Scream, c'est tout d'abord pour moi, un mauvais souvenir. Comme un vieux cauchemar accumulant les fautes de goût. Une vision du slasher aseptisée. L'entrée en grande pompe du jeunisme sur grand écran et ce, même si le genre a toujours été lié à une sous catégorie de spectateurs foutant le souk dans les salles au grand désarroi de ceux qui aiment voir leur film en silence. Dans l'esprit, il était donc inenvisageable de tourner le film dans une maison de retraite, hum ? Mais Screamdemeurait jusqu'à maintenant dans mon cœur une engeance pour deux autres raisons : Parce qu'il signait la mort d'un genre que l'on pouvait désormais moquer sans éprouver le moindre sentiment de honte et parce que le coupable de la chose s’appelait Wes Craven. Le papa de La Dernière Maison sur la Gaucheet de La Colline a des yeux. Pourtant, si l'on y songe un instant, Screamuse de certains codes déjà usités dans l'excellent Les Griffes de la Nuitdu même Wes Craven. Ou comment reléguer le monde adulte en arrière-plan et signifier que l'avenir n'appartient qu'aux plus jeunes. Dans mon inconscient, Screamest donc demeuré jusqu'à aujourd'hui comme l'une des sources du nivellement du cinéma d'horreur par le bas. Jusqu'à aujourd'hui...

Alors, que vaut réellement Screamaprès toutes ces années ? Mérite-t-il la volée de plomb que mon esprit lui réservait silencieusement à l'époque de sa sortie en 1996 ou bien est-il réellement l'excellent slasher que certains évoquèrent déjà lors de sa sortie ? Aujourd'hui, j'aurais tendance à vouloir accorder plus de crédit à ce slasher qui surpasse en réalité pas mal de petits films d'horreur du même tonneau. Est-ce le fait d'avoir ingurgité des montagnes de bandes magnétiques et de fichiers numériques exposant moult adolescents se faisant trucider devant la caméra qui finit par me rendre perméable à la pratique du jeunisme sur grand écran ? Toujours est-il que Scream premier du nom mérite plus que l’opprobre dont je faisais part à l'époque à son sujet, entouré d'amis dont j’exigeais qu'ils ne fussent surtout pas en désaccord avec mes propos. En réalité, redécouvrir sur ''grand''écran Neve Campbell dans le rôle de Sidney Prescott, Skeet Ulirch dans celui de Billy Loomis (une référence certaine au docteur Loomis de Halloweende John Carpenter) ou encore Courteney Cox en journaliste fut un réel plaisir et surtout, une découverte vierge de tout a priori. Une remise à plat en somme, un formatages des cellules grises avant projection. À tel point qu'évoquer l'hypothétique visionnage à très court terme des différentes séquelles, au nombre de trois, chose que je m'interdisait il y a vingt-trois ans en arrière, ne m'apparaît plus si abscons. Screamréunit finalement tout ce que l'on peut attendre d'un film ''pop-corn''. De l'action, du sang, un tueur insaisissable (même s'il s'avère souvent peu adroit), de l'humour (rarement drôle puisqu'américain), de jolies filles et des garçons un peu stupides (loi inaltérable de tout bon slasher) mais, par contre, pas de cul. Wes Craven aurait-il été à ce point si prude qu'il aurait oublié l'un des codes majeurs du genre ? Pas grave... on ne lui en voudra pas puisqu'après mûre réflexion, Screamest comme l'évoqua à l'époque un chroniqueur des Cahiers du Cinéma, l'un des meilleurs films de son auteur...