Proposé sur la
plate-forme Netflix depuis le
23 avril dernier, Bullet Train Explosion
(Shinkansen Daibakuha)
de Shinji Higuchi est un remake du long-métrage éponyme réalisé
par son compatriote Jun'ya Satō en 1975, lequel fut rebaptisé chez
nous sous le titre Super Express 109.
Dans un cas comme dans l'autre, les deux longs-métrages mettent en
scène des individus se rendant responsables d'un acte terroriste en
plaçant une bombe dans un train de la compagnie East
Japan Railway Company
même si à l'époque cela demeure très officieux. Effectivement,
contrairement au film de Jun'ya Satō, la version de Shinji Higuchi
a été soutenue par la société japonaise de transports
ferroviaires en proposant au réalisateur et à son équipe technique
de profiter de certaines installations ainsi que de plusieurs modèles
de Shinkansen.
Des trains à grandes vitesse comparables à nos TGV
et qui font la fierté du Japon. Alors qu'un nouveau modèle est
attendu pour 2030, ceux qu'expose Bullet Train
Explosion
sont l'un des éléments les plus remarquables du long-métrage. Leur
design futuriste et leur vitesse pourtant ici sous-exploitée (celui
dans lequel se déroulera l'action n'excédera en effet pas les
cent-vingt kilomètres-heure) ont de quoi séduire les spectateurs.
Le film apparaît d'ailleurs tout d'abord comme une véritable
vitrine faisant l'apologie de la East
Japan Railway Company
et de son principal moyen de transport. À cette occasion, la société
met les petits plats dans les grands avec son plus récent modèle de
train. Un bijou de technologie conduit par une femme et aux commandes
duquel le meilleur de la technologie est capable de pallier au
moindre problème. Tout comme dans les avions, il est ainsi possible
de mettre le train en pilotage automatique et ainsi de réguler sans
effort la vitesse de l'engin. Ce qui, bien entendu, va arranger les
affaire de la conductrice puisqu'elle sera chargée de conduire le
train à une vitesse de cent-vingt kilomètres-heure. Si Bullet
Train Explosionest
effectivement le remake de Super Express 109,
en Occident, le long-métrage de Shinji Higuchi rappelle en fait
surtout le film d'action Speed
de Jan de Bont dans lequel l'agent du SWAT
Jack Traven (Keanu Reeves) se retrouvait à bord d'un bus piégé qui
devait maintenir une certaine vitesse pour ne pas exploser.
On
évoquera également Runaway Train
du cinéaste russe Andreï Kontchalovski et son train lancé dans
une course folle. Ainsi que Terreur sur le
Britannic
de Richard Lester qui cette fois-ci se déroulait à bord d'un
paquebot mais qui lui aussi était ''chargé'' en explosifs... A dire
vrai, on pourrait citer beaucoup d'œuvres cinématographiques
catastrophistes sur fond de terrorisme, ce qui, par comparaison avec
Bullet Train Explosion
n'offre au long-métrage de Shinji Higuchi que peu de marge de
manœuvre s'il veut pouvoir se distinguer de la concurrence !
Objectif ô combien délicat et que le réalisateur japonais ne
semble malheureusement pas avoir tout à fait atteint. Non pas que le
film soit mauvais, bien au contraire. Simplement, l'on se retrouve
devant un film dont la plupart des séquences ne sont qu'une
relecture de ce que propose habituellement ce genre de productions.
Quelques explosions plutôt convaincantes, une action presque
ininterrompue, des passagers qui s'agitent devant l'annonce d'une
bombe présente à bord, des équipes techniques situées au siège
de la East Japan
Railway Company
de Tokyo qui mettent tout en œuvre pour éviter que les intentions
du terroriste ne se transforment en véritable catastrophe
ferroviaire et puis, l'intervention des politiques ainsi que celle de
passagers qui, effet de mode oblige, profitent de l'événement pour
faire le buzz sur Internet. Le film propose malgré tout quelques
twists, à l'image de l'identité du poseur de bombe, des raisons
invoquées jusqu'à leurs conséquences. Un propos parfois outrancier
dans sa conclusion, un brin invraisemblable mais le statut de strict
divertissement de Bullet Train Explosion
excuse certaines légèretés employées lors du récit. Bref, un
sympathique film d'action alignant quelques moments de bravoure.
Notamment lorsque un second train est acheminé afin de faire évacuer
la quasi totalité des passagers du Hayabusa
60 !
Mais au final, que restera-t-il de cette expérience au fil des
années ? Et bien, pas grand chose à part le vague souvenir
d'avoir passé un bon moment devant son poste de télévision...