Le voici arrivé, ce
fameux jour où, toutes affaires cessantes, j'ai décidé de me
vautrer dans mon canapé pour découvrir enfin l'objet du délit qui
fit tant parler de lui lors de sa sortie sur les écrans français.
Sans prendre de précautions et donc sans avoir fait usage du moindre
anxiolytique, du moindre verre d'alcool ou de la plus petite
substance illicite, j'ai donc découvert en ce début d'après-midi
Toutes pour une
de Houda Benyamina. Un long-métrage cent pour cent féminin, en
dehors de quelques navrantes apparitions masculines qui font dire que
l'homme n'est qu'une bête créature qui fait là où on lui demande.
À poil et humilié après s'être rendu coupable d'une tentative de
viol fort heureusement avortée, il n'aura eu droit comme
remerciement pour s'être excusé de son méfait qu'une balle dans la
tête. Pas grave vu qu'il n'est que l'outil d'un grossier message
woke fournissant en partie la matière nécessaire à l'exploitation
des Trois Mousquetaires
d'Alexandre Dumas. On le sait, les femmes sont victimes d'oppressions
perpétuelles. Et si l'on tient compte des propos tenus en boucle par
ces myriades de pleurnicheuses en mode Féministes
2.0. qui
revisitent le présent en arguant que rien n'a changé pour elle
malgré l'évolution des mœurs, on comprend pourquoi est arrivé
dans les salles comme un poil de cul dans la soupe, Toutes
pour une
le 22 janvier 2025. Par chance, n'ayant jamais lu l’œuvre de
l'écrivain français, je ne suis pas de ceux qui vomirent il y a
quelques mois, des rivières d'injures à l'encontre du film et de
ses interprètes. Tout juste aurais-je pris le temps de lire une main
dans le calbute et l'autre arrimée au rouleau de Sopalin les
critiques les plus acerbes. Parce que même sans connaître
l'histoire en profondeur, je sentais bien que le film de Houda
Benyamina ne débarquait pas par simple envie de féminiser le
contexte mais aussi et peut-être surtout parce que la méthode
serait probablement la seule capable d'attirer du monde au cinéma !
Sauf que, les gens étant parfois moins cons qu'ils n'en ont l'air,
ceux-ci ne se sont pas rués comme des dingues dans les salles
obscures mais on préféré cracher leur fiel sur les réseaux sans
pour autant avoir vu autre chose que la bande-annonce !
Excité
comme une puce dépendante aux opiacés, j'avoue avoir espéré le
détester suffisamment pour pondre l'un de ces petits articles qui me
permettent généralement de me défouler sur tout ce qui me dérange
dans notre société. Pourtant, c'est moins le contenu
du long-métrage qu'une partie des propos lu ça et là qui me poussa
à attendre patiemment qu'un pigeon de mon entourage m'invite chez
lui à regarder les aventures de ces mousquetaires flanqués de
fausses moustaches et de costumes que l'on croirait avoir été
achetés sur un site de vente chinois ! Parce que le film fait
un flop d'anthologie, parce qu'il n'attire qu'un peu plus de onze
milles spectateurs lors de ses deux premières semaines
d'exploitation et parce qu'il est victime d'une véritable curée de
la part de nos concitoyens, voilà que ces derniers se voient accusés
de racisme tout en étant méprisés par ses principales interprètes
parmi lesquelles Sabrina Ouazani qui lors d'une interview disait
emmerder le public ! Drôle de promotion me direz-vous, et la
question reste en suspend : l'actrice a-t-elle, depuis,
remboursé sa part du gâteau après avoir ruiné l'espoir des
producteurs de voir affluer les spectateurs dans les salles de
cinéma ? Pas sûr... Pour en revenir au film, tout ou presque
de ce qui fut évoqué par ceux qui voyaient d'emblée arriver comme
une catastrophe industrielle à travers la seule diffusion de la
bande annonce, un film ni fait ni à faire, est vrai. Dix millions
furent donc injectés dans cette adaptation d'Alexandre Dumas et il
est vrai que l'on peut se demander où cette pharaonique somme
d'argent est passée. Car si Toutes pour une
pouvait théoriquement s'envisager comme un film de cape et d'épée
à la sauce féministe, artistiquement parlant, celui-ci ferait
presque passer Les Quatre Charlots mousquetaires
et À nous quatre, Cardinal ! d'André
Hunebelle avec les Charlots pour deux authentiques classiques du
genre. L'on apprend ici que les mousquetaires Athos, Porthos et
Aramis auraient en réalité été des femmes et que d'Artagnan fut
une musulmane contrainte de se convertir au catholicisme lors de
l'Espagne inquisitrice ! Pourquoi pas ?
Original,
le script ? Oui, effectivement. Mais il faut voir par quel
traitement est passé le scénario d'Houda Benyamina, Fabien Suarez
et Juliette Sales. Car contrairement à beaucoup de films d'aventures
de type Cape et Épée, Toutes pour une n'est
jamais dépaysant, jamais épique et donc, ne fait jamais rêver.
L'on a l'impression que le film a entièrement été tourné dans un
Bois de Boulogne qui aurait été déserté par ses filles, ses
garçons et ses transgenres de joie le temps du tournage. Bien que
les quatre principaux personnages incarnés par Oulaya Amamra,
Sabrina Ouazani, Déborah Lukumuena et Daphné Patakia traversent à
cheval de grandes étendues herbeuses, l'on a souvent l'impression
qu'ils reviennent sans cesse au même point de départ. Ne parlons
même pas de cette bande originale épouvantable qui vient ponctuer
l'action. Entre des chorégraphies gauchement orchestrées et
accompagnée de chansons anachroniques ou par des compositions qui
semblent avoir été générées par une intelligence artificielle,
le montage est de son côté, un désastre. À croire que le
technicien en charge de joindre chaque bout de séquence fut victime
de terribles crises d'épilepsie. Se prenant apparemment pour Stanley
Kubrick, Houda Benyamina semble avoir imposé au directeur de la
photographie Christos Voudouris, au décorateur Philippe Chiffre et
au personnel en charge des éclairages, une approche naturaliste de
la lumière comme le fit en son temps l'immense réalisateur
américain avec Barry Lindon.
Un éclairage à la bougie qui, comme si dix millions d'euros
n'avaient pas suffit, alterne ces dernières avec des cierges
artificiels ! Après, tout est dans le détail. Qui a
véritablement envie d'entendre Athos jacasser avec cet accent de
racaille que l'on rencontre à chaque coin de rue ? Qui peut
croire en ces quatre personnages que rien dans leur aspect ne peut
convaincre qu'autour d'eux, quiconque peut se laisser piéger par
leurs postiches et leurs accoutrements masculins ? Qui peut,
enfin, accepter de voir disparaître un tel budget dans un film qui
n'a ni la saveur du cinéma d'antan et qui n'arrive pas à arracher
le moindre sourire ou la plus petite émotion ? Si Toutes
pour unene
méritait sans doute pas d'être aussi scrupuleusement détruit par
la populace hexagonale, le film de Houda Benyamina n'en est pas
moins un très, très, très mauvais film...