Voilà bien une œuvre totalement déconcertante. Chef-d’œuvre absolu de l'absurde ou nanar intersidéral, le public n'a plus qu'à faire son choix... difficile... à assumer si on lui prête des qualités mais un peu trop facile si on l'enterre sans même y avoir réfléchi un seul instant. Réalisé par le duo Nicolas et Bruno (Nicolas Charlet et Bruno Lavaine). Deux cinéastes aux visions atypiques qui n'ont pas choisi de donner dans la comédie classique. Résultat : rejet d'une partie du public et de la presse. Sorti l'année suivant un autre OFNI, Steakde Quentin Dupieux, La Personne aux deux Personnes est un hommage à l'excellente émission culte Message à caractère informatifdiffusée sur Canal+en 1998 et dont le principe était de détourner de vieux films d'entreprise sur un ton humoristique. Et devinez quoi : les auteurs en étaient déjà le duo formé par Nicolas Charlet et Bruno Lavaine. C'est donc dans ce même esprit que les deux hommes revenaient en 2008, soit dix ans tout rond après leur passage à la télévision, avec cette comédie on ne peut plus étonnante puisque ses deux principaux interprètes n'en forment en réalité qu'un seul...
Daniel Auteuil et Alain Chabat se retrouvent effectivement dans le même corps, celui du premier, après que le second, en chanteur démodé, l'ait percuté de plein fouet avec sa voiture. Gilles Gabriel, dont tout le monde a oublié sa fugitive carrière de chanteur bien qu'il produise un album tous les six ans décède des suites de cet accident mais son esprit est projeté dans le corps de Jean-Claude Ranu, insignifiant comptable de la COGIP, entreprise fictive créée à l'origine à l'attention de l'émission Message à caractère informatifà une différence près : les deux réalisateurs n'usent désormais quasiment plus de documents d'archives (en dehors de quelques rares séquences) mais plongent leurs deux héros dans une reconstitution assez fidèle de leur univers morne, individualiste et démodé. Le pauvre Daniel Auteuil qui dans la peau de Jean-Claude Ranu incarne l'un des employés de la COGIPen fait directement les frais : coiffé et vêtu de la manière la plus ringarde qui soit, son personnage évolue dans un univers trop grand pour lui. Comparé à ceux qui travaillent à ses côtés, il paraît effacé, remisé qu'il est dans un local transformé à l'occasion en bureau. L'arrivée de Gilles Gabriel/Alain Chabat est pour lui l'occasion de changer la donne, se rendre indispensable pour l'entreprise au risque d'être ridicule...
