Dans l'univers parallèle imaginé par J.J. Abrams, le capitaine James T. Kirk ayant pris la place de Spock au cœur du réacteur nucléaire de l'Enterprise afin de relancer le moteur à distorsion dans le précédent volet, le champ était donc laissé libre aux scénaristes Simon Pegg et Doug Jung de penserà de nouvelles aventures s'éloignant drastiquement de celles qui allaient découler de La Colère de Khan. Pour ce troisième épisode du reboot de Star Trek, les commandes sont confiées aux réalisateur américano-Taïwanais Justin Lin. Auteur de plusieurs volets de la saga Fast and Furious, les amateurs de la monumentale franchise créée par Gene Roddenberry avaient de quoi se faire du mouron. Confié à Simon Pegg (interprète principal et scénariste de Shaun of the Dead, Hot Fuzz ou encore Le Dernier Pub avant la Fin du Monde), le scénario de Star Trek Beyond fait la part belle à l'action tout en oubliant un point crucial : l'émotion. Car si les amateurs d'actions trouveront absolument vertigineux le spectacle visuel, les plus sensibles à la profondeur qui caractérise généralement l'esprit de l'univers Star Trek risquent de déchanter.
Avec cet épisode, on s'éloigne peu à peu de la science-fiction chère aux amateurs de la série originale et de ses succédanés pour plonger dans un univers ressemblant davantage à celui de super-héros ne craignant plus de faire des chutes de plusieurs dizaines de mètres de hauteur. Simon Pegg (également interprète de l'ingénieur en chef Montgomery Scott) s'offre un rôle plus important tandis qu'il éloigne sensiblement le charismatique Spock de la lumière. S'inspirant de l'univers bouffon de sa précédente filmographie, le scénariste/réalisateur injecte au scénario de Star Trek Beyond un dose supplémentaire d'humour faisant parfois ressembler le film de Justin Lin à l'excellente série The Orville.
Plus les années passent, et plus l'univers de Star Trek semble vouloir coller à celui de son principal rival, Star Wars. Le personnage de Jaylah aurait tout aussi bien pu intégrer l'univers créé par George Lucas. Tout l'intérêt de Star Trek Beyondréside dans l'affrontement entre l'équipage de l'Enterprise et le personnage de Krall, chef d'une armée constituée de milliers de vaisseau s'apparentant à une ruche dont l'efficacité est, à l'écran, redoutable. Un monde de fonctionnement proche des inquiétants Borgs, mais de nouveaux ennemis bien plus véloces.
Encore une fois, il s'agit de vengeance. Après le romulien Néro et l'humain Khan, désormais il faut compter sur un ennemi tout aussi impitoyable dont les origines ne nous seront révélées qu'à la toute fin. Visuellement, le film est impressionnant quoique en deça du formidable spectacle offert trois ans auparavant avec Star Trek Into Darkness. Le vaisseau Enterprise ne nous aura jamais paru aussi fragile et ses membres d'équipage aussi robustes. A tel point que l'on va finir un jour par ne plus s'inquiéter de leur sort à force de voir Spock, Kirk, ou McCoy se relever chaque fois de blessures et de batailles condamnant normalement n'importe qui d'autre à mourir. Autre point positif : le choix d'avoir intégré l'esprit de découverte de la série originale avec cette planète fort peu accueillante où se situe une grande partie de l'intrigue. Malheureusement, en parallèle au dépaysement, beaucoup de situations se révèlent improbables. Voire grotesques. Les énumérer prendrait tant de temps que je laisse à la charge de ses futurs spectateurs de les relever toutes.
Au regard des treize longs-métrages sortis au cinéma depuis l'année 1979, Star Trek Beyond n'est certes, pas le pire d'entre tous mais il laisse la vague impression d'avoir en si peu de temps, pris un terrible coup de vieux. Au même titre que l'ancienne génération, il se rapproche davantage des univers imaginés par Jonathan Frakes (Star Trek : Insurrection) et Stuart Baird (Star Trek : Nemesis). Mieux vaut penser que la suite donnera tort à ceux qui prévoient la mort de la franchise au cinéma et que la qualité sera, à nouveau, au rendez-vous. Pour cela, pas de mystère : confier le scénario et la réalisation à des artistes accomplis...