Sans son générique de
fin, le dernier long-métrage des réalisateurs argentins Nicanor
Loreti et Gabriel Grieco n'excède pas les soixante-dix minutes. Et
au vu des critiques dithyrambiques venues de l'étranger (et ne
provenant pas forcément de la terre d'origine du film), on pourrait
croire que l'accès au film ne fut pas le même où que l'on se situe
sur notre planète. Car alors, comment justifier un tel engouement de
la part de certains journalistes devant ce tout petit film dont
l'ambition semble avoir été dramatiquement revue à la baisse.
Peut-être en attendais-je un peu trop ? Imaginant ainsi un mix
entre le crapuleux A Serbian Film du
cinéaste yougoslave Srdjan Spasojevi et cette vague de
longs-métrages qui mettent au centre de leur intrigue certaines
''nouvelles'' technologies. Ouais, entre guillemets puisque même si
certaines d'entre elles commencent à véritablement pointer le bout
du nez au présent, d'autre sont évoquées dans la littératures et
au cinéma depuis très, très longtemps. Mais pourquoi donc MAR.IA
(vous aurez noté le jeu de mots entre le prénom de l'héroïne et
le phénomène de l'Intelligence Artificielle) demeure aussi
puissamment évocateur d'une œuvre qui coche tout les cases de ce
qu'il ne faut surtout pas proposer en terme de cinéma d'action,
d'horreur et de science-fiction ? Aussi court que puisse être
sa durée, le long-métrage de Nicanor Loreti et Gabriel Grieco fait
montre d'énormes lacunes en terme de rythme et d'écriture. Autant
l'on pouvait critiquer A Serbian Film
pour sa gratuité absolue, sa facilité à vouloir choquer sans
proposer de véritable sous-texte ainsi qu'à parfois repousser les
limites du mauvais goût, mais le film de Srdjan Spasojevi avait le
''mérite'' de ne pas laisser totalement indifférent. Même celles
et ceux qui avaient rejeté le concept à l'époque avaient quelque
chose à en dire. À dire vrai, on peut également évoquer certains
aspects de MAR.IA.
Ce qui tenterait à démontrer que ce que j'écris depuis quelques
lignes n'a aucun sens ! Bon, pour en revenir au sujet principal,
le long-métrage tourne autour de Maria, interprétée à l'écran
par l'actrice française Daria Panchenko. Une actrice également
réalisatrice, chanteuse, capable de parler cinq langues et qui dans
ce film incarne donc une star du cinéma pornographique qui à la
suite d'un très grave accident de voiture est tombée dans le coma.
Son existence ne tenant plus qu'à un fil, elle devient le sujet
d'une expérience et réapparaît trois ans plus tard sur le tournage
de son nouveau film. L'équipe est en place, la jeune femme est
allongée sur un plumard de fortune, jambes écartées et offerte à
l'acteur qui lui sert de partenaire. Durant la scène, la relation
sexuelle entre les deux acteurs X tourne mal.
Prise
de convulsions, Maria perd connaissance... après avoir émasculé
son partenaire dont l'engin semble avoir été sectionné par le sexe
mécanique de la jeune femme. Ah oui ! J'oubliais de préciser
que Maria n'est plut tout fait constituée uniquement de chair et
d'os et que la plupart de son organisme a été remplacé par un
système électronique interne invisible de l'extérieur. Maria
l'avait déjà annoncé quelques instants plus tôt, recevant les
rires polis de l'équipe de tournage... Survenant au bout de vingt
trop longues minutes lors desquelles il ne se passe absolument rien
d'excitant (sur le plan scénaristique, hein!), cette séquence qui
se termine donc sur un ''orgasme'' sanglant (ainsi doit-on observer
l’émasculation suivie d'une éjaculation couleur vermeille)
n'entame pourtant pas ce que l'on aurait tant aimé être un festival
d'irrévérences gores ! Pourtant, rien ne va être plus plat
que le spectacle auquel nous allons assister. À la suite de cette
première et pratiquement seule scène d'horreur du long-métrage,
des types louches débarquent et, contre monnaie sonnante et
trébuchante, paient l'équipe de tournage afin de profiter du corps
refroidi de Maria pour pratiquer sur elle des actes sexuels
contre-nature........ Et voilà que je me rend compte que je viens de
faire une énorme erreur de chronologie puisque ça n'est pas le
partenaire de la star du X qui verra son zguègue disparaître dans
l'antre moite de la jeune femme mais bien l'un de ces types avides de
pouvoir pratiquer un acte de nécrophilie sur le corps inanimé de
cet espèce de mix entre actrice porno et Terminator au féminin.
Maria se réveille subitement et débarrasse donc le bonhomme en
question de l'attribut qui tendait à pratiquer sur elle davantage de
vas et viens qu'il n'aura l'occasion d'en faire ! Une fois
remise en forme, Maria décide de buter du mâle plus ou moins en
rut. Histoire de vengeance en mode pseudo né-féminisme 2.0, MAR.IA
est mauvais...........mais mauvais, si vous saviez. On s'ennuie,
c'est mou comme une tranche de fromage placée sous la résistance
d'un appareil à raclette, d'un classicisme ne débordant même pas
de générosité lorsqu'il s'agit de proposer une vision féministe
du Terminator
de James Cameron (que cela soit volontaire ou non). Les acteurs et
actrices sont incompétents et question provocation, vous pouvez
toujours attendre. Esthétiquement ? Nicanor Loreti et Gabriel
Grieco ont en outre tout piqué au Nicolas Winding Refn de Only
God Forgives
et de The Neon Demon.
Bref, passez votre chemin...