
L'année suivante, Big John offrait à nouveau ses services à Masters of Horror avec Pro-Life(ou Piégée à l'intérieurdans l'hexagone). Dans ce moyen-métrage d'une durée de cinquante-sept minutes, le réalisateur confronte l'actrice Caitlin Wachs, qui interprète ici la jeune Angélique, à Ron Perlman qui dans le rôle de son père Dwayne, refuse que sa fille avorte de l'enfant qu'elle attend. Œuvre horrifique aux multiples facettes, Pro-Life évoque le fanatisme religieux d'un père de famille qui à cette occasion enrôle ses trois fils afin de pénétrer la clinique où attend sa fille d'être débarrassée du bébé qu'elle porte. Le moyen-métrage en profite bien évidemment pour évoquer le sujet de l'avortement. Mais John Carpenter n'étant pas du genre à se contenter de la basse-besogne consistant à simplement évoquer un fait de société, le Mal s'insinue donc forcément au cœur de l'établissement et donc, de l'intrigue. MIEUX ! C'est bien dans le ventre de l'adolescente elle-même qu'il se niche puisque l'on découvrira qu'Angélique porte l'enfant du Diable qui la viola peu de temps auparavant. Débarquant le ventre à peine rebondit, la grossesse prend rapidement des proportions démesurées tandis que dehors, Dwayne et ses trois rejetons se lancent dans un raid meurtrier. John Carpenter semble emprunter l'idée au chef-d’œuvre de Roman Polanski Rosemary's Babymême si la finesse est ici aux abonnés absents. Exit l'horreur psychologique et les tensions qui en découlent. On retrouve le versant gore qui tâche (à la manière d'un Vampiresà l'ambition revue nettement à la baisse). Avec sa gueule et sa manière de soliloquer, Ron Perlman incarne un père de famille acceptable même si son attitude fait généralement sourire. Imaginez, le type explose la tête d'un agent de sécurité (à grands renforts de CGI) avant de demander des comptes au directeur de l'établissement sur lequel il pratiquera un avortement (une séquence qui n'est, malheureusement, pas jusqu’au-boutiste puisque filmée dans le dos de Ron Perlman). Si le maquillage du Diable est plutôt convainquant, le montage de Pro-Life s'avère assez curieux. Des rencontres inopinées entre le Dieu des Enfers et d'hypothétiques victimes dont la mort ne s'affichera malheureusement pas à l'écran. À ce titre, le récit comporte une coquille de taille puisque Dwayne ''devine'' la mort de l'un de ses fils alors même que ce dernier meurt sans que son père ait assisté à son décès ! Trop long malgré son format, les quelques séquences gore ou encore le bébé (pâle copie de la tête/araignée de The Thing) se traînant au sol avant de se prendre une balle en pleine tête ne suffisent pas à faire de Pro-Life une œuvre digne de son auteur...