Ils sont sans doute des millions à travers notre planète à rêver de faire carrière dans le cinéma. À vouloir devenir célèbres. Mais combien obtiennent réellement le précieux sésame ? Novella McClure (l'actrice Meggie Maddock qui depuis 2009 enchaîne les courts-métrages et les épisodes de séries télévisées américaines) est de ces jeunes femmes qui espèrent pouvoir percer dans le métier d'actrice mais qui galère depuis trois ans. Trois années durant lesquelles elle n'a pas obtenu le moindre rôle. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir enchaîné les castings mais sa principale rivale Tracy (Dakota Brochet) obtient toujours ceux que tente de décrocher Novella. Après avoir dépensé tout l'argent de l'héritage de son père que la jeune femme a reçu à sa mort, désormais, Novella est sans argent, dans l'incapacité de payer son loyer et son frigo est vide. Heureusement pour elle, la jeune femme peut compter sur le soutien de sa meilleure amie Candice (l'actrice Ali François) avec laquelle elle sort régulièrement en boite afin de se faire payer des coups à boire par des inconnus qui tentent ensuite de les attirer dans leur lit. Novella est de ces femmes et de ces hommes qui par anxiété se mordent les ongles et la peau qui les entoure. Un jour, elle se mord si fort qu'elle s'arrache un long pan de peau (bon courage aux spectateurs qui arrivent difficilement à supporter ce type d'horreur particulièrement réaliste et incommodante). C'est le début pour Novella d'un long cauchemar lors duquel la jeune femme se découvrira un penchant pour la chair humaine. Et pas n'importe laquelle : la sienne !
Démarrant volontairement comme un banal film pour adolescents immatures, Eatest le premier long-métrage du réalisateur, scénariste et compositeur américain Jimmy Weber. Dans l'esprit du dérangeant Dans ma peaude Marina De Van, Eatn'en n'atteint malheureusement jamais vraiment le degré de malaise. Le film n'en demeure pas moins parcouru du séquences gore particulièrement efficaces puisque s'adonnant à l'autophagie (à ne pas confondre avec le ''mécanisme d’autodigestion permettant la dégradation de protéines et d’organites ''), l'héroïne assouvit son appétit en dévorant d'abord son pouce et une partie de son bras gauche avant de repousser plus loin le concept d'auto-cannibalisme. Autant dire que les spectateurs les plus sensibles risquent de tourner de l’œil même si, je le répète, le spectacle de cette jeune et jolie femme qu'interprète Meggie Maddock n'atteint pas le degré d'épouvante que peuvent avoir les actes d'auto-mutilation du long-métrage de Marina De Van. L'un des aspects les plus intéressants de Eat se situe au niveau du portrait que fait le réalisateur Jimmy Weber (ici également responsable de la bande musicale et du scénario) du monde du cinéma et plus précisément des castings lors desquels se croisent des actrices plus ou moins contraintes de coucher pour réussir. L'existence de plus en plus misérable de l'héroïne n'ayant alors plus aucune limite comme le prouveront les événements à venir...
D'une manière générale, Eat est relativement plaisant à regarder. Et l'on ne parle pas ici forcément des actes d'autophagie dont le principe reste évidemment repoussant mais de l'actrice Meggie Maddock qui demeure convaincante malgré la tournure que prendra le récit. [ATTENTION SPOIL!] En effet, le film qui jusqu'à un certain point s'avère réaliste et mélange drame et horreur fini par plonger dans le grand-guignol (voire même le grand n'importe quoi) totalement gratuit. L'on y évoque la passion naissante entre l'héroïne et son amant/psychiatre Simon (l'acteur Jérémy Faire) et l'intervention d'une Candice dérangée, en mode psychopathe qui dessoude les éventuels prétendants à coups de revolver dans les testicules. Après avoir montré une première facette plutôt intelligente quoique perfectible de l'univers hollywoodien, Jmmy Weber tombe dans la facilité à travers des actes totalement gratuits qui n'échapperont sans doute pas aux fans de séquences gore mais décevront sans doute les amateurs de drames ou d'horreur psychologiques. Loin d'atteindre les qualités du Gravede Julia Ducournau, Eatn'en est pas moins une œuvre intéressante, mais malheureusement gratuitement outrancière...