Il y a dix-huit ans sortait sur les écrans The Haunted Mansionde Rob Minkoff abusivement réinterprété en France sous le titre de Le Manoir hanté et les 999 Fantômes (pour une fois que ça n'est pas le Québec qui se couvre de ridicule, Robert Charlebois doit en être satisfait!). L'une des plus grandes stars de la comédie américaine des années quatre-vingt en la personne de Eddie Murphy (48 Heuresde Walter Hill en 1982, Un fauteuil pour deuxde John Landis en 1983, Le flic de Beverly Hillsen 1984 ou Un Prince à New Yorken 1988) y tient la vedette dans une production estampillée Walt Disney Pictures. Disney, ouais, cette chose devenue hyper moralisatrice et se rachetant une conscience en adoubant la Cancel Culturetout en se faisant l'un des chantres du Wokisme. Il y a dix-huit ans, donc, on n'en parlait pas encore. Et de toute manière, pour ce produit ne souffrant d'aucune aspérité et formaté pour les petits (surtout pour eux à vrai dire!) et grands, il demeure difficile d'y trouver à redire. Ou plutôt, à ''exciser'', couper, charcuter, rejeter, si l'on veut un tant soit peu rester dans les rails et ne blesser personne. À moins que la Ligue des Fantômes Humiliés sur Grand Écran ne se réveille un jour pour demander qu'on lui rende des comptes, le film passe crème. Concernant ses qualités visuelles, là encore, rien à redire. On se croirait même ''PRESQUE'' (Je n'hurle pas mais je tiens aux guillemets et aux majuscules!) revenus vingt ans en arrière à l'époque où John Landis, Robert Zemeckis, Ivan Reitman ou Joe Dante nous abreuvaient de longs-métrages comiques et fantastiques absolument remarquables...
Dans cet énième film mettant en scène Eddie Murphy, les anglophobes seront heureux d'apprendre que l'acteur américain y est doublé par le franco-mauritanien Med Hondo qui depuis 1982 est sa voix française officielle. Il faut savoir qu'à l'origine, The Haunted Mansionest l'adaptation cinématographique d'une attraction disponible dans les parcs Disney. Principe douteux et sans doute très commercial qui sent rapidement le rance mais qui peut parfois donner de bons résultats comme avecPirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl. Rob Minkoff n'étant apparemment pas du genre à compromettre sa carrière de réalisateur en se fourvoyant dans le trash et l'irrévérencieux, le bonhomme mène tranquillement sa barque en tournant en grande majorité des films d'animation à l'attention des plus jeunes (Le roi lion, les deux premiers volets de la franchise Stuart Little, M. Peabody et Sherman : Les Voyages dans le temps). Si The Haunted Mansion fut tourné avec de vrais interprètes, le film n'en est pas moins issu de cette même veine de longs-métrages extrêmement lisses qui ne risquaient pas de faire de vagues au moment de sa sortie. Du moins, d'un point de vue morale puisque en ce qui concerne ses strictes qualités en matière de mise en scène, d'écriture ou d'interprétation, il y a sans doute de quoi faire un peu la gueule. Dans des décors il faut le reconnaître, pârfois stupéfiants, le scénario de David Berenbaum convie la famille Evers (le père, la mère et leurs deux enfants qu'interprètent respectivement Eddie Murphy, Marsha Thomason, Aree Davis et Marc John Jefferies) à une petite visite d'un manoir. Oh, juste vingt minutes avant que tout ce petit monde ne parte souffler ''à la campagne'' pour le week-end. Sauf que ce couple travaillant dans la vente d'immobilier et leurs enfants vont être retenus sur place à cause d'une tempête qui va les empêcher de reprendre la route...
L'occasion pour leur hôte Edward Gracey (Nathaniel Parker), dernier représentant d'une grande lignée d'aristocrates, de les accueillir chez lui pour la nuit. Premier constat, le soin apporté à l'environnement : The Haunted Mansionbénéficie en effet de décors magnifiques qui malheureusement, demeurent factices puisqu'une partie d'entre eux est le fruit d'effets-spéciaux numériques tandis que le cimetière et la façade du manoir furent construits en Caroline du Sud. Mais rien de grave puisque l'illusion est parfaite. À film de fantômes, visite obligatoire des lieux, entre pièce immenses (les plafond se situant notamment à douze mètres de hauteur!), tunnels cachés derrière l'un des murs de la bibliothèque, toiles d'araignées et bien entendu, apparitions fantomatiques en tous genres. Si The Haunted Mansion est donc visuellement très convainquant, l’œuvre de Rob Minkoff fait dans le genre, figure de parent pauvre. Ils sont loin les fantômes de Ghostbusters(Ivan Reitman, 1984), de The Frighteners(Peter Jackson, 1996) ou plus exactement ceux de Scrooged(Richard Donner, 1988) ou de Nothing but Trouble(Dan Aykroyd, 1991). Les dialogues sont relativement plats et le film ni vraiment drôle (bien que divertissant) ni effrayant (l'utilisation des Jump Scarefera pourtant sans doute sursauter les tout petits). La mise en scène est classique, un parti-pris qui ne fait prendre aucun risque au réalisateur pour un résultat, au fond, assez fade. Tout juste retiendrons-nous la présence de l'acteur britannique Terence Stamps, ''So British'' dans le costume du maître d'hôtel anglais Ramsley. The Haunted Mansion se regarde (en famille) mais s'oublie malheureusement très rapidement...