Véritable passe de
relais entre divers cinéastes, le quatrième volet de la franchise
Child's Play intitulé
Bride of Chucky (ou
La fiancée de Chucky chez
nous)n'échappe
donc pas à la règle et après que le trois premiers longs-métrages
aient été confiés à autant de cinéaste d'origine américaine,
la troisième séquelle de la saga a quant à elle été remise entre
les mains du réalisateur, scénariste et producteur hongkongais
Ronny Yu. Futur auteur de polars et de films d'action, il part faire
des études universitaires aux États-Unis avant de revenir au pays
pour assister Philip Chan sur le tournage de The
Servants
en 1979. Ce n'est que près de deux décennies plus tard qu'il
réalisera son tout premier film américain, Magic
Warriors
avant d'enchaîner avec différents longs-métrages dont celui qui
justement nous intéresse ici. Se débarrassant de la totalité des
personnages ayant évolué tout au long des trois précédents
récits, Ronny Yu et l'éternel scénariste de la franchise Don
Mancini créent un personnage spécifiquement attaché au mythe
entourant le personnage de Charles Lee Ray. En effet, le script
envisage l'existence d'une ancienne petite amie de celui que tout le
monde connaissait à l'époque de ses méfaits sous le nom
d'étrangleur de
Lakeshore
et dont l'âme s'est depuis fondue dans le corps en plastique et en
tissus d'un exemplaire de Brave
Gars. Une
poupée que tous les gosses d'Amérique s'arrachaient voilà dix ans
en arrière et qui dans ce quatrième volet semble avoir été
détrônée par la version féminin du célèbre jouet. Retrouvé par
Tiffany, la petite amie en question qu'interprète la bombe sexuelle
Jennifer Tilly (sœur aînée de l'actrice Meg Tilly) qui deux ans
plus tôt était apparue aux côtés de Gina Gershon dans l'excellent
polar des frères Wachowski (la saga Matrix)
intitulé Bound,
la jeune femme commence par recoudre Chucky qui abordera ainsi en
outre durant toute l'intrigue un visage affreusement défiguré. La
jeune femme le rapporte chez elle et le garde prisonnier dans un parc
pour enfants fermé à l'aide d'un cadenas. Pour tenir compagnon à
Chucky/Charles, elle lui achète une version féminine de la poupée
Brave Gars,
laquelle deviendra bientôt la fiancée de Chucky après que celui-ci
ait réussi à s'échapper, à tuer Tiffany dans son bain et à
réitérer le rite vaudou permettant ainsi de transférer l'âme de
la jeune femme dans le corps de la nouvelle poupée.
À
partir de là, et en réalité bien avant, Bride
of Chucky ne
fait qu'insister sur le lourd héritage de La
fiancée de Frankenstein
de James Whale. Ronny Yu intégrant même un extrait du classique en
noir et blanc au cas où certains spectateurs n'auraient pas saisi de
quelle référence il pouvait s'agir. Le film tourne autour du couple
de marionnettes et autour de celui qu'incarnent à leurs côtés
Katherine Heigl et Nick Stabile. En fuite puisque le tuteur de Jade
refuse que la jeune femme fréquente Jesse, ils acceptent un contrat
qui leur rapportera une somme d'argent qui leur permettra de tenir
pendant un temps. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que l'un et l'autre
sont tombés dans un piège tendu par Tiffany, version poupée. Le
but est pour cette dernière et Chucky d'être transportés jusqu'au
New Jersey où repose un corps qui fut enterré avec une amulette.
L'objet en question devant permettre aux deux poupées de transférer
leur âme dans n'importe quel corps. Une idée qui avait déjà
jaillit dans Child's Play 3
alors que dans les deux premiers volets il fallait absolument que
Chucky se serve du corps d'Andy. Bien que la poupée de Chucky aborde
désormais un visage bourré de cicatrices qui devrait le rendre plus
inquiétant qu'il ne le fut par le passé, la mise en scène de Ronny
Yu et le scénario de Don Mancini auront bizarrement l'effet inverse.
En effet, le traitement y est ici radicalement différent. Terminée
l'angoisse de l'original et qui lors des second et troisième opus
était déjà amoindrie. Non, ce qui semble désormais intéresser le
scénariste ainsi que le réalisateur chinois, c'est l'humour noir.
Mais si les tentatives sont nombreuses, il est rare, voire même
impossible, de rire ou même de sourire devant cette quasi
affligeante comédie horrifique qui ne fait absolument pas honneur au
long-métrage de Tom Holland. Graeme Revell, l'auteur de la partition
musicale de Child's Play 2
revient sur le devant de la scène mais plutôt que de se contenter
d'une bande-son symphonique comme il en produisit par le passé, le
musicien compose en partie avec une playlist tournée vers le
hard-rock FM. Une bande musicale au fond assez assommante qui
n'arrange rien au désordre qui règne au sein du récit. Et ne
parlons même pas de la ridicule conclusion en forme de porte ouverte
à celui qui allait devenir le cinquième volet de la franchise en
2004, Seed of Chucky de
Don Mancini... Un quatrième volet qui finalement ne repose pas sur
grand chose en dehors des effets prosthétiques toujours menés de
main de maître par Kevin Yagher et son équipe...