Alors qu'elle est atteinte d'un cancer, l'épouse d'un homme antisémite demande à son mari d'accepter d'aller consulter un psychanalyste juif afin de le guérir de sa haine envers ce peuple dont il nie le génocide de plusieurs millions d'individus durant la seconde guerre mondiale...
Réalisé et interprété en 2011 par l'acteur humoriste Dieudonné, L'Antisémiteest l'un des rares cas d’œuvre cinématographique n'ayant reçu à l'époque de sa tentative de diffusion l'agrément d'aucun organisme officiel, ni d'aucune autorisation d'exploitation. Comme l'indique d'ailleurs un message à l'intention des téléspectateurs au début du dvd pour lequel son auteur aura eut finalement l'autorisation de diffusion en vidéo par le tribunal de grande instance de Paris, sa projection dans les salles de cinéma français et dans les pays ayant ratifié les conventions de Genève demeure, elle, totalement interdite.
Avec une certaine forme d'humour, sans doute teintée d'un peu de mépris envers les censeurs, et connaissant l'humour de Dieudonné, il est précisé que rien n'empêche toutefois la projection de L'Antisémiteen haute mer et même dans l'espace.
On le sait, depuis quelques années maintenant, l'humoriste est banni d'une bonne partie des médias, ce qui ne l'empêche pas d'avoir son propre site internet, et sa propre page facebook, et son propre compte Youtube. Si on l'a souvent entendu dire que derrière ses propos perfides ne se cache en réalité rien d'autre qu'une forme d'humour, à la vision de L'Antisémite on peut demeurer circonspects. En effet, si l'on y retrouve sa verve anti-juifs, il demeure difficile d'y trouver autre chose qu'une propagande visant le peuple juif justement.
Dès le début, Dieudonné donne un grand coup de pied dans cette Shoa qu'il ne va d'ailleurs, pendant plus d'une heure trente, cesser de remettre en question. A travers le noir et blanc et aux côtés d'un pseudo Roberto Benigni, il va d'une certaine manière, le temps de trois courtes minutes et sur fond de musique burlesque, nier l'extermination systématique par l'Allemagne nazie du peuple juif. Si la scène peut choquer, elle demeure certainement drôle pour certains. La suite, elle, sera de même ordre. En diffusant son message intellectuellement bas du front, Dieudonné se trouve finalement bien moins amusant que sur scène.
Par contre, on pourra revenir sur la censure qui a frappé le projet, et qui n'a sans doute pas lieu d'être dans un pays où la liberté d'expression devrait toujours primer sur l'interdiction.
D'un simple point de vue artistique, L'Antisémite est un navet. Un nanar abominablement interprété, rempli jusqu'à la gueule de préjugés anti-juifs, anti-pédés, le sommet de l'horreur étant sans doute atteint dans l'esprit de son personnage principal (Dieudonné lui-même, évidemment), lorsque juif et homosexuel sont confondus. Il y a beaucoup de répétitions, comme si l'auteur perdait l'inspiration et qu'il recyclait des propos déjà tenus durant la première partie de son œuvre. On constatera la présence d'Alain Soral, essayiste, idéologue, et surtout proche ami de Dieudonné, considéré comme un personnage peu recommandable. Malgré ses défauts, le film vaudra la peine d'être vu, surtout par les partisans du comique, et pourquoi pas par ceux qui voudraient découvrir une œuvre qui « enfin », ose aller plus loin que la morale qui gangrène notre pays. Sauf que l'ami Dieudo et son personnage apparaissent malheureusement parfois comme un seul et même individu...