autre que le commandant de l'Enterprisedans l'épisode pilote de la série originale La Cage. En réalité, lorsque l'équipage du vaisseau part en aide à la planète Vulcain, attaquée par un vaisseau inconnu, il manque encore l'un des célèbres membres de l'équipage original : Scotty ! Lequel, on le découvrira plus tard, vit sur Delta Vega, une planète proche de Vulcain sur laquelle vit en exil forcé un Spock vieillissant venu du futur. Ce dernier y donne une explication plausible sur les raisons pour lesquelles Néro, le capitaine du Narada, l'immense vaisseau de forage venu du futur afin de détruire Vulcain et ses milliards d'habitants. Extrait de force de l'Enterprise, l'incorrigible Kirk est envoyé sur Delta Vega. Il y rencontre Spock à l'intérieur d'une grotte, lequel l'emmène jusqu'à un avant-poste de Starfleetinstallé sur cette planète entièrement recouverte de glace. C'est là que vit Scotty. Lui qui a émit la théorie de la téléportation trans-distorsionnelle. Une théorie qui cent-vingt sept ans plus tard sera une réalité, Spock étant en mesure de le prouver. 
 
C'est en mettant en pratique sa théorie que Scotty parvient à se téléporter, ainsi que James T. Kirk a bord de l'Enterprise lancé à pleine puissance. Maintenant que l'équipage tout entier est réuni, tous vont pouvoir s'attaquer au Narada et à ses membres. Car après avoir réussi à détruire Vulcain, leur prochain objectif est la planète Terre...

Avec ce Reboot de la saga Star Trek, le cinéaste et producteur J. J. Abrams qui n'avait jusque là réalisé qu'un seul long-métrage mais en avait produit une petite dizaine prend des libertés historiques et temporelles. Des anachronismes qui ne dérangeront pas outre mesures les néophytes mais qui perturberont sans doute les intégristes de l'universcréé il y a plus de quarante ans par le scénariste et producteur Gene Roddenberry. Nous aurions pu craindre un long-métrage essentiellement axé sur des effets-spéciaux de dernière génération comme cela est trop souvent la coutume dans les blockbusters actuels. Et c'est vrai que si l'on y repense, le scénario de ceStar Trekversion 2009 est on ne peut plus basique. Le récit, simple, d'une vengeance. De quoi préparer la nouvelle génération de spectateurs. Ceux qui ne se sont pas encore accoutumés au gigantesque univers que représente cette licence faite de six séries télévisées ( Star Trek, Star Trek : La Nouvelle Génération, Star Trek: Deep Space Nine, Star Trek: Voyager, Star Trek: Enterprise, et dernièrement, Star Trek: Discovery) et pas moins de dix longs-métrages en cette année 2009 (qui depuis en compte treize avec celui-ci et Star Trek : Into Darkness, Star Trek: Sans limites). Peu complexe, le reboot de Star Trek a surtout l'avantage de remettre les compteurs à zéro. L'amitié entre Kirk (Chris Pine)et le docteur Leonard McCoy (Karl Urban) ce dernier défendant bec et ongles son ami pouvant ainsi expliquer ses perpétuelles échauffourées verbales avec le Spock de la série originale.

Visuellement, le spectacle est sublime et dépasse tout ce que l'on a pu voir depuis la création de l'univers Star Trek. Les effets visuels et les animations de la société d'effets spéciaux de cinéma américaine Industrial Light & Magicsont magnifiques. Bien loin de la bouillie numérique que l'on aurait pu redouter (le Valériande Luc Besson sorti cette année), ils accompagnent un récit certes convenu, mais émaillé de scènes passionnantes dont la rencontre avec un Spock vieillissant interprété par l'inoubliable Leonard Nimoy demeure l'un des passages les plus intéressants. On appréciera l'interprétation de l'acteur Zachary Quinto qui se réapproprie avec finesse ce personnage emblématique de l'univers Star Trek. Que les fans de toujours soient d'accord ou non, et s'il ne rivalise pas avec la moindre des séries basées sur l'univers créé par Gene Roddenberry, le film de J.J. Abrams demeure à ce jour la meilleure adaptation cinématographique aux côtés des tous premiers longs-métrages...

Moi y'en a vouloir des Sous de Jean Yanne (1973) - ★★★★★★★☆☆☆

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Pour son second long-métrage en tant que réalisateur après Tout le Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil, l'acteur, réalisateur, humoriste et écrivain (entre autres talents) français Jean Yanne s'attaque cette fois-ci au monde du capitalisme et lui oppose celui du prolétariat. Il y tient le rôle du conseiller financier d'un grand groupe qui, après avoir été licencié, se rapproche de son syndicaliste d'oncle qui n'a jusqu'à aujourd'hui vu son neveu que comme un capitaliste s'enrichissant sur le dos des prolétaires. Ayant moyennement apprécié d'être viré, Benoît Lepape décide donc de prendre les choses en main et de se venger du capitalisme et achetant une entreprise visant à avoir le monopole dans le domaine de l'industrie. Mais pour cela, il faut de l'argent: c'est pourquoi, avec l'aide de son oncle Adrien Colbart, leader syndical de la CGI, il va tenter de convaincre les membres du syndicat d'investir à l'aide des fonds récoltés l'achat d'une entreprise fabriquant des vélos. Une fois la chose accomplie, et puisqu'il faut bien que celle-ci soit rentable, il crée une journée sans voitures. Contre la pollution. Ce qui aura pour conséquence l'augmentation des ventes de bicyclettes. De grosses sommes d'argent rentrent dans les caisses et ceux qui jusqu'à aujourd'hui s'imaginaient comme les portes-drapeaux du prolétariat veulent désormais en croquer. Entre Benoit et son oncle, c'est la rupture. Trahi par ce dernier, l'ancien conseille financier se rapproche de précédent employeur, lequel lui propose au vu des résultats qu'il a obtenu, le poste de vice-président. Alors que Benoit et son oncle entrent en guerre, celui qui était parvenu à faire la fierté de du leader de la CGI va connaître une ascension fulgurante, attirant le mépris des syndicats et même, plus étonnant, d'une ligue féministe dirigée Nicole, la fille de l'un de ses plus vieux amis, le curé Léon...

Bien que Moi y'en a vouloir des Sous emprunte la forme d'une comédie, le message social de Jean Yanne et Gérard Sire (les deux hommes ont collaboré à l'écriture du scénario), le fond se veut beaucoup profond qu'il n'y paraît. Jean s'attaque en effet une nouvelle fois à notre société mais sous un angle différent de son précédent long-métrage. Désormais, il s'en prend aux grands. A ceux qui détiennent le pouvoir. Mais plus que de simplement opposer ses personnages dans une lutte des classes envisageant d'un côté le Bien, et de l'autre le Mal, il construit avec une certaine aisance le récit d'un individu rejetant les codes du capitalisme tout en étant malheureusement lui-même happé par la réussite sociale et financière.

Plus que le monstre qu'il aurait pu devenir, son personnage garde ses distances avec la réussite et malgré les apparences demeure l'homme proche du peuple qu'il a toujours été. Face à lui, un Bernard Blier qui excelle dans le rôle du leader syndicaliste qui quoi qu'on en dise, jalouse son neveu. Moi y'en a vouloir des Sous étudie les méthodes de fonctionnement d'une entreprise vouée à la réussite. Jean Yanne va jusqu'à faire évoluer celle de son personnage au delà des frontières nationales. Un individu condamné à la réussite. C'est ainsi qu'intervient le burlesque. Lorsque Benoit Lepape tente de perdre de l'argent mais n'en fait qu'en gagner davantage. Pire, celui auquel tout un chacun devrait se référer se voit lui aussi menacé de mouvements de grève. Le film démontre que quoi qu'il arrive, le mécontentement peut gronder. Nicole Calfan qui n'a qu'une très courte carrière d'actrice au moment d'interpréter le rôle de Nicole excelle en militante féministe virulente. Michel Serrault incarne Léon, le curé, tandis que le toujours excellent Jacques François est le fondé de pouvoir, Delfaut. 

On découvre parmi les nombreux interprètes Daniel Prévost, Jean-Marie Proslier (en vicaire), Ginette Garçin ou Paul Préboist dans le rôle du policier Vergeot. Comme cela était le cas pour Tout le Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil, Jean Yanne attache une importance fondamentale à la musique. Une fois encore, il fait appel au musicien et compositeur français Michel Magne et convoque même lors d'une scène située dans l'église généreusement offerte par le héros le groupe de zeuhl(rock, jazz, avant-gardisme et chorale), Magma. Si Moi y'en a vouloir des Sous a quelque peu vieilli, le plaisir de (re)voir est là, témoignage d'une époque malheureusement révolue...

Chobizenesse de Jean Yanne (1975) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Comme pour tous ses films sauf les deux derniers qu'il réalisa respectivement en 1982 (Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ) et 1984 (Liberté, égalité, choucroute), l'écrivain, humoriste, réalisateur et compositeur français Jean Yanne a produit lui-même Chobizenesse, son quatrième long-métrage en tant que cinéaste. Un moyen fiable d'avoir un contrôle total sur la réalisation, le casting ainsi que sur le produit définitif. Jusqu'à maintenant, il avait confié la musique au compositeur Michel Magne, s'occupant lui, des paroles. Désormais, Jean Yanne écrit lui-même sa propre bande-son, confiant les arrangements et les musiques additionnelles au pianiste et compositeur de musiques de films Raymond Alessandrini ainsi qu'à Claude Germain. Plus attiré que jamais par la chanson, le cinéaste profite du thème abordé du monde du spectacle et des marchands d'arme, s'inspirant ainsi directement de son précédent long-métrage Les Chinois à Paris, financé par le chef d'entreprise dans l'industrie aéronautique et de l'armement Serge Dassault, pour écrire ce qui s'apparente à une comédie musicale.
Peut-être moins inspiré, Chobizenessen'est est pas moins une très bonne comédie qui malheureusement n'a pas rencontré son public lors de sa sortie en France au mois d'octobre 1975 puisqu'il n'attirera sur le territoire tout entier, qu'un peu plus de cinq-cent cinquante mille spectateurs. Pourtant, l'ambition est là. Un spectacle permanent. À la limite de la décadence. Du moins, dans l'esprit de ce que Jean Yanne a accompli jusque là.

Chobizenesse nous narre le récit de Clément Mastard (interprété par Jean Yanne lui-même), directeur de théâtre et dirigeant de revues de music-hall qui après un dîner en compagnie de la célèbre comédienne Célia Bergson se voit offrir l'opportunité de monter une pièce de grande ampleur financée à hauteur de cinq-cent mille francs par quatre frères, marchands d'armes et spécialisés dans l'acier. Mais pour cela, il va devoir faire des concessions. Il abandonne tout d'abord son projet initial et la nouvelle pièce tourne autour de l'acier. C'est un échec. D'abord frileux, Armand Boussenard et ses trois frères finissent par accepter l'idée d'introduire le sexe au cœur de la pièce. Le compositeur attitré de Clément Mastard ayant perdu son inspiration, ce dernier fait appel au musicien de génie Jean-Sébastien Bloch (voyez la source d'inspiration), ancien compositeur des pièces avant-gardistes de Célia Bergson. Mais l'homme se montre très violent envers Clément, rejetant l'idée de composer pour des pièces de théâtre. Soupçonné d'avoir poussé par la fenêtre la prostituée qui l'abritait chez elle, Bloch se réfugie cher Clément qui le protège en échange de quoi, il lui demande d'écrire la symphonie de son prochain spectacle...

L'un des principaux soucis de Chobizenesse demeure dans le fait qu'il se disperse aux quatre vents et manque le coche de la vraie bonne critique sociale. Jean Yanne hésite entre caricaturer l'un des aspects sous-jacents de son précédent film, et centrer le récit sur le personnage mégalomane de Jean-Sébastien Bloch, par ailleurs excellemment interprété par l'acteur Robert Hirsch. Jean Yanne évoque également la montée de la pornographie qui s'est libéralisée quelques années auparavant dans le monde occidental. Le scénario n'ayant pas véritablement de cohérence, on assiste avant tout à un show comme sait les orchestrer Jean Yanne. On assiste le plus souvent à un spectacle musical qu'à une véritable critique de la société même si à intervalles réguliers, son auteur rappelle qu'il écrit avant tout pour attirer l'attention des spectateurs sur les dysfonctionnements de notre société. Pour son quatrième long-métrage, Jean Yanne change complètement d'interprètes. Exit les Bernard Blier, Jacques François, Nicole Calfan, Michel Serrault, Paul Préboist ou Daniel Prévost. 

Désormais, il faut compter sur Robert Hirsch donc, Catherine Rouvel, Denise Gence, carrément hallucinante dans le rôle de l'épouse-mégère de Bloch, le cinéaste évoquant ici un prolétariat sous-cultivé et vivant dans des quartiers insalubres, Hubert Deschamps, l'irrésistible Paul Le Person, Guy Grosso, ou encore Georges Beller, lequel joua l'un des principaux personnages de la série Médecins de Nuitet fut l'animateur de la célèbre émission de télévision diffusée sur Antenne 2 dans les années quatre-vingt dix, Jeux sans frontières. L'on retiendra de Chobizenessedes chansons amusantes, barrées, dans l'esprit des œuvres écrites par Michel Magne pour les précédents longs-métrages de Jean Yanne, un spectacle permanent, haut en couleurs, tout en demeurant prodigieusement kitsch ! Pas le meilleur de son auteur, mais tout à fait regardable si l'on excepte le fait qu'après quarante-deux ans après sa sortie, le film a pris, comme les autres d'ailleurs, un méchant coup de vieux.

Androïd de Aaron Liptadt (1982)

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Sur une base spatiale, un scientifique, le Dr Daniel, travaille sur la conception d’androïdes lorsqu'il reçoit un appel de ses employeurs qui lui signifient que ses recherches vont cesser. Max 404, l'une des ses créations, est l'homme à tout faire de la station dans laquelle ils vivent seuls. Rien, ou presque, ne différencie l'androïde d'un humain. Il en a l'apparence, possède tout un panel d'émotions et détient même les capacités d'apprendre et de réfléchir. C'est certainement pour cette raison que la révolte a grondé sur Terre parmi ses semblables et qu'ils ont fini par faire régner le désordre. Max passe le temps et écoutant de la musique et en suivant des cours sur la sexualité humaine.

Il joue à un jeu vidéo lorsqu'il reçoit un SOS provenant d'un vaisseau stationnant aux abords de la base. En difficulté, une femmes demande à Max la possibilité d'arrimer et d'entrer dans la station. Troublé par la voix féminine, Max accepte sans même en parler d'abord au Dr Daniel. Lorsqu'il accueille la jeune femme, l'androïde constate qu'elle n'est pas seule et qu'elle est accompagnée par deux hommes...

Androïdest un film de science-fiction de Aaron Liptadt exclusivement confiné à un seul endroit. La station spatiale en question. A effets-spéciaux minimaliste, décor minimaliste. Un petit film sans prétention qui permet surtout de retrouver le grand Klau Kinski dans une œuvre d'une beaucoup plus petite envergure que des films tels que Aguirre, la Colère de Dieu de Werner Herzog.

Ce qui connaissent bien la série Star Trek : la Nouvelle Génération ne seront pas dépaysés et se souviendront sûrement de Data et de sa folle envie d'humanisation. Car en dehors du caractère général du film, l'humanisation est bien au centre de cette histoire. Pour la première fois de son existence, Max va agir sans même passer par celui-ci qui décide de tout. Il va braver l'image du père et (et par là même de Dieu) que représente le Dr Daniel, ce qui va porter un coup fatal à son avenir puisque travaillant sur la conception d'une androïde femelle prénommée Cassandra, celui-ci a pour projet d'en finir avec Max, l'androïde rebelle.

Le véritable héros d'Androïd, ça n'est pas Klaus Kinski, pourtant au générique seule véritable star du casting, mais bien Don Keith Opper qui campe avec conviction Max, l'androïde, un être beaucoup plus humain finalement que tous ceux qui vont apparaître à l'écran durant l'action du film. On regrettera beaucoup le peu de moyens alloués au film et qui auraient permis au cinéaste et aux acteurs de participer à une œuvre d'une bien plus grande ampleur.

Fauché, Androïd, malgré ses faiblesses, prouve qu'avec peu on peu parvenir à un résultat quelque peu convainquant, quand tant d'autres œuvres, et même parfois certains blockbusters, parviennent avec tant de mal à convaincre de leur intérêt...

L'Homme Orchestre de Serge Korber (1970) - ★★★★★★☆☆☆☆

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L'Homme Orchestre de Serge Korber est intéressant à plus d'un titre. Comme cela sera également le cas deux ans plus tard, le réalisateur offre à notre Louis de Funès de camper un personnage dans un long-métrage relativement déroutant (Sur un Arbre Perchépoussera l'expérimentation jusqu'à proposer une sorte de huis-clos à ciel ouvert (qui a dit que cela était incompatible?) très particulier), Tandis que L'Homme Orchestrenavigue entre comédie et spectacle musical. Le cinéaste offre à Louis de Funès un rôle qui lui va à ravir. De ces individus rigides, autoritaires et incorruptibles. Directeur d'une compagnie de danse contemporaine, Evan Evans prépare son nouveau spectacle lorsque l'une de ses danseuses lui fait faux bond. A la recherche d'une remplaçante, il engage la jolie Endrika sous certaines conditions : interdit d'avoir un petit ami, de se marier, de tomber enceinte, etc. Endrika obtient le rôle au sein de la troupe mais bientôt, lors d'une tournée en Italie, il est clair que la jeune femme n'a pas rempli toutes les conditions puisqu'y vit son enfant. Un bébé qu'elle a jusqu'à maintenant confié à une famille italienne mais qu'elle est en devoir de récupérer. Et comme elle n'a jamais partagé son secret avec quiconque, elle décide sur les conseils de Françoise, une autre danseuse qui elle aussi a dérapéen ne respectant pas les règles d'or mises en place par Evan Evans, de faire croire que l'enfant est de Philippe, le neveu du directeur...

Je disais donc que L'Homme Orchestre était intéressant à plus d'un titre : car outre le fait d'y retrouver l'insurpassable Louis de Funès (tous les acteurs comiques d'aujourd'hui faisant, avouons-le pâle figure à ses côtés), le long-métrage de Serge Korber a l'immense privilège d'avoir pu s'accorder la participation de l'immense compositeur François de Roubaix qui à l'époque débarquait avec un son nouveau. L'Homme Orchestre est une œuvre psychédélique qui ne tient pas uniquement dans ses décors ou ses costumes mais bien dans les remarquables compositions du musicien malheureusement décédé à l'âge de trente-six ans le 21 novembre 1975 dans un bête accident de plongée.

Si la plupart des personnages qu'aura interprété Louis de Funès durant sa carrière semblaient suivre une ligne directrice comportementale relativement commune, L'Homme Orchestre paraît rassembler des éléments du passé de l'acteur et des futurs rôles qu'il allait endosser. On ne reviendra pas sur les aspects quelque peu ignobles du personnage de Evan Evans et qui furent le fond de commerce de Louis de Funès qui les rendit pourtant terriblement attachants. Un miracle si j'ose dire !

Dans L'Homme Orchestre, il y a un peu du Oscard’Édouard Molinaro dans les liens de parenté tronqués entre le bébé et Philippe. Un peu des Aventures de Rabbi Jacobdans ces danses auxquelles participait déjà avec plaisir l'acteur. Une propension à se livrer corps et âme même lorsque le producteur de la Gaumont Alain Poiré refuse de lui octroyer un cachet plus élevé que prévu tandis que d'autres producteurs lui en proposaient de plus importants. Soyons chauvins et poussons plus loin le bouchon en affirmant que le producteur et réalisateur Robert S. Baker aura su retenir la leçon pour l'ouverture de sa mythique série Amicalement Votre (le film de Serge Korber s'ouvre en effet sur une scène de course-poursuite dans les environs de Nice) ou que Jean Yanne aura trouvé là, matière à écrire ses propres comédies musicales pop et psychédéliques. Paranoïa ? Peut-être... L'Homme Orchestre demeure de toute manière une expérience toute particulière avec ses bons et ses mauvais côtés, que tout fans de Louis de Funès se doit d'avoir vu au moins une fois dans son existence. A noter la présence d'Oliver de Funès, fils du grand Louis, lequel jouera à six reprises aux côtés de son père...

Un réveillon au ciné: Garde Alternée d'Alexandra Leclère & Momo de Sébastien Thiéry et Vincent Lobelle (2017)

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Tradition villefalsienne oblige, le réveillon du 31 décembre 2017 ne s'est pas déroulé sous un déluge de cotillons. Pas une perruque de Michel Polnareff en vue, pas de feux d'artifice les douze coups de minuit sonnant, et aucune gueule de bois à prévoir pour le lendemain. Non, chez nous, l'événement se fête chaque année dans les salles obscures. Deux films. Deux comédies. Interprétées par deux monuments du genre que sont Didier Bourdon, l'un des trois membres des Inconnus, et Chirstian Clavier, l'en des fondateurs de la mythique équipe du Splendid. Garde Alternéeet Momo. Si l'un et l'autre des synopsis sentaient la viande faisandée, les réactions du public ne se sont pourtant pas faites attendre. Dans l'un comme dans l'autre, ce ne fut que profusion de rires. De la grande salle numéro une du cinéma Mega CGR de Narbonne à la numéro quatre, pas plus grande qu'un réduit, mais au combien chaleureuse, les deux publics ont semble-t-il apprécié le spectacle. Mais Garde Alternée et Momo méritent-ils l'engouement dont ils ont bénéficié ?
Entre cette histoire d'adultère, puis de vengeance orchestrée par l'épouse trompée, et celle de ce couple sans enfants recevant la visite d'un fils inattendu, la cinéaste Alexandra Leclère, puis le duo Sébastien Thiery et Vincent Lobelle nous auront-ils convaincu ? Pas sûr.

Si les rires entendus lors de la première séance furent à mon goût tout à fait justifiés, c'est avant tout parce que les interprètes de Garde Alternéeet ses nombreuses et rocambolesques situations firent preuve d'une grande originalité. Et puis, il y a derrière les personnages du couple formé par Sandrine et Jean ainsi que celui de la maîtresse Virginie, deux actrices et un acteur que l'on apprécie forcément. Valérie Bonneton, Didier Bourdon et Isabelle Carré. La première, barrée, inventive, dont l'expressivité est toujours aussi présente organise un show exceptionnel. Face à une Isabelle carré nature. Toujours aussi délicieusement belle. La maîtresse que tout les hommes aimeraient entretenir et que toutes les femmes voudraient détester. Au milieu de ces deux femmes, un Didier Bourdon parfois effarant de crédulité. Abasourdi par ce qui arrive à son personnage. Plus le récit déploie son intrigue, plus le spectacle s'emballe, et plus ses interprètes se livrent. Jusqu'à se mettre littéralement à nu. La recette permettant de raviver la flamme contiendrait-elle dans cette heure et demi de pur bonheur ? Garde Alternéen'a certes pas la verve d'un Prénomou d'un Dîner de Cons. L'écriture n'y est pas aussi fine. Pas aussi profonde. Mais nombre de situations font leur effet. On rit beaucoup. Les zygomatiques sont très souvent sollicités. A noter la présence du toujours excellent Michel Vuillermoz dans le rôle du libraire homosexuel Félix, d'Hélène Vincent dans celui de la mère de Sandrine et de Jackie Berroyer dans celui du père ou encore de Laurent Stocker dans la peau de Michel, le meilleur ami de Jean. Un excellent divertissement à l'attention de toute la famille.

Concernant Momo, la chose est un peu plus délicate. Certains vous diront que l'on ne joue pas avec le handicap. Je vous répondrais que d'une certaine manière, l'humour peut au contraire nous aider à l'accepter. Momo, qui dans la langue de Patrick, l'enfant abandonné par ses parents à sa naissance parce qu'il est sourd, veut dire maman. Le scénario écrit à quatre mains par Sébastien Thiéry (également réalisateur du film auprès de Vincent Lobelle) et Pascale Arbillot tourne donc autour de ce personnage débarqué dont ne sait où. Pas vraiment habillé à la mode et affublé d'une diction difficile à saisir, Patrick est muet et reprend contact avec ses parents André et Laurence Prioux (respectivement Christian Clavier et Catherine Frot) qu'il n'a jamais connu. Pris pour un débile à cause de sa façon de parler, il s'incruste chez ce couple aisé qui prend d'abord peur face à ce très étrange personnage, capable d'entrer dans des états de fureur inquiétante. Marié à Sarah (l'actrice Pascale Arbillot, co-scénariste du film), il sait se faire attachant. Surtout auprès de sa mère Laurence qui n'a malheureusement jamais eu d'enfants. Si la mère et le fils se rapprochent peu à peu, la chose demeure délicate entre Patrick et André qui voit l'irruption de cet individu d'un mauvais œil.
Là encore, le public a beaucoup rit. D'abord confronté à la voix particulière du personnage interprété par Sébastien Thiéry, on peut comprendre que cela fasse rire. Nous-mêmes avons à une ou deux occasions. Mais entendre derrière moi certains spectateurs rire chaque fois que Patrick ouvrait la bouche finit par devenir gênant. Comme si le film n'était prétexte pour certains qu'à s'esclaffer, se moquer du handicap de l'un de ses principaux personnages. Momone prêtant pas forcément à sourire, certaines scène demeurent même relativement triste. Le personnage de Catherine Frot plombe l'ambiance. Et si le couple qu'elle forme auprès de Christian Clavier est intéressant, les moments qui se voulaient d'intense émotion retombent comme un soufflet raté. Pourtant, on n'en voudra pas à l'actrice-scénariste Pascale Arbillot et l'acteur-réalisateur Sébastien Thiéry d'avoir voulu réaliser une comédie prônant quelque peu le droit à la différence. Le message est touchant quoique maladroitement mis en scène. Il manque à Momo une vraie profondeur. Christian Clavier n'étant pas Louis de Funès, les rôles que lui confient depuis un certain nombre d'années les réalisateurs n'ont font pas pour autant un acteur irrésistiblement drôle. Au final, a part quelques petits gags amusant (le berger allemand allemand, l'anecdote concernant la rencontre entre Patrick et Sarah), Momo se révèle plutôt plat et malheureusement dans la mouvance comique actuelle en France. Pas ou peu de véritable écriture pour un résultat moyennement convainquant...

Erotissimo de Gérard Pirès (1969)- ★★★★★★☆☆☆☆

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Un an après la grande révolte de Mai 68 durant laquelle des grèves de grande ampleur et des manifestations ont eu lieu sort sur les écrans de cinéma français le premier long-métrage du cinéaste Gérard Pirès, Erotissimo. En vedette, la belle Annie Girardot, Jean Yanne, et Francis Blanche. En entame, les événements de Mai 68. Le film s'inscrit donc directement à l'issue des émeutes et propose une vision très moderne de l'émancipation de la femme à travers l'exploitation de son potentiel érotique par la presse et la publicité. Alors que Philippe (Jean Yanne) est contrôlépar l'inspecteur des finances Butor (Francis Blanche), ce riche PDG d'une entreprise spécialisée dans les accessoires pour bébés délaisse peu à peu son épouse (Annie Girardot), accaparé qu'il est par ce polyvalent qui va, dès lors, éplucher la totalité de ses comptes professionnels et personnels. Sur le ton de l'humour, Erotissimodécline le scénario écrit à six mains par Nicole de Buron, Gérard Pirès et Pierre Sisser sur un mode tout à fait étonnant. En roue libre, le long-métrage ressemble à un collage plus ou moins cohérent de scènes aux multiples aspirations. Du couple qui se délite sous le poids des responsabilités du président directeur général d'une entreprise, jusqu'au questionnement de son épouse qui se demande devant la distance prise par son mari si elle est encore à la hauteur.

Arrive alors à point nommé la réponse à ses turpitudes : la femme moderne se doit d'être sexy. Et même si dehors, certains haranguent les épouses délaissées et refusent l'image de ces femmes soumises au dictât du mâle et des médias, Annie va tout faire pour se reconquérir Philippe.Nouvelle coiffure, passage obligé chez l'esthéticienne, nouvelles robes. Le ravalement de façade une fois accompli, c'est avec désespoir qu'au retour de Philippe, Annie constate que rien n'a changé. Obsédé par le contrôle fiscal dont il est l'objet, le mari ignore sa femme. Aiguillée par une amie dont les avis sont plus ou moins avisés, Annie ne sait plus quoi faire pour attirer l'attention de Philippe. A moins qu'un amant...

Erotissimo, presque cinquante ans après sa sortie, continuera de demeurer un objet filmique non identifié. Ou presque puisque derrière un humour pas toujours immédiat, Gérard Pirès dresse le portrait d'un couple miné par les responsabilités de l'époux. La vie professionnelle prenant le dessus sur la vie privée, ça n'est certes pas nouveau, mais à revoir ce film datant de 1969, année très érotique sublimée en son temps par un certain Serge Gainsbourg qui apparaît justement à la sortie d'un cinéma porno, le style contemporain de l'époque paraît avoir bien vieilli. Les chemises à fleurs ont disparu. Du moins, celles à la mode en cette période très près-Woodstock, festival qui accueillera un demi million d'adeptes de musique folk et rock deux mois après la sortie du long-métrage de Gérard Pirès. Une œuvre contestataire qu'aurait pu finalement réaliser lui-même Jean Yanne, surtout qu'il réalisera lui-même quelques brûlots contestataires particulièrement jouissifs dont le scandaleux (pour l'époque), Tout le Monde il est Beau, Tout le Monde il est Gentil.
Erotissimo est aussi l'occasion aujourd'hui pour l'amateur, de retrouver des gueules bien connues du grand et du petit écrans : Rufus dans le rôle du comptable de Jean Yanne, l'acteur italien Venantino Venantini dans celui de (l'amant) Sylvio, les animateurs Jacques Martin et Fabrice, les chanteurs Nicole Croisille, Jacques Higelin et Serge Gainsbourg, donc, ou encore Daniel Prevost et jacques Balutin.

Le montage est parfois ultra-nerveux. Les situations sont souvent pittoresques. Annie Girardot est magnifique (le film est l'occasion de la voir porter une grande panoplie de robes), Jean Yanne toujours aussi savoureusement bougon, Francis Blanche délicieusement retors. Une œuvre sur le couple, ses déchirements (ici traités sur un ton beaucoup moins triste que n'aurait pu le laisser supposer le sujet), les médias, la société. Un long-métrage incongru, atypique, contemporain en son temps, mais aujourd'hui, quelque peu anachronique. A voir pour son originalité et ses interprètes...

7 Jour pas plus de Héctor Cabello Reyes (2017) - ★★★★★★★★☆☆

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Encore un film prônant l'intégration des étrangers dans notre pays penseront certains. Loin d'être aussi démagogique que certains propos entretenus dans les divers médias, ce sujet fort délicat à aborder l'est, le plus souvent, sous la forme de la comédie. Peut-être une manière plus douce de faire accepter le principe aux plus réfractaires. Ces dernières années, plus d'un cinéaste s'est engouffré dans la brèche. Depuis le succès de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, le cinéaste français Philippe de Chauveron semble avoir trouvé une voie opportuniste en préparant une suite à venir en 2018 alors que l'année qui vient de s'achever a vu sortir sur grand écran, A Bras Ouverts. Deux longs-métrages mettant en scènes des individus de confessions religieuses et d'origines diverses. En 2017, le cinéaste chilien Héctor Cabello Reyes réalise donc 7 Jours pas plus. Un premier long-métrage pour un résultat fort encourageant. 

En s'accordant les services de l'acteur belge Benoît Poelvoorde et de la française Alexandra Lamy, il ne faudra cependant pas s'attendre forcément à rire aux éclats. Plus intéressant encore que ce duo qui ne partagera finalement que très peu de scènes, c'est la présence de l'acteur indien Pitobash Tripathy qui interpellera le spectateur. "Réfugié" en France le temps d'un film, cet acteur Bollywoodien est donc surtout connu dans son pays. Nul doute pourtant que le public français s'attachera à cet acteur haut en couleurs parlant l'un des six cents dialectes indiens et dont le personnage se retrouve abandonné sur le quai d'un port du nord de la France. 

Volé, jeté comme un malpropre, Ajit est heureusement aidé dans sa détresse par Pierre, un célibataire, vieux garçon bourru, propriétaire d'une quincaillerie, maniaco-dépressif, atteint de troubles obsessionnels compulsifs, mais pourtant objet de toutes les attentions de la part de Jeanne. La belle jeune femme dont personne dans l'entourage ne comprend son obstination à vouloir se rapprocher de Pierre. 7 Jours pas plus n'est pas de ces comédies quelque peu faciles dont l'humour parfois gras permet de faire passer toutes les pilules. Une fois encore, il demeure certain qu'une partie du public n'y trouvera pas le quota de gags auquel il pourra prétendre. Ici, le cinéaste  Héctor Cabello Reyes aborde son sujet sous l'angle de l'humour, certes, mais parfois amer. Triste est l'évocation de ce petit bonhomme perdu dans un pays qu'il ne connaît pas et où sont rares ceux qui parlent le même dialecte que lui. Triste également est le personnage qu'interprète Benoît Poelvoorde qui plus que jamais auparavant se révèle émouvant. 

Là où le bât aurait pu blesser, c'est bien dans les rapports qu'entretiennent le belge et l'indien alors qu'en réalité, le film y tire toute sa richesse. Deux individus au passé douloureux. Deux âmes dont les sensibilités se révèlent d'une manière fort différente. Entre le sourire et le visage radieux de Ajit et le caractère peu engageant de Pierre, une connexion, pourtant, se crée. L'un se nourrissant de l'autre, le récit se mue en un véritable tour de force émotionnel émanant d'un Benoît Poelvoorde au sommet de sa carrière. Loin de l'humour noir de ses débuts, l'acteur s'est forgé une image assez sombre et que l'on aurait le malheur de confondre avec ses personnages. Ici, il s'agit bien de cinéma. Si les premières minutes laissent présager d'une œuvre dépressive, il faut aller au bout de l'expérience pour pouvoir envisager derrière le masque d'une civilisation individualiste, le message offert par le cinéaste mettant en scène son propre scénario. Un message d'amour envers son prochain, d'où qu'il vienne. De partage et dans lequel, la barrière linguistique n'en est plus une. N'oublions pas Alexandra Lamy, sa beauté, sa fraîcheur mais aussi et surtout son talent. 

7 Jours pas plus, c'est la France, la Belgique, le Chili et l'Inde qui entrent en communion. Des comédies comme celles-ci sont suffisamment rares pour mériter de retenir toute notre attention. Une petite merveille à ne manquer sous aucun prétexte...

Star Trek Beyond de Justin Lin (2013) - ★★★★★★☆☆☆☆

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Dans l'univers parallèle imaginé par J.J. Abrams, le capitaine James T. Kirk ayant pris la place de Spock au cœur du réacteur nucléaire de l'Enterprise afin de relancer le moteur à distorsion dans le précédent volet, le champ était donc laissé libre aux scénaristes Simon Pegg et Doug Jung de penserà de nouvelles aventures s'éloignant drastiquement de celles qui allaient découler de La Colère de Khan. Pour ce troisième épisode du reboot de Star Trek, les commandes sont confiées aux réalisateur américano-Taïwanais Justin Lin. Auteur de plusieurs volets de la saga Fast and Furious, les amateurs de la monumentale franchise créée par Gene Roddenberry avaient de quoi se faire du mouron. Confié à Simon Pegg (interprète principal et scénariste de Shaun of the Dead, Hot Fuzz ou encore Le Dernier Pub avant la Fin du Monde), le scénario de Star Trek Beyond fait la part belle à l'action tout en oubliant un point crucial : l'émotion. Car si les amateurs d'actions trouveront absolument vertigineux le spectacle visuel, les plus sensibles à la profondeur qui caractérise généralement l'esprit de l'univers Star Trek risquent de déchanter.
Avec cet épisode, on s'éloigne peu à peu de la science-fiction chère aux amateurs de la série originale et de ses succédanés pour plonger dans un univers ressemblant davantage à celui de super-héros ne craignant plus de faire des chutes de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Simon Pegg (également interprète de l'ingénieur en chef Montgomery Scott) s'offre un rôle plus important tandis qu'il éloigne sensiblement le charismatique Spock de la lumière. S'inspirant de l'univers bouffon de sa précédente filmographie, le scénariste/réalisateur injecte au scénario de Star Trek Beyond un dose supplémentaire d'humour faisant parfois ressembler le film de Justin Lin à l'excellente série The Orville.

Plus les années passent, et plus l'univers de Star Trek semble vouloir coller à celui de son principal rival, Star Wars. Le personnage de Jaylah aurait tout aussi bien pu intégrer l'univers créé par George Lucas. Tout l'intérêt de Star Trek Beyondréside dans l'affrontement entre l'équipage de l'Enterprise et le personnage de Krall, chef d'une armée constituée de milliers de vaisseau s'apparentant à une ruche dont l'efficacité est, à l'écran, redoutable. Un monde de fonctionnement proche des inquiétants Borgs, mais de nouveaux ennemis bien plus véloces.

Encore une fois, il s'agit de vengeance. Après le romulien Néro et l'humain Khan, désormais il faut compter sur un ennemi tout aussi impitoyable dont les origines ne nous seront révélées qu'à la toute fin. Visuellement, le film est impressionnant quoique en deça du formidable spectacle offert trois ans auparavant avec Star Trek Into Darkness. Le vaisseau Enterprise ne nous aura jamais paru aussi fragile et ses membres d'équipage aussi robustes. A tel point que l'on va finir un jour par ne plus s'inquiéter de leur sort à force de voir Spock, Kirk, ou McCoy se relever chaque fois de blessures et de batailles condamnant normalement n'importe qui d'autre à mourir. Autre point positif : le choix d'avoir intégré l'esprit de découverte de la série originale avec cette planète fort peu accueillante où se situe une grande partie de l'intrigue. Malheureusement, en parallèle au dépaysement, beaucoup de situations se révèlent improbables. Voire grotesques. Les énumérer prendrait tant de temps que je laisse à la charge de ses futurs spectateurs de les relever toutes.

Au regard des treize longs-métrages sortis au cinéma depuis l'année 1979, Star Trek Beyond n'est certes, pas le pire d'entre tous mais il laisse la vague impression d'avoir en si peu de temps, pris un terrible coup de vieux. Au même titre que l'ancienne génération, il se rapproche davantage des univers imaginés par Jonathan Frakes (Star Trek : Insurrection) et Stuart Baird (Star Trek : Nemesis). Mieux vaut penser que la suite donnera tort à ceux qui prévoient la mort de la franchise au cinéma et que la qualité sera, à nouveau, au rendez-vous. Pour cela, pas de mystère : confier le scénario et la réalisation à des artistes accomplis...
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