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Mickey 17 de Bong Joon-ho (2025) - ★★★★★☆☆☆☆☆

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Le réalisateur sud-coréen Bong Joon Ho fait partie de ces cinéastes sur lesquels on peut généralement compter si l'on désire passer un très agréable moment devant un long-métrage pétri de qualités. Prouvant ainsi durant une bonne partie de sa carrière qu'il fut capable d'aligner des œuvres parfaitement maîtrisées (Memories of Murder, Mother, Snowpiercer), allant même jusqu'à conquérir les États-Unis et le monde entier en remportant une foule de prix comme l'Oscar du meilleur film, du meilleur scénario ou du meilleur réalisateur aux Oscars 2020 ou bien la Palme d'Or au festival de Cannes un an auparavant pour Parasite. Entre 2019 et 2025, c'est le silence radio dans les salles de cinéma. Six années au cours desquelles le cinéaste participe malgré tout à l'élaboration de quarante et un épisodes de la série Snowpiercer adaptée de son propre long-métrage réalisé quant à lui en 2013. C'est donc avec une joie non mesurée qu'était attendu son Mickey 13 qui, sans vouloir faire la nique en comparant sa sortie avec celle de la nouvelle version de Blanche-Neigeétait un moyen parfaitement tronqué d'aller voir une œuvre portant le nom de l'un des plus illustres personnages créés par Walt Disney ! Sauf qu'ici, celui incarné par Robert Pattinson n'a rien d'une grande et joviale souris au pantalon rouge et court et aux grandes oreilles noires mais affiche plutôt un air bêta, naïf et donc forcément attachant ! C'est vrai, quoi. Celui que l'on ne cesse généralement de comparer au rôle qu'il tint durant la quintologie Twilight est ici présent derrière le masque d'un jeune homme qui ne semble pas vraiment avoir sa place dans un monde futuriste situant son action en 2054. Fuyant les emmerdes qu'il a contracté sur Terre après avoir suivi les conseils plus ou moins avisés de son seul et donc meilleur ami Timo (l'acteur Steven Yeun, devenu mondialement célèbre grâce au rôle de Glenn Rhee dans la série The Walking Dead entre 2010 et 2016), Mickey a pour projet de faire partie du prochain équipage à destination de la planète glacée Niflheim. Mais nombreux sont les candidats et pour être bien certain d'en faire partie, le jeune homme accepte de signer un contrat de travail dans lequel il sera employé en tant que ''Remplaçable''. Sachant par là même qu'il servira désormais de cobaye lors de missions dangereuses (comme celle de tester l'atmosphère de la planète Niflheim à l’atterrissage du vaisseau, par exemple). Mais alors qu'il mettra son existence en danger, une technologie future permettra de le réimprimer. Sorte de clonage en mode 2.0 qui semble avoir été très fortement inspiré par la technologie consistant à employer les imprimantes 3D.


Sauf qu'ici il s'agit bien d'un individu dont on a conservé la mémoire, laquelle est directement réinjecté dans le cerveau du nouveau Mickey qui vient alors prendre la place du précédent. L'on comprend alors le sens du titre Mickey 17. Énième itération d'un individu qui croisera pour l'occasion, son clone nommé Mickey 18 alors que tout le monde est persuadé qu'il est mort lors d'une chute dans une crevasse à la surface de Niflheim. Message plus ou moins grossier visant directement le président américain Donald Trump (Mark Ruffalo incarne un Kenneth Marshall très caricatural allant sans doute dans ce sens), Mickey 17 se veut non seulement être une comédie de science-fiction mais aussi une critique acerbe de la politique américaine. Dans sa grande générosité, Bong Joon-ho adapte le roman éponyme d'Edward Ashton sorti trois ans plus tôt et fourre dans son œuvre tout ce qui lui passe par la tête. De quoi, sans doute, justifier la durée du long-métrage qui approche les cent-quarante minutes. Ce qui en soit n'est pas un exploit vu que de nos jours, certains films côtoient sans complexe les trois heures ! Un film long, donc, mais aussi et surtout, malheureusement, assez pénible à suivre jusqu'à son terme. Car si l'entrée en matière est plutôt sympathique et laisse transparaître une œuvre ambitieuse, divertissante et bourrées de bonnes intentions, le résultats n'est pas du tout à la hauteur. Le problème étant justement que le réalisateur sud-corén en fait beaucoup trop ! Chargeant la mule jusqu'au ras de la gueule, l'indigestion est assurée. Dans un univers grisâtre qui peut parfois rappeler celui du chef-d’œuvre de Terry Gilliam, Brazil, les décors de Fiona Crombie n'en sont pas pour autant tout aussi remarquables. C'est terne, triste, répétitif et donc peu engageant. Les effets-spéciaux sont tout juste corrects et rappellent parfois ceux de Okja que réalisa justement Bong Joon-ho en 2017. Ses rampants semblant provenir d'un film d'animation pour enfants, Mickey 17 ne risque pas d'effrayer grand monde. Comme il ne prend pas davantage le risque de faire rire lors d'un récit où notre héros rencontre l'amour tant l’œuvre se disperse à travers des situations et des lignes de dialogue inintéressantes au possible. Bref, le film est une grosse déception qui coche toutes les cases de l’œuvre stérile dénuée de toute charge émotionnelle. Reste pourtant la formidable partition du compositeur sud-coréen Jung Jae-il qui après sa participation à Parasite signe ici une œuvre souvent magnifique...

 


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